Quel ré-équipement pour les voies historiques engagées ?

Réflexion : Ré-équipement de voies historiques engagées, peut on le modifier ou doit on garder le caractère initial ?

Une couenne ou grande voie nécessite d’être rééquipée après X années. Certaines d’entre elles sont devenues historique de par leur difficulté ou leur engagement, voire leur « sur-engagement » qui en fait leur réputation. Parfois même sont délaissés car estimées trop dangereuse par les grimpeurs moderne (ex: vol de 15m à la clé). Au moment de les ré-équiper pour leur donner une seconde vie, peut on supprimer ou réduire ce caractère d’engagement afin qu’elles redeviennent fréquentés ?
Petite réflexion d’un équipeur. Sachant que parfois les ouvreurs sont décédés et ne peuvent donner leur accord.

[Edit modération : titre raccourci ! ]

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J’estime qu’un bon moyen de faire évoluer l’équipement d’une voie, tout en conservant le mieux possible sa spécificité, sans que ce soit la décision de juste 2-3 personnes, est de demander l’avis aux grimpeurs qui ont déjà grimpé la voie en tête (jusqu’au bout, si on a buté ça ne compte pas).

Car évidemment, si on fait un simple sondage auprès de l’ensemble des grimpeurs, pour n’importe quelle voie on aura une majorité qui voudra un point tous les 80 cm (et si on élargit encore le panel, on aura une majorité qui voudra des échelons et un câble).

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Laisser les voies en l’état me semble la meilleure façon d’être honnête avec soi- même… Si on veut les tenter,et bien on amène le matériel adéquat (pitons, coinceurs).
Réequiper, c’est aussi un peu tuer l’aventure.

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Tu oublies qu’on n’est plus dans les années 60/70 où, quand on abordait une voie, on était sûr d’avoir le niveau.
Concernant le rééquipement, j’en avais parlé un jour à André Giraud, au sujet de la face sud des bans, des spits, des relais etc. Il m’avait répondu qu’il n’y voyait pas d’inconvénient à condition de garder le caractère engagé. Je ne vois pas trop bien comment garder le caractère engagé avec des spits béton et des relais chaînés.
Je ne sais pas ce qu’il en est de cette voie maintenant. Ça fait un sacré bout de temps.

Hello,
Je pense qu’il faut garder de la diversité aussi dans l’engagement. il y a des voies très protégées, d’autres moins.
Perso, je suis d’avis de simplement remettre un spit à côté du vieux coin en bois, plaquette rouillée… Il y a souvent un retour au sol en cas de chute parce que les points sont espacés de 15m, c’est juste que le point ne lâchera pas. De toute façon on aura les pétoches!
L’engagement / l’équipement étant généralement décrit dans les topos, c’est rare qu’en préparant la sortie, on ne soit pas au courant de devoir engager fort pour une telle voie.

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J’ai pas trop d’avis la dessus. Il faut constater qu’il n’y a pas une manque de grande voies peu engagés bien équipés dans quasiment tous les niveaux. Donc j’aurai plutôt tendance à laisser les voies engagés comme elles sont.

Bien sur il peut avoir des exceptions: il y a quelques voies équipées très espacé par nécessité/manque de matériel à l’ouverture (par ex. Snake Dike) et non parce que c’était l’intention des ouvreurs d’équiper une voie engagé.

Ce qui est plus dommage (à mon avis) c’est l’équipement des voies faciles de TA.

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C’est toujours une voie peu équipée dont l’équipement en place est juste composé de pitons (et sangles de réchappe) : Camptocamp.org
Les pitons sont entretenus par les grimpeurs.

Bonjour,
Pour réflexion :
J’ai grimpé à Buis en 1979, j’ai conservé le topo de l’époque, j’y suis retourné en 2019.
Un exemple : la classique voie des Trous, 105m : en 1979 6 pitons, on complétait avec des angles autour des arbres ou des lunules ; en 2019 35 pitons.
Pas assez équipée en 1979 ou suréquipée en 2019 ?

Y’avait un article là dessus dans le grimper magazine de mars 2022 (le même que pour le taillage des prises), c’était assez intéressant.

La charte de Greenspits donne des pistes de réflexion intéressantes : Charte du rééquipement Greenspits - Greenspits

Si l’équipeur est tjrs actif, le mieux est que ce soit lui.

Sinon, une décision collective (genre 4-6 personnes ?) me semblerait idéal, avec un petit groupe mélangeant pro, assoc, collectivité (parc, ou assoc protection…), et autres équipeurs actifs du coin.
Parce que le gars tt seul qui décide pour tous, à mon sens ca n’est jamais très bon…

Et C2C :slight_smile:

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C’est compliqué.

Il serait autant nécessaire de définir le niveau d’engagement que l’on souhaite : Éviter de se tuer? De se blesser? De se casser un ongle?
Faire de la gymnastique aérienne en plein air? S’offrir de grosses montées d’adrénaline?

Parce que si l’on raisonne ainsi, planter des spits, ça peut être déjà tuer l’aventure.

Je n’ai pas vraiment de réponse. Mais c’est compliqué …

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D’où l’intérêt de recueillir l’avis de ceux qui ont déjà grimpé la voie.
C’est tout de suite moins compliqué. C’est du vécu, pas du virtuel, pas du « au cas où », « on sait jamais », etc.
On a un recueil de ce qu’ils ont apprécié ou pas dans la voie. Dans tous ces avis, il y a en certains qui concernent l’équipement en place. Et si une majorité trouve qu’il faudrait ajouter un point là, ou en enlever là, ça éclaire les équipeurs en charge du rééquipement.
Cette méthode aurait évité certains rééquipements de ces dernières années qui ont complètement dénaturé le style d’équipement de la voie (ajout de nombreux points alors qu’il n’y en avait quasiment pas, doublement du nb de points, ajouts de points qui imposent un itinéraire sur une bande d’1m de large alors qu’auparavant l’équipement invitait à explorer une bande de 4-5m de large comportant de nombreuses variantes, etc).

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Le cas de figure (ouvreur mort) s’est certainement rencontré pour pas mal de sites. En général si ce sont des sites historiques il y a des sections Caf ou fsgt ou ct ffme non ?

Sinon il y a le modèle « privé » avec l’héritage Cambon… mais c’est un peu limite sur le principe. Je me demande ce que Piola a prévu pour son fonds…

Le problème c’est que les voies changent avec le temps, on en a un bon exemple avec la demande. Sur un rocher neuf, aussi engagée fût-elle a l’ouverture, on ne s’exposait pas autant à la chute qu’après 50 ans de ponçage de rocher ou ce-dernier est devenu une patinoire.

Quelque chose qui m’interpelle, c’est qu’à en lire certains, on ne peut pas engager sur des spits. On a pas du vivre le même parcours, quel que soit les niveaux, il y a du suréquipé et du très engagé. Petit exemple avec Babel de Mussatto (8a quand même), Arnaud Petit, a qui on peut faire confiance niveau engagement, lui a dit que s’il voulait que sa voie soit parcourue, il devait y ajouter des spits. Ce qu’il a fait, et ça reste, paraît-il, très engagé. Certaines voies du briançonnais sont pas mal aussi genre Emi-Ali-Laeti-Pauli, ou encore le Père Ubu a la Tête d’Aval.
A l’inverse la plupart des voies de TA que j’ai faite, on montait rarement bien haut au dessus de la dernière protection, surtout, comme par hasard, quand c’est dur. Au final lesquelles peut on qualifier d’engagées ?

Comme Fredoche l’a judicieusement précisé, il faut définir ce qu’on appelle l’engagement :

  • Devoir avancer la peur au ventre dans le difficile sans risques corporels ?
  • Engager au sens ancien d’engager la viande et risquer l’hosto/hélico/fauteuil/cercueil dans une section expo ?
  • Parle t’on de l’engagement sur les pas d’escalade ?
  • Parle t’on de l’engagement sur une course entière ?
  • Ou parle t’on de sa propre responsabilité dans la pose de l’équipement et ainsi de notre protection.

Je ne dis pas que j’ai la réponse, mais finalement il y a presque autant de définition d’engagement que de pratiquants…
Une chose semble avoir changé néanmoins, la grimpe se veut de plus en plus un jeu, une activité, un loisir, plutôt que des péchés d’orgueil. Comme l’a dit Védrines il y a pas longtemps, aujourd’hui on peut être félicité pour avoir fait une belle chose sans avoir pris des risques impondérés… Mais une belle chose, ça peut demander d’avoir peur, ça peut demander d’aller chercher un point a 6 mètres dans du difficile. Un vol de 15 a 20 mètres, n’est jamais sans risque, et quand même bien il le serait, je connais personne qui a envie de le prendre.

Mon avis a 2 balles pour revenir à la question de base, c’est que la légende d’une voie de construit sur sa personnalité. On rêve de la voie par rapport à ce qu’elle représente, la symbolique qu’elle représente. Rééquiper l’Estamporanée, ce serait la tuer, car c’est anéantir ce qui fait son essence. Rééquiper de façon moderne la fête des nerfs, ce serait la tuer aussi. Mettre des spits et des relais chaînés dans l’Eperon Walker, ce serait détruire ce qu’il incarne. Tant que les voies n’ont pas salement vieillies (patine, casse) il est intéressant de conserver leur caractère pour qu’elles puissent tenir leurs promesses vis à vis de nos rêves.

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J’observe que les voies engagées contribuent au prestige de leurs ouvreurs et entretiennent ainsi leur aura. De même les répétiteurs s’en auréolent, y allant de leur commentaire à propos de tel passage ou telle cotation, frôlant parfois l’ostentatoire. La voie historique engagée resterait-elle un trophée qui se transmettrait aux seuls héritiers de cette trempe?

Après, considérant l’aspect de la sécurité ou concèdant que d’autres, moins téméraires, puissent ambitionner de parcourir l’itinéraire, je serai pour ma part de l’avis de G. Livanos : « Il vaut mieux un piton en plus qu’un homme en moins, surtout si cet homme c’est moi »… Sachant qu’il est loisible pour quiconque de « jaunir » quelques pitons à la façon de Claude Barbier, j’imagine un « ED sup J6 » serait bien parlant ! :wink:

Deux remarques:

  • mettre des spits (ou des pitons) et prétendre qu’on peut toujours sauter les points qu’on trouve en surnombre ne me paraît pas très pertinent: partir avec un point en ligne de mire - même si on a décidé de passer outre - ou avec devant soi le grand espace vierge n’a rien à voir.
  • je n’ai jamais vraiment compris pourquoi on demandait leur avis aux ouvreurs ; il me semble que les gens qui auraient vraiment leur mot à dire sont ceux qui rêvent, se préparent, s’entraînent pour aller faire un itinéraire, pas ceux qui l’ont déjà parcouru et dont l’avis ne traduit que l’intensité avec laquelle ils ont serré les fesses ou ce qu’ils projettent - a priori - du niveau des futurs répétiteurs.
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Je ne trouve pas que la question de la sécurité soit très pertinente dans ce débat. Si on n’accepte pas le niveau d’exposition d’une voie, il suffit de ne pas y aller pour être en sécurité. Si on manquait de belles voies bien équipées ce serait un problème, mais comme le disait @rufus97 plus haut ce n’est pas le cas, il en existe bien plus qu’il n’en faut pour remplir une vie de grimpeur.

Qu’il y ait des voies où on n’ira jamais parce qu’on n’a pas la témérité nécessaire, ce n’est pas un drame, il faut juste l’accepter et aller se faire plaisir dans toutes les autres belles voies qui existent et qui correspondent à nos attentes. Et ce faisant on ne prive pas ceux qui le veulent de se faire plaisir (ou peur) dans ces voies.

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Il y a des équipeurs compulsifs à qui ça donne de l’urticaire s’il y a plus de 5 m entre deux points. Faut absolument remplir les blancs.