Pourquoi ne vouloir gravir que partiellement une grande voie alpine?

A la lecture de ce sujet http://forum.camptocamp.org/viewtopic.php?id=128969 je me demande quel est l’intérêt de monter faire les premières longueurs d’une voie sans avoir pour objectif de la sortir? Ce qui me questionne le plus, c’est le risque évident qu’il y a de :

  • gêner des cordées qui voudraient atteindre le sommet en occupant la ligne et les relais,
  • parpiner les cordées qui suivent,
  • là, ça s’applique surtout aux voies calcaire de seulement quelques longueurs, mais ça patine « pour rien »,
    sans avoir en plus la satidfaction du sommet

Je n’ai absolument pas l’expérience ni le niveau pour ce genre d’aventures, donc c’est vraiment une question à laquelle je n’ai pas de réponse. Je suis juste surpris.

Il est clair que ca risque d embeter les suivqnts, mais suite aux eboulements recurrents aux Drus je ne sais pas si tu peux aller au dela.
Il me semble qu une partie de la voie n existe plus mais je me trompe peut etre.

Posté en tant qu’invité par tetof:

Salut ThomasR,
L’interet est de ne faire que la partie « technique », de réduire l’engagement et la difficulté (sac light).
C’est similaire aux voies « modernes » rocheuses équipés pour le rappel.

C’est également similaires à des courses type super-couloirs au Tacul ou la Raie des Fesses en Oisans.
Pour ces 2 courses, tu peux :

  • t’arréter au sommet des difficultés techniques et redescendre en rappel.
  • sortir au sommet mais ce n’est pas la même course.

A chaqu’un de choisir.

Posté en tant qu’invité par fhilippe:

[quote=tetof]Salut ThomasR,
L’interet est de ne faire que la partie « technique », de réduire l’engagement et la difficulté (sac light).
C’est similaire aux voies « modernes » rocheuses équipés pour le rappel.

C’est également similaires à des courses type super-couloirs au Tacul ou la Raie des Fesses en Oisans.
Pour ces 2 courses, tu peux :

  • t’arréter au sommet des difficultés techniques et redescendre en rappel.
  • sortir au sommet mais ce n’est pas la même course.

A chaqu’un de choisir.[/quote]
Similaire mais pas identique… Les voies modernes se déroulent très souvent sur des contreforts, alors que la directe américaine « s’arrête » au milieu d’une face…
Réduire le parcours à l’aspect technique, en évacuant - partiellement - l’engagement est représentatif de la survalorisation de l’aspect sportif de l’escalade et l’alpinisme, en évacuant les autres facettes de ces activités. Les discours sont d’ailleurs souvent axés sur les cotations, les horaires etc…
C’est amputer ces activités de leurs autres facettes, notamment psychologiques, et simplifier à l’excès la complexité de ces « aventures ». Escalade et alpinisme à l’ère de l’hédonisme, de la facilité et du rendement…
Pourquoi pas, si les différentes pratiques peuvent encore coexister, ce qui ne va pas toujours de soi hélas…

Juste pour mettre une croix sur une liste de course ? Vu l’état de la face, je ne comprends d’ailleurs pas la nécessité d’y aller. De même je ne comprends pas comment on peut aller aux Drus et ne pas sortir au sommet ! Ou alors c’est que je commence à être vieux, d’un autre temps, où le passage par le sommet au final d’une course mythique comme celle là était obligatoire.

Bonne chance quand même à ceux qui osent.

GBG

J’ignorais que la voie proprement dite ne sortait pas. Elle a été gravie dans le simple but de faire des longueurs, ou dans le but de rejoindre une ligne de sortie existante?

En général, la montagne commence où s’arrête l’escalade. Les forts grimpeurs ne sont pas forcément de bons alpinistes. Par exemple, dans la face N du pic Sans Nom (Aurore Nucléaire ou autres…) c’est quand l’escalade se termine que commencent les choses sérieuses et qu’on commence à ne plus rigoler.
Cela dit, chacun fait comme il veut à condition de ne pas gêner le voisin.

Posté en tant qu’invité par fhilippe:

J’ignorais que la voie proprement dite ne sortait pas. Elle a été gravie dans le simple but de faire des longueurs, ou dans le but de rejoindre une ligne de sortie existante?[/quote]
La Directe rejoint la première voie ouverte dans la face ouest, qui sort au sommet; elle s’arrête au « bloc coincé », au pied du dièdre de 90m. Pour plus de détails, voire l’abondante littérature…

C’est l’évolution de l’alpinisme qui se traduit par une évolution des pratiques. Au XIXeme sicle, l’alpinisme c’était gravir des sommets. Ensuite, il s’est agi de gravir toutes les faces même les plus austères (années 30-50). Depuis les années 80 - 90, c’est l’éthique de la grimpe (escalade libre, pas de dragonne en glace) qui est privilégié : tout morceau de rocher, toute pente de glace est devenu un terrain de jeu pour l’alpiniste.
Aujourd’hui c’est le parcours de beaux morceaux de montagne (goulottes, longueurs de rocher,…) qui est recherché en y associant une descente aussi facile que possible (qui aime galérer dans les descentes ?). Cette pratique permet de parcourir les plus belles parties d’un itinéraire en un minimum de temps et en minimisant les risques.
Les exemples de ce type de pratique sont très nombreux :

  • triangle du Tacul
  • Gravelotte et Z à la Meije sans aller au sommet
  • Aurore et Septentrion au Pic sans Nom

S’agissant de la directe américaine aux Drus, elle a bien été ouverte (en 3 jours) jusqu’au sommet par G. Hemming et ses amis : mais les 150 ou 200 derniers mètres sont communs avec la voie Pierre Allain de la face Nord. Comme l’a dit Tetof, compte tenu du matériel et de la logistique nécessaire pour sortir (descente sur un autre versant), la pratique des années 80 a légitimé une ascension purement rocheuse des grosses difficultés, suivie de la descente en rappel dans la voie.

Il existe des forts grimpeurs, très forts alpinistes : un fort alpiniste est surtout un alpiniste vivant. Tu confonds sérieux et dangereux, libre à chacun de rigoler comme il l’entend. Le haut de la face N du Pic sans nom (glace, rocher pourri…), pas plus que la descente, n’est pas le terrain recherché par les alpinistes aujourd’hui.

Mais que les vrais alpinistes se doivent de savoir maîtriser…

Posté en tant qu’invité par Mid:

Mais que les vrais alpinistes se doivent de savoir maîtriser…[/quote]
Ouai… Mais on peut maîtriser sans avoir envie d’y aller. C’est pas une honte de préférer le bon rocher et la bonne glace à la caillasse défiant les lois de l’équilibre et aux placages de glace suintante…

Après, c’est sûr, c’est toujours sympa d’aller au sommet. Et si je peux, j’y vais. Mais comme dit plus haut, il y’a des courses où ce n’est pas/plus un but en soi.

Mais que les vrais alpinistes se doivent de savoir maîtriser…[/quote]
Pas étonnant dans ces conditions qu’on en trouve de moins en moins des alpinistes !
Si être un vrai alpiniste c’est savoir se mettre en danger !!! Comme beaucoup d’autres, j’ai déjà donné (sans aucun plaisir), … le vrai alpiniste c’est l’alpiniste vivant ou au moins celui qui met toutes les chances de son coté.
Maitriser ce type de terrain, c’est comme maitriser la roulette russe.

Je ne te suis pas du tout michel.
je veux bien que tu nous dise que tu préfère grimper dans Aurore Nucléaire que de faire la George-Russemberger et sortir au sommet, c’est un choix et ce sont deux activités complètement différentes un point c’est tout. Certains (c’est mon cas) préfèrent sortir au sommet et prennent leur pied dans du mixte difficile ou en ayant une pratique « engagée », chacun sa pratique.

Michel n’a jamais dit cela.

Aurore Nucléaire n’est qu’une voie sportive mal équipée qui n’a rien à faire dans cette face. C’est un peu comme une voie sportive dans la face nord des grandes jorasses. Néanmoins, elle existe et je ne vois pas l’interet de sortir au sommet du Pic Sans Nom après avoir fait une voie sportive. Qu’elle serait l’interet de trimballer toute la quincaillerie dans une voie sportive ?

[quote=proto]Je ne te suis pas du tout michel.
Certains (c’est mon cas) préfèrent sortir au sommet et prennent leur pied dans du mixte difficile ou en ayant une pratique « engagée », chacun sa pratique.[/quote]
NON, là c’est plutot moi qui ne te suis pas :wink: . Le terrain pourri et engagé, je te le laisse bien volontiers ; il arrive déjà trop souvent que l’on s’y retrouve par erreur mais alors y aller par choix, ça m’échappe totalement.

Certainement, certainement, disons que j’évite la pratique que tu choisis : je respecte parfaitement tes choix pourvu que tu n’en fasses pas un dogme ni une norme. Ce qui m’a fait réagir, c’est que Circus parle de vrais alpinistes dans un sens qui m’a semblé bien restrictif. Exemple, le pilier Sud des Ecrins est pour moi à classer dans les terrains pourris et je n’y retournerai certainement pas : il y a trop de choses intéressantes à coté. Tester toutes les prises, s’élever délicatement, s’assurer aléatoirement, je te laisse toutes ces joies et ces pratiques.

Le coté perverti de ces raisonnements (vrais alpinistes = terrains pourris == voilà les Terrains d’Aventure) est que les maniaques du perfo considèrent que tout le bon rocher doit être équipé : tout le reste c’est le TA.

Posté en tant qu’invité par tetof:

Je partage ton point de vue. Même si j’apprécie l’Oisans, le coté roulette russe n’est pas des plus agréable.

Tu as entièrement raison. L’opposion à la « Cambon » entre des faces nords en terrain pourris/mixte réservés au alpinistes au grands sacs et des faces sud en bon rocher avec des voies sportives parcouru en collant pipette est parfaitement caractéristique de ce coté pervers.

On peut aimer grimper en montagne sans goujon et sans necessairement aller en face nord ou en terrain pourri.

PS, j’avais oublié re reprendre mon pseudo Tetof dans le post de 07:44.

[quote=Michel]Francois a écrit:
Les forts grimpeurs ne sont pas forcément de bons alpinistes. Par exemple, dans la face N du pic Sans Nom (Aurore Nucléaire ou autres…) c’est quand l’escalade se termine que commencent les choses sérieuses et qu’on commence à ne plus rigoler.
Il existe des forts grimpeurs, très forts alpinistes : un fort alpiniste est surtout un alpiniste vivant. Tu confonds sérieux et dangereux, libre à chacun de rigoler comme il l’entend. Le haut de la face N du Pic sans nom (glace, rocher pourri…), pas plus que la descente, n’est pas le terrain recherché par les alpinistes aujourd’hui[/quote]
J’ai bien dit « ne sont pas forcément » etc…

Quant à confondre, je ne confonds rien. Si on maîtrise le terrain, on résoud les problèmes.

Maintenant, comme je l’ai dit, chacun ses goûts.

Posté en tant qu’invité par tetof:

Tes propos ne permettent pas d’expliquer la même tendance en goulotte. L’opposition grimpeur/alpiniste me semble une vision datant de la fin du 20ème siècle à l’époque où la grimpe cherchait à s’émanciper de l’alpinisme et recherchait une légitimité.
Evite également d’utiliser les termes «forts grimpeurs » ou « bons alpinistes » qui sont des notions très relatives. Les forts grimpeurs du 21ème siècle sont dans le 9 et Aurore n’est que du petit 6.

Les propos de Michel me semblent les plus « justes » pour illustrer l’évolution des pratiques.

[quote=Francois][quote=Michel]Francois a écrit:
Les forts grimpeurs ne sont pas forcément de bons alpinistes. Par exemple, dans la face N du pic Sans Nom (Aurore Nucléaire ou autres…) c’est quand l’escalade se termine que commencent les choses sérieuses et qu’on commence à ne plus rigoler.
Il existe des forts grimpeurs, très forts alpinistes : un fort alpiniste est surtout un alpiniste vivant. Tu confonds sérieux et dangereux, libre à chacun de rigoler comme il l’entend. Le haut de la face N du Pic sans nom (glace, rocher pourri…), pas plus que la descente, n’est pas le terrain recherché par les alpinistes aujourd’hui[/quote]
J’ai bien dit « ne sont pas forcément » etc…
Quant à confondre, je ne confonds rien. Si on maîtrise le terrain, on résoud les problèmes.[/quote]
Vouloir maitriser un éboulis plus ou moins vertical me parait bien prétentieux, et plus dangereux que de pisser face au Mistral (signe de prétention en Provence).

Tout à fait François.

Ta remarque est intéressante Tetof car si Aurore n’est qu’un petit 6 (et ne se rapporte donc pas à une pratique extrême, comme tu le précise) sortir au sommet du Pic sans nom en hivers (que ce soit pas la raie ou, pire à mon avis, par la George-Russemberger) reste encore aujourd’hui quelque chose de très sérieux réservé à un petit nombre de pratiquants.