C’est l’évolution de l’alpinisme qui se traduit par une évolution des pratiques. Au XIXeme sicle, l’alpinisme c’était gravir des sommets. Ensuite, il s’est agi de gravir toutes les faces même les plus austères (années 30-50). Depuis les années 80 - 90, c’est l’éthique de la grimpe (escalade libre, pas de dragonne en glace) qui est privilégié : tout morceau de rocher, toute pente de glace est devenu un terrain de jeu pour l’alpiniste.
Aujourd’hui c’est le parcours de beaux morceaux de montagne (goulottes, longueurs de rocher,…) qui est recherché en y associant une descente aussi facile que possible (qui aime galérer dans les descentes ?). Cette pratique permet de parcourir les plus belles parties d’un itinéraire en un minimum de temps et en minimisant les risques.
Les exemples de ce type de pratique sont très nombreux :
- triangle du Tacul
- Gravelotte et Z à la Meije sans aller au sommet
- Aurore et Septentrion au Pic sans Nom
S’agissant de la directe américaine aux Drus, elle a bien été ouverte (en 3 jours) jusqu’au sommet par G. Hemming et ses amis : mais les 150 ou 200 derniers mètres sont communs avec la voie Pierre Allain de la face Nord. Comme l’a dit Tetof, compte tenu du matériel et de la logistique nécessaire pour sortir (descente sur un autre versant), la pratique des années 80 a légitimé une ascension purement rocheuse des grosses difficultés, suivie de la descente en rappel dans la voie.
Il existe des forts grimpeurs, très forts alpinistes : un fort alpiniste est surtout un alpiniste vivant. Tu confonds sérieux et dangereux, libre à chacun de rigoler comme il l’entend. Le haut de la face N du Pic sans nom (glace, rocher pourri…), pas plus que la descente, n’est pas le terrain recherché par les alpinistes aujourd’hui.