Thomas a soulevé une innovation culturelle de « l’alpinisme » du vingt-et-unième siècle très intéressante, qui me questionne depuis déjà un moment. Je crois qu’elle en dit long, bien plus long qu’à première vue même, sur la manière dont se transforme la pratique et ses pratiquants.
Sincèrement, vous pensez vraiment que c’est la même course de faire le supercouloir au tacul en redescendant en rappel à la fin de la goulotte ou en sortant au sommet (idem à la Raie des Fesses ou à la Directe Américaine aux Drus) ? Au-delà de la simple cotation d’ensemble, il me semble qu’il y a une véritable trahison de l’esprit même de l’alpinisme, tout comme de celui des ouvreurs de ces voies d’ailleurs. J’ai remarqué, hasard ou pas, que peu de voies de ce type ne sont pas soit des itinéraires historiques marquants (qu’il fait bon d’avoir dans une liste de course car ça « en jette »), soit proche des remontées mécaniques. Ce qui renvoie aux motivations profondes de « l’alpiniste » du vingt-et-unième siècle assez probablement…
Et pourquoi pas trois ou quatre longueurs de dry-tooling extrêmes et équipées dans un bastion bien compact du pied de la face Nord des Jorasses après-tout. Le tout côté ED bien sûr, pour que ce soit bien ronflant. Des cotations en M… comme Monstrueux ou Mode aussi, que cela fasse « in ». Et un petit compte-rendu sur kairn pour diffuser au mieux l’énormissime exploit naturellement.
Enfin j’ai quand même mis des guillemets à alpinisme pour dénommer cette nouvelle activité, pour cause d’éventuelle incompatibilité culturelle…
Annapurna