[quote=« pi-re, id: 885454, post:31, topic:87636 »]Bonjour Manu,
Initialement je ne voulais pas m’engager vraiment dans cette discussion mais en te lisant j’ai l’impression d’avoir affaire à quelqu’un de modéré sachant analyser sereinement les choses sans tomber dans une hystérie intégriste. Je vais un peu développer, tout en précisant que je ne prétends pas connaître LA vérité dans tout ça, si tant est qu’il y en ait une. Je crois qu’on a souvent tendance, moi autant que toi, à penser avec un point de vue individuel en oubliant que si ce point de vue est étendu à la collectivité il change totalement. Je crois qu’effectivement si un grimpeur fait une « cascade » sur de la craie cela ne changera pas grand-chose. (mais il ne faut pas oublier que l’érosion est une chose, mais qu’il y a le problème des oiseaux, des micro-lichens dont tout le monde se fout lorsqu’on descend en cavalant des éboulis mais ,qui ont leur rôle à jouer dans la biodiversité, etc.) Il faut alors essayer d’un peu quantifier les choses pour ne pas rester sur de vagues impressions. A combien de mm ou de cm estimes-tu l’érosion causée par UNE ascension d’une voie en craie ? Imaginons que tes coups de piolet et crampons décape la falaise disons de 1 cm (je dis ça au hasard juste pour la réflexion). Une cordée fait donc 2 cm. Une cordée par week-end sur la même voie ferait 1 m par an… 1m d’épaisseur. Imaginons que maintenant cette activité ait du succès, le même que celui des cascades de glace. Les ascensions se compteraient par milliers, et même si mon cm de départ est largement surévalué, au bout du compte pas sûr du tout que cette érosion soit négligeable. de plus, toutes les nuisances habituelles inhérentes à nos activités qui vont avec seraient là elles aussi. Alors voilà ce que je pense: l’homme fait partie de la nature, il est idiot de chercher à l’exclure en interdisant toute activité pouvant avoir un impact sur cette nature (impact pouvant d’ailleurs être positif: la disparition de zones agricoles et de patûrages entraine un fort accroissement de la forêt et une raréfaction de nombreuses espèces des milieux ouverts, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres), mais il est aussi responsable du maintien de notre patrimoine écologique. Sous-prétexte de satisfaire un besoin de « nouvelles » sensations éphémère, est-il vraiment indispensable de prendre un risque de déstabilisation de l’équilibre naturel ? n’y a-t’il pas en France suffisamment de falaises, blocs, cascades permettant de nous amuser ? Il y a de la place pour tous je pense: grimpeurs, oiseaux, insectes, fleurs, lichens … ont le droit de trouver leur place. Nous sommes- jusqu’à quand ?- l’espèce dominante de la planète, à ce titre il est de notre devoir de protéger ce que nous pouvons détruire. Et laissons les falaises vierges à ceux qui y sont depuis des millénaires, eux aussi ont le droit de vivre non ?
Amicalement
Pierre
PS: j’ajoute que l’argument consistant à dire que ce type d’escalade ne verra jamais un grand nombre de pratiquants est infondé: nul ne peut prévoir l’avenir, tu connais sans doute l’histoire de l’alpinisme et de l’escalade et tu sais bien que plusieurs fois il y a eu des évolutions qu’on peut trouver logiques une fois qu’elles ont eu lieu mais qui étaient initialement totalement inattendues.[/quote]
Une petite fable gentille pour recoller avec le débat… histoire de ne pas trop se prendre au sérieux.
« Le petit picard et le fort savoyard »
Le petit picard admirait le fort savoyard et ses belles montagnes,
Si bien qu’un jour, il entreprit de l’imiter,
Muni de de volonté et d’une paire de piolets,
Il grimpa les white cliff, comme on dit en grande bretagne.
Mais le savoyard voyait cette pratique d’un mauvais oeil,
à coups d’arguments très recherchés,
il tenta de l’en dissuader:
« C’est trop dangereux, tu finira dans un cercueil ».
« Ne t’inquiète pas nous faisons très attention,
en plus j’ai un solide compagnon, et une grande motivation. »
« Mais avec tes piolets la falaise tu dégrade! »
« Ne t’inquiètes pas, chaque jour nous y prenons garde. »
Mais trop occupé à débatttre, à parler,
le regard porté sur les falaises de craie,
Le savoyard n’avais pas vu à ses pieds,
les hordes de touristes, pour l’hivers, arriver.
Les conditions excellentes, ils furent 5000 dans la vallée blanche,
à raison de 0.05 cm de neige emportée par ces fonceurs,
On vit bientôt la glace sous les planches,
et le sillon atteint en fin d’hivers 25 m de profondeur… Joli Pipe pour les freestylers!
En plus de l’érosion de la glace, Les vibrations issues du passage de la masse,
firent trembler, puis tomber séracs et jorasses,
si bien qu’au printemps, de l’envers des aiguilles et des belles faces nord,
Il ne restait plus qu’n champs de ruines…quelques traces.
C’est alors qu’occupé par ses beaux projets,
le picard vit le savotartd dépité arriver,
il l’accueillit volontier sur ses falaises de craie,
et ensemble tout l’été ils purent grimper.
Moral 1: Avec un peu d’imagination et de mauvaise foi, on peut se raconter bien des histoires…
Moral 2: que chacun balaye devant sa porte.
Notez que je n’ai rien contre les savoyard, c’était par simplicité… et pour la rime.
Salut à tous…et avec humour je l’espère.