[quote=« Greg_H, id: 1350891, post:86, topic:120893 »]
[quote=« FloD, id: 1350080, post:70, topic:120893 »]
[quote]Lutin a écrit :
Non ce n'était pas de la provoc, juste envie de montrer qu'on peut voir les choses sous différents angles, que nous ne devrions pas juger les choix des uns et des autres sur ce sujet personnel. Que penser d'un parent qui du lundi au vendredi a un travail qui ne lui permet pas d'être à la maison alors qu'il vient d'avoir un bébé, est-il un mauvais parent pour autant s'il a fait ce choix ?..[/quote]
La différence essentielle est que la travail est le plus souvent une nécessité et, souvent, les contraintes qui s’y rattachent ne sont pas choisies (même si effectivement on a tous des choix de carrière et de vie à faire à certains moments de notre vie). Alors que le fait d’aller faire de l’alpinisme le weekend est un libre choix.[/quote]
Je trouve que c’est quand même une partie importante du pb. Les risques pris en montagne (ou d’autres activités à risque mais nous sommes sur un forum montagne
…) s’ajoutent à ceux qui sont pris dans la vie quotidienne.
Donc peut-être que faire de la montagne (autre que de la balade en montagne à vache, et encore…) n’est pas tout à fait raisonnable quand on a des enfants, à fortiori de bas-âge, mais il faut bien vivre et faire une ou des activités pour soi est enrichissant et par ricochet l’est également pour ses proches.
Tout l’art consistant alors de trouver le bon dosage entre prise de plaisir et prise de risque. Et là enfants ou pas, c’est une affaire de curseur personnel.[/quote]
Salut,
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce qui est dit au-dessus. Je serais plutôt de l’avis du Lutin dans le sens que le travail, on s’en fait une nécessité,un peu comme la bagnole, mais d’autres modes de vie sont possibles. En ce moment, en France, beaucoup de secteurs cherchent des profils qu’ils ne trouvent pas (surtout chez les manuels et le technique). Travailler est une nécessité pour manger, certes, mais l’emploi particulier d’une personne ne l’est pas dans la mesure où elle peut en changer. Un peu comme la secrétaire de ma société actuelle qui vient de me dire que j’avais de la chance d’avoir un CDI par les temps qui courent … Par les temps qui courent, il y vraiment de l’emploi en montagne, sur les chantiers, dans le technique, dans les métiers du batiment et ce, à tout niveau. Ce n’est pas un employeur qui m’a choisi, mais bien moi qui ait choisi mon travail, faut pas trop écouter la radio ou la télé …
J’ai choisi depuis quelques années déjà des métiers (bon, là, j’en suis un peu sorti) avec une mortalité annuelle qui fait passer n’importe quel flic de banlieue chaude pour un gardien de crèche à Neuilly. Mais c’est un choix et uniquement un choix. J’aurais pu aller plier des cartons à la chaîne autour de Gre à 35 heures, et aller grimper le soir.
Être en montagne pour le travail ou le loisir n’est pas pour moi une chose qui se négocie. C’est moi et c’est tout. Sans ça, je ne suis pas, c’est assez simple.
Ma fille de 7ans le comprend et mon épouse le partage. Elle serait presque plus sévère que moi sur ce sujet d’ailleurs.
Mon meilleur ami, mon frère, est décédé cet hiver lors d’une avalanche. Sa fille avait 3 mois. Son travail n’était pas non plus de tout repos dans des pays pas forcément hyper sécurits, en plus c’était Mais ce que j’ai vécu avec ce mec pendant 25 ans par et grâce à la montagne et la pleine nature, je ne suis pas près de l’oublier. C’est sûr, c’est fini, mais au fond, ne valait-il pas mieux ces 25 ans que rien du tout ? Alors le verre restera toujours à moitié plein des belles choses que nous avons faites et un peu vide de nos projets. Sur cette relation-là au moins. Evidement, ma fille ne voulait plus retourner au ski, ni que nous y allions. Mais au fond, elle a vite compris que c’était vital d’y aller pour elle aussi : « Je ne veux plus aller en montagne. » « Souviens-toi l’été dernier la course au-dessus du refuge Xavier Blanc, c’était comment ? Tu voudrais ne plus y aller ? » « Ah ben non, je ne peux pas ne pas y retourner. On fera attention alors. »
Oui, c’est cela, on fait attention pour autant qu’on le puisse, mais on ne peux pas s’empecher d’y aller. Mais prendre sa voiture, n’est pas anodin non plus, et pourtant personne ne pense une seconde ne pas revenir d’aller au taf ou d’aller chercher son pain en bagnole. « Mais c’est indispensable ! », Ben non, en fait, il y a une alternative à plus d’un de nos déplacements automibiles sur deux. C’est un peu comme le boulot, c’est pratique de se réfugier derrière le : « c’est indispensable ». C’est socialement correct.
Ben moi, et on est beaucoup dans ce cas, c’est juste indispensable à notre vie. Une vie sans ne m’intéresse pas, c’est tout. Après, j’essaye de faire attention, mais je sais aussi que cela ne veut pas dire grand’chose, juste que je ne saute pas de la falaise sans corde. Le reste, c’est des conneries. Ma femme flippe pour moi, ma fille flippe pour moi, je flippe pour ma femme, je flippe pour ma fille lorsqu’elle fait ses premiers pas en tête … Et alors, on m’a permis et on me permets de vivre des choses absolument grandioses au fond de la partie la plus vibrante de mon être, je ne peux pas et ne pourrais pas empêcher ma fille d’évoluer en montagne. Ce ne serait pas correct.
Voilà tout.