Parents et Activité Dangereuse

Posté en tant qu’invité par neuneu:

Oui bien sur qu’on sait qu’on risque de ne pas revenir d’une sortie en montagne. Il suufit de compter les amis morts en montagne.

@ bubu : parce qu’en prenant un risque acceptable tu es sûr à 100% de ne pas avoir de pépin ?
Quelle activité permet d’avoir cette certitude ? puisque même en marchant ds la rue ou chez toi tu n’es pas à l’abri !..

Posté en tant qu’invité par matouzalem:

[quote=« Marmotaine, id: 1348974, post:42, topic:120893 »]@ bubu : parce qu’en prenant un risque acceptable tu es sûr à 100% de ne pas avoir de pépin ?
Quelle activité permet d’avoir cette certitude ? puisque même en marchant ds la rue ou chez toi tu n’es pas à l’abri !..[/quote]
Il est toujours un fossé entre les discours ( assurés…)et les actes.Je vous suggère une petite expérience:

  • faites d’abord des enfants…vous verrez ensuite ce qu’ils feront de vous…et quelle réaction personnelle vous aurez…pour assumer cette responsabilité…du moins pour ceux qui s’y collent… :cool:

Ben dis donc tant de messages! Merci tout le monde!
En fait vous parlez beaucoup de stats de risque et tout, merci j’essaye de me mettre à la place d’alpinistes ou de montagnards mais en fait je voulais plutôt/aussi connaître la portée « morale » d’avoir des enfants quand on fait des « activités dangereuses » (mis en exemple le cas d’Alison Hargreaves).
Bien sur je comprends que dans la vie ordinaire il y a des risques, mais ceux-là tout le monde les prends donc ça ne fait pas partie d’un échantillon précis.
Là je me pose des questions sur le fait que quand on fait de la montagne (perso c’est une activité que je trouve à risque, tout autant que la pleine-mer par exemple, parce qu’il y a une part de non-maîtrisable), comment est-il possible de partir faire l’Himalaya alors qu’on a des enfants?
Je comprends que le sujet est délicat et très personnel, c’est justement pour ça que je pose la question.
Merci en tout cas pour toutes ces réponses!

[quote=« matouzalem, id: 1348983, post:43, topic:120893 »]Il est toujours un fossé entre les discours ( assurés…)et les actes.Je vous suggère une petite expérience:

  • faites d’abord des enfants…vous verrez ensuite ce qu’ils feront de vous…et quelle réaction personnelle vous aurez…pour assumer cette responsabilité…du moins pour ceux qui s’y collent…[/quote]
    je suis tout à fait d’accord avec toi. Je réagissais au propos de bubu qui laissait supposer que le gars a un accident parce qu’il avait mal estimé le risque acceptable. C’était juste pour dire que malgré un risque tout à fait acceptable on peut quand même avoir un accident.

Pour ma part, la question de prise de risque ne s’est pas posée pour le moment. Partager des moments avec mes enfants est plus important que ma pratique d’un sport à risque. Comme le dit Francois ça ne durera pas éternellement j’en profite tant qu’ils acceptent de partir avec nous !

La question se pose maintenant parce que de part ce partage depuis qu’ils sont tout petits, ils ont maintenant la même passion et les mêmes aspirations que nous. Nous découvrons donc le ski de rando, l’escalade et j’espère enfin pouvoir goûter vraiment à l’alpinisme. Mais ils ont encore besoin de nous et il est des risques que je ne veux pas prendre de par leurs conséquences.

Posté en tant qu’invité par France05:

excellant, trop bien vu

les gens essaient tellement de rationaliser leurs pratiques « mais moi, je… »
Perso, je ne le cache pas: je fais des trucs risqués, quand j’aurai des gamins, je me calmerai . Je vis dans le présent, je ne rationalise pas.

Posté en tant qu’invité par France05:

slt,
ben déjà tu t’y prends mal: pas faire de dinstingo entre danger et risques… je te renvoie à 10.000longs et pénibles post
en gros si c’était dangereux, on irai pas (un russe n’est pas un individu normal ;-)))
Ensuite qu’est-ce qu’un risque: c’est une probabilité d’occurence donc normal qu’on en parle (beaucoup)

Comme le dit Bubu, tout le monde à son curseur. Le problème c’est que certain on de véritables myopies (plutôt des strabismes, mais bon…)
pardon, par strabisme j’entend « des enfants »: dès qu’ils sont là hop on met une vertueuse pédale douce. Mais si l’apréhension du risque à la base était erronnée alors tu ne résoud rien (et tu ne sors pas avec Bubu NDLR)

Concernant l’Himalaya (ca ma gonfle de passer du coq à l’ane) bref: faut comparer ce qui est comparable: si tu fais ton trek pénard (t’as pas de risque cardio, etc) bon t’aura mal à la tête à 4500, tu risque bien sur un oedeme (mortel) non négligeable, mais bref si c’est pas extrème, c’est pas anodin

Si tu parles des gars qui font des 8000 … bon ben c’est plus du tout la même chose. Physiologiquement on est pas fait pour survivre à ces altitudes. Dans ces conditions, ta proba d’y passer se rapproche très fortement de 1. Laisser croire à la grande majorité des ascentionistes qu’il vont y arriver et que tout va bien se passer est débile.

Je rejoinds encore Bubu: plus tu as d’expérience et plus tu es à même de prendre conscience du danger. L’histoire de la fix c’est pas des conneries. Revois Boivin après un couloir super engagé, le journaliste lui demande s’il a eu peur de mourir quand son ski s’est bloqué et qu’il a du faire un saut-per pour rattraper : il te dit aucun problème. De son point de vu il a raison car ce que le journaliste ne sais pas c’est qu’il s’est entrainé à cette technique et que ce genre de mésaventure n’est pas suffisament grave pour le mettre en danger: il est encore dans la gestion du risque (le sien, pas le tiens. Toi t’est en panique alors que l’hélico n’a pas décollé)

donc danger à 8000 car pas maitrisable, tout dépend de toi dans un couloir à 55°-60°
(désolé pour la tartine)

[quote=« ubtan, id: 1348694, post:1, topic:120893 »]Pensez-vous que lorsque l’on est parent, on ne devrait pas « risquer sa vie dans des activités dangereuses »?
(cette question est en rapport avec Alison Hargreaves)
Merci de vos réponses![/quote]

Ca me gonfle que cette question est toujours poser par rapport aux femmes/mères! Pourquoi ne pas prendre l’exemple le plus récent du Gasherbrum…

Il faut accepter les passions et activités des personnes qui décident de faire des choses objectivement très risqué mais il ne faut pas se cacher de la responsabilité en disant qu’il est un héro et que c’est la mauvaise chances que ça s’est passe comme ca - ce n’est pas vrai.

Sinon, l’opinion de Gerlinde Kaltenbrunner est bien connu: elle a décidé contre des enfants pour faire la montagne.

Moi, personnellement je fais moins des choses dangereuse depuis j’ai une relation fixe. Et c’est vrai que ce n’était pas nécessaire de faire des grandes soucis à mes parents avec mes activités. Toute c’est bien passé dans la passé - heureusement!

[quote=« Bubu, id: 1348839, post:21, topic:120893 »]Perso, mon risque acceptable sous lequel j’essaie de rester est : le risque que je me tue en montagne dans les 100 ans à venir en faisant telle chose est quasi nul (style 1/10000).
Ce risque acceptable est compatible avec le fait d’avoir des gosses.
Donc quand qqun me dit qu’il prendra moins de risque quand il aura des gosses, ça signifie qu’il est actuellement au-dessus de mon risque acceptable => je ne peux pas tenir compte de ses avis du style « OK c’est bon ça tient ».
Et quand il a des gosses et qu’il a baissé son risque acceptable, ça ne signifie pas pour autant qu’il l’a baissé à mon niveau => je ne peux pas lui faire confiance non plus. Je saurais après qq sorties s’il l’a baissé à mon niveau ou non, mais en attendant je ne peux me contenter de sa parole « je prends moins de risque depuis que j’ai des gosses ».[/quote]

OK, pour avoir pleine confiance en quelqu’un, il faut le connaitre, faire des sorties avec lui, etc… ça n’a rien à voir avec les enfants.

Par contre, bien malin qui peut dire comment il évoluera avec des enfants, toi le premier (je suppose que tu n’en as pas) : tu ne ferais peut être même plus le 10ème de ce que tu fais aujourd’hui, pour plein de raisons variées.

Posté en tant qu’invité par neuneu:

A la louche, j’ai plutôt entendu parlé à l’ENSA de stat du genre : 1 « chance » sur 3 d’y passer en 30 ans de pratique intensive.

40 personnes dans la liste des contributeurs disparus de c2c /articles/136015/fr/hommage-aux-contributeurs-disparus

Bonjour ubtan,
« vivre » est l’activité la plus dangereuse que je connaisse car à ma connaissance personne n’a encore réussi jusqu’à présent à ne pas en mourir. A partir de ce constat il convient à chacun de définir comment occuper le temps qu’il lui reste en trouvant l’adéquation intensité/risque qui lui correspond.
Toi, il te reste combien ? As-tu mis le curseur « intensité » au bon niveau ?
A part être un ermite, nous devrions manquer à quelques uns le jour de notre départ. Je ne suis pas sûr - quand c’est la circonstance - que nous manquions plus aux enfants qu’aux parents quand ceux-ci existent.

Je vais peut-être provoquer des réactions, mais je considère qu’une première preuve d’égoïsme c’est de se considérer comme indispensable à qui que ce soit.

Plutôt que d’avoir des pensées philosophiques comme celles-ci un samedi de grand beau, je ferais mieux d’être en montagne, non ?.. :smiley:

[quote=« Lutin, id: 1349260, post:51, topic:120893 »]Bonjour ubtan,
« vivre » est l’activité la plus dangereuse que je connaisse car à ma connaissance personne n’a encore réussi jusqu’à présent à ne pas en mourir. A partir de ce constat il convient à chacun de définir comment occuper le temps qu’il lui reste en trouvant l’adéquation intensité/risque qui lui correspond.
Toi, il te reste combien ? As-tu mis le curseur « intensité » au bon niveau ?
A part être un ermite, nous devrions manquer à quelques uns le jour de notre départ. Je ne suis pas sûr - quand c’est la circonstance - que nous manquions plus aux enfants qu’aux parents quand ceux-ci existent.

Je vais peut-être provoquer des réactions, mais je considère qu’une première preuve d’égoïsme c’est de se considérer comme indispensable à qui que ce soit.

Plutôt que d’avoir des pensées philosophiques comme celles-ci un samedi de grand beau, je ferais mieux d’être en montagne, non ?.. :D[/quote]

Ca veut dire quoi indispensable ? Evidemment que tes proches n’auront pas tellement le choix que de continuer à vivre sans toi. Est-ce que ce n’est pas encore plus egoïste justement ? Je n’ai pas forcément les réponses, mais ce sont des questions que je me pose parfois avant de partir.

On va mourir. Ce sera donc peut-être difficile pour nos proches, montagne ou pas, on n’y peut rien, ça ne peut donc pas être de l’égoïsme.

:rolleyes: :confused: mouais bof Lutin, je suppose que c’est de la provoc…
on n’est sans doute pas indispensable, mais bon, quand même… demande aux orphelins comment ils ont vécu le départ de leur(s) parent(s)… C’est sûr ils s’en sortent mais à quel prix ?

[quote=« Lutin, id: 1349273, post:53, topic:120893 »]

On va mourir. Ce sera donc peut-être difficile pour nos proches, montagne ou pas, on n’y peut rien, ça ne peut donc pas être de l’égoïsme.[/quote]

Je comprends, c’est difficile à assumer comme trait de caractère (je précise que j’ai la même difficulté dans l’exercice de mes passions non familiales). Mais ce n’est pas une raison suffisante pour nier la réalité.

Bonjour à tous et à toutes.

J’ai lu dans ce post à plein de reprises les mots prise de risque et calculé. L’été dernier je croyais encore que c’était possible de réduire la prise de risque au presque-néant… suffit que dans le pack « conditions, technique, matériel, mental/forme » tout soit adapté et en conséquent il ne peut rien arriver de bien grave. Et en automne, j’ai perdu un ami dans une de ces configurations où il n’y avait soit-disant aucune prise de risque. Ça s’appelle un accident.

Le problème avec les activités à risques - calculables ou non, je laisse chacun à ses convictions - c’est que le risque que ça se finisse mal est hélas présent à tout instant. Un accident lors d’une pratique sportive quelconque aura pour conséquence un bobo quelconque. Une chute en montagne se finit rarement avec un plâtre. C’est peut-être pour ça aussi que c’est appelé activité à risques: à cause de l’ampleur des conséquences bien plus présent que pour d’autres activités…

Posté en tant qu’invité par BLU:

A quoi te sert, Socrate d’apprendre à jouer de la lyre puisque tu vas mourir ? A jouer de la lyre avant de mourir .

Posté en tant qu’invité par GOYETTE:

Lu il y a quelques jours sur le site camp to camp :
"Une angoisse sourde m’étreint. Celle de mourir, ici, maintenant. Je sais bien qu’il y a plus de 300 mètres de face sous nos pieds. La chute s’accélère. Le « film » commence. Mes proches m’apparaissent. R. me sourit, tranquille, serein. C’est l’injustice qui prend le dessus ! Non, R. et M. n’ont pas le droit de ne plus avoir de Papa. Je dois me battre … "
On aurait pu lire : « je n’ai pas le droit de priver R. et M. de papa »
On peut ajouter : « je n’ai pas le droit de laisser mon épouse [mon mari] assumer seul[e] les enfants »

Et puis il y a nos parents ; bien sur ils nous ont offert la Vie, bien sur, on les sait heureux de nous voir vivre notre passion [ ! ] … bien sur …

Posté en tant qu’invité par matouz:

[quote=« GOYETTE, id: 1349477, post:58, topic:120893 »]Lu il y a quelques jours sur le site camp to camp :
"Une angoisse sourde m’étreint. Celle de mourir, ici, maintenant. Je sais bien qu’il y a plus de 300 mètres de face sous nos pieds. La chute s’accélère. Le « film » commence. Mes proches m’apparaissent. R. me sourit, tranquille, serein. C’est l’injustice qui prend le dessus ! Non, R. et M. n’ont pas le droit de ne plus avoir de Papa. Je dois me battre … "
On aurait pu lire : « je n’ai pas le droit de priver R. et M. de papa »
On peut ajouter : « je n’ai pas le droit de laisser mon épouse [mon mari] assumer seul[e] les enfants »

Et puis il y a nos parents ; bien sur ils nous ont offert la Vie, bien sur, on les sait heureux de nous voir vivre notre passion [ ! ] … bien sur …[/quote]
et si la première question était:la vie qu’on m’a imposé…elle sert à quoi, et j’en fait quoi?

Plutôt d’accord avec Lutin.
Le petit d’humain a sans doute besoin d’un certain rapport (rapport affectif, limitant et encourageant…) avec des adultes pour pousser dans la vie.
Mais faut-il considérer pour autant que ce rapport éducatif passe par des personnes uniques et irremplaçables, qui seraient les seules aptes à remplir ce rôle ? Ses parents biologiques sont-ils nécessairement les seuls adultes capables d’aider à grandir un enfant ? Les façons très différentes d’élever les enfants dans le monde et la diversité des responsabilités éducatives (l’oncle, la communauté, la belle-famille, l’Etat…) apportent une réponse à cette question.

http://www.philoplus.com/spip.php?article57

[quote]Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.[/quote]
(Khalil Gibran, Le Prophète)
http://www.poesie.net/gibran1.htm

Faut-il laisser croire à ses enfants que leurs parents sont immortels ?
Ou convient-il de les habituer progressivement à l’éventualité d’une disparition parentale toujours possible, et donc à la nécessité d’acquérir une certaine autonomie (matérielle, affective, intellectuelle…) ?
Apprendre à nos enfants que nous les quitterons un jour, n’est-ce pas aussi leur témoigner notre confiance en leur possibilité de s’en sortir seuls plus tard ?