Le PNV avait embauché des locaux initialement : la première génération de gardes du parc était majoritairement à ancrage local. Mais cette génération est aujourd’hui à la retraite. Et remplacée par des agents recrutés au compte goutte qui maîtrisent 60% de leur métier à savoir l’environnement, mais dont les difficultés se concentrant sur les 40% du reste à savoir le volet communication/relation avec la population. Cotés touristes, c’est devenu à la marge : les mentalités ont évolué, le garde du parc n’est plus ce flic de l’homo-touristicus qui arrache les fleurs et jette ses mégots…la plupart des visiteurs sont sensibilisés bien en amont de leur démarche…
S’il y a des difficultés de communication et de relations, c’est pour plusieurs raisons toutes liées les unes entre elles, entre autres :
-le contexte est par nature conflictuel. C’est dans le principe même de la démarche : la protection suppose une menace (qu’elle soit avérée, potentielle, ou infondée), elle est donc nécessairement une dialectique. Et tu ne peux rien y faire : pas la peine de s’adonner au confort intellectuel, c’est perdu d’avance. C’est de manière générale propre à l’urbanisme et aux politiques d’aménagement du territoire dans lesquelles s’inscrivent, entre autres choses, les Parcs Nationaux (instaurer un Parc c’est aménager le territoire). Et qui ne sont exempts de contradictions, à l’image de notre société.
-dialectique qui se renforce avec la proximité à la zone centrale, de sorte que si tu spatialises un peu, tu vas trouver les « pour » plutôt dans les grandes villes périphérique telles que Grenoble, Chambéry (dont les gens cultivent une vision assez « sanctuariste » de leur terrain d’exploration du WE), et les « contre » plutôt dans les communes les plus « sous cloches » en zone centrale, telles que Bonneval-sur-Arc, Pralognan ou Val d’Isère, qui sont à ma connaissance les communes les plus anti-parc.
-des gens du PNV formés sur l’environnement, et qui pensent que c’est suffisant pour exercer leur métier, et pour qui de toute façon l’environnement c’est 100% de leur métier. Les recrues du PNV convergent entre eux idéologiquement, ils appartiennent (comme la plupart d’entre nous) à ce que l’on appelle « une pensée de groupe ». Sur le principe de la dialectique attachée à la protection, cette pensée de groupe se confronte à une autre pensée de groupe d’ancrage locale, basée sur un esprit de forte autonomie, voire d’autodétermination.
-« on accepte mieux ce que l’on s’impose à soi-même » : le défaut d’ancrage local accroît le sentiment d’une autorité étatique pesant sur une réserve d’indien, autorité qui communique majoritairement au travers des interdictions. Le PNV n’arrive pas à se dépatouiller avec ce sentiment (ce n’est pas propre qu’au PNV, c’est tous les PN) Mais sur le principe, il ne guère l’empêcher.
-défaut de sens politique du PNV. Certains diront qu’un PNV n’a pas à avoir un sens politique mais tout est politique en vérité. Le PNV a par nature des implications fortes au regard des politiques locales, donc c’est se voiler la face de considérer que le PNV est exclu du cadre politique. Bien sûr qu’il en fait partie.
-le PNV s’inscrit dans un territoire très attractif, propre aux conflits d’usage et aux conflits de représentation, et donc exacerbant les enjeux de 2 cotés. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la dialectique, tu l’as aussi dans les Ecrins ou dans le Mercantour etc…
Voilà pourquoi la démarche de la Charte est une gageure sur ce territoire. L’idée de base extraite des conclusions du rapport GIRAN n’était certainement pas mauvaise dans la volonté, mais à mon sens vouée à l’échec sur un territoire comme celui du PNV, et dans ce contexte, du moins.