Nos petites histoires autour de l'escalade

Posté en tant qu’invité par zaza:

la fois ou j ai cru en dieu c etait a bartagne ou nous faisions le grand pilier depart dansle froid mais pas trop le vent s est leve pdt la progression tres fort et tres rapidement commme il sest si bien le faire dans le midi et avec mes 45 kg flottant dans les airs a 170 m dusol je me suis suspendue a un spit si vieux qu il ressemblait a unecapsule de coca implorant dieu de m aider et ca a marche comme quoi

Posté en tant qu’invité par Gwenaël:

Dans la superbe calanque d’En Vau, les aiguilles et autres gendarmes se succèdent le long du vallon.
L’une d’elles se dresse au dessus du sentier, percée en son sommet comme le chas d’une aiguille : le « Pouce ».
Pour un grimpeur gonflé à bloc par d’« énormes performances » dans le 6a, la voie du « Pouce Intégral » se doit d’être parcourue.
Nombre de mes compagnons m’en vantèrent la dernière longueur où du relais sur le sommet de ce promontoire, le passage final consiste à enjamber le vide séparant l’aiguille de la paroi sous le plateau.
Fort de mon expérience dans un mouvement aérien du même style sur l’Arête de Marseille à la Grande Candelle, mes amis m’avertissent de l’envergure diablement plus importante dans la voie du Pouce.
En effet, il ne suffit pas de vaguement tendre la jambe en face ! A les entendre, l’extension demande une souplesse extrême ! D’autant plus que la taille de mes interlocuteurs auraient dû leur favoriser la tache !

Quelques mois passent sans que ces informations dignes du plus grand intérêt ne s’effacent.
Et c’est bien conscient de l’extraordinaire exploit physique nécessaire à la réussite de cette entreprise que je descend le vallon d’En Vau accompagnée d’une grimpeuse motivée.

Le temps est parfait : ensoleillé sans faire sentir son effet caniculaire.

Après quelques longueurs, nous voilà vite assis sur cette pointe à étudier consciencieusement le fameux pas.
De toute évidence, les avertissements n’étaient pas surfaits !
L’enjambement n’est à la portée que d’un géant.
La décision est prise et je me dresse alors pour finir cette voie. Je désescalade à peine d’1 mètre pour installer mes pieds sur de vagues emplacements obliques.
En face, je vois parfaitement les prises d’arrivée : de bons bacs sur une petite plate forme et un bon pied plus bas.
Après un timide essai de pied en arrière dans le vide, il est clair que je n’aurai jamais les qualités nécessaires pour espérer toucher le rocher en face (il me manque presque 2 m).

Le constat est donc simple : il me faudra sauter !

Faisant part de mon intention à mon assureuse, ma confiance absolue lui retire tout doute et elle s’apprête à me fournir toute la corde nécessaire à ce saut dans le vide !

Reste à s’exécuter et là, les minutes sont longues à évaluer la distance, à bien sentir ses appuis, à viser les prises à attraper en face, à fléchir les jambes puis finalement repousser l’échéance, à souffler pour se calmer ; car, évidemment, le cœur bat à une cadence folle ! Tous mes sens me disent que c’est de la folie ! Mais, il faut que je le fasse! On ne va pas buter si proche de la fin !
Au bout de quasi 20 minutes, enfin, je prends appel et pousse fortement sur mes pieds pour décoller et me retrouver aussitôt en face.
Tellement en face, que j’ai l’impression de presque m’écraser comme les personnages de cartoon à la Tex Avery qui ont ce léger temps de latence avant de finalement glisser vers une chute sans fin.
Mais, pour moi, pas de chute, je réagis et replace aussitôt mes mains sur les prises repérées.
La décharge d’adrénaline est jouissive !
Tant pour si peu! Et oui ! (Rien d’exceptionnel il est vrai, mais intense pour un tranquille citadin comme moi !)
L’émotion fait ensuite place à une euphorique volubilité et c’est dans un torrent de parole que j’assure et rassure ma seconde.
Finalement, elle s’est élancée… avec moins de réussite mais sans aucun mal.

En conclusion, toujours persuadé d’avoir réalisé les passages comme chaque répétiteur, ce ne fut que beaucoup plus tard que j’appris l’originalité de ma méthode :
En fait, l’enjambement se fait réellement en continuant de désescalader mais beaucoup plus bas, là où il est vraiment réalisable!

Alors, méfiez vous toujours des récits et des mises en garde romanesques concernant des passages de voies qui resteront toujours de l’escalade !

[ PS : j’imagine que certains ont dû faire volontairement ce saut directement du promontoire où on peut avoir un ou 2 pas d’élan, mais, c’est beaucoup trop pour moi!]

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Pascal:

Je sais plus quoi dire, je me suis bien fait plaisir à lire ton histoire; j’espère que tu continueras à en raconter d’autres.
Faut que je trouve un moment pour faire de même, peut être pas avec ton talent mais…
Ciao viva
Pascal

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Pascal Diethelm:

J’ai lu la description de cette ascension avec beaucoup d’émotion. J’ai fait la première du toit du Marteau avec Michel Marchal, mon copain guide à Chamonix, qui était français (originaire des Vosges - je suis double national, franco-suisse). Il s’est tué en montagne il y a de nombreuses années, emporté par un avalanche. A l’époque, comme j’étais un piètre glaciériste (je le suis resté), nous avions conclu un accord, Michel et moi. Je l’emmenais dans des voies calcaires, et il m’emmenais dans des voies de glace. C’est ainsi que j’ai été tiré par lui dans la face nord de l’Aiguille du Midi en hivernale (en compagnie de Dominique Leprince Ringuet - qui devait connaître une fin tragique peu après dans les Andes du Pérou - c’était sa dernière course dans les Alpes) et dans la voie Major au Mont-Blanc. En contre-partie, j’emmenais Michel dans des escalades telles que la diretissime des Saxons à la Cima Grande di Lavaredo et dans des premières telles que la voie du Char à Banc au Perthuis et, incontestablement notre plus fameuse réussite, le Marteau. La première ascension du toit du Marteau a été une aventure extraordinaire, et c’est certainement l’adrénaline provoquée par le « gaz » totalement unique de cette voie qui nous a galvanisés et nous a permis de passer.

Les fameuses plaquettes de nos expans étaient montées sur des vis ou des rivets de 6mm. Elles étaient en un métal spécial, ressemblant à l’aluminium, que m’avait procuré un ami travaillant à l’aéroport de Genève: c’était le métal dont on construisait les avions. J’avais fabriqué ces plaquettes de façon artisanale dans le garage de mon père. Cependant, j’ai réalisé, mais un peu tard, puisque c’était sur place, dans le toit du Marteau, qu’elles avaient un petit défaut : elle se déchiraient si on montait dessus avec les crochets plats Cassin dont nos étriers étaient équipés pour pouvoir automatiquement les récupérer lorsque nous passions au piton (en l’occurrence à l’expan) suivant – et d’ailleurs toutes les plaquettes ont à des degrés divers soufferts de ces déchirures - et je comprends parfaitement votre angoisse lorsque vous vous êtes acrrochés à elles. Ce défaut obligeait de se faire hyper-léger en transposant son poids d’une expan au suivant et de répartir autant que possible la charge sur deux points d’ancrage, voire plus.

Pendant l’ascension, nous avons toujours gardé de nombreux expans entre Michel et moi, en nous assurant qu’il y avait toujours parmi eux un ou deux expans de gros format (genre spit, mais à l’ancienne) planté dans du bon rocher - il y en a aussi!. J’ai fait toute la voie en tête (cela faisait partie de notre « contrat ») et nous n’avons donc jamais eu à nous relayer. Nous utilisions des cordes longues (90m) en double - ça coinçait dur, il fallait tirer fort pour se donner du mou, ce qui ajoutait à la traction sur les expans, mais tout ce que je risquais était de rester pendu dans le vide à 30 m de la paroi, mais pas de décrocher en faisant boutonnière - ceci dit, et retrospectivement, je ne sais pas comment je m’en serais tiré si je m’étais retrouvé dans cette situation, car je n’avais pas de jumar, et allez récupérer un type qui pend dans un dévers de 40m! – cela me donne des frissons encore aujourd’hui rien que d’y penser. MIchel me passait le matériel qu’il récupérait à l’aide d’une autre corde qui nous servait de téléphérique entre nous deux.

Les plaquettes vous ont certes donné des frayeurs, mais c’est un sentiment que nous avons eu en commun, car nous n’avions pas une grande confiance en notre matériel. Mais c’est ce que nous avions et il fallait faire avec - et une fois engagé, il était difficile de renoncer, d’autant plus que des rumeurs courraient que cette première était convoitée, séparément, par René Desmaison et Yannick Seigneur. Les expans ont quand même resisté à toute une nuit de traction continue, car nous avons bivouaqué dans le toit, accrochés à eux, assis chacun sur une petite planche en bois, avec les pieds qui pendaient dans le vide. Le matin, au « réveil », nous avons cru qu’il neigeait. En fait, nous étions entouré des plumes de mon sac de couchage, que j’avais du percer pendant la nuit à la suite de ne sais pas quelle manoeuvre.

Lors d’une précédente tentative, j’avais réussi à passer le mur de charbon par miracle. Je me rappelle que, à l’endroit le plus mou du mur, j’avais commencé à faire un trou de 6mm avec mon tamponnoir, mais au fur et à mesure que je tapais, ce trou s’élargissait de plus en plus, et pour finir j’ai passé en enfonçant dans le trou ainsi formé un « chou-fleur » de pitons normaux, entouré d’une ficelle à sa base. Certains expans tenaient le temps de placer le suivant, et s’extayaient du rocher par le seul fait du battement de la corde lorsque je montais sur l’expan suivant. Après avoir passé le mur de charbon, j’ai placé un corde fixe le long de laquelle je suis redescendu (c’est probablement celle que vous avez utilisé). Lors de la première, elle nous a servi pour l’assurage, mais non comme corde à remonter avec des jumars (que nous n’avions pas – nous utilisions des noeuds de prussik au cas où ils nous aurait fallu remonter le long d’une corde).

Nous sommes arrivés au sommet le deuxième jour à la nuit tombante, après avoir gravi la dernière longueur verticale dans une obscurité presque totale.

J’ignorais qu’une cordée s’est tuée dans cette voie après votre passage. Cela m’attriste beaucoup et je ne peux pas m’empêcher de penser que je suis un peu (beaucoup?) responsable de leur mort.

Avec mes cordiales salutations,

Pascal Diethelm

Posté en tant qu’invité par Bruno:

C’était un week-end de 3 jours à la Jonte comme je les aime.

Après un premier jour de couennes dans le Tarn où je réussissais par accident un 6c à vue après avoir buté dans les 6b voisins, puis le lendemain une voie facile dont le nom m’échappe au Cirque des Vases, le moral était au beau fixe. La deuxième soirée au gîte, partagée avec de joyeux fsgtistes montpelliérains, me permit de fixer l’objectif final : « Sale coup pour la fanfare » au secteur Révérend, avec une longueur clé en 6c qui faisait peur même sur la photo. Mais aux alentours de 23 heures, dans l’euphorie ambiante et grâce à un savant mélange de rosé local et de génépi, la confiance la plus absolue était de mise …

Au matin, au pied de la voie, à l’ombre et avec un petit vent très frais, l’ambiance est déjà nettement plus austère. De visu, le 6c fout carrément les jetons avec une fissure cruelle qui se referme progressivement. Sans surprise, la sanction tombe des lèvres de ma partenaire : « tu feras tout en tête ». Je m’encorde mollement pour gagner du temps, guignant du coin de l’oeil un couple de grimpeurs qui s’avance vers nous. Des Germains, lui bourru et fermé aux langues étrangères, elle souriante et parlant français avec aisance. Elle : « vous allez faire quoi ? » Moi : « ben, heu, la « Fanfare » mais si vous voulez la place, y a pas de prob… » Elle me coupe : « non, non, vous étiez là les premiers, c’est à vous ». Moi : « ha, c’est à nous, bon, ben, OK, j’y vais alors (gros soupir) »;

La première longueur en 5c se passe plutôt bien puisque j’arrive au relais en tremblant mais sans avoir tiré au clou. Sur ma gauche, l’Allemand progresse dans une voie plus facile en me jetant de temps en temps un regard chargé de reproches. Les choses se gâtent dans la deuxième longueur en 6a+ : j’arrive à nouveau au relais en tremblant mais la différence c’est que j’ai pris deux gros plombs en chemin et que je suis maintenant totalement liquéfié. Sur ma gauche, l’Allemand progresse en me jetant des regards narquois. Ma camarade me rejoint. « c’était dur » me dit-elle sobrement. Moi : « oui ». Elle : « tu trembles ». Moi : « oui ». Nous jetons un long regard à la fissure en 6c, juste au dessus de nos têtes. Je me sens un tantinet oppressé. Elle : « on descend ? » Moi : « oui ». J’entame le rappel sans oser imaginer le regard de l’Allemand sur ma gauche.

Une fois au sol, soudainement ragaillardis, nous trottinons vers la classique du secteur, à quelques mètres de là et au soleil, « le Révérend » qui ne dépasse pas le 5c. Et là ça randonne sec. Me voilà au sommet des trois longueurs sans coup férir. Reste à effectuer les rappels. D’après le topo, la ligne prévue à cet effet est un peu plus loin mais nécessite une désescalade que ma camarade ne sent pas. On va donc redescendre dans notre voie. Ca doit le faire puisqu’on y a croisé … les Allemands qui descendaient tranquilos avec leur 2 x 60 m. Bon, nous, on n’a que 2 x 45 m mais ma camarade pense que ça suffira. Je suis sceptique mais de toute façon, c’est pas moi qui décide, donc …

Deuxième rappel. On ne voit pas la chaîne du dessous et le vent a beaucoup forci. Elle : « tu y vas d’abord ». Résigné, j’entame la descente. Je ne vois toujours pas de chaîne en dessous mais j’en aperçois une bien plus bas et à droite. Je tente de me rapprocher en clippant au passage deux-trois dégaines pour garder la bonne direction. Soudain, le vent s’empare d’un des deux brins de corde au-dessous de moi, le soulève 10 mètres au-dessus de ma tête et va l’enrouler autour d’un becquet totalement hors de ma portée. Je tire, d’abord précautionneusement puis de toutes mes forces, mais rien à faire : la corde est bloquée de chez bloqué ! Suivent diverses manœuvres qui feraient dresser les cheveux sur la tête du premier initiateur fédéral venu, incluant une tentative avortée de remontée avec les baskets que j’avais mis pour la désescalade avant le changement de programme. J’apprendrai par la suite que je tentais de remonter en baskets dans un 7a … Je finis par me vacher sur un point, désespéré. Ma camarade me réclame de libérer la corde pour qu’elle puisse venir me secourir. Je lui crie que ce n’est pas une bonne idée. Quelques instants plus tard, la voilà bloquée à me côtés. Des marcheurs qui passent au pied de la paroi nous observent avec un certain intérêt. Je leur propose d’appeler les secours. Ils me demandent si c’est bien nécessaire. J’insiste poliment. Sur ces entrefaites, deux personnages casqués et munis d’une corde rejoignent les marcheurs. Conciliabule. Je reconnais … nos Allemands. Sans mot dire (forcément, il ne parle pas la langue …), Stefan, car il s’appelle Stefan, grimpe rapidement jusqu’au becquet où notre corde est irrémédiablement coincée. Il libère le brin mais nous signale par force gestes qu’il n’y a aucun relais atteignable en dessous de nous … sauf avec 2 x 60 m, bien sûr !

Du coup, il nous demande de lui rebalancer les deux brins de corde (facile, le vent les lui remonte naturellement) pour improviser une main-courante. Après une brève mais intense séance de jambonnage, nous voici dans les bras de Stefan. « Merci Stefan, sans rancune pour la Fanfare, hein ? » Pas de réponse car il ne comprend rien mais, à ce stade, comment lui en vouloir. On appelle les secours pour annuler l’intervention et on file, direction la patisserie du Rozier pour offrir moult gateaux à nous sauveurs qui mangent du riz depuis 15 jours au camping local. Ce soir-là, si je n’avais pas été un européen convaincu, je le serais devenu.

La version officielle de l’histoire, beaucoup plus courte, fera l’objet d’un entrefilet dans le Midi Libre du lendemain (les nouvelles vont vite). Le « Révérend » y est devenu le « Revenant » et j’apprends que les pompiers de Florac, Marvejols et Meyrueis étaient en route et que l’Ecureuil 48 était prêt à décoller ! Je ne suis pas sûr qu’on aurait eu besoin de l’hélico mais c’est peut-être ainsi que naissent parfois les légendes …

@+

Bruno

Posté en tant qu’invité par Nicolas ecarnot:

Bonsoir,

il y a bien longtemps, j’ai lu une histoire qui se passe dans le verdon, et je suppose que c’était dans le magazine ‹ Grimper › que je l’ai lu, mais comme je n’en suis pas sûr, je vous demande de l’aide.

En gros, c’est l’histoire d’un grimpeur expérimenté qui part dans une longue voie avec de l’artif en flèche avec un couple de grimpeur et grimpeuse débutants.
Bon je sais que ça parait strange mais c’est comme ça que je l’ai lu.

Les longueurs s’enchaînent mais ça traine parce que l’artif c’est long, il faut tout poser, et apparement le grimpeur se bourre d’itinéraire.
Plus ça va, plus il est terreux et il commence à sortir les skyhooks alors que sur le topal c’était A0 en gros.
Le mec qui l’assure en bas se fait gravement chier et sa nenette pas mieux.

Le grimpeur sort les millions d’astuces que sa grande expérience lui a fait appris. Et vas-y que j’te multe sur coin-coin…, et fait pêter un skyhook…, mais là, ça devient abo et son dernier point est à dache, le rocher est sur-pêteux et il sent qu’il va s’en mettre une sévère.
Il tente un dernier hissage sur ses étrios et tout part.

Ici, la paroi est soit verticale, soit bien déversante, donc le vol commence bien, il ne touche rien.
Bon, il passe devant son point merdique et se dit qu’il va pêter.
Il pête.
Ca continue de freeflyer mais il a une grosse dose de gaz dessous et il ne s’en fait pas trop.
Le point suivant pête aussi, et le vol commence à ressembler à un record.
Alain Robert peut rentrer chez sa mère.

Là où ça commence à devenir sauvage, c’est qu’il passe devant le relais (on est d’accord, c’est un GROS vol) et là : personne !
Bon, pas le temps de prier mais bordel, où sont ces deux cons, et merde, je vais m’écraser 200 mètres plus bas, c’est pénible.

Quand soudain, le baudrier de son assureur claque dans un fracas contre la première dégaine et stoppe le vol le plus monstrueux de sa carrière.
Le couple se faisait tellement chier, et étant sur un bon jardin peinard, le mec a tombé le baudard et ils sont allés dans un fourré.

Grosse frayeur, grosse remontée aux jumards et grosse rigolade.

Bon voila le vague souvenir lointain que j’ai de cette histoire que j’ai très certainement exagéré, alors si quelqu’un peut me dire si ça lui parle, merci.

Nico Ecarnot

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Posté en tant qu’invité par Kodiak:

Allez, à mon tour.

Cette histoire a lieu à la sympathique falaise de Châteauneuf-de-Chabre.

J’étais venu passer quelques jours dans le lieu, histoire de goûter à des horizons nouveaux…et de ramener quelques croix si les conditions voulaient bien s’y prêter.

Une chouette falaise, pas immense mais bien assez grande pour y grimper pendant plusieurs jours sans répéter les mêmes voies en continu. Du beau rocher de toutes les couleurs, quelques colonnes…chouette, quoi.

J’étais ce jour accompagné de deux amis qui n’avaient non plus jamais mis les pieds à la falaise : nous étions donc en pleine découverte d’un territoire inconnu.

Nous avions heureusement pu nous procurer le topo local par l’intermédiaire d’un des équipeurs du site (salut paulo), et ainsi équipés nous étions parés à grimper jusqu’à la limite de nos forces.

Après une agréable marche d’approche et une micro via-ferrata pour se mettre dans l’ambiance, nous voilà au pied de la falaise : « Ooooh, c’est beau ! » Et c’est vrai que quand on a l’habitude des sites-écoles entièrement constitués de dalles grisâtres aussi monotones qu’un mur de béton, ça dépayse !

Une des premières voies que nous situons sur le topo, c’est un alléchant 6a+ avec une petite colonne beige au milieu : « c’est bon, celle-là passe à la casserole ! » nous disons-nous.

Mais, raisonnables que nous sommes, nous décidons de nous échauffer dans un 5c avant : on n’est jamais trop prudents !

Un bref regard au topo : facile, la voie immédiatement à droite du 6a+ est justement un 5sup. C’est parti !

J’attaque bille en tête, 5sup, ça va aller tout seul.

Bon, le début n’est pas facile facile. Si c’est comme ça tout le long, on va atteindre le 6a sans problème.

Après la peu commode dalle grise de départ, une zone plus aisée me rassure. Bon, ça va, mettons que c’est le début qui vaut 5c.

Je suis à peu près à la moitié de la voie, et au-dessus de moi se trouvent, dans l’ordre : une zone de rocher noir qui vue d’ici a l’air bien lisse, mais bon, c’est 5sup, suivie d’un petit surplomb, mais bon, y’aura des bacs, c’est 5sup, et enfin d’une courte partie verticale après la sortie du surplomb.

Allez, c’est reparti. J’attaque le morceau de rocher noir : c’est pas facile ! Pas de prises de pied, les mains plus ou moins sur des pinces plates glissantes…la galère, quoi.
Puis je débouche, à la base du surplomb, sur de bonnes prises qui me permettent de me reposer un peu.

Ouf ! Et ben tu parles d’un 5c ! Dur dur !

Bon, plus que ce surplomb à passer, le réta, et c’est gagné.

…seulement voilà, ça bloque.

Une vacherie d’inversée impossible à tenir. Mais alors, vraiment.

Je ne sais comment, mais ça finit par passer.

Ma main gauche tient maintenant un bon trou et la droite est un peu à la ramasse mais ça va, je suis calé.

La suite, maintenant.

Je bloque bien haut de la main gauche, je monte les pieds sur de petites croûtes et, le tout en stat’, j’envoie ma main droite à la recherche du bac salvateur à la sortie du surplomb.
Ma main droite cherche. Ma main droite ne trouve pas.
Mes yeux cherchent. Mes yeux ne trouvent pas.

C’est pas que, mais fermer le bras ça fatiguerait presque au bout d’un moment.
Je redescends un poil histoire de me refaire un peu, tout en continuant à chercher la prise (forcément bonne, c’est 5sup bon sang !) qui va me permettre d’enchaîner ce foutu 5c d’échauff qui commence à me gonfler !

Zou, je repars.
Je bloque.
Je monte les pieds.
Et…toujours rien.
En désespoir de cause je finis par arquer une réglette dont je ne doute pas un instant de mon incapacité à la tenir, et…miracle, ça tient ! Allez, vite, une bonne prise !

M…

Pas de bonne prise.

Juste une autre simili-prise à peine tenable.

En envoyant la main gauche, je sais déjà que dans quelques secondes…

« SEC ! »

Viouffff…Pouf !

Pas de bobo grâce au dévers, mais bien les nerfs : « Mais merde, qu’est-ce que c’est que ce 5sup ? », « Argh ! », « Grr ! », etc…

Après un peu de repos, je repars, pas question de laisser un maillon dans un 5c ! Je me fais tirer jusqu’au niveau du passage-clé, je monte, je bloque la réglette main droite, j’attrape la croûte main gauche…

Bon, pas deux fois de suite !

Dopé par les encouragements de mes compagnons de déroute (aussi décomposés que moi par mon échec qui n’augure rien de bon quant à la suite du séjour), je force, je serre, et…cette fois ça passe ! Quelques mouvements après, je suis au niveau du relais.

Vite vite, « mou ! », je passe la corde, « Prends ! », ouf, ça y est…

Mon assureur me descend.

Une fois en bas, une seule phrase : « c’est dur ».

Assez convaincus par le plomb que je me suis mis et les litres de sueur que j’ai perdus durant l’ascension, mes deux camarades décident d’essayer la voie en moulinette. Résultat : ça ne passe pas.

Tout le monde descend, on tire la corde, et on se regarde.

Merde.

5c…

Pourtant on en a connu des voies sous-côtées, des 5b qui mériteraient leur 6a, voire des 3 qui seraient côtées 5 partout ailleurs…

Mais là, on bat tous les records. Si c’est comme ça partout, c’est cuit pour la moisson de voies.

Une grosse vague de découragement s’abat sur notre trio, qui décide d’aller se caler à l’ombre un peu plus bas pour ruminer des idées noires.

…finalement, l’ami paulo arrive à la falaise et nous trouve tous trois abattus et superbement inactifs.

« Que se passe-t-il donc, amis ? » nous hèle-t-il.

« Beuh, c’est le 5c, là, il nous a mis une rouste. »

« Le 5c ? Quel 5c ? »

« Là, à droite de la voie avec la colonnette beige. Dans le surplomb. »

« Attends, tu parles de cette voie-là, avec une inversée, et un gros trou au milieu du dévers ? »

« Ben oui. »

« Mais c’est pas 5c, ça, c’est…7a+/b ! »

« Hein ? Mais dans le topo y’a marqué 5sup ! »

« Fais voir…ah oui, en effet, ils se sont plantés, faudra le leur signaler. Ils ont inversé les cotations avec la voie d’à côté. »

« … »

« … »

« … »

(ben oui, on était trois)

Ah ben d’accord. 7a+/b.

Et dire qu’avant ce jour aucun de nous n’osait se lancer dans le 6b+ !

Du coup, une fois remis de nos émotions, on a pu constater l’effet positif de cet échec. Après avoir relativisé ce dernier et l’avoir transformé en victoire (mince, je ne suis pas passé tellement loin de l’enchaînement !), on a osé se confronter à des voies plus dures qu’habituellement. Résultat des courses, l’enchaînement de mon premier 6b+ à vue et, le lendemain, de mon premier 6c à vue !

Malgré la frayeur que je me suis faite à l’occasion de mon plomb et le sale moment qu’on a passé tous les trois à déprimer sur nos capacités (« pfff, incapables de sortir un 5c à nous trois, quelle bande de nuls… »), ou peut-être grâce à ça, cette ascension m’est restée en mémoire comme la plus mémorable parmi toutes celles que j’ai effectuées.

Et un de ces quatre, il faudra bien que je retourne dans cette voie et que je l’enchaîne !

Reste à espérer que la barrière psychologique ne sera pas insurmontable…

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Posté en tant qu’invité par flo:

L’ histoire racontée ci-dessous, bien qu’ un peu exagérée, part d’ une ascencion vécue réellement par mon ami Pat. J’ ai changé aussi un peu les noms pour qu’ on ne les reconnaisse pas.

Ce jour là, deux acolytes, ne se connaissant pas très bien , décident de s’embarquer dans une voie d’escalade en montagne. Le premier, Pat, est petit et léger, tandis que l’autre, Gérard, a plutôt le profil d’un sumo que d’un grimpeur.
La marche d’approche est longue, mais pour Gérard, ce n’est pas un problème, au contraire, il aime marcher et porter du poids. Il met la corde de rappel de 120 mètres dans son sac, les quinze dégaines, les coinceurs, les friends, les sangles, les chaussons, les baudriers, les 4 litres d’eaux, la nourriture et les vêtements chauds. Pat, lui, prend les deux sacs à pof en ralant un peu, car il aime bien quand on peut garer la voiture au pied de la paroi. Et les voilà partis en direction du pied de la voie. Gérard, un bâton dans chaque main, la tête haute, part au pas de charge, alors que derrière Pat trottine pour essayer de suivre son ami. Pat commence à se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère. Pat raque terriblement.
Après une heure de balade pour Gérard et deux heures de souffrance pour Pat, ils arrivent à l’attaque de la voie. Gérard est prêt à se lancer, mais Pat n’est pas d’accord, car là où il veut partir, la paroi semble infranchissable et on ne voit aucun points d’assurance. gérard n’y avait pas attaché d’importance.
Finalement, Pat trouve le départ de la voie et Gérard démarre. Il veut faire les longueurs les plus dures, pourtant il est bien moins fort que Pat, mais sa devise c’est : « ça passe ou ça casse », et curieusement, en général, ça passe.
Les premières longueurs ne sont pas très dures, et Gérard ne vole que deux ou trois fois, mais comme il fait presque le double du poids de son second, à chaque fois Pat a l’impression qu’il va être arraché du relais. Heureusement, ils grimpent en réversible, Pat peut donc décompresser dans les longueurs où il est en tête.
Puis, enfin ils sont au dernier relais, mais c’est au tour de Gérard et c’est la longueur la plus dure. Gérard commence à grimper mais le début, déjà est difficile. Poli, il demande à son coéquipier : « ça t’embête Pat, si je te tombe dessus ? » Sans doute s’attend-il à ce que Pat ne voit aucun inconvénient à ce qu’une masse de 100 kg l’aplatisse comme une crêpe. Mais Pat, pas très coopératif, refuse, aussi Gérard doit-il réfléchir avant de tenter le passage pour ne pas voler. Puis le crux de la voie arrive, Gérard n’arrive pas à équilibrer ses 100 kgs sur les petites réglettes, pour aller chercher la bonne prise un peu plus haut. Il essaye une fois, deux fois, trois fois, impossible, à chaque fois il vole , faisant suffoquer Pat au relais. Il pourrait laisser sa place à son ami, mais non, il ne veut pas s’avouer vaincu.
« J’essaye encore une fois, ce sera la dernière, et la bonne » dit-il.
Gérard se concentre intensément puis dans un hurlement guerrier, se jette sur la bonne prise, son corps oscille à cinq mètres au-dessus du clou, il réussit à serrer la main, à se stabiliser, il monte les pieds et sort la longueur.
Pat pousse un soupir de soulagement, il a échappé au pire, cette fois il a failli être émasculé. Il n’a plus qu’à s’élancer vers la sortie et rejoindre son coéquipier au sommet. Pat doit encore retenir Gérard qui commence à descendre dans la mauvaise pente, puis enfin Gérard Manvolé et Pat Lyophilisé arrivent à la voiture sains et saufs.

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Posté en tant qu’invité par Flo:

C’ était un dimanche froid d’ automne, je ne pouvais pas faire de sport car j’ étais au repos, blessée, suite à un grand vol en falaise. Mes amis étaient partis s’ entraîner dans notre site privilégié, en Savoie. Ils grimpaient tranquillement quand tout à coup, ils ont entendu un grand boum, tout proche, sur leur droite. Nous avons l’ habitude d’ entendre des chutes de pierres dans ce site, car en haut de cette falaise, il y a un chemin qui passe sur un grand plateau et des badauds ont parfois l’ idée stupide de lancer des cailloux. Mais, cette fois, c’était vraiment un gros bruit.
Ils ont entendu des cris, il y avait 2 cordées dans la zone où l’ incident s’ était produit.
Affolés, ils se sont précipités pour voir ce qui s’ était passé et quelle ne fut pas leur surprise de voir que ce n’ étaient pas des pierres qui étaient tombées, mais un marcassin. La pauvre bête était allongée au bord du chemin, secouée de quelques soubresauts, mais son agonie fut rapide. Le sanglier avait chuté d’ en haut, sans doute poursuivi par des chiens, sur le plateau qui domine la falaise, et s’ était écrasé 100 mètres en contrebas.
Les grimpeurs qui étaient dessous l’ avaient échappé belle, car l’ animal n’ était pas tombé loin d’ eux et même si ils avaient des casques, leur protection était nettement insuffisante pour recevoir sans dégâts, un sanglier sur la tête.
Le soir, mes amis m’ ont appelé pour me raconter leurs péripéties.
Mais l’ histoire ne s’ arrête pas là, un autre copain informé de la situation, a regretté qu’ ils aient laissé un si bon repas se perdre au pied d’ une falaise. Alors ce copain, accompagné de deux témoins de l’ affaire, est retourné sur les lieux, le soir même, avec une brouette. Les trois acolytes, ont chargé le marcassin dans la brouette, l’ ont mis dans le coffre de la voiture et sont partis trouver un paysan de leur connaissance, spécialiste dans la découpe. Puis ils l’ ont rapporté en pièces détachées pour le mettre dans un de leur congélateur.
Et 2 mois après, nous avons fait un vrai festin avec un sanglier arrosé d’ un bon petit vin de Savoie. C’ était délicieux, un vrai moment de plaisir ! Mais je ne pouvais pas m’ empêcher de penser au vol que j’ avais fait deux mois avant l’ accident du sanglier, j’étais tombée sur une vire. En fait, il m’ était arrivé un peu la même chose que cette pauvre bête que nous avions mangé , la seule différence, c’ est que j’ étais encore en état de me défendre. Alors, qu’ est ce que mes amis auraient fait de moi, si j’ avais été dans le même état que le marcassin?

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Posté en tant qu’invité par xxx:

Le chant du perfo c’était encore fait entendre ce printemps 96 dans le gard,
une petite dizaine de lignes venaient de naître ,dont deux ou trois superbes…
Maintenant sonnait l’heure de la liberté des gestes, et, du rituel incontournable du baptême !

Plusieurs week-ends passaient, les défis tombaient, et, si pour certaines lignes les noms étaient évidents, tel fut le cas pour « rhinocéros «, pour d’autres, ou l’environnement était moins évocateur je puisais dans mon « carnet de noms » de là, naquirent « l’essence des sens » ou autre « kawa indien »…

La fin du mois d’août était là, et l’heure de la trêve automnale, avec.ahh les vendanges!
Plus que trois ou quatre jours de grimpe et il en restait encore une,
La plus belle, la plus dure….

Oh non !

Ce n’est pas possible !

Si je ne la fais pas maintenant, qu’en sera t’il de sa virginité au printemps prochain ???

Quatre jours, pu….rée ……

Bon pour une fois, je la joue stratégie, une journée de travail, un bon repos, et un essai cash pour ne rien regretter…
La découverte des mouvements du bas fut sans grande surprise, des colos, des blocages sévères, le tout dans une belle harmonie gestuelle, puis sur les derniers mètres, un pas de bloc.
Un pas, d’une finesse !
Enfin à ce stade, c’est simple, il faut surfer les prises !
J’envisage un moment de modifier la stratégie, mais, non, je la joue comme au poker….

Repos…
.
Une chose me chagrine, le nom ?

Plus rien qui soit à la hauteur dans mon carnet, une vague recherche dans Femme Actuelle, rien !
Pierre avait tout pris !!! (c’est pour rire pierre)
Quand à la voie, hors mis « mouvements capellien » l’inspiration était en panne…

Jour J, grand beau et grand vent, conditions idéales !

Une fois à la falaise, qu’elle surprise, non seulement je n’y avais jamais sentis le mistral, mais là, c’était quasiment ingrimpable, des rafales à decouetter les ânes !

Bon, ont est pas venu pour rien, foutu pour foutu, action !

Je grimpe le bas sans trop de problèmes mais plus je monte et plus le vent me bouscule, j’arrive au pseudo délayage, je dis pseudo car j’ai rarement eu cette sensation, les pieds y sont tellement plat que l’acide qui peut disparaître des avants bras se retrouve illico dans les mollets, alors avec le vent en plus, c’était pas évident de garder un peu de sensation dans les pinceaux…

Il faut prendre une décision….

J’applique la méthode Raboutou
Je ferme les yeux
Visionne les mouvements, et quand je les rouvre, pour le retour au « live »

MAGIK !!!

Poteau noir ! Plus un brin d’air !

Main droite, main gauche, jeté, relais, vacher,….le vent se remet à souffler !
Ma chérie me redescend, je lui lance …

« J’ai été le vent »

Voilà un de mes plus beau moment d’escalade, un seul regret, au bout de dix ans, la voie est toujours peu répétée, les pas de bloc, c’est pas la mode !

« J’ai été le vent » 8a /b face nord concluses

Pour les commentaires…

Posté en tant qu’invité par Obiwan:

l’arête droite de la Dame du lac à Courcouronnes. Le défi veut qu’on termine en pas d’adhérence sans les mains sur le dernier quart… une bande de 15 cm et 15mètres de gaz de part et d’autre… C’est pas grand chose, certe mais quand on débute.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Flo:

Un dimanche matin d’ août, à l’ aube, nous voilà en route, mon ami Pat et moi, pour les Aravis. Notre objectif est une voie bien soutenue de 12 longueurs : L’ oiseau de feu, un défi pour nous.
Au parking, une dure journée commence. En août, en principe, il fait chaud, mais aux Confins à 7h30 du matin, il fait plutôt frisquet. Nous partons au pas de course pour être les premiers dans la voie, bien que nous ne voyons personne dans les parages.
Nous montons depuis 1 h 00 environ, quand Pat a la bonne idée de sortir du sentier et de couper droit en direction de la voie. Nous, voilà, montant en basket dans l’ herbe trempée de rosée, à faire un pas pour redescendre de presque autant. Je suis de mauvais poil, il fait froid, j’ ai les pieds trempés et il faut cavaler pour ne pas être gêné dans la voie, alors qu’ à cette heure là, nous aurions pu être bien au chaud dans notre lit douillet.
Et pour couronner le tout, nous apercevons maintenant des grimpeurs sur le chemin, qui ont pris de l’ avance par rapport à nous, car, bien sûr, même si le sentier fait un détour, c’ est bien plus rapide par l’ itinéraire balisé. Enfin, nous arrivons au pied de la falaise. Nous avons juste le temps de nous équiper, et de boire un thé pour nous réchauffer, avant que la cordée suivante arrive.
J’ avais tout calculé, c’ était à moi de démarrer pour laisser la longueur la plus dure à Pat. J’ essaye désespérément de partir sous le premier spit, je ne tiens pas les prises et au bout de quelques essais, je n’ ai plus aucune sensations dans les doigts, j’ ai l’ onglée. Tout à coup, je réalise mon erreur, le départ est plus à gauche, les prises sont meilleurs, je fais une ou deux tentatives, mais trop tard, mes doigts gourds sont trop raides, et la cordée derrière semble s’ impatienter un peu.
Je laisse la place à Pat, sinon, je sens que je vais y passer la journée. Pat démarre sans problème là où j’ aurai dû attaquer dès le départ, mais là-haut, c’ est une autre paire de manches, l’ arrivée au relais est dans une dalle très fine et Pat a un peu l’ onglée aussi, finalement, je me réjoui de lui avoir laissé la première longueur. Les grimpeurs derrière nous ne sont pas contents, ils ont l’ impression que eux iraient beaucoup plus vite, bien que, un peu plus tard, leur leader fait nettement moins le malin quand il arrive sous le relais, il est même vert de trouille, il faut reconnaître qu’ il y a de quoi, le relais est loin du dernier point et le pas est vraiment très fin. A l’ issue de la voie, nous sommes même d’ accord avec Pat que pour nous, c’ est la longueur la plus dure, pourtant, 6b+, alors qu’ il y a un 6c+, peut-être est-ce parce que c’ est la première ou parce que nous avons eu l’ onglée ?
Nous continuons, avec toujours Pat en tête, car j’ avais calculé qu’ il aurait le 6c+ et je n’ ai pas trop envie de le lui prendre, surtout en voyant la difficulté de la première longueur.
Après, nous reprenons confiance, la cotation semble correcte, c’ est bien équipé, même si parfois nous pestons car l’ équipeur est grand, donc les spits sont parfois un peu haut, par rapport aux points de repos.
Nous enchaînons les longueurs toutes magnifiques et en même temps très différentes les unes des autres, et au bout de quelques temps, les deux raleurs sont loin, je suis soulagée, car je me demandais si nous n’ aurions pas dû les laisser passer devant.
Après 10 longueurs assez homogènes, nous arrivons sur une vire que nous traversons corde tendue pour finir par deux longueurs dans un pilier, appelé la bougie, un 6b et un 6a+, un peu plus faciles que le reste.
Nous sommes heureux, nous avons sorti la voie et elle était superbe, peut-être, notre plus belle voie.
La descente se fait assez vite, par un pierrier après les deux rappels de la bougie et 1 ou 2 rappels vers le bas.
Nous récupérons nos sacs au pied de la paroi, mangeons notre repas de midi, puis nous descendons au refuge de la Bombardellaz, siroter une bière bien méritée. Autour de nous , plusieurs personnes prenaient leur repas, j’ étais surprise. Je ne pensais pas que c’ était encore l’ heure du déjeuner, Pat était étonné aussi, mais finalement, il était plutôt l’ heure du dîner, puisque la pendule du bar affichait 20h00, nous avions passé des heures dans la voie, tellement pris dans notre grimpe que notre horloge biologique s’ était arrêté de fonctionner.
Et 4 ou 5 ans après, le souvenir de cette voie est tellement fort, que quand Pat ou moi, ne pouvons plus grimper pour cause de blessures, il suffit d’ y repenser pour nous retrouver là-haut, et revivre ces moments d’ intense émotion comme si c’ était hier.

Pour les commentaires…

Posté en tant qu’invité par Agent 007:

Bah, pourquoi pas après tout…
Mais il y en a plusieurs (c’est que je commences à me faire vieux!!!)

A Lans en Vercors (je l’ai déjà racontée sur un autre forum mais avec moins de détails).

Je grimpe avec un copain dont je ne cite pas le nom, mais qui a une tendance prononcée à exagérer, quand il bavarde, non seulement ses performances mais aussi celles des autres.
Bref, je passais au yeux des copains du copain pour un grimpeur bien meilleur que la réalité des choses…
On va grimper (lans en vercors) et j’annonce le niveau de difficulté des voies que j’ai envie de faire.
Un des copains du copain (vous suivez ?) me propose une voie et il m’assure lui même dans cette voie.
Je pars dedans, le niveau est assez raisonnable (5c/6a maxi) mais le premier point à assez haut, un spit de 8, sous un bombé !
Je mousquetone le spit puis fais le mouv, qui de mon point de vue cote largement plus que 6a… mais je n’ose rien dire.
Je repars, mais le spit est à nouveau assez haut, un spit de 8 et un bombé.
Je passe le nouveau bombé, mais ça me semble à nouveau un peu… disons sous coté.
Je demande au… copain du copain s’il est sur de la cotation, il me repond "je me suis trompé, c’est du 7 inf).
Je continues, passage facile mais point assez haut, j’arrive a point suivant, je le mousquetone, montes un peu pour voir la suite : une grande dalle lisse, plus un point jusqu’au relais, franchement loi, je me retourne… pour voir le mec censé m’assurer qui me tourne le dos et est en train de pisser !
Et là, je me suis fait mouliner et j’ai laissé tomber !

A Fontainebleau.

J’étais en déplacement sur Paris et après quelques péripéties, j’avais fini par trouver un collègue de bureau grimpeur.
Nous allions un WE sur deux à Bleau (l’autre WE, je rentrais chez moi !), mais j’étais un peu moins mauvais que lui, donc nous ne faisions pas forcement les mêmes blocs.
Je ne me souviens même pas des noms des secteurs ou nous allions car c’est lui qui guidait et j’avoue que ce détail m’interessait assez peu !
J’arrive au pied d’un tracé qui m’inspire et lui demande s’il connait la cotation, il me dit que non mais que c’est plus dur que ce que lui peut faire.
J’essaie le bloc et au bout de 3/4 essais, je le sors.
Si je ne me souviens pas du secteur, je me souviens très bien de tous les pas (c’est pourtant assez vieux), avec un mono main droite assez bas, puis un plat main gauche assez haut, une reglette main droite et la sortie avec un reta classique de Bleau, le tout avec des pieds assez foireux (notament un pied à remonter sur le plat).
Je suis content de l’avoir sorti et on continue de grimper.
Deux ans plus tard, « Grimper » sort tout un article sur les passages « connus » de Bleau, et j’en vois un qui ressemble furieusement à mon machin.
Oui mais je ne vois pas le grimpeur utiliser le mono (il est dans le pas suivant sur toutes les photos).
Je n’ai jamais su si j’avais shunté le pas en utilisant le dit mono (il est bien la sur les photos, c’est bien le même bloc et le même passage) ou bien si j’ai réussi un passage d’un niveau qui n’a strictement rien à voir avec ce dont j’étais capable !

Vala (ça peut être marrant ce genre de récits, ça serait bien d’en faire un compil).

Posté en tant qu’invité par Aurélien:

De mon côté, mon souvenir s’est dans une petite voie (un 6a de mémoire) en Chartreuse, aux Rigaud.
Départ dans un dièdre, option spéléo, pas que se soit profond…mais il nécessite un bonne oppositoin avant d’arriver « au fond » …mais le dièdre est large et se ressert assez pour emprisonner des pierres, tout ça presque en adhérence (difficile comme il m’est impossible d’en faire), bref la prise de main est bonne…mais elle bouge (un pavé coincé dans les lèvres du dièdre).
Je ne me souviens plus trop comment j’ai clouté, mais j’ai clouté, flippant sur les adhérences.
A peine sorti du dièdre une bosse…grosses contorsions pour sortir et là je me dis cool les affaires sérieuses sont terminées. Mais j’avais pas vu la sortie : plein de micro- prises. J’en trouve des pas trop mals, pour les mains et je repère un truc pas mal pour le pied droit et je sors.
C’est un bon souvenir pour moi car j’ai la sensation que je la connaissais, alors que c’était la première fois.
Aurélien

Posté en tant qu’invité par agent 007:

Aurélien a écrit:

C’est un bon souvenir pour moi car j’ai la sensation que je la
connaissais, alors que c’était la première fois.
Aurélien

Cette « sensation de connaitre », ça me fait penser indirectement à un truc qui m’est arrivé, toujours à Bleau (mais c’est plutôt « ne pas connaitre » et ça ne s’applique pas à une voie)…

A l’époque, je ne pouvais pas aller grimper sans croiser quelqu’un que je connaisse ou qui me connaisse.

Et j’étais en déplacement sur Paris pour mon boulot…
Je ne connaissait pas encore le collègue de bureau dont je parle dans l’autre histoire, alors j’avais un peu sondé dé partout, et fini par trouver deux jeunes qui voulaient s’essayer à l’escalade.
On prend le train pour Fontainebleau.
Pendant le trajet, on discute un peu et je leur explique ce que j’ai dit au dessus : que ça me gavait de toujours croiser des gens que je connaissais quand j’allais grimper.
Et puis j’ajoutais que, au moins, ici (région parisienne alors que je suis du sud est), ça ne risquait pas de m’arriver !

On descend à la gare de fontainebleau et on galère un peu (beaucoup!) pour trouver l’itineraire pour aller jusqu’à un site de blocs.

Finalement, quand on a trouvé un secteur avec de jolis blocs, la journée était déjà bien entamée, mais ça n’entamait pas notre envie de grimper.

Autant le dire tout de suite, ma premiere sortie à Bleau fut lamentable…
Je me souviens d’avoir essayer un bloc, sans décoller du sol du tout.
Et je vois arriver un mec, bien plus agé que moi, qui semblait faire son jogging, sauf que lui il le faisait en grimpant.
Le mec saute de bloc d’à coté et passe, quasiment en courant, dans le passage qui m’interpellait depuis plusieurs minutes !

Bref, la journée passe quand même, on commence à plier nos affaires pour prendre le chemin du retour quand je vois arriver un mec (un autre, vous suivez ?).

Le gars vient me voir, me dit bonjour, me demande de mes nouvelles (j’en fais autant) on commence à bavarder…
Je lui reponds mais … je ne sais absolument pas qui c’est ni d’ou, pourquoi et comment il me connait!
Angoisse : est ce que je le connais vraiment ou pas ? Est ce qu’il me prend pour quelqu’un d’autre ou est ce que c’est ma mémoire qui est défaillante ?
Il semble pourtant être de ma région, donc il semblerait que ce soit ma mémoire qui déconne, mais nouvelle angoisse : est ce qu’il va aller sur un terrain glissant pour moi et me poser une question à laquelle je vais répondre une connerie ?

Finalement tout s’est bien passé, il n’a pas posé de question craignos (ou alors il en a posé une et à déduit de ma réponse que j’avais besoin de repos…).

Nous avons alors repris le chemin pour la gare (en nous plantant un peu moins qu’à l’aller) et… les fois d’après j’ai loué une voiture pour aller grimper à Bleau… et je n’y ai plus jamais rencontré personne qui me connaisse !

Posté en tant qu’invité par jozles:

ben ça se passe aussi à St Bau…

C’était peut-être moi le gars de « la tête »…

En tout cas, je débutais, c’était ma 3ème ou 4ème sortie à St Bau en octobre/novembre 99. Avec ma copine on était restés tard et on s’est laissé surprendre par la nuit. Bien noire. Alors quand on est descendu des Lézardeaux, on trouvait plus le chemin. Et on faisait des aller retours dans le noir dans la garrigue avec les lumières du village en bas.
Vers 22H on a hésité à appeler les pompiers pour venir nous chercher… d’imaginer leur crise de rire à nous proposer l’hélicoptère pour nous sortir des fourrés on a préféré insister et on a fini par trouver.

Je crois que c’est ma plus belle voie … 2 Sup peut-être mais oh combien longue et émouvante… depuis je guette la nuit quand je connais pas trop la marche d’approche… et j’ai toujours une frontale dans mon sac.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par BARAKA:

ET ALORS T AS PAS FINI D EMMERDER LES ETOURNAUX

Posté en tant qu’invité par sam:

Tète d’ aval un matin froid de septembre.
Avec fred nous nous sentons prèts à attaquer la parois, notre vrai premiere grande voie (17 long dans le 6 et 7). Nous avons choisi ranx et rox suite aux récits dans la presse et au nombres d’ étoiles dans le topo.

Les étoiles nous les voyons disparaitre sur le chemin d’ approche. La voie commence, dur le début sans échaufements. Puis on grimpe, je ne sais plus dans la multitude de mouvements lesquels étaient les plus beaux. Souvenir d’un piler gazeu et de la vire mediane ou on hesite à continuer. Nous faisons la suite. Je suis de plus en plus fatigué mes bras tétanisent une fois, deux fois. L’ allure baisse mais bon sang on arrive en haut. Et la franchement, physiquement, mentalement, completement nous sommes heureux et fières.

C’ était déja la fin de journée on part vite dans les rappels, aucun probleme sauf le timing qui nous fait chercher les derniers points de nuit. Mince, la copine restée en bas commence à s’ inquiéter, on essai d’ appeler pas de communications. Sur le chemin qui descend on croise deux gars qui bivouaques, on essai leur portable: rien. Et alors il nous apprenent un truc: nous sommes le 11 sep 2001.

Entre temps la copine à appeler les secours mais nous arrivons avant qu’ ils soient sur le parking: Vraiment désolé les gars. La copine m’ a pardoné et est devenue la mère de mes enfants.

samuel

Posté en tant qu’invité par Stéphanie FOURCADE:

Bonjour,
désolée de faire irruption dans cette conversation, ma venue n’a rien à voir avec l’escalade.
Je suis la femme de Patrick Fourcade qui était au lycée Victor Duruy à Bagnères. Es-tu Bruno ARA qui était en classe avec lui?
Je compte lui faire une surprise pour ses 30 ans (en février 07) en regroupant la plupart de ses anciens camarades de lycée.
Si tel est le cas peux-tu me répondre sur ma messagerie.
Je t’en remercie par avance.
Stéphanie

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Es-tu Bruno ARA qui était en classe avec lui?
Je compte lui faire une surprise pour ses 30 ans

Peu de chance… vu qu’il y a 30 ans, le Bruno Fara de ce forum équipait déjà des voies d’escalade !