Mont-Blanc: deux alpinistes égarés

Posté en tant qu’invité par En duplex de Cham’:

On est sur c2c donc je vais polémiquer sinon c’est pas drôle.

Je trouve qu’on « glorifie » un peu vite deux types qui sont partis en montagne alors que partout on disait de ne pas y aller, que la météo n’était pas stable, qu’il avait énormément neigé toute la semaine, qu’il y avait du vent fort, des risques d’avalanche (3 polonais sont morts dans une avalanche versant italien peu avant d’ailleurs).

Deux types qui ne sont pas les premiers à faire un igloo en montagne (ce que remarque d’ailleurs Chappaz dans le reportage de France 2).

A noter que France 2 a beau faire un duplex depuis l’église de Chamonix, choper les parents des types à la sortie du PG, une interview du capitaine Bozon qui explique tout bien, ils passent des images du Tacul et des tentes au col du midi alors qu’en commentaire le journaliste dit « ils ont construit leur igloo ici, sur le Dôme du Goûter »…

Vous me direz, la ménagère de moins de 50 ans devant son ptit JT de PPD ou de Puj’ ne s’en rendra pas compte. Oui, mais les autres. Les quelques amateurs de montagne qui regardent. Ils ne trouvent pas qu’on se fiche un peu d’eux ?

Plus rien ne m’étonne à la télé.
Plus rien ne m’étonne en montagne.

En duplex de Cham’

Posté en tant qu’invité par Marc Lassalle:

Juste pour confirmer :

1/ Je pense qu’un GPS n’est pas perturbé par une tempête et qu’il continue d’afficher les longitude / latitude indépendamment de la météo (en terrain relativement dégagé bien sûr et pas en pleine paroi verticale).

2/ Que les personnes paumées aient ou non une carte et que le GPS dispose ou non d’une cartographie intégrée ne change rien à l’affaire pour aider les sauveteurs à vous retrouver : si on peut leur communiquer les infos numériques affichées sur le GPS (avec un téléphone portable), ils seront où on se trouve à quelques mètres près et c’est bien cela l’essentiel !

3/ Par contre si on veut utiliser soi-même le GPS pour se sortir d’affaire :

  • sans carte (papier ou intégrée au GPS), cela ne sert pas à grand chose (mais cela permet de revenir sur ses pas par exemple),
  • même sans carte, si on a pensé à rentrer au préalable les coordonnées GPS de points caractéristiques de la course (refuge, col…), le GPS permet alors de connaître à tout instant la direction et la distance des points en question,
  • avec une carte (papier ou intégrée au GPS) on saura à tout moment exactement où l’on se trouve, quelle que soit la visibilité.

4/ Dans le cas de ces 2 alpinistes, il est probable qu’un simple GPS bas de gamme (sans cartographie) avec saisie préalable de l’emplacement du Refuge du Goûter, leur aurait sans doute permis de retrouver celui-ci assez facilement, même en cas de très mauvaise météo.

Le GPS apporte donc réellement un plus en matière de sécurité par mauvaises conditions météo (c’est vrai également pour le ski de randonnée par exemple).

Enfin, ceci est juste mon avis personnel…

A+ Marc

Posté en tant qu’invité par tetof:

Le GPS apporte donc réellement un plus en matière de sécurité par mauvaises conditions météo (c’est vrai également pour le ski de randonnée par exemple).

Bof. Le plus est surtout de prendre la météo et d’ouvrir les yeux. Je n’étais pas au Gouter dimanche mais juste en face dans les Aravis. La météo s’est un peu planté mais il suffisait de regarder à l’ouest pour comprendre que cela n’allais pas tenir très longtemp. C’est bien de vouloir utiliser le dernier cri de la technologie mais il ne faut pas oublier d’utiliser le meilleur instrument de la planéte : le cerveau humain. :slight_smile: :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Michel:

Marc Lassalle a écrit:

Juste pour confirmer :
1/ Je pense qu’un GPS n’est pas perturbé par une tempête et
2/ ils sauront où on se trouve à quelques mètres près et c’est bien cela l’essentiel !
3/ Par contre si on veut utiliser soi-même le GPS pour se sortir d’affaire :
4/ Dans le cas de ces 2 alpinistes, il est probable qu’un simple GPS bas de gamme
Enfin, ceci est juste mon avis personnel…

A+ Marc

Tout à fait d’accord ainsi qu’avec le message de "En duplex de Cham’ " :

  • il n’y a donc pas de quoi en faire un plat, ce ne sont donc pas des héros, mais des imprudents qui se sont aventurés dans le mauvais temps et par surcroit sans GPS.

Posté en tant qu’invité par SamChalléat:

« Bof. Le plus est surtout de prendre la météo et d’ouvrir les yeux. Je n’étais pas au Gouter dimanche mais juste en face dans les Aravis. La météo s’est un peu planté mais il suffisait de regarder à l’ouest pour comprendre que cela n’allais pas tenir très longtemp. C’est bien de vouloir utiliser le dernier cri de la technologie mais il ne faut pas oublier d’utiliser le meilleur instrument de la planéte : le cerveau humain. :slight_smile: :-) »

Là-dessus on est d’accord :wink:

Pour les gps, il faut ajouter que tous aujourd’hui font de l’enregistrement de trace et permettent de convertir cette trace en route à suivre. Ca peut aider quand on est dans des conditions de merde et qu’on veut faire demi-tour par le même itinéraire. Et sinon, comme le dit Marc, il y a la navigation au cap avec les waypoints.

Bref, ça ne remplace pas tout (lecture du terrain, connaissances de base en météo), mais ça peut aider et rassurer une fois qu’on est dans la soupe.

Bye
Sam

Posté en tant qu’invité par Marc Lassalle:

Tetof, je suis tout à fait d’accord avec toi !

Il faut d’abord et avant tout se fier à sa propre évaluation de la situation (et ne pas se reposer sur la technologie) et la météo annonçait bel et bien une dégradation du temps à partir de dimanche.
Cette dégradation est d’ailleurs arrivée plus tôt que prévu.
Nous sommes allés samedi soir au refuge du Sélé pour voler dimanche du sommet de l’Ailefroide Orientale (le temps était annoncé beau et sans vent jusqu’en fin de matinée) et en fait le temps était couvert et venteux dès notre lever à 3h30 dimanche.
Nous sommes quand même montés là-haut (tant qu’à être sur place !) et nous sommes redescendus à pied au refuge.
De là nous avons pris la pluie sur presque tout le retour du refuge à Ailefroide… et les parapentes sont restés dans les sacs bien sûr !

Mais je pense simplement que le GPS peut être un « plus » si malheureusement on n’a pu réagir à temps et que l’on soit pris dans le mauvais temps.
J’envisage d’ailleurs d’en acheter un prochainement (avec cartographie intégrée).

Je me souviens d’un raid à skis en Oberland où nous nous sommes retrouvés en plein brouillard (mais le temps était beau au-dessus du brouillard) sur Konkordia Platz (situation classique) : nous avons attendu 2 heures environ que le brouillard se dissipe pour trouver le bon emplacement de Konkordia Hutte.
Je pense qu’avec un GPS, on y serait sans doute arrivé malgré le brouillard, comme quoi la technologie peut parfois ne pas être inutile…

A+ Marc

Posté en tant qu’invité par 996carrera4:

Y’ en a eu beaucoup des sommiteurs ce we à 4810 m ?
A priori personne n’ y était allé depuis le 30 juin, c’est ça ?

Posté en tant qu’invité par tibo:

pourquoi toujours vouloir juger les actes des autres?

dimanche dernier, pour ceux qui étaient sur le terrain, et il y avait un certain nombre d’alpinistes dans le massif du mont-blanc, la météo n’annoncait des orages qu’en fin d’après-midi.
Or que je sache, en fin d’après-midi quand vous faites le Mont-Blanc (par les trois monts ou par le goûter) vous êtes déjà proches de l’écurie…
En l’occurence, dimanche l’orage est arrivé sur le massif vers 9h30-10h00. Personnellement, j’étais sur l’arête des cosmiques et nous avons pris (une bonne dizaine de cordées) l’orage de plein fouet, avec grêle, neige et vent. L’avantage de cette arête (les risques de se faire foudroyer mis à part) est de pouvoir rapidement se retrouver à l’abris même si on se fait chahuter un peu pour finir la voie.

Dans le cas des deux « naufragés » du goûter, à l’heure de leur départ, je pense que rien n’indiquait une si soudaine arrivée du mauvais temps. En d’autres temps, nombre d’entre nous seraient partis dans ces conditions (ie: presque beau temps au lever et pas d’annonce imminente de mauvais par la météo). Je trouve que ces deux jeunes s’en tirent très bien et bon nombre de moralisateurs de ce forum n’auraient peut-être pas eu leur ténacité (je n’envie pas leur nuit passée dans ces conditions).

Alors stop à la morale et au puritanisme et évitons d’entrer dans le jeu des médias qui n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent pendant l’été. Si le soleil revient et la mer se réchauffe, dans quelques jour nous aurons droit aux noyades et aux messages similaires sur l’inconscience de ces baigneurs qui sont allés se mettre à l’eau alors que des méduses étaient annoncées…

Sans pousser au vice et pour reprendre le sens du message de nico:

« à trop regarder la météo on reste au bistot! »

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par tetof:

Tibo, il faut avouer que la météo et la nivo n’était pas vraiment top pour faire un Mont-Blanc dimanche dernier.
Je n’étais pas derrière mon clavier mais à Chamonix toute la semaine passée et dans les Aravis dimanche dernier. Les chutes de neiges avec beaucoup de vent étaient conséquentes depuis plus d’une semaine et le créneau météo était vraiment très étroit pour dimanche. Il « suffisait » de regarder le ciel dimanche matin pour comprendre que météo-France s’était planté et que le mauvais temps arrivait plus tot que prévu. Cela fait partie du job d’un Alpiniste de savoir que les prévis de météo France peuvent se décaler de plusieurs heures. De toute façon, la tempéte arrive généralement 2 ou 3 heures plus tot au sommet du Mont Blanc par rapport à des altitudes plus basses.

Savoir renoncer et probablement plus important que de savoir faire un igloo. Mais comme d’habitude, on parle de héros quand ça passe et on parle d’inconscient quand ça casse. Nous faisons tous des conneries, l’essentiel est de ne pas trop en faire et de comprendre la leçon. La gestion du risque fait partie intégrante des activités grimpantes. « Jouer » avec la météo/nivo peut faire partie de ses risques qu’il faut parfois prendre pour réussir ses objectifs. Le jeu en vaut il la chandelle ? A chaqu’un de trouver sa réponse.

De toutes façons les médias s’en foutent. Le système étant ce qu’il est, les médias n’ont pas d’autres choix que de vendre de la pub à des lessiviers. Ca fait bien longtemps que l’émotion a pris le pas sur l’information.

dimanche dernier, pour ceux qui étaient sur le terrain, et il y avait un certain nombre d’alpinistes dans le massif du mont-blanc, la météo n’annoncait des orages qu’en fin d’après-midi.

Oui et il avait également un certains nombre qui ont préféré faire autre chose en prenant en compte le risque météo/nivo. La preuve, tu as fait l’arête des cosmiques dont l’engagement est nettement plus faibles que sur le Mont Blanc.

Posté en tant qu’invité par tibo:

je suis entièrement d’accord avec toi.

ce qui m’énerve c’est juste l’analyse que l’on peut faire de ce genre de mésaventure…
dès que ce type de situation arrive sur le devant de la scène on voit réapparaitre la problématique des secours gratuits, de la prise de risques inutiles etc…

remet-on en cause la gratuité des secours aux automobilistes dès qu’un carrembolage se produit sur le chemin des vacances? et pourtant, prendre la route est bien plus dangeureux parfois que d’aller en montagne!

Pour ce qui est de mon choix de l’itinéraire j’avais effectivement choisi cet itinéraire court pour faire découvrir l’alpinisme à des amis (sportifs). Ils n’ont pas été déçus ;-)))

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par david:

tibo a écrit:

pourquoi toujours vouloir juger les actes des autres?

Ce n’est pas ce que j’ai ecrit il me semble?
Soit mal compris mon post, soit le tien pas au bon endroit.

Posté en tant qu’invité par tibo:

mea culpa

mon message n’est pas au bon endroit.
ma réponse se raccroche à l’arborescence initiale

Posté en tant qu’invité par Yvan:

Tout à fais d’accord avec toi, bravo !

Posté en tant qu’invité par david:

Me disais bien aussi.

Et d’accord avec ce que tu ecrivais.

Posté en tant qu’invité par Alex:

tibo a écrit:

dimanche dernier, pour ceux qui étaient sur le terrain, et il y
avait un certain nombre d’alpinistes dans le massif du
mont-blanc, la météo n’annoncait des orages qu’en fin
d’après-midi.
<<<

  1. on a des yeux pour voir le ciel : des voiles le samedi soir, des nuages pendant toute la nuit, un regel moyen, des nuages entre 3500m et 4500m le dimanche matin, vent fort d’ouest, averses de grésil : tout un chacun peut se dire qu’il y a du mauvais temps et qu’il faut se casser, qu’il n’y aura aucun panorama au sommet, ce qui en enlève l’intérêt, surtout sur un itinéraire si peu technique comme l’arête des Bosses… et qui est bien plus beau par temps dégagé
  2. on est dans le même type de raisonnement que pour le ski : on avait l’ARVA et on s’en est servi => on est des héros ; NON : pour moi on est des « héros » si on a su faire demi-tour au bon moment ou choisir une échappatoire, ou s’adapter à la météo et aux conditions de la montagne, ou éviter les risques avalancheux en choisissant bien sa course
  3. j’espère que les 2 aventuriers en tireront des leçons comme :
    - Météo France n’est pas l’Oracle de Delphes : le ciel donne souvent une meilleure indication que le bulletin pondu dans un bureau 24h plus tôt
  • Il faut savoir ce qu’on veut en montagne : faire un sommet mythique dans le mauvais temps et sans vue, c’est le comble de la nullité (de mon point de vue), donc quand la montagne ne le veut pas, il faut faire demi-tour et se retirer tête basse
  • Fabriquer un trou dans la neige a été un bon réflexe, mais avec une boussole, un altimètre, une carte (voire un GPS, mais bon à part les longs raids glaciaires compliqués, je trouve que la carte suffit…), les 2 garçons n’auraient-ils pas retrouver le refuge du Goûter ? Je pense que oui. Maintenant, ils ont fait les bons choix puisqu’ils sont en vie ;o)

A+
Alex

P.S. : j’étais à l’Ailefroide samedi, et vu le temps de la nuit au bivouac et à 5h du matin, le rentrage à la maison fut une décision facile ;o)
http://palezo.free.fr/index.php?ipath=ailefroidetrav

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Alex:

tibo a écrit:

En l’occurence, dimanche l’orage est arrivé sur le massif vers
9h30-10h00. Personnellement, j’étais sur l’arête des cosmiques
et nous avons pris (une bonne dizaine de cordées) l’orage de
plein fouet, avec grêle, neige et vent.
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désolé tibo, mais ce n’était pas un orage, c’était un front chaud de perturbation : des averses de grésil mais non orageuses ! la perturbation orageuse est arrivée l’après-midi
donc les risques étaient surtout liés au vent, le grésil n’étant pas très gênant sur une course de neige…

L’avantage de cette arête (les risques de se faire foudroyer mis à part) est de pouvoir rapidement se retrouver à l’abris même si on se fait chahuter un peu pour finir la voie.
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en cas de gros vent, tu as surtout bcp de chances de basculer dans les raides pentes latérales : on n’est pas à Disneyland Paris !!
tu devrais lire les récits du pilier du Frêney, de Vincendon et Henry, etc. ça te ferait réfléchir à ce qu’on appelle "l’engagement’
je pense que tu manques juste de culture et d’expérience, je ne te blâme pas ! mais impliquer des « débutants » dans des choix risqués est difficile : j’encadre bénévolement, et je tâche toujours d’expliquer aux gens les risques encourus (quand j’arrive à les estimer !) pour qu’ils en acceptent les conséquences éventuelles…
pour l’arête des Cosmiques, n’oublie pas qu’il y a déjà eu des accidents (un copain a vu un guide devisser sur 150m dans une pente sans se blesser en mai…) et que dans la tempête, ça reste de la haute montagne… et pour le mont Blanc, je pense que la fréquentation donne une fausse impressions de sécurité…

Dans le cas des deux « naufragés » du goûter, à l’heure de leur
départ, je pense que rien n’indiquait une si soudaine arrivée
du mauvais temps.
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je ne comprends pas, ils regardaient leurs pieds ? ça ne ressemblait pas du tout à une journée estivale prévue « orageuse » : le fort vent du matin annonçait déjà une tendance mauvaise…

bon nombre de moralisateurs de ce forum n’auraient peut-être pas eu leur ténacité (je n’envie pas leur nuit passée dans ces conditions).
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moi si, ça fait 2 we que je dors (de manière prévue) à + de 3800m sur des arêtes ;o) un avec et un sans duvet ;oP
http://palezo.free.fr/index.php?ipath=chapoutotlemoine
http://palezo.free.fr/index.php?ipath=ailefroidetrav

« à trop regarder la météo on reste au bistot! »
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« à ne pas regarder le ciel, on peut le joindre plus vite que prévu » ;o)
prenons ça avec le sourire, si tout le monde en tire de l’expérience « positive » pour progresser dans une meilleure compréhension des risques : c’est pour ça qu’on en discute !

A+
Alex

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par tetof:

Tu es dur mais tu as raison. J’étais à la pointe percée et le ciel du dimanche matin était parfaitement explicite.
J’avais repris la météo de 7h et je m’étais demandé si météo-france n’avait pas oublié de réactualiser le buletin tellement c’était à coté de la plaque par rapport aux condtions observés de visu.

Posté en tant qu’invité par Jean-François:

Tout à fait d’accord avec toi !

Jean-François

Posté en tant qu’invité par PB:

j’étais sur le Mont-Blanc dimanche à 9h35 exactement : nous étions partis de Tête Rousse à 2h30, par une nuit plutôt claire, avec quelques passages brumeux : je précise que la météo annonçait l’arrivée du mauvais temps pour la fin d’aprés-midi, donc à priori, c’était jouable pour tenter le sommet.

A la montée, je me suis arrété à Vallot 20 mn et j’avais vu à l’intérieur une seule paire de ski, sans repérer son propriétaire.
Le vent commençait à souffler assez fort, et des cordées présentes à Vallot ont décidé d’abandonner : notre groupe était motivé pour continuer.

Je suis parti de Vallot et en montant l’arête des bosses, vers 8h15, j’ai croisé un des deux jeunes, qui descendait à ski du sommet.
Vers 10h00, alors que je descendais du sommet, la tempête s’est levée. En quelques minutes, plus aucunes traces n’étaient visibles. Je suis arrivé à Vallot avec un peu de chance, à l’intuition, car il était impossible d’ouvrit une carte 25000 dans cette bourasque pour faire un point. Tout prés du refuge, j’ai entendu des cris, qui m’ont aidé car j’étais un peu trop à droite.
Il y avait 25 personnes à Vallot, à ce moment là (disons 11h). Toutes nationalités évidemment.
Les deux jeunes à ski n’étaient plus là.
Un guide était présent, mais il n’avait pas de GPS.
Par contre, un initiateur d’alpinisme du CAF de Pau avait un GPS et il avait rentré les waypoints nécéssaires pour revenir au gouter. Personne d’autre n’avait de GPS.
Quelque part au dessus, il restait une dernière cordée dont on n’avait pas de nouvelles : celle d’un guide avec deux clientes japonaises. Je les avais croisé quand je commençais la descente : je conduisais l’avant dernière cordée à être montée au sommet.
Dans Vallot, on était inquiet pour cette dernière cordée.
Le guide présent à Vallot a appellé le PGHM. Le cadre du CAF de Pau a vérifié avec le PGHM que ses points GPS étaient bons. On a signalé qu’il manquait trois personnes toujours pas arrivées à Vallot, et on a commencé à s’organiser pour faire une caravane pour regagner le gouter.
Vers 11h30, le guide et ses deux clientes japonnaises sont entrés dans le refuge. Ils n’avaient pas de GPS, ils ont trouvé Vallot au flair, comme moi 1h plus tôt.
On est tous sorti de Vallot dans une tempête superbe.
Le cadre du CAF de Pau allait devant avec le guide, mais 5 mn plus tard, la tempête disloquait la caravane et les derniers se trouvaient presque abandonnés.
Pour éviter de perdre des gars en route, on a fait une cordée de … 28 personnes.
4h pour faire Vallot - Le Gouter, où on est arrivé à 16h00.
Le GPS a parfaitement fonctionné.
la difficulté était de lire les infos du GPS dans les bourasques de neige et de grésil.
Le gardien du Gouter nous attendait : il avait piquetté l’arrivée du refuge avec des fanions.
On a appris que les deux jeunes étaient perdus par là haut.
Il est sur que sans GPS, retrouver le gouter n’était pas chose facile.
Pour ma part, durant le retour groupé vers le Gouter, je consultais ma boussole de temps en temps (je suis toujours « à l’acienne » : boussole + alti), et je peux dire que le GPS est autrement plus sécurisant.
Il est parfaitement compréhensible qu’ils puissent s’égarer, et ils ont parfaitement réagi.

Vers 18h00, deux gendarmes du PGHM ont pu être héliportés au Gouter. Ils sont partis pousser plus loin le piquettage. Le lendemain matin, j’ai vu une autre équipe avec un sac pleins de fanions quitter le Gouter.

Pour moi, il restait à descendre du gouter. je suis parti lundi à 8h30 environ avec mon équipe, dans la toumente. J’ai bien apprécié, pour la première fois, les cables de l’aiguille. Entre les sections cablées, avec une visibilité de 5m, je descendais devant dans la poudreuses, au jugé, avec un ouf de soulagement quand je trouvais une trace de peinture sur un rocher.

En conclusion, je trouve que les autorités de la montagne ont parfaitement géré le poblême, sans précipitation, sans affolement. Jalonner le retour au refuge était l’exacte bonne méthode. Le refuge Vallot a parfaitement joué son rôle, centralisant les cordées comme un aimant : merci à la FFCAM de l’avoir refait en 2006. Et au refuge du gouter, trés bon accueil. On est entre gens qui partagent la passion de la montagne, et qui ne donnent pas de leçons.
Savoir s’il fallait aller au sommet dans des conditions disons « incertaines » ne se discutte pas : c’est une question de motivation et de jeu avec la montagne. On ne fait pas de la montagne uniquement pour le paysage. J’étais bien conscient qu’il y avait une part de risque, mais acceptable néanmoins.
Dans ma cordée, certains étaient novices en montagne : ils m’ont affirmé avoir vécu une superbe expérience.

Pierre Bonnard

Posté en tant qu’invité par Aktarus:

Pour 2 jeunes alpinistes, je trouve qu’ils s’en sont bien sortis. Ils ont eu une bonne réaction et ont fait preuve d’un certain sang froid. Quant aux secouristes du PGHM et au gardien du refuge du gouter, comme d’hab, rien à dire.
Pour l’utilisation du GPS, je pense que dans ces cas là, ils sont très utiles.