Posté en tant qu’invité par PB:
j’étais sur le Mont-Blanc dimanche à 9h35 exactement : nous étions partis de Tête Rousse à 2h30, par une nuit plutôt claire, avec quelques passages brumeux : je précise que la météo annonçait l’arrivée du mauvais temps pour la fin d’aprés-midi, donc à priori, c’était jouable pour tenter le sommet.
A la montée, je me suis arrété à Vallot 20 mn et j’avais vu à l’intérieur une seule paire de ski, sans repérer son propriétaire.
Le vent commençait à souffler assez fort, et des cordées présentes à Vallot ont décidé d’abandonner : notre groupe était motivé pour continuer.
Je suis parti de Vallot et en montant l’arête des bosses, vers 8h15, j’ai croisé un des deux jeunes, qui descendait à ski du sommet.
Vers 10h00, alors que je descendais du sommet, la tempête s’est levée. En quelques minutes, plus aucunes traces n’étaient visibles. Je suis arrivé à Vallot avec un peu de chance, à l’intuition, car il était impossible d’ouvrit une carte 25000 dans cette bourasque pour faire un point. Tout prés du refuge, j’ai entendu des cris, qui m’ont aidé car j’étais un peu trop à droite.
Il y avait 25 personnes à Vallot, à ce moment là (disons 11h). Toutes nationalités évidemment.
Les deux jeunes à ski n’étaient plus là.
Un guide était présent, mais il n’avait pas de GPS.
Par contre, un initiateur d’alpinisme du CAF de Pau avait un GPS et il avait rentré les waypoints nécéssaires pour revenir au gouter. Personne d’autre n’avait de GPS.
Quelque part au dessus, il restait une dernière cordée dont on n’avait pas de nouvelles : celle d’un guide avec deux clientes japonaises. Je les avais croisé quand je commençais la descente : je conduisais l’avant dernière cordée à être montée au sommet.
Dans Vallot, on était inquiet pour cette dernière cordée.
Le guide présent à Vallot a appellé le PGHM. Le cadre du CAF de Pau a vérifié avec le PGHM que ses points GPS étaient bons. On a signalé qu’il manquait trois personnes toujours pas arrivées à Vallot, et on a commencé à s’organiser pour faire une caravane pour regagner le gouter.
Vers 11h30, le guide et ses deux clientes japonnaises sont entrés dans le refuge. Ils n’avaient pas de GPS, ils ont trouvé Vallot au flair, comme moi 1h plus tôt.
On est tous sorti de Vallot dans une tempête superbe.
Le cadre du CAF de Pau allait devant avec le guide, mais 5 mn plus tard, la tempête disloquait la caravane et les derniers se trouvaient presque abandonnés.
Pour éviter de perdre des gars en route, on a fait une cordée de … 28 personnes.
4h pour faire Vallot - Le Gouter, où on est arrivé à 16h00.
Le GPS a parfaitement fonctionné.
la difficulté était de lire les infos du GPS dans les bourasques de neige et de grésil.
Le gardien du Gouter nous attendait : il avait piquetté l’arrivée du refuge avec des fanions.
On a appris que les deux jeunes étaient perdus par là haut.
Il est sur que sans GPS, retrouver le gouter n’était pas chose facile.
Pour ma part, durant le retour groupé vers le Gouter, je consultais ma boussole de temps en temps (je suis toujours « à l’acienne » : boussole + alti), et je peux dire que le GPS est autrement plus sécurisant.
Il est parfaitement compréhensible qu’ils puissent s’égarer, et ils ont parfaitement réagi.
Vers 18h00, deux gendarmes du PGHM ont pu être héliportés au Gouter. Ils sont partis pousser plus loin le piquettage. Le lendemain matin, j’ai vu une autre équipe avec un sac pleins de fanions quitter le Gouter.
Pour moi, il restait à descendre du gouter. je suis parti lundi à 8h30 environ avec mon équipe, dans la toumente. J’ai bien apprécié, pour la première fois, les cables de l’aiguille. Entre les sections cablées, avec une visibilité de 5m, je descendais devant dans la poudreuses, au jugé, avec un ouf de soulagement quand je trouvais une trace de peinture sur un rocher.
En conclusion, je trouve que les autorités de la montagne ont parfaitement géré le poblême, sans précipitation, sans affolement. Jalonner le retour au refuge était l’exacte bonne méthode. Le refuge Vallot a parfaitement joué son rôle, centralisant les cordées comme un aimant : merci à la FFCAM de l’avoir refait en 2006. Et au refuge du gouter, trés bon accueil. On est entre gens qui partagent la passion de la montagne, et qui ne donnent pas de leçons.
Savoir s’il fallait aller au sommet dans des conditions disons « incertaines » ne se discutte pas : c’est une question de motivation et de jeu avec la montagne. On ne fait pas de la montagne uniquement pour le paysage. J’étais bien conscient qu’il y avait une part de risque, mais acceptable néanmoins.
Dans ma cordée, certains étaient novices en montagne : ils m’ont affirmé avoir vécu une superbe expérience.
Pierre Bonnard