Posté en tant qu’invité par Pascal (un autre):
Ce que peu de personnes savent, c’est qu’en Forêt de Fontainebleau, vit depuis des décennies et plus, un peuple étange : les pofards. Jusqu’à il y a quelques 20 ans, 30 ans peut-être, ce peuple avait pu préserver ses traditions :
Vestimentaire tout d’abord : souvent très beauf au regard des autres, mais totalement libre, sauf pour les chaussons, où la PA et la EB étaient les uniques modèles autorisés.
Festif ensuite : il n’était pas rare de partager une boîte de raviolis tièdes et d’échanger un coup de rouge avec ses voisins, le soir au bivouac du Cuvier ou d’ailleurs.
Inventif enfin : il en fallait de l’imagination tout de même pour crier « Piouit » comme signe de reconnaissance. Ca ne ressemble à rien et c’est justement fait pour cela. Pour appeler « pof » cet infâme bout de tissu renfermant de la résine de pin qu’on tapait sur les chaussons et sur les prises.
Ces pofards avaient une vie simple qui consistait à grimper sur des rochers par les coins les plus difficiles pour redescendre et recommencer. Ainsi, ils parcouraient inlassablement la forêt simplement en quête d’épanouissement.
Des grimpeurs venus d’ailleurs participaient à cette vie simple sans chercher à la changer.
Et puis le dieu « média » est arrivé et avec lui le besoin de se montrer. Ce fut tout d’abord la chaussonite aigue : à celui qui aurait le plus performant. Puis la collantite : le moule-b… le plus voyant et le plus ajusté possible. De là, des marchands se sont rendus compte de l’intérêt commercial et on fait de cette vie en plein-air un sport digne d’un stade. Et l’affluence est arrivé avec son cortège de dérive. Mais les vieux sont restés les mêmes au fond : amoureux de leur forêt et de qu’elle leur apporte, amoureux des blocs, timides, raleurs, hableurs parfois. Il leur a fallu se cacher plus loin mais parfois, ils aiment revenir sur les sites de leurs premières amours, comme à la JA par exemple. Et là, ils souhaitent, souvent maladroitement, refaire leurs voies de leur jeunesse. Il ne faut pas leur en vouloir de cette maladresse. Leur monde a changé et ils ne l’aiment pas particulièrement. Mais, au fond, ils l’acceptent. Alors, la moindre des choses, ce me semble, serait de les accepter, voire même de s’en inspirer pour ce qu’ils ont apporté au bloc mais aussi à la falaise et à la montagne. N’oublions jamais que des Leininger, Allain, Paragot, Bérardini, Desmaison et tant d’autres, étaient des « pofards ».