Posté en tant qu’invité par un guiguide:
Ah! les donneurs de leçons…
Tout d’abord, on ne choisit pas le metier de guide en fonction du statut qu’il représente. On le choisit parce que c’est un metier qui nous fait rêver. Contrairement à d’autres (nombreux) qui decident de rentrer dans la fonction publique uniquement pour les avantages qu’elle représente (securité, temps libre, regimes speciaux…). Alors oui, on se renseigne avant mais c’est pas le statut d’independant et ses inconvenients qui pèse le plus dans la balance. C’est plus un idéal, mais je m’ecarte du sujet… Par contre, ça peut vous faire abandonner le metier ce statut d’independant!
Pour en revenir aux cotisations, le travailleur independant paye une moyenne entre les charges salariales et patronales, puisqu’il est considéré à la fois comme l’employé et l’employeur. La grosse différence, c’est que c’est nous qui demandons directement au client l’argent et qui devons reverser directement la somme perçue aux organismes concernés. Peut être que pour vous ça ne fait aucune difference, mais je peux vous garantir que le guide en voit une, ainsi que le client, qui d’ailleurs trouve que nos tarifs sont bien assez elevés (la plupart des clients pensent que quasiment toute la somme va dans notre poche). Jusque là, finalement, tout va bien, la difference est surtout ressentie (c’est comme l’inflation ressentie et la vraie inflation, en fait y a pas d’inflation ils nous disent…).
Le problème, c’est que les cotisations sont calculées en fonction des revenus declarés 2 ans avant (ils faut bien qu’ils se basent sur quelque chose pour calculer les cotisations…).
Et bien sûr, les étés se suivent et ne se ressemblent pas. Parfois, il fait mauvais, et donc on ne travaille pas, alors que 2 ans avant, on avait fait un super été. Mais l’URSSAF (et les autres) s’en fout de la météo, elle ne prend aucunement en ligne de compte les aspects très irreguliers de l’activité! Elle t’aligne, tranquillement, et gare aux retards (en plus en general, le gros des cotisations est reclamé en Novembre, periode où l’activité de guide est quasi nulle, donc sans revenus)! Gare à la blessure aussi! Gare aux clients qui annulent une semaine de courses deux jours avant! Gare aux conditions pourries! Pour vous, le mauvais temps du week end, le copain qui fait faux bond, ou la tendinite qui fait chier depuis un mois, c’est pas dramatique, c’est du loisir la montagne. Pour nous c’est largement plus problematique. On a interêt à prevoir le coup.
Et celà, tout simplement parce que la protection sociale n’est pas tout à fait la même que celle d’un salarié, loin de là. Pas de congés payés, pas de chomage. Si tu bosses pas, tu gagnes rien, mais tu payes quand même tes charges. Je suis sûr que vous savez ça…
Je passe aussi volontairement sur d’autres aspects defavorables de la profession et de son statut: risques réels, reveils à 2h, vie de famille difficile, difficulté de plus en plus grande à trouver des clients, donc gros boulot de promotion pas payé. Eh oui! C’est dejà bien assez cher comme ça! Tout ça est bien connu, n’est-ce pas?
Je me suis amusé une fois à calculer ce que representait un Mont Blanc en heures de salarié, en respectant au mieux le complexe code du travail, donc en comptant les bonus des heures de nuit, les recups, la nuit en refuge etc… J’étais pas loin de la semaine de 35 heures (j’ai été salarié dans une autre vie).
J’ai pas l’intention de vous faire pleurer sur notre dos, je m’en fous d’ailleurs de ce que vous pouvez penser des guides (escrocs, salauds, incompetents, ou seigneurs, demi-dieux, niqueurs fous dans les refuges, et autres conneries…). Simplement, je voulais vous rappeler quelques realités de ce travail que vous semblez omettre volontairement, et souligner que mettre les statuts de salariés et d’independants sur le même plan est stupide. Comparaison n’est pas raison.
Je suis sûr que vous aurez pleins d’objections à tout ça, et c’est bien legitime. Dans ce forum, c’est souvent le dernier qui a parlé qui a raison.
Desolé d’avoir usé de votre precieux temps pour la lecture de ce message, temps precieux puisque j’imagine que vous êtes au bureau, donc payé. Ou en RTT?
Bonne journée.