Lettre aux alpinistes

Oui 100% d’accord …
Je pense avoir pris beaucoup plus de risques dans ma seconde vie lorsque j’ai du subir de nombreuses réunions commerciales souvent dans des bureaux enfumés ( avant 2007 ) et avec des repas gras et arrosés presque tous les jours …
La vie est faite de choix …

Peut-être que cette culpabilité est liée au fait que l’absurdité de l’accident, cet impensable survenu d’on ne sait où ni pourquoi, fait qu’on se perd dans la recherche de causes et de responsabilités qui donnent du sens. Comme si chercher un fautif, un responsable, donnait finalement un sens à ce qui n’en a pas nécessairement. Donner du sens à un événement, c’est une façon de tenter de survivre psychiquement, de retisser une continuité dans une histoire rompue par l’accident.

1 Like

« Les risques de ces 2 activités sont sans commune mesure beaucoup plus important que les risques de la vie courante (comme faire un trajet en voiture par exemple.) »

Cette affirmation est beaucoup trop péremptoire, et largement débattable. Ayant personnellement une pratique « raisonnable » (à mon propre sens) de l’alpi et du ski de rando, je suis convaincu que je prends autant de risques dans la vie de tous les jours que lors de mes sorties en montagne

1 Like

Moi aussi mais vu ma pratique de la montagne c’est pas forcément très représentatif :slight_smile:

Malheureusement chercher en permanence à ne pas prendre de risque n’élimine pas les risques …
Je ne crois pas que Gaspard Ulliel aurais imaginé finir sa vie en pratiquant un sport réputé cool et avec peu de risques …
Pourtant si on ramène au nombre de pratiquants, en pourcentage, il y a bien plus d’accidents en ski, en vélo de route qu’en escalade alors que l’escalade est perçue par le néophyte comme le sport le plus dangereux de la planète !

Escalade c’est bien possible surtout si tu inclus les pratiquants de SAE dedans. Mais alpinisme ?

Les assureurs ont depuis longtemps classé les sports à risques …

Il y en a même qu’ils refusent d’assurer je crois bien
Du style « base jump »
a verifier

Quels sont les sports et loisirs à risques ?

Il n’existe pas de liste officielle de sports et loisirs à risques, mais chaque assureur possède la sienne. En effet, aucun assureur n’évalue les risques de la même manière et ils accordent tous une importance différente aux différents sports et loisirs extrêmes. Voici une liste non-exhaustive des sports les plus régulièrement considérés comme à risques par les assureurs :

  • L’aéronautique ;*
  • Le cyclisme ;*
  • L’équitation ;*
  • La chasse ;*
  • Les sports de combat (boxe, arts martiaux, etc.) ;*
  • La plongée ;*
  • Le parapente et le parachutisme ;*
  • Les sports de montagne (ski, randonnée, trek, alpinisme, etc.).*
1 Like

Et à la réflexion, en lisant mon copier coller, je me rends compte que je connais, personnellement, plus d’accidentés du vélo que de la montagne …
étonnant …
Comme quoi un pavé aveugle est en moyenne moins dangereux qu’un caisseux bourré !!

Tiens je lisais ce fil et je me permets un petit partage d’expérience.
Plutôt que de l’alpi ou de la grimpe, j’évoquerai les risques en randonnée qui sont parfois plus « roulette russe » qu’une sortie alpi/grimpe.
A titre d’exemple, j’étais sorti au Parmelan (montagne bien connue du bassin annécien) en mai 2018. Itinéraire bien connu, j’y étais allé moults fois auparavant.
M’engageant vers le Grand Montoir (itinéraire dit « escarpé » à flanc de falaise, mais toujours rando hein), je traverse quelques névés inquiétants barrant le sentier, mais je continue, confiant.
(à ce stade, ça aurait du m’alarmer, mais non, je continue)
Arrivé au pied de la paroi et du passage le plus escarpé, je constate que c’est tout en neige (le sentier qui remonte à flanc n’est pas visible) et que certains randonneurs présents se posent des questions à monter ou non. Perso, je ne m’en pose pas et tranche dans le vif en remontant directement dans la pente (avec le recul, je n’aurais pas été capable de la descendre, mais la monter oui, hein, pourquoi pas).
Une fois arrivé presqu’en haut de la pente, presque en sécurité quoi, je glisse… en tentant une traversée vers le sentier du sommet… J’ai vu ma vie défiler et mon corps en bas de la falaise, mais j’ai réussi à m’agripper au dernier moment à des plantes/arbustes juste avant le grand saut.
J’étais pas bien après ça et ai beaucoup tergiversé/ruminé à chaque nouvelle rando pour peser le pour et le contre niveau risques.
J’en suis un peu revenu maintenant, mais cette expérience reste au fond de ma tête en tant que garde-fou « prise de risque/inconscience ». D’autant que marié et papa, je n’ai plus la volonté de me mettre en danger pour ma satisfaction personnelle et/ou faire de belles images.

Mon dernier gros risque en date était cette expédition au camp de base nord de l’Annapurna, projet prévu depuis un moment, donc réalisé « parce qu’il fallait le faire », mais l’itinéraire choisi était une prise de risque inconsidérée, même le guide Sherpa m’a fait part de son sentiment, de la chance que nous soyons tous sains et saufs.

Chacun voit midi à sa porte, c’est une décision personnelle de penser aux autres plutôt qu’à soi et de lever le pied à un moment pour éviter de trop « jouer » avec sa vie. :slight_smile:

5 Likes

Ah oui tiens. tu as fait un CR quelque part?

Uaip, ici :
https://www.camptocamp.org/outings/1200345/fr/north-annapurna-bc-boucle-thorung-tilicho

2 Likes

Merci. Je l’avais vu en fait :wink:
Mais il n’y avait pas encore les photos.

Merci de ton joli récit. Il fait écho à une mésaventure vécue il y a 10 ans dans les Grisons…à la descente du dernier col du circuit, alors que le reste était en tb conditions, j’ai tout de suite vu que ça puait mais 1/2 tour compliqué et risque 2 annoncé. Bref j’ai fait craquer toute la pente sur épais, avec fissure au dessus de moi sur 100m de large…mais miraculeusement rien n’est parti, il devait manquer 1°…Rebelote 50m plus loin, 2ème joker. Agnès attendait heureusement en haut et a pu me rejoindre sans que ça ne bouge davantage, la tension dans la pente était sans doute désamorcée.

On était les 2 seuls sur la montagne, sans réseau, avec un replat en dessous pour m’enterrer - bref si c’était parti comme ça aurait dû j’avais une chance non négligeable de me faire coffrer et d’y rester. Retour terrorisés à l’appartement ou nous attendaient mes parents, belle-maman, et nos 2 enfants (8 et 11 ans à l’époque), on n’a rien raconté. Mais depuis, à intervalles réguliers, je ne peux m’empêcher de repasser le film en mode « et si »…

Et si j’étais passé un peu ailleurs avec 1° de plus la pente serait partie…Agnès serait rentrée à l’appartement pour annoncer à tout le monde que je n’étais plus là…j’aurais dévasté la vie de 5 personnes…en fait j’ai encore les larmes aux yeux à chaque fois que j’y repense, même 10 ans après - alors qu’il ne s’est rien passé. Mais je suis sans doute exagérément sensible, c’est sans doute pour ça que je suis resté un promeneur et jamais devenu un véritable alpiniste courageux comme j’en rêvait enfant.

Aucune morale du risque la derrière, la limite acceptable dépend de chacun, ce qu’on fait en montagne (des randos faciles et un peu de grimpe et d’alpi sur des trucs safes, par conditions parfaites, et souvent en second derrière un guide) parait déjà une folie inconsciente pour notre entourage sédentaire - or c’est exactement ce qu’on se dit nous de la pratique des gens plus fort que nous, qui eux-mêmes etc…

5 Likes

Une tentative de quantifier et de mettre des chiffres derrière cela, pour aller au delà de nos ressentis et de nos témoignages personnels.

4,4 morts/millard de km en véhicule leger

En prenant pour hypothèse que ces millards de km sont parcourus à 88km/h, ca fait 0,02morts/millions d’heures de voiture.

Il y a quelques années le DAV avait publié une étude sur le nombre de morts par millions d’heures de pratique:

  • 0,8morts/millions d’heures pour l’alpinisme
  • 0,51morts/millions d’heures pour le ski de rando.
  • 0,19morts/millions d’heures pour la montagne à vache et la randonnée alpine
  • 0,04morts/millions d’heures pour le ski de piste

Soit:

  • 0,8/0,02=40 fois plus de morts en alpinisme qu’en voiture à temps de pratique égale
  • 0,51/0,02=25 fois plus de morts en ski de rando qu’en voiture à temps de pratique égale
  • 0,19/0,02=10 fois plus de morts pour la montagne à vache et la randonnée alpine qu’en voiture à temps de pratique égale
  • 0,04/0,02=2 fois plus de morts en ski de de piste qu’en voiture à temps de pratique égale

Cela vaut ce que ca vaut comme démonstration mais on est très loin d’un facteur 2 ou 3 ou l’on pourrait considérer les risques comme équivalents. OK pour le ski de piste versus voiture, mais pour l’alpinisme et le ski de rando ce sont des facteurs multiplicatifs de 25 et 40. C’est énorme !

[Edit] Erreur dans mes calculs, voir plus bas merci @AntoineM.

[Edit 2]: nouveaux éléments ici. La comparaison faite ici n’a donc aucun sens.

4 Likes

C’est curieux cette surdose de sensiblerie lié à la montagne alors que lorsque tu te trouves face à une voiture à la sortie d’un virage parce que le conducteur en face est sorti sur la gauche, et bien 1/4 d’heure plus tard, tu n’y penses plus du tout :rofl:

Ça veut pas dire grand chose ces statistiques !
Comment ont ils comptabilisé et classifié la pratique de l’alpinisme x40 par rapport à la randonnée alpine x 10 ?
La randonnée alpine de Beraud Edlinger était elle moins dangereuse que la cordée de débutants qui va faire Roche Faurio par beau temps?
Et puis, il manque le principal, des stats sur le vélo de route, le VTT
Et le ski de piste X2, certaines années ça peut être X20 !

Je viens également de tomber sur le propos Bastien Soulé

Guide de haute montagne est une profession très exposée, on a beaucoup de chiffres plus ou moins alarmants qui circulent. Ceux qui me paraissent les plus sérieux sont ceux issus d’une thèse de médecine récente qui évaluait le taux annuel de mortalité chez les guides de haute montagne à 4,35 pour mille guides. Pour comparer, on sait que dans la population masculine française, on est plutôt à 0,06 décès au travail par an pour mille personnes…

4,35/0,06=72,5 fois plus de risque de décéder dans l’exercice de son travail pour un guide.

Une statistique, ca reste en effet qu’une statistique, mais ca permet de comparer et de quantifier ce dont on parle ici, à savoir le risque en montagne. Après évidemment ca n’implique aucun déterminisme. Au contraire, toute la complexité de la vie s’exprime dans ce genre d’histoire.

1 Like

D’après ça: MDB - Derrière les chiffres bruts : le bilan 2020 de la Sécurité Routière

28 morts par milliard de km parcourru en france. Si on fait l’hypothèse d’une vitesse moyenne de 25km/h (ce que dit google), on obtient

28x10^-9 x 25= 7x10-7 = 0,7 mort par million d’heure. Donc la moitié du risque en alpinisme.

Par contre @Elie, 4,4x10^-9 x 88 = 3,9x 10^-7 soit 0,39 mort par million d’heure (et non 0,02 …) en 1 heure on parcourt 88 kilomètres et donc on multiplie le risque.

C’est pour cela qu’on fait des moyennes sur plusieurs années, et que les statistiques ne sont pas forcément pertinentes/précises quand les événements sont trop rares.

je pense que tu peux plutôt mettre 10 km/h comme vitesse moyenne. En ville avec la circulation on va pas bien vite en vélo

C’était plutôt une pratique loisir sportif pour mettre en balance l’alpi.
Dans ce cas, les 25 km/h ne me semble pas déconnant (sous-entendu, c’est plus souvent hors ville pour ce genre de pratique).