Rien que le titre ne me donne pas envie de lire la suite …
Je trouve stupide de devoir adapter sa vie professionnelle ou sportive parce que tu as ou non des enfants à élever !
Ou alors faudrait pas non plus avoir une femme ou un mari et peut être aussi attendre de ne plus avoir ses parents et frères et soeurs ?
Lettre aux alpinistes
Je trouve stupide de commenter sans avoir lu…
Le tour du cercle polaire en hiver seul à la force du mollet ?
Euh…
En un jour.
Voui, cependant le juste dosage (celui qui nous convient en tout cas, je ne crois pas à une notion universelle !) est difficile à trouver.
J’aime me dire que « si j’avais su » (que j’allais perdre un bras et pas loin de la vie) j’aurais fait exactement pareil la veille, l’avant-veille, et même 2 mois avant (surtout 2 mois avant, parce que c’est quand même bébé le plus grand moteur de résilience !). Peut-être est-ce une façon de me rassurer.
Pourtant avec tous les « et si », y a moyen de se retourner le cerveau. Mon exemple préféré ? Si je n’avais pas arrêté de fumer 10 jours avant, j’aurais clopé au départ du bivouac, puis au refuge en refaisant le plein d’eau, puis en mettant les crampons. J’aurais ainsi « perdu » 3*3 min, les fameuses 9 minutes qui nous auraient permis de voir l’avalanche de cailloux depuis là-bas en bas sur le glacier. Ou pas…
Bref, la vie est faite d’enchaînements de circonstances, de choix plus ou moins conscients, et aussi de hasards. « Nécessaires hasards » ? Peut-être. Ils n’en sont pas moins plus ou moins joyeux, ou douloureux. Mais ils sont, alors…!
La vie est pleine de paris. La vie est un pari. La vie est un jeu : jouons !
Avec légèreté…
Merci pour ton retour de survivant.
J’ose enfin te dire que lorsque tu m’as dit il y a quelques mois que tu craignais d’oublier, j’ai été touchée : j’me suis dit « ah ben forcément lui il peut oublier, facile. Alors que moi j’la porte sur moi, ma survie ».
Et puis j’ai réalisé que de toutes façons nous le portons tous, dans notre corps, dans nos cellules, dans l’empreinte qu’ont laissée nos traumas plus ou moins digérés… Et nous cheminons avec (ou sans) : si la résilience permet aux familles endeuillées de continuer à vivre, heureusement qu’elle autorise les « survivants » (que nous sommes tous, plus ou moins consciemment) à continuer à vibrer… Pourquoi pas en montagne ?!
J’adore cet exemple.
Même si c’est mal de fumer.
les décès sur voie d’approche sont pris en compte ?
Et qui s’occupe des enfants ?
Bobonne est là pour ça ?
Si on n’est pas capable de se rendre compte qu’un gosse de 5 ans n’est pas autonome et a plus besoin de ses parents qu’un adulte de 30 ses frères et sœurs ou un adulte de 60 ans ses enfants, ce n’est peut-être pas la pratique de l’alpinisme, mais celle de la parentalité qu’il faut remettre en cause.
Bonjour, c’est rude et dramatique.
On peut mourir ou avoir des accidents dans tous les domaines de la Vie.
A mes yeux la passion n’est pas moins légitime que le reste.
Ca n’est pas la passion le souci, c’et la prise de risque objective…
On peut accepter la fatalité, mais pour nos sports il n’y a pas que la fatalité. Si je rate un virage ds une pente raide, ca n’est pas que « la fatalité », j’aurais aussi pu aller ds une pente où ce genre d’erreur reste possible. Je peux aussi conduire moins vite, mettre mes crampons plus tôt, etc… sans cesser pour autant toute activité.
Stupide ou non, c’est quelque chose qui s’impose à nous… Là pour le coup je vois pas bien comment on peut imaginer le contraire. Si on ne rentre pas à l’heure du boulot, un enfant de 3 ans ne va pas revenir tout seul de l’école et se faire à manger. Il faut donc nécessairement adapter sa vie en fonction.
Oui, toute la question est : est-ce qu’il est un temps où il faut faire des choix/activités dont le résultat final est moins aléatoire parce que moins engagé ou moins soumis au hasard ? Genre quand on a des enfants ?
Oui. Et pour un proche ou un enfant, c’est légitime de réclamer de quelqu’un qu’il fasse tout pour ne pas trop s’exposer à des fatalités…
On rentre là dans des conflits de légitimités…
De toutes façons, ce genre de débats me semble un peu surréaliste
Soit tu es un grand champion, un type hors norme, et ta passion est aussi ton gagne pain et tout le reste, y compris la vie privée s’adapte à ce fait connu dès le départ.
Soit tu es monsieur ou madame tout le monde ou presque et tu vas vite t’adapter à la réalité …
Tu peux bien penser ce que tu veux tant que tu es « jeune » ou non concerné directement « moi je serai … » mais en fait, sauf exception (partenaire plus que compréhensif ou egoïsme forcené), quand il faudra gérer les vacances en famille, aller chercher les gamins à l’école, se lever la nuit pendant qqes temps, … la réalité va vite te rattraper et remettre les pendules à l’heure …
Soit tu te considères entre les deux, ce qui doit être le cas de la grande majorité de ceux qui savent qu’ils prennent des risques.
Mon père qui partait seul à la pêche en crapahutant sur les falaises au bout du Finistère, il aurait bien pu ne jamais revenir.
Pour y etre retourné depuis, je suis sur que c’était du 5, en deep water soloing, sans chaussons et avec le matériel de pêche sur le dos, et 3 enfants à charge.
(et c’est sans doute le fait de l’avoir accompagné qui m’a donné quelles bases en escalade)
Un jour, je me suis perdu dans l’Éperon Tournier à l’Aiguille du Midi. J’étais en tête, j’arrive au pied d’une goulotte de glace verticale voire surplombante, austère, intimidante. Je cherche où ça passe, et finalement je fais demi-tour. Mon pote me dit : Qu’est-ce qui s’est passé ? -Ben, justement, ça passe pas. -T’en sais rien, t’as même pas essayé ! On a fait demi-tour, on a fini par retrouver et terminer la voie. Dans la benne de retour, le commentaire du pote m’a vraiment interrogé. Jusqu’ici, avec lui, on avait toujours été dans le ça-passe-ou-ça-casse, et c’était toujours passé. Alors pourquoi cette fois-ci j’avais fait marche arrière ? À ce moment-là, et à ce moment-là seulement, j’ai repensé à ma fille, qui avait tout juste 2 mois, et qui m’attendait en bas. À aucun moment, dans la voie, avec la concentration, je n’avais pensé à elle. Mais comme le dit très bien Vorlette, elle était en moi, car oui je crois aussi que « nous sommes chacun, la somme des êtres que nous aimons et qui nous aiment ». Aujourd’hui, lorsque je dis à ma fille, devenue adulte et indépendante, que je pars en montagne faire « un truc », elle prend un ton sévère et parental pour me dire « Tu fais attention, tu reviens. Promis ? »…
Cette lettre ouverte de Vorlette me touche énormément. Et je ne me sens aucune légitimité pour en y apporter des arguments pour ou contre ou la commenter. Qu’y a-t-il de plus intime que notre rapport à la mort ? Alors, quand il s’agit de la mort de l’être aimé…? Je mets cette lettre en relation avec le témoignage de la femme d’Oxygène rapporté par @Lulu002, tout aussi poignant et merveilleux, et pourtant allant dans un sens différent. Je ne crois pas qu’il puisse y avoir de recette morale face à la prise de risque. Chacune de ses deux compagnes d’une vie, et malheureusement d’une vie brisée, vivent leur deuil au plus profond, elles en parlent, mais nous ne pouvons à peine en toucher la profondeur ; et encore moins l’intimité.
Ah Crupillouze, je vais pas me fâcher avec quelqu’un qui à grimpé l’Ecaille de Roche Colombe
Je l’ai grimpé 2 fois, la première en 1966 avec 8 pitons à planter soi même pour toute la voie, la seconde en 2009 avec 7 à 10 spits par longueur …
Mais bon pas trop d’accord avec ton raisonnement …
J’ai travaillé 15 ans comme Guide et Moniteur à une période ou j’avais une petite fille, ma seconde fille est née le jour ou je faisais la traversée de la Meije avec une cliente …
Je partais tous les jours au travail avec pas plus d’appréhension qu’aurait eu un livreur de colis ou un ouvrier du bâtiment …
Je pense que si j’avais eu le sentiment de pratiquer un métier « plus » à risque que d’autres, j’aurai arrêté immédiatement et fait un autre métier …
Mais justement, je n’ai jamais eu conscience de pratiquer un métier à risque parce que j’avais confiance en moi et aussi dans ma maitresse préférée, la montagne …
On y pense de temps en temps mais faut pas que ça pèse trop lourd … Tiens un petit résumé de Charles Dubouloz :
« Pendant toutes ces années, j’ai été boulimique de montagne et d’ascensions. Quand j’étais au sommet, j’ai eu un sentiment d’accomplissement. Arriver tout seul par ses propres moyens dans des voies dures, c’est incroyable. C’est une dimension en plus. Dans notre génération de grimpeurs, le solo n’est plus très à la mode » , poursuit le guide de 32 ans. « En attendant les prochaines expéditions au Népal, au printemps et à l’automne, je vais savourer. Je suis papa d’une petite fille et ça change la donne. »
Je te rejoins ici.
Du coup débattre sur la notion de « choix de prise de risque » ne me paraît pas forcément pertinent. J’étais persuadée que je continuerais à grimper 3 ou 4 fois par semaine et à aller en montagne pas mal de week-end en confiant bébé à son père, puisque c’était un fonctionnement habituel pour nous, avant.
Mais ça, c’était avant.
En vrai, il s’impose à moi que je n’ai pas tant envie de partir loin, longtemps et souvent. Que la nature est bien faite, elle me raccroche à bébé, éloignant ainsi de fait une bonne part de prise de risque. Sans que la question ne se pose, en fait.
La nature est bien faite, écoutons-là !
En effet, il résonne en moi depuis le début de ces échanges. Marie-Claude disait, savait que Jean-Luc ne voulait pas se voir vieillir, décliner, fatiguer.
C’est avec beaucoup de tristesse, mais sans colère, qu’elle et ses filles m’ont donné le matériel de montagne de notre cher Ox’, pour que je le distribue et qu’il continue à parcourir cet univers vertical.
La colère est aussi une étape « normale » et saine d’un deuil. Pourquoi pas contre la montagne, contre l’autre et les risques qu’il a pris. Si cela peut aider à cheminer, servons-nous de cette colère.
Oui, ma fille se demandait, avant, vu qu’elle ne se sentait pas une fibre maternelle extraordinaire, si ça viendrait …
Et elle est maintenant émerveillée et étonnée de voir à quel point « c’est venu » …
C’est peut être la clé pour pratiquer ce métier