Bonjour, Je suis le papa de Gabriel et nous découvrons l’énergie des échanges sur ce forum. Ca fait chaud au cœur.
Jeune, j’ai vécu des drames en montagne et ailleurs. Très vite, on se sent seul : ( Tu as connus Gilles ? tu as connus Jean-Marc ? et Jean-Philippe …) Même si la liste ne s’allonge pas, on va essayer de parler d’autres choses ! Le plus désespérant c’est le silence du silence. Celui qui s’impose parce qu’il est difficile de parler de la mort, du deuil ou simplement de l’absence d’une amitié qu’on cherche par simple soucis de … Reconnaissance.
Ce qui fait le plus plaisir c’est d’ouvrir une porte de service chez ceux qu’on a en face de soi, pour qu’à leurs tours ils puissent se dire qu’on peut parler de la mort, même si on va dire des idioties. Le drame de la pandémie, c’est qu’elle n’a pas permis ce genre d’ouverture de porte de service.
Gabriel a écrit et partager son accident aux écrins en 2017. Il nous laisse cette mémoire comme un silence-entendu entre le marin et l’épouse qui s’endeuille inexorablement au port, sans rien paraître. Comme si le fils, l’époux ou le père allaient rentrer au quai subrepticement. Ou au contraire, comme si de toutes les manières, ca devait arriver. Si ce n’est pas le fils, ce sera l’époux ou celui de la voisine.
J’espère que nous allons pouvoir rester en lien avec les familles de Louis, de Thomas, son enfant et bien d’autres qui n’attendent finalement qu’un protoregard, qu’une reconnaissance qui donne une émotion ni triste, ni euphorisante mais tout aussi égale, intemporelle et furtive que les premiers pas au sommet du Cholatsé, ou d’ailleurs.
Extrait de son témoignage aux écrins : Si on avait eu une radio, on aurait pu être à l’hopital 30 à 45 min après l’accident grâce au secours. Je suis resté 8h sur une vire, le bassin cassé. Je n’aurais pas tenu 8h avec une hémoragie ou un choc important à la tête. En dehors de l’accident, la chance était bien avec nous ce jour-là.
S’il y a bien des émotions « normales » que chacun est en droit de chercher et de continuer à rechercher, c’est bien la norme qui est anormale. Les franges de l’histoire qui subsistent, parlent toujours pour prendre le temps de mieux écouter les montagnes.