Ben y a une taille où ça doit gêner pour marcher normalement !
Lettre aux alpinistes
exactement. Rationnellement, il n’y a pas de raisons. Mais les liens d’affections envers quelqu’un de très proche font qu’on pense toujours à toutes les petites choses qu’on aurait pu faire pour éviter qu’il ne meurt, mais si objectivement, observé par quelqu’un d’exterieur, on n’y est pour rien. Mais ça n’empêche pas de culpabiliser à mort. Le fameux « ah, si je lui avais offert un café il ne se serait pas fait écraser », ou encore « ah, si je lui avait pas offert une marmotte quand il était petit, il n’aurait pas développé cette passion de la montagne ».
J’ai remarqué à skis, plus t’as peur, plus tu tombes et plus tu tombes plus tu risques la tombe …
Par contre, si tu ski à fond dans la ligne de pente, sans aucun stress parce que tu as le niveau de faire ça, et bien tu tombes jamais …
En escalade, c’est un peu pareil, les accidents purs en site d’escalade ou grande voies rocheuses sont très rares, 10 à 20 morts par an maximum …
La majorité des accidents se produisent dans les marches d’approche ou les redescentes, le terrain que nous qualifions " à vache"
exemple ; cette pauvre Allemande qui s’est tuée en redescendant de la fissure d’Ailefroide il y a quelques années, sous les yeux de son mari qui n’a rien pu faire …
je sais pas si ça existe…
Cela dit c’est pour ça que je parle de risque objectif. Qui est donc indépendant du niveau technique.
Prendre le maximum de bouffe et de fringue c’est pas focrément la bonne combine non plus (Henry et Vincendon).
oui, je n’ai pas dit le contraire… C’est leur échelle qui va de 0 à 3.
Toutefois le bulletin avalanche est directement pris en compte pour le calcul du risque.
Du coup, les « grands » alpinistes sont tous mauvais en fait…
plus proche dans le temps, Luce Douady, 16 ans, aussi sur la marche d’approche.
Pour la grimpe sportive, le risque de se tuer est faible (hors chute de pierre à la rigueur) le but le l’équipement étant de minimiser le risque. Du coup les marches d’approche non sécurisées représentent logiquement le plus gros risque et donc c’est statistiquement là qu’il y a le plus d’accident.
Je vois pas la logique?
Quand tu passes ta vie à grimper en haute altitude, en Patagonie ou dans l’Himalaya, à essayer de faire des premières, c’est évident que tu te trouves parfois dans des situations extrêmes et risquées. C’est pas ce que j’appelerais être mauvais.
se mettre dans des situations à risques ne fait pas de toi un grand alpiniste. Les grands alpinistes sont ceux qui arrivent à réduire suffisamment les risques pour revenir vivants et repartir vers de nouvelles aventures.
Je ne considère pas un alpiniste tête brûlée qui ne réussit que parcequ’il a pris des risques là où les autres ont fait demi-tour comme un grand alpiniste. Il ne doit sa réussite qu’à la chance.
Donc selon toi est-ce que Hermann Buhl était ou non un grand alpiniste?
exemple: Nirmal Purja s’est mis dans des conditions difficiles pour gravir le k2, et il est revenu, avec toute son équipe. Il était préparé, et il n’a pas « joué » pour la plupart des dangers auxquels il a fait face (vent, température, brouillard…).
Dans le drame d’Arola, le guide a parié sur la météo, la condition physique et le mental de ses clients, et dans des conditions moins extrêmes que celles du K2, il est mort. Avec ses clients. Il a joué, et il a perdu.
L’exploit c’est pas de se mettre dans des situations dangereuses et de s’en sortir avec du cul. L’exploit c’est de pas jouer à la base.
On peut être grand par beaucoup de chose. Je rappelle le dicton de base qui est « Un bon alpiniste est un vieil alpiniste ».
Je me corrige dans ce que je dis, j’ai dérivé en reprenant les propos de Buluplop qui a transformé « bon » en « grand ».
« Grand » implique que le nom est connu, pour des réalisations hors normes, peu importe la méthode. Staline était un grand leader, je ne suis pas sûr que « bon » soit son meilleur qualificatif.
Si je prends un guide, je me fous qu’il soit Grand, qu’il ait fait le k2 en hivers ou l’Amazonie en slip. Je veux qu’il soit bon et qu’il me ramène entier.
Le soucis, c’est quand ce que tu aimes, c’est flirter avec le fil du rasoir toujours coté « maitrise » mais pas loin quand même du fil pour l’intensité qui fait que tu vis plus fort …
ben là, par définition, le versant du jeu où tu maitrises pas grand chose n’est pas loin et si ça tourne mal, tu te demandes vite pourquoi tu aimes ce jeu à la noix …
Et je pense vraiment que quand tu as des gamins petits, faut calmer ce « jeu » justement …
Quand c’est ton gagne-pain comme un guide pro, c’est différent.
Selon ta notoriété (ou pas) tu dois engager plus ou moins, c’est aussi la régle.
Quand il y avait encore des mines en France, on ne se demandait pas si les mineurs étaient de bon mineurs s’ils y restaient dans un coup de grisou, c’était les risques du métiers
215 morts dans le BTP en 219 en voilà une de vraie activité à risque qui nous émeut moins alors qu’ils ont moins le choix d’y aller ou pas …
Quant à la chance : indispensable à mon avis
Quand tu as fait ce que tu pouvais en formation/condition physique/préparation/matériel c’est elle qui fait la différence !
Alors on va pas refaire le match, mais il a décidé que la prévision météo népalaise (qui annonçait le beau temps) était la bonne plutôt que la météo pro « occidentale » qui annonçait du vent. Vu la durée du Summit push, il a bel et bien joué. Même si sa volonté de maitrise, issu de sa formation militaire, l’amène a toujours avoir de l’O2 sous la main.
Après sur le fond, je suis d’accord avec toi.
Témoignage très intense de Vorlette, auquel je souscris largement.
Je pense qu’il ne faut pas se voiler la face, ni raconter des bobards à son entourage: la montagne est dangereuse, en particulier le ski de rando et l’alpinisme. Les risques de ces 2 activités sont sans commune mesure beaucoup plus important que les risques de la vie courante (comme faire un trajet en voiture par exemple.)
Et les ravages de la disparition d’un proche en montagne sont d’une tristesse sans fond. Donc bien tout mettre dans la balance lorsque l’on va en montagne, car ce n’est pas anodin.
Les derniers développements de ce fil m’ont fait penser à cette excellente interview de Marko Prezelj (en allemand)
Il y dit notamment:
Dans tous les cas, la base de l’intuition est une vaste expérience et un esprit ouvert. Et parfois, vous avez juste besoin - disons : de chance. Je ne suis pas religieux, donc je n’ai aucune explication : j’ai survécu à des situations dangereuses où d’autres auraient pu mourir. La chance ne fait pas partie du calcul. Mais sans une certaine dose de chance au bon moment, aucun de nous ne serait encore en vie.
Donc gardons-nous de jugements hatifs et de décerner les titres péremptoires de bon ou mauvais alpiniste à tel ou tel autre. Personne ne peut prétendre passer sa vie en montagne sans avoir à un moment ou à un autre perdu le contrôle, avoir été à la merci du destin, avoir été en danger. Si cette personne existe, c’est soit le plus grand des inconscient, soit le plus grand des menteurs.
Allez, je remets mes recettes:
« Patience, prudence et méfiance sont les mamelles de l’aventure »
(Robert Merle dans Fortune de France.)
« Là où je suis, que peut-il m’arriver (entendre: de mal) et que dois-je faire pour que ça n’arrive pas ? »
(Bruno Garden ou Dominique Stumpert, l’un ou l’autre m’excusera si je me trompe)
A écrire en lettres de feu au-dessus de votre lit.
Ne pas réussir à dormir?
« Le hasard fait-il partie du talent ? […] le hasard est un allié aussi fugitif que mortel. Il te tue avec la même facilité qu’il te sauve. Apprends à réduire ce fauve à la dimension d’un chat. » La horde du Contrevent, Damasio
Il ne faut pas confondre 3 activités totalement différentes en matière de risque :
- L’escalade en moulinettes ou en blocs ou les risques imprévisibles sont proches de 0
- L’escalade en grande voie ou les risques imprévisibles sont faibles ( chutes de pierre, rappel coincé entrainant une grosse prise de risque)
- L’alpinisme qui englobe grandes courses en terrain mixte, cascades de glace, couloirs de pente raide, ski de rando … ou les risques imprévisibles sont énormes : avalanches, chutes de pierre, chutes à ski dans des barres de rocher, blocs de glace qui se détachent en cascade …
En fait, en pratiquant ces 3 activités on passe du VTT tranquille à la conduite d’une formule 1 en terme de risques …
J’ai l’impression que plus les gens vieillissent moins ils acceptent les risques, et moins ils acceptent que les autres en prennent.
Ce que je ne comprends pas c’est que plus on vieillit, plus on a fait sa vie, moins on a à perdre. Les plus grands aventuriers (ou autre) devraient être des « vieux » qui peuvent se permettre de tout lâcher.
Pour en revenir à une phrase lue plus haut, on ne peut pas vivre exclusivement pour les autres, il faut savoir être égoïste pour être un individu. Tout est dans un équilibre à établir dès le départ avec ses proches.
De plus en plus je trouve que la « société » rejette tout ce qui s’approche du danger (activités ludiques, santé, métier …). La mort ne s’accepte plus, le moindre rhume et c’est un procès au monde entier … C’est très dommage, je trouve que ça fait partie d’un équilibre nécessaire dans la vie, ça maintient une certaine résilience, une certaine santé, une certaine autonomie … Il me semble que ça avait déjà été discuté ailleurs.
Qu’elle s’accepte ou qu’elle ne s’accepte plus, pratiquement, je ne vois pas trop la différence.
Ta classification me fait réagir, des contre-exemples à la pelle, vécus personnellement pour certains:
-
Escalade en bloc en indoor, un coup du lapin sur un talon qui reste en l’air est vite arrivé et peut avoir de (très) graves conséquences,
Escalade en sae en indoor: souvent l’assureur discute avec un collègue en même temps : baisse de vigilance, risque de défault d’assurage qui peut se terminer en chute au sol; ou mauvais encordement dû à la même baisse de vigilance -
Une mauvaise chute, soit dans un dièdre, soit un pied qui s’accroche pendant la chute, peut très mal finir si tu n’as pas de chance.
Vtt tranquille : cela n’existe pas, en vtt la chute survient surtout dans les terrains les plus faciles par baisse de vigilance (toujours elle!),
Je reformulerai donc ton message par classification des activités par difficulté à prévoir leur risque, oui les risques des activités que tu classent en 3 sont liés à des facteurs de risques plus nombreux, plus complexes, et plus imprévisibles, mais personnellement j’ai plus souvent un niveau de vigilance élevé dit « alerte » dans tes activités 1. et 2. que 3. A condition bien sûr d’avoir en amont fait des choix afin de réduire les risques dans le 3.