Lettre a patrick Gabarrou

Posté en tant qu’invité par Yann Vallençant:

Je suis atterré par la teneur de certains propos au sujet de ce fameux Everest 50 et des polémiques stériles qui s’éternisent sur le sujet.
Guide de haute montagne et journaliste/réalisateur TV, j’étais moi-même sur place, j’ai dénoncé l’éthique générale de cette expédition de type commercial à 35 000€/pers (pour les non-invités) dans Montagnes Magazine et j’ai même déposé certaines des plaintes en justice à l’encontre des organisateurs.
J’aurais cru qu’à la lumière des faits dénoncés par Montagnes Magazine, mais aussi ensuite par M6 dans ses infos régionales et nationales – notamment cette dette de quelque 182 000 $ envers l’agence népalaise!!! – les amoureux de la montagne auraient réagi avec vigueur pour défendre les Sherpas spoliés et pour promouvoir une certaine éthique de l’himalayisme. Alors quand je lis des « débats » de la teneur de ceux qui apparaissent actuellement, où l’on tergiverse pour savoir qui de Gabarrou ou de Bérhault est le meilleur, ou si ce sont Troillet et Lorhetan les plus forts, ou sur combien de litres d’oxygène et combien de porteurs les uns ou les autres se sont appuyés, j’en viens à tomber de mon siège… et même pire, à dévaler la pente, quand je remarque qu’en parallèle, seules de très rares voix s’expriment pour s’indigner du mauvais coup porté aux Népalais ou pour engager un débat sur l’éthique de certaines expéditions organisées au détriment des populations locales, pour la carrière médiatique et/ou le compte en banque de certains « héros » occidentaux.
Ni Gabarrou ni Bérhault ne sont responsables de ce qui s’est passé là-haut. Leur seule erreur est peut-être de s’être laisser inviter (et égarer) dans une expédition qui ne ressemble ni à l’un ni à l’autre, alors laissons-les repartir en paix chacun de leur côté vers d’autres horizons où l’air pur ne manque pas encore et où ils pourront donner la pleine mesure de leur talent. Quant aux histoires de « dopage » à l’O2, de porteurs, de moyens plus ou moins « éthiques » utilisés pour gravir telle ou telle montagne dans le monde, ne devraient-elles pas regarder en priorité chaque intéressé et sa conscience, et l’alpinisme « pur » rester un face-à-face avec la nature et avec soi-même plutôt qu’avec les médias et les sponsors? Sur les voies normales de l’Everest, à l’évidence, cela ne se passe malheureusement pas comme cela et nous devrions tous le déplorer.
En tout cas, si même la plus haute montagne du monde ne sert pas à élever un peu le débat et à défendre quelques valeurs essentielles qui devraient présider à l’alpinisme comme au reste du monde, si la majorité des alpinistes préfèrent débattre sans fin sur les « performances » et l’égo de telle ou telle star, c’est vraiment à désespérer de la capacité des neurones à se régénérer après de fréquents séjours en hypoxie…

Posté en tant qu’invité par Francois:

L’éthique, l’éthique…tout le monde parle de l’éthique. Finalement, quand on parle de montagne, ou de la façon de faire de la montagne, c’est quoi, l’éthique?
Grosso modo, une éthique, c’est une morale, c’est à dire un système qui permet de distinguer le bien du mal. Ce système est fondé sur des normes, elles-mêmes basées sur un consensus. Est « bien » ce que tout le monde s’accorde à trouver"bien" (les mauvais coucheurs sont alors qualifiés d’hérétiques). Est « mal » etc…
Dans le cas qui nous préoccupe, tout ceci est assez flou. C’est pour ça qu’on en discute. D’ailleurs les normes sont susceptibles de changer: dans les années 70, le spit, c’était « mal » alors que maintenant, c’est « bien » mais j’ai vaguement l’impression que c’est plus ou moins en train de changer.
Il faut donc trouver un consensus. Personnellement, je considèrerais que celui pratiquant de façon éthique ne laisserais derrière lui que la trace de ses pas.

Posté en tant qu’invité par Francois:

« En tout cas, si même la plus haute montagne du monde ne sert pas à élever un peu le débat et à défendre quelques valeurs essentielles qui
devraient présider à l’alpinisme comme au reste du monde, si la majorité des alpinistes préfèrent débattre sans fin sur les « performances » et l’égo
de telle ou telle star, c’est vraiment à désespérer de la capacité des neurones à se régénérer après de fréquents séjours en hypoxie… »

Excuse-moi, mais l’alpinisme est une activité essentiellement individuelle et égoïste, qui ne sert à rien, et certainement pas à « défendre » des valeurs (lesquelles?). L’alpinisme n’est pas une tribune et l’alpiniste n’est pas un tribun (il y a des exceptions, je sais…).
Quant à l’histoire des sherpas, vu que je n’ai pas suivi l’affaire, j’éviterai d’avoir un avis. On ne peut avoir un avis sur tout, spécialement sur les sujets qu’on ne connaît pas (à moins de faire de la politique, avec un petit « p »…)

Posté en tant qu’invité par Yann Vallençant:

Euh, encore une fois, je regrette que le terme « éthique » semble se réduire pour certains alpinistes à l’usage de telle ou telle technique d’ascension. Que l’on décide de gravir l’Everest en chaise à porteurs, personnellement, je m’en contrefiche, si cela amuse quelqu’un de se lancer dans une pitrerie de ce genre, ça ne regarde que lui.
Moi, je parlais d’éthique au sens général, du respect de certaines valeurs morales que l’on pourrait unanimement considérer comme valables aussi bien dans la vie de tous les jours que plus spécifiquement en montagne. Par exemple, l’honnêteté, la générosité, le courage, l’humilité, le désintéressement, la sincérité, etc, etc. Moi, ça me semble beaucoup plus important que l’usage ou non des spits ou de l’O2 et c’est ce qui m’a semblé faire un peu trop défaut à l’Everest, plus particulièrement dans l’expédition qui est mise en cause aujourd’hui.

Posté en tant qu’invité par Yann Vallençant:

Eh bien, tes propos n’engagent que toi mais au moins tu as le mérite d’assumer pleinement ton propre égoïsme!
Ceci dit, tu te sers toi-même d’une tribune – certes modeste – pour exprimer une opinion personnelle sur le thème des moyens d’ascension et tu dénies aux autres de s’exprimer ou d’agir sur d’autres thèmes… un peu incohérent, non?
Au moins aussi paradoxal, en tout cas, que tous ces alpinistes qui se proclament parés de toutes les vertus et de tous les héroïsmes et dont les actes réels ne sont pas toujours à la hauteur de leurs déclarations.
Personnellement, je n’ai pas encore l’âge d’être vieux jeu ni passéiste, mais défendre en montagne ou ailleurs certaines valeurs universelles comme l’honnêteté, l’honneur, la sincérité, la générosité, le courage – que de grands mots, certes, mais combien d’alpinistes ne s’en réclament pas pour se revendiquer de grands hommes ? – me semble en valoir la peine surtout quand, en l’occurrence, les victimes des agissements de certains « héros » occidentaux sont des Sherpas.
Et en ce qui me concerne, je n’ai jamais conservé bien longtemps de compagnons de cordée égocentriques et je ne suis pas sûr que ce soit une « qualité » à promouvoir dans l’alpinisme ni ailleurs…

Posté en tant qu’invité par fred le papa avec un gros EGO:

En tous cas, sujet intéressant et merci philippe de t’exprimer.

Posté en tant qu’invité par piston-hurlant:

C’est vrai, l’alpinisme ne doit pas devenir une compétition et si l’on regarde bien, c’est aussi de « notre » faute si l’on en arrive là, à force de vouloir absolument être les meilleurs, de vouloir passer du « 8 sinon, t’es une merde », de faire l’ascension de l’Everest en 3h00 aller-retour ou de faire l’enchainement des 8000 dans la journée, plus rien ne nous interesse, la preuve en est dans nos revues spécialisés (que je ne critique pas, c’est aussi « nous » qui décidons du contenu, si on achète une d’elle c’est parceque çà nous plait de voir des types dans le dernier 8c+ à la mode), de quoi parle t’on ? 80% de notre « élite » (qui je vous l’accorde est de plus en plus nombreuse) et 20% des simples grimpeurs ou skieurs du dimanche …
et dans tout çà, où est le plaisir ? ou se trouve l’envie et le bonheur de partager une journée de montagne avec une bande de copains ou de faire découvrir son activité à un ami qui n’a jamais mis les pieds « là haut » ?

Bien loin, trop loin et c’est peut être ce qui perdra notre activité (du moions qui la transformera en sport-performance) dans un avenir proche car si des gens aussi « pur » que Berhault se laisse prendre au piège, (tres épisodiquement il faut dire )comment ne pas envisager le pire pour un avenir que nous aurions aimer plus « blanc »…

Quant à Gabarrou, je crois que ce type est un vrai montagnard mais il s’est fait prendre malgré lui dans une compétition avec son ex(?) ami et compagnon de cordée, pour quelle raison ?
on ne le saura probablement jamais, et puis, avec toutes les belles voies qu’il a créer dans le massif, ne pouvons nous lui accorder le droit à la faute …?

Moi qui n’est pas approuvé ses positions depuis le début, aprés reflexion, je trouve que l’erreur est humaine (surtout à cette altitude) !

Par contre, le principal dans tout çà reste bien le SCANDALE des sherpas qui ne bénficient d’aucune tribune pour s’exprimer et qui sont bel et bien les oubliés de L’Everest !!!

Posté en tant qu’invité par Claude M.:

François écrit : " Excuse-moi, mais l’alpinisme est une activité essentiellement individuelle et égoïste, qui ne sert à rien, et certainement pas à « défendre » des valeurs (lesquelles?) "
Tiens, tiens, enfin qqun qui met les choses au clair et les pieds dans le plat…!
Il fallait le dire, c’est fait.
« Le roi est nu »
Dont acte.

Posté en tant qu’invité par Claude M.:

Yann écrit : " Eh bien, tes propos n’engagent que toi mais au moins tu as le mérite d’assumer pleinement ton propre égoïsme!
Ceci dit, tu te sers toi-même d’une tribune – certes modeste – pour exprimer une opinion personnelle sur le thème des moyens d’ascension et tu dénies aux autres de s’exprimer ou d’agir sur d’autres thèmes… un peu incohérent, non? "

Tu dois avoir mal lu car nulle part il n’est question de dénier à quiconque le droit de parler; l’expression « l’alpinisme n’est pas une tribune, etc… » s’entend comme intrinsèquement liée aux précédentes propositions, et signifiant à mon sens clairement ceci : l’alpinisme et ses pratiquants n’ont aucune qualité, aucune légitimité pour oser rejoindre le statut de tribun, lequel n’est pas seulement un monsieur qui donne un avis mais un personnage assez grand et exemplaire pour influencer la vie de la cité tout entière et qu’on va éventuellement suivre dans ses exhortations…
Donc, MM. Whymper, Lochmatter, Gervasutti, Charlet, Terray, Desmaison, Profit, Gabarrou, Berhault et consorts NE SAURAIENT en aucune façon être comparés à MM. Jaurès, Lafargue, Péguy, Bernanos, Camus, Sartre,…pour ne citer que les plus connus.
Le « Discours à la jeunesse », " Le droit à la Paresse" , " Notre jeunesse", « Les Grands Cimetières sous la Lune », les « Considérations sur la peine de mort », ou les « Chemins de la liberté » comptent non seulement plus mais bien mieux pris individuellement que les actes et paroles « es qualités » des trente-six milliards de monte-en-l’air que nous sommes tous. Même pas des exemples pour les petits enfants ! Utilité sociale et collective de l’alpinisme : zéro. Il faut simplement en être conscient et ne pas prendre des vessies pour des lanternes.

Posté en tant qu’invité par Yann Vallençant:

C’est vrai que l’alpinisme est souvent un acte gratuit (et heureusement) mais il est vrai aussi qu’il a été et est encore régulièrement utilisé comme porte-drapeau de diverses causes politiques, commerciales ou autres (voir les années 30, les années 50, il y a qq années un projet d’expé franco-chinoise à l’Everest et voir surtout le nombre de sponsors qui s’en servent pour vendre de la soupe, des biscuits, etc.).
Souvent, l’alpinisme a ouvert des « tribunes » médiatiques plus larges, et souvent à mauvais escient (l’ascension nazie, le « rétablissement » pétainiste, la gloire de telle ou telle nation ou de telle ou telle multinationale), alors puisque certains l’utilisent aussi comme ça, pourquoi d’autres ne l’utiliseraient-ils pas pour des tribunes plus « nobles » comme la solidarité avec des Sherpas arnaqués, par exemple??? Ou comme la préservation d’un certain esprit d’aventure contre l’avancée d’une merchandisation sauvage et de plans de communication outranciers, genre cinquantenaire de l’Everest par exemple???

Posté en tant qu’invité par Yann Vallençant:

Je ne sais pas si François et toi grimpez uniquement en solo, mais moi non (je ne suis peut-être pas assez fort) et mes meilleurs souvenirs en montagne sont plus dus à la qualité des moments avec les copains et compagnons de cordée qu’aux qualités intrinsèques de la voie. Ce n’est donc pas une activité individuelle, égoïste et dénuée de portée éthique plus générale pour tout le monde, même si vous avez tout à fait le droit d’assumer pleinement votre propre état d’esprit. Mais gardez bien en tête que vos propos n’engagent que vous et une partie des pratiquants, heureusement pas la totalité!

Posté en tant qu’invité par piston-hurlant:

D’acord avec toi Yannick, mais où se trouve cette fameuse tribuinne consacrée aux sherpas ?
J’ai beau cheché, je n’y trouve que des polémiques à propos d’ alpinistes de haut niveau !
Si cette expédition avait au moins été faite pour mieux faire connaitre le peuple sherpa…mais rien de tout, çà, juste une énormé propagande, des sommes colossales investit dans un éspéce de mauvais film qui finit en « série noire », un film que l’on a tous envie d’oublier au plus vite, désolé, ce n’est pas juste et tu ne m’enlevera pas de l’idée que ce genre d’opératiosn est avant tout faite pour « l’image », pour ce plaisir égosites uiq sconsiste à atteindre le sommet par tous les moyens (et je ne parle pas là de l’O2 qui est un autre débat) , à savoir, se servir de la bonne volonté et de la force psy des sherpas pour aboutir à une reconaissance personelle, se dire: je l’ai fait !!!

Posté en tant qu’invité par catherine:

Francois a écrit:

Excuse-moi, mais l’alpinisme est une activité essentiellement
individuelle et égoïste, qui ne sert à rien, et certainement
pas à « défendre » des valeurs (lesquelles?).

Dis Francois… tout ce que tu faisais vivre dans l’temps aux p’tits jeunes des banlieues dans les Pyrénées, ça ne leur apportait pas des « valeurs essentielles » ?
Il me semble que dans la phrase sus-citée, tu parles de l’alpinisme « en général », pas de celui que tu pratiques !

au fait, ça fait longtemps que tu ne nous a pas raconté d’histoire !!!

Posté en tant qu’invité par Yann Vallençant:

Bon, ben alors finalement on tombe d’accord : ce genre d’expéditions relève plus de la com’, du plan de carrière et du business sauvage que de la passion gratuite, et la discussion sur le forum aurait dû se porter plus sur « l’éthique » (quel gros mot!) et le sort fait aux Népalais par des individus sans scrupules que sur la place de telle ou telle « star » dans la hiérarchie du gotha de l’alpinisme. Et aussi d’accord, apparemment, que l’alpinisme peut éventuellement, à l’occasion, être porteur d’autre chose que le simple coup d’éclat sportif.
Comme quoi, ça vaut parfois la peine de discuter!

Posté en tant qu’invité par Claude M.:

Yann écrit : " mes meilleurs souvenirs en montagne sont plus dus à la qualité des moments avec les copains et compagnons de cordée qu’aux qualités intrinsèques de la voie. Ce n’est donc pas une activité individuelle, égoïste et dénuée de portée éthique plus générale pour tout le monde, "

On n’a jamais dit le contraire ! Simplement qu’il fallait mettre une activité ludique à sa place et rien qu’à sa place. Ce qu’on y apporte ou qu’on y trouve ne procède que d’une attitude plus générale devant l’existence. Ergo : ces « moments » sont d’autant plus significatifs qu’ils se rapportent à l’essentiel de la vie qui est ailleurs. S’il fallait se fier uniquement aux grands-messes médiatiques dont il est précisément question depuis le début de cette tribune, quels qu’en soient les « avec » ou les « sans », l’exemple donné en demeurerait pitoyable.

Posté en tant qu’invité par Marco:

Je n’ai pas lu l’article dans Montagne mag mais j’ai vu son édito sur le site de Lafuma et je suis ravi que ce sujet donne lieu à un forum, car j’avais bien l’intention d’écrire une lettre à P. Gabarrou.

Je serai plus modéré que Philippe, mais je suis tout aussi déçu par la position de M. Gabarrou. Sans reprendre les arguments un par un, et notamment sur les sherpas, je souhaite faire un parallèle avec la plongée sous-marine. Comment peut-on comparer un recordman de l’apnée (style Grand Bleu) et le touriste qui se promène en bouteille
à -20m? Pour autant, le deuxième doit-il être privé de son loisir parce que le 1er trouve que ce n’est pas « éthique »?

Il s’agit bien de 2 performances sportives différentes, et je crois que sur ce forum, les pratiquants un peu sérieux de l’altitude savent faire le distinguo entre les « sans 02 » et les « avec » qui atteignent 8848 m (ou moins d’ailleurs). Nous ne sommes pas tous égaux face à l’hypoxie, c’est un fait. Certains sont des quasi mutants, d’autres sont simplements de bons sportifs, les VO2 max diffèrent, les réactions au manque de sommeil également, etc…

Mais je revendique le droit de vivre l’expérience de la haute altitude, et je considère que ce n’est pas « tricher » que se servir d’O2. Pour nombre d’alpinistes amateurs, la vraie dimension de l’alpinisme, son intérêt premier, est de se confronter à soi-même, à sa limite physique et mentale. A mon sens, donc, celui qui fait l’Everest en crachant ses tripes et en luttant contre toute l’hostilité environnante avec ses bouteilles a autant de mérite que celui qui peut s’entrainer toute l’année avec un suivi médical et/ou qui est doté de capacités d’acclimatation hors norme. Il va chercher aussi loin au fond de lui, voire même un peu plus, car il a moins l’habitude de le faire. Sa performance absolue est peut être moindre, mais sa performance relative n’a rien à envier à celle des himalayistes chevronnés.

Je m’étonne, moi aussi, qu’un guide tienne de tels propos. Sans doute oublie-t-il que son rôle est de permettre à ceux qui sont moins « doués » d’atteindre leur rêve…

Posté en tant qu’invité par Yann Vallençant:

Finalement, on tombe donc d’accord sur certaines choses une fois qu’elles sont mieux précisées!
Un petit différend subsiste, cependant, sur la portée plus générale de certaines activités intrinséquement seulement ludiques : qu’on le veuille ou non, l’alpinisme est porteur d’une certaine symbolique (positive ou négative par certains aspects) pour beaucoup de pratiquants et surtout pour le grand public. Cette symbolique a déjà été maintes fois utilisée pour faire avancer les choses dans un registre plus général (politique, économique, etc.), plus souvent à mauvais qu’à bon escient d’ailleurs. C’est un état de fait inéluctable dans la société de communication qui est la nôtre, ou tout peut servir à dire n’importe quoi et inversement.
Cela dit, certaines activités « ludiques », de par leur symbolique, peuvent vraiment servir à faire avancer les choses dans des domaines universels, ou au moins sensibiliser le grand public à des causes majeures : quittons un peu l’alpinisme pour l’athlétisme, par exemple. Le "noir " Owens raflant 4 médailles d’or aux J.O de Berlin de 36 devant les nazis, ou les Black Panthers trustant le podium du sprint les poings levés aux J.O de 1968, ça a de la « gueule » et un véritable impact hors du microcosme de l’athlétisme, et c’est beaucoup plus important que tous ceux qui ont pu courir plus vite, avec ou sans nandrolone et autres dopants par la suite.
Moi, je crois sincèrement que l’alpinisme aussi peut servir à autre chose, en certaines circonstances, qu’à se faire seulement plaisir en montagne, il peut aussi servir à défendre des idées, des gens, une vision plus générale de la vie grâce à la symbolique dont il est porteur. Et je pense que le microcosme de l’alpinisme a tout à gagner à s’ouvrir sur le monde plutôt qu’à rester recroquevillé sur lui-même, entre « jouisseurs » souvent un peu égoïstes.
Mais j’admets que je suis peut-être trop idéaliste par les temps qui courent…

Posté en tant qu’invité par Claude M.:

Yann écrit :
" Moi, je crois sincèrement que l’alpinisme aussi peut servir à autre chose, en certaines circonstances, qu’à se faire seulement plaisir en montagne, il peut aussi servir à défendre des idées, des gens, une vision plus générale de la vie grâce à la symbolique dont il est porteur. Et je pense que le microcosme de l’alpinisme a tout à gagner à s’ouvrir sur le monde plutôt qu’à rester recroquevillé sur lui-même, entre « jouisseurs » souvent un peu égoïstes.
Mais j’admets que je suis peut-être trop idéaliste par les temps qui courent."

C.Q.F.D., tout étant dialectique par ailleurs, on peut penser à Castiglioni mort d’épuisement après avoir conduit des évadés en Suisse, à Pierre Dalloz, organisateur des maquis du Vercors, à Edouard Frendo du même métal; …à côté du silence de maintes gloires alpines qui ne trouvaient rien à redire alors qu’on baptisait « Aiguille Maréchal Pétain » un sommet chamoniard, tandis que roulaient des trains pour la fréquentation desquels ne se délivraient que des allers simples…C’est en ce genre de circonstance qu’on mesure ce qui est important ou non.
Le petit bulletin de type paroissial qu’est encore, je gage, « La Montagne » devenue clandestine, ça vous aurait eu de la gueule, non ?
Mais je suis mauvaise langue, …tout fout le camp, ma pôv’dame !

Posté en tant qu’invité par Philippe:

Yannick Vallençant vous avez raison certains propos sont atterrants, consternants.
Certainement ai-je une grande part de responsabilité dans cette malheureuse dérive. J’aurais dû recentrer les propos de ma mise au point sur ce qui avait motivé ma lettre à Patrick Gabarrou: son silence sur cette scandaleuse histoire de sherpas non-payés, plutôt que de répondre à ses explications sur l’emploi de l’O2 par un exposé qui a provoqué ce faux débat. J’ai un peu rectifié le tir dans ma réponse au message de Zozzo.

Maintenant, arrêtons de nous égarer dans de faux débats et allons à l’essentiel.
Utilisons intelligemment ce forum de C2C, pour faire entendre notre voix, pour aider ces sherpas à recevoir leur dû.
Certainement que la justice fera son travail, mais combien de temps cela va-t-il prendre?

Nous sommes nombreux sur C2C à voyager, en atteste le succès des pages « voyages ». Je pense qu’il n’est pas faux d’écrire que nous avons tous à un moment ou à un autre, quel que soit la destination (Himalaya, Andes, Afrique, etc…), quel que soit l’activité pratiquée (alpinisme, trekking, escalade, etc.), fait appel aux services des populations locales, porteurs, chauffeurs, muletiers, etc., sans jamais nous en plaindre, bien au contraire, on est toujours émerveillé par leur hospitalité, ni nous ruiner.

Aujourd’hui il serait peut-être temps de leur faire part de notre gratitude, de notre reconnaissance, de les remercier pour tout ce qu’ils nous ont donné, apporté. Les sherpas de l’expédition du Cinquantenaire et leurs familles ont besoin de nous, aidons les.
Unissons nous et faisons pression pour que Vertical et Glénat, coorganisateurs de l’expédition, prennent leurs responsabilités. Que Olivier Blanche directeur général de Glénat Presse et Jean Michel Asselin , directeur de la rédaction du journal Vertical et chef de l’expédition, s’expliquent sur cette affaire dans les colonnes des différents magazines du groupe et pourquoi pas qu’ils avancent l’argent pour que soient enfin payés ces hommes. En étant coorganisateur ils sont coresponsables de cette dette, peut-être pas juridiquement, mais moralement sans aucun doute.
Jean Michel Asselin dans l’article « Ardoise à l’Everest » de Montagnes Magazine disait " ne pas être solidaire d’une dette" au moins qu’il soit solidaire des sherpas.
Il rajoutait « s’il (Daniel Gueorguiesky) n’a pas payé c’est une catastrophe ».
Oui c’est une catastrophe pour ces sherpas et leurs familles et je rajouterai que c’est honteux, scandaleux.

2003 restera une année noire pour l’histoire française et mondiale de l’hymalayisme. L’expédition du cinquantenaire sera la première expédition à l’Everest à ne pas avoir payé ses sherpas .
Pour ceux qui aiment les dates:
1953, première ascension de l’Everest par Tensing et Hillary
1978, première ascension de l’Everest sans apport d’oxygène artificiel par Mesner et Habeler
2003, première expédition à l’Everest qui ne paye pas ses sherpas par l’expédition française du Cinquantenaire.
Je crois que nous ne pouvons que féliciter et remercier Vertical et Glénat pour cette prestigieuse première.

Plus sérieusement, remercions Yannick Vallençant pour son noble engagement qui honore sa profession de guide de haute montagne et aussi celle de journaliste. Dommage qu’il ne soit pas plus soutenu par ses confrères d’une profession comme de l’autre.

J’adresserai une copie de ce message à Olivier Blanche directeur général de Glénat Presse, Jean Michel Asselin directeur de la rédaction du journal Vertical et chef de l’expédition du cinquantenaire, à Philippe Descamps rédacteur en chef du journal Montagnes Magazine qui a dénoncé ce scandale, à Patrick Gabarrou a qui était adressé mon premier message et à Luc Jourjon qui a répondu à ce dernier dans le dernier numéro de ce même magazine.

Posté en tant qu’invité par hakan_cheronsen:

faisons pression sur Glénat qui a les moyens de faire pression quand ça l’arrange, quand son patron, Jacques Glénat, s’autorise une séance d’héliski…

on oublie rien.

Rochail : La dépose héliportée de skieurs sur ce sommet de l’Oisans le 19 avril aurait bien été réalisée par le Secours Aérien Français, selon M. Berliou, maire de Villard-Notre-Dame, joint ce jour par nos soins. « Je n’ai plus le texte de l’autorisation, il faut vous adresser au SAF ». Cette déclaration semble contredire le courrier qui nous a été adressé par la compagnie. M. Berliou a par ailleurs indiqué au journaliste Jacques Plaisant que cette autorisation avait été demandée par un guide de haute-montagne pour le compte de M. Jacques Glénat, patron des éditions qui portent son nom ainsi que du groupe de presse homonyme (qui édite notamment les magazines de montagne Vertical, Alpinisme et Randonnée, Aerial, Ski Français, Rider…)…

19 avril 2003, en pleine expé du cinquentenaire…