Posté en tant qu’invité par Philippe:
Patrick Gabarrou se sert dans un des derniers numeros de Montagnes Magazine d’une soi-disante tribune sur l’utilisation de l’oxygene artificiel en haute altitude pour regler ses comptes avec certaines personnes et un certain milieu et/ou systeme, qui l’oublie-t-il le font vivre en partie. Une tribune inspiree par son echec a l’Everest qu’il n’aurait sans doute jamais ecrite, est on en droit de croire, s’il avait reussi le sommet.
N’ayant pas la possibilite comme lui de m’exprimer dans cette revue, je vais me servir du forum « alpinisme » de « CamptoCamp » pour lui repondre ainsi qu’a une certaine elite donneuse de lecons dont il fait partie.
Merci a C2C de nous donner la parole.
Mis a part le fait que ses propos sentent l’amertume et la deception a plein nez, ceux-ci ne sont que mepris et dedain.
Mepris et dedain envers les lecteurs de Montagnes Magazine qui a l’en croire, sont incapables de faire la difference entre l’ascension d’un 8000 avec ou sans oxygene artificiel.
Mepris et dedain envers les sans-grades qui tentent un 8000, qu’il traite de tricheurs parce qu’ils utilisent de l’oxygene artificiel.
Et certainement le pire, mepris et dedain envers les sherpas et autres porteurs, dont il occulte tout simplement le role fondamental dans l’organisation et la reussite d’une expedition.
Peut-etre que la majorite de la population ne ferait pas la difference entre les performances d’un alpiniste qui aurait atteint le sommet de l’Everest avec de l’oxygene et un autre sans, d’ailleurs cela l’interesse-t-elle, elle a d’autres preoccupations. Mais les lecteurs des magazines de montagnes, en majorite montagnards passionnes ayant une culture montagne aussi importante que la votre Monsieur Gabarrou, sinon plus importante, savent apprecier et juger a leurs justes valeurs les performances de tel ou tel alpiniste. Nous n’avons pas besoin que vous nous souffliez qui applaudir, qui huer.
Les « sans grades », ceux qui s’attaquent a l’Everest sans experience de l’altitude, que vous vous permettez de traiter de tricheurs, de touristes de l’altitude,etc, j’aimerais vous rappeler que s’ils peuvent se hisser si haut sur le toit du monde, c’est,bien sur parce qu’ils en ont les moyens financiers, mais surtout parce que des guides de hautes montagnes comme vous, leur en donnent la possibilite. Ce sont les guides de hautes montagnes qui, devinant en la haute altitude un marche tres lucratif, ont permis a des amateurs passionnes et/ou fortunes de tenter l’ascension de sommets de plus de 8000 metres. Alors s’il vous plait Monsieur Gabarrou un peu de respect pour les gens qui vous font vivre. D’ailleurs peut-etre que parmi ces tricheurs se trouvent certains de vos clients.
Et les sherpas et autres porteurs dont les himalayistes ne peuvent se passer, dont vous ne pouvez vous passer? vous me repondrez que ce n’est pas le sujet de votre tribune. En effet et malheureusement ils ne sont pas le sujet de votre tribune. Mais vous en parlez sans vous en rendre compte lorsque vous reecrivez l’histoire de l’himalayisme et dites que finalement la premiere ascension de l’Everest devrait revenir a Habeler et Mesner puisqu’ils sont les premiers a etre parvenus a son sommet sans oxygene artificiel. Il est tellement « normal » pour vous (et beaucoup d’autres) de vous servir de ces porteurs que vous en oubliez leur existence et leur role essentiel.
Si l’oxygene artificiel, selon vous, augmente les performances d’un grimpeur de 70%, de combien l’utilisation (l’exploitation!) de porteurs augmente-t-elle les performances de celui-ci et ses chances de faire le sommet, 200, 300%? Dommage cela n’est pas quantifiable. Par contre on peut affirmer sans se tromper que les porteurs permettent tout simplement aux grimpeurs avec ou sans oxygene artificiel de gravir ces sommets. Peut-etre que, sans leur aide, leur travail (jamais retribue a sa juste valeur), leur devotion, tous les 8000 seraient encore vierges.
Monsieur Gabarrou si les pentes de l’Everest n’avaient pas ete equipes par ses hommes vous n’auriez peut-etre jamais atteint le col sud.
Que vous n’ayez pas atteint le sommet de l’Everest alors que Tartempion l’ait atteint parce qu’il utilisait de l’oxygene artificiel, je m’en contrefiche. Par contre, que les sherpas de l’expedition du cinquantenaire n’aient pas ete payes, une expedition rappelons le pour leur faire un peu de publicite coorganisee par Vertical et dirigee par Jean Michel Asselin, lui aussi un pur au grand coeur, je ne m’enfiche pas du tout et je trouve cela ecoeurant et scandaleux.
Il aurait ete grand de votre part, pour ne pas dire intelligent, vous qui pleurez dans cette tribune d’avoir rate le sommet, vous qui nous donnez des lecons d’etique, de vous servir de celle-ci pour denoncer cette scandaleuse affaire, meme si les mauvais payeurs sont de vos amis.
Peut-etre que maintenant le mal a ete repare et que les sherpas ont enfin ete payes, esperons le. Toujours est -il que cela montre le mepris que l’elite de la haute altitude a envers les porteurs.
Pour conclure j’aimerais dire a cette elite donneuse de lecons dont vous faites partie, celle qui philososphe et debat sur « la montagne espace de liberte », qui nous encourage a rendre la montagne plus propre, etc: « la montagne ne vous appartient pas, vous n’avez pas a juger de la facon dont on l’aborde et l’etique en haute altitude ce n’est pas de faire un sommet avec ou sans oxygene, mais d’avoir de la consideration, du respect pour ceux qui vous aident et vous accueillent, les porteurs et aussi de resdescendre avec vous toutes vos merdes, de nettoyer la montagne du sommet au camp de base avant de rentrer chez vous. »
Messieurs les himalayistes le jour ou vous gravirez des 8000 (ou 7000, etc) sans l’assistance de porteurs et arreterez de prendre la haute altitude et les camps de base pour des decharges publiques, vous pourrez nous donner des lecons de morale et d’etique, en attendant laissez nous vivre la montagne comme bon nous semble et arretez d’encombrer les pages de la presse specialisee de vos etats d’ame.
Avant de poser ma plume, j’aimerais vous poser deux petites questions Monsieur Gabarrou.
Vous l’idealiste, le pure, je souhaiterais savoir, ce que vous faisiez sur les pentes de l’Everest en cette annee du cinquantenaire? Etiez vous invite, vouliez vous participer a la fete et etre sur la « photo de famille », parce que tout ceci est un peu en contadiction avec vos propos, ou vous etes vous retrouve la par pur hasard?
Et seconde question, parce que je sens que vous n’en avez pas uniquement apres nous les sans grades qui osons nous aventurer sur le terrain de jeu des grands, mais aussi apres certains de vos semblables, professionnels de la montagne, qui trompent leur monde parce qu’ils n’ont pas fait l’Everest selon vos regles: Marco Siffredi, qui etait monte au sommet de l’Everest avant de redescendre le couloir Norton en surf, etait il un tricheur pour avoir utilise de l’oxygene a la montee?
Monsieur Gabarrou je pensais que vous etiez quelqu’un, vous n’etes qu’un alpiniste parmi tant d’autres. Vous m’avez decu.
Philippe Perret
PS: Excellent (je plaisante) votre parallele entre une etape du tour de France et la Haute altitude! Dans celui-ci nous pourrions vous comparer a Lance Amstrong qui, voyant un cyclotouriste poser le pied a terre dans la montee de l’Alpe d’Huez, lui dirait: « t’es nul, rentre chez toi, c’est pas comme ca que l’on grmpe un col ». Inutile de preciser qui a le plus de merite.