Posté en tant qu’invité par Xavier:
Salut !
Je pense qu’on ne peut pas appliquer les mêmes règles à tous les terrains de jeu en grimpe : le but va être complètement différent sur un site école, par rapport à une grande voie équipée, ou une voie « montagne ».
Spécialement, je sais qu’équiper est une activité qui demande une formation solide, de passer beaucoup de temps et de sérieux sur des projets, pas mal d’argent aussi, et qui nécessite de s’appliquer des principes clairs et une grande responsabilité.
Je ne sais pas si un jour je ferai cette démarche, mais si c’est le cas, j’essayerai de trouver des lignes logiques, et qui ne puissent pas être parcourues sans cet équipement à demeure.
Je m’explique :
-
pour le premier point (lignes logiques), je suis un peu agacé, même en école, lorsque je vois des voies tous les 3 mètres : il faudrait peut être concevoir plus une voie comme un projet, essayer de regarder ce qu’elle pourrait donner avant de l’équiper, plutot que d’équiper à tout va, puis de réaliser et de côter par la suite.
-
pour le second point (spits, broches), ça varie beaucoup : il faut voir dans quel cadre on se situe. C’est clair que le Verdon sans spits, euh… Pareil aux Rochers du Sapey près d’Annecy : sans le passage de Piola, ça me paraitrait difficilement grimpable. A priori, il n’y a aucun moyen de se protéger dans cette dalle calcaire sans défaut en grimpe traditionnelle.
D’un autre côté, je grimpe dans un massif granitique du sud de la France (le Caroux). Le niveau n’est pas très haut (AD et TD surtout), comparé aux Alpes. En revanche, les voies sont historiques, et ce massif est une école pour la haute montagne. Or depuis peu un type fait péter les vieux pitons sur ces voies pour y placer ses spits faits maison. Ca c’est pas normal : dans ce cas précis, les acteurs ce sont les grimpeurs qui se protègent sur coinceurs (ce qui vu le rocher et la difficulté n’a rien d’impossible), et qui éventuellement remplacent un piton posé par Desmaison par un piton récent. Ce type fait ça sans aucune concertation, c’est un consommateur : il prend ce qu’il veut sans se soucier du reste, et nous bousille un terrain de jeu. Car soyons francs, il est plus facile d’équiper des voies déjà parcourues, que d’essayer de les maintenir « propres » pendant plus de cinquante ans…
Alors ce que je dis n’est pas vrai partout : Marco, tu équipes je crois depuis plusieurs hivers des voies pour le dry tooling, et je suis vraiment d’accord avec un article que tu as publié dans Montagnes Magazine. Le dry est en train de se développer, et si l’on devait pratiquer cette activité (spécialement je n’en fais pas) sur coinceurs, on verrait pas mal de débutants arriver aux urgences pour les deux chevilles, voire un piolet dans le thorax. Le besoin existe bel et bien, et j’imagine que du coup la tâche doit être dure pour les équipeurs.
Pour ce qui est donc de la question consommateur / acteur, c clair que la plupart d’entre nous sommes des consommateurs, que pour être vraiment acteur (ouverture, équipement), il faut y consacrer énormément de temps, et que la grimpe occupe une place énorme dans ta vie.
En revanche, la plupart des grimpeurs sont attachés à leurs sites et à sa nature. Une manière d’être acteur consiste, comme le font plein de grimpeurs, à ne pas chier au pied des voies, à brosser les prises quand on a pas mal pofé, à pas laisser des déchets partout, à aller grimper ailleurs lorsque des aigles nichent dans la paroi, etc… Et éventuellement à donner son avis à un équipeur lorqu’on en croise un (et à lui payer un coup à boire en +…).
Enfin, à propos des possibilités « quasi-infinies » du terrain d’av, je suis pas tout à fait d’accord, selon les endroits où tu grimpes. Par exemple à Marseille, les gars du CD 13 ont fait un super boulot d’équipement, mais trop extrême à mon avis : il y a peut-être une proportion de 95 % de voies équipées pour 5 % laissées en terrain d’av ; c’est disproportionné. C’est chouette quand tu grimpes à l’aventure, de ne pas le faire sur une bouse parceque toutes les voies logiques sont déjà équipées : il faut en laisser pour tous les gouts.
Donc pour le dry, si un équipement tout azimut fleurit parceque le but c’est équiper, équiper toujours plus, dans quelques années, on risque peut-être de regretter cette surenchère, tu crois pas ? un parallèle : Ghesquier disait que sur Kalymnos en Grèce, la municipalité passe le matos pour équiper à qui le demande ; il a vu un Suisse faire un peu n’importe quoi à la chaine. Ca va créer des abus…
Voilà, désolé d’avoir été si long !
à + (et si tu passes sur Béziers, le coup à boire, ça tient !!!)