Posté en tant qu’invité par Guilhem Trouillas:
C’est un sujet très intéressant effectivement … Non seulement pour les grimpeurs ardéchois (évidemment!) mais pour tous les grimpeurs soucieux de l’avenir de leur passion.
La question posée (le constat?) par papini soulève plusieurs axes de réflexion, qui vont bien au de là de l’enjeu local. Voilà mon point de vue, celui d’un grimpeur local passionné, qui par ailleurs porte les dossiers sites naturels au sein du comité départemental FFME:
-> Pour ce qui est des clubs tournés vers la résine… je ne crois pas que les clubs ardéchois soient une parfaite illustration de ce qu’on peut ressentir comme un désengagement fédéral de l’escalade en falaise !!!D’autant plus que l’on ne peut pas dire que l’ardèche soit particulièrement pourvue en SAE!!! En revanche, ça pose effectivement la question de la relation de la FFME d’une manière générale à la pratique en sites naturels… vaste sujet!!! Et on comprend facilement qu’il est plus confortable d’avoir à gérer des gymnases plutôt que de composer avec tout un tas de paramètres responsablo- proprio-sécurito-écolo-sportifs que l’on retrouve dès qu’il s’agit de gérer les sites (naturels). Ceci dit, n’opposons pas SAE et SNE, résine et rocher … Il serait juste bon qu’une des deux activités ne recueille pas toute l’attention au détriment de l’autre…
-> En ce qui concerne les styles à la mode… Bon, rappelons tout de même qu’on ne peut pas modifier la géologie et les formes d’érosion/concrétion d’un département.
En revanche, il est légitime de s’étonner de ce que devant le très gros potentiel en falaises au style moderne (gros dévers, colos, …), il n’y ait pas de vraie dynamique d’équipement … Il ne faut pas croire pour autant à un désintérêt généralisé pour l’équipement… Les passionnés sont là… Et les raisons à cette « léthargie » sont multiples … Cela n’explique pas tout évidemment, mais il faut noter tout de même l’omniprésence de mesures de protection environnementale dans les zones à fort potentiel (réserve naturelle des gorges de l’ardèche, espaces naturels sensibles, arrêté de protection de biotope natura 2000, site classé, site UNESCO…) … Il faut remarquer également que la population ardéchoise est, somme toute, très faible… Statistiquement, il y a donc moins de grimpeurs et a fortiori moins de grimpeurs impliqués dans l’ouverture de nouveaux itinéraires … S’ajoute à cela un trop faible engagement associatif des grimpeurs locaux qui de ce fait, ont du mal, via le comité, à faire entendre leur voix !
->Pour ce qui est de l’équipement vieillissant… Le constat est accablant, c’est vrai. Nous oeuvrons à ce que les équipements vétustes soient remplacés au plus vite… mais le boulot est énorme!
->équipeurs ne respectant pas les interdictions… là encore, c’est pas aussi simple que ça. LES équipeurs… ça fait pas grand monde comme précisé plus haut … et ne respectant pas les interdictions: ces dernières années, je ne vois pas objectivement beaucoup d’exemples… En revanche, certains souhaiteraient bien faire croire que les dérapages sont très fréquents et que l’équipement sauvage bat son plein… C’est étonnant (vu le potentiel en falaises dans les zones protégées) mais c’est faux. Depuis, 2005, à ma connaissance, aucun équipement réalisé (dans le sud ardèche du moins) ne s’est fait à l’encontre de dispositif réglementaire. Les rares cafouillages (certes très malvenus et regrettables) concernaient des « procédures » non respectées mais n’ont à aucun moment bafouer les principes fondamentaux ni d’engagements contractuels (convention) ni de dispositions réglementaires (Réserve naturelle, Arrêté de protection de biotope)… Le reste n’est que « rumeur » !
On peut en revanche très légitimement se poser la question de la pertinence de l’équipement de certains sites / voies… A mon sens, dans un contexte plus serein et moins « oppressant », beaucoup de conneries (en termes d’intérêt pour l’activité comme sur le plan écologique au sens large) n’auraient pas été faites!
FFME à court de moyen. C’est juste. Comme nombre d’assoc’ sur le plan financier, la période est difficile. En revanche, beaucoup de chose irait mieux si l’engagement associatif des pratiquants était plus important… ca permettrait peut être de faire un jour en sorte que la FFME soit représentative de ces pratiquants et fasse montre d’un peu plus d’affirmation dans la défense de ses intérêts face à ses interlocuteurs institutionnels ! Le comité FFME, à mon sens, n’a pas tant besoin de pognon que de forces vives!
équipeurs « fous »: Qui? Les motivations et les fonctionnements sont très différents selon de qui nous parlons… Passons outre les personnalités, les caractères et les postures, le comportement (passé et actuel) des équipeurs « fous » est aussi le fruit d’un contexte complexe dont les responsabilités sont diverses, variées et donc partagées. Il ne s’agit donc pas d’accabler (pas plus de remercier d’ailleurs) les personnes en question. En revanche, j’entends sans problème que l’on dénonce une « situation étonnante ».
Pour l’Ardèche, une amorce de solution: que les posteurs anonymes de C2C prennent part (de manière non anonyme!
) aux réflexions et aux actions de ceux qui mettent de l’énergie à faire avancer la situation… mon adresse mail est visible en haut de ce post, n’hésitez pas à me contacter. Toutes celles et ceux qui se sentent concernés par ces sujets sont les bienvenus dans les débats autour de l’avenir de l’escalade en falaise en Ardèche.
Pour l’escalade en général en France (et ailleurs), une amorce de solution encore: la prise de conscience et la réaction en conséquence des pratiquants vis à vis d’une situation complexe, délicate et « précaire », qui nous place à plus ou moins court terme face à ces interrogations:
-> Quid de « l’usure » des sites ?
-> Quid de la finitude des possibilités d’escalade: quel équilibre entre liberté individuelle (essence de l’escalade!?) et organisation collective et concertée … quel patrimoine et quelles perspectives laissés aux générations futures … développement ou "gestion dynamique " d’un patrimoine nécessairement évolutif ?
-> Quid d’un équilibre écologico-socio-sportif? (je ne crois vraiment pas que ce soit la question la plus complexe!)
-> Quid des questions de responsabilité, du droit de propriété appliqué aux activités de plein air (et ça ne concerne pas que l’escalade évidemment!!!)
-> Quid du statut d’un ESI (espace, site ou itinéraire en langage administratif) et de la question juridique des activités de plein air : gymnase? Espace de liberté? à quand une vraie loi APPN qui protège l’accès aux sites et l’existence même de nos activités?
Qu’en pensez vous?