Posté en tant qu’invité par Alfred Malaise:
Faites tous comme bon vous semble, mais tenez-compte du fait que si, avec un noeud autobloquant, vous pouvez le placer au-dessus ou en dessous du descendeur sans que l’on puisse vraiment vous reprocher quoi que ce soit, il n’en va pas de même pour le shunt.
En effet, pour le shunt, comme je l’ai dis plus haut, le fabricant stipule clairement que le shunt doit se placer en dessous. En cas d’accident avec le shunt au-dessus, il déclinera toute responsabilité de plein droit, puisque l’appareil n’aura pas été utilisé selon ses directives.
J’utilise le shunt depuis 30 ans, exclusivement en spéléo, pour les ouvertures de voies et le nettoyage des rochers. Jamais pour l’escalade ou l’alpinisme, car il est superflu et plus dangereux qu’une cordelette avec noeud autobloquant.
Les directives d’utilisation de Petzl ne sont pas arbitraires. Il faut bien être conscient des limitations du shunt, que Petzl décrit en partie (de manière assez sommaire, mais bon…) dans les tableaux de la notice d’utilisation:
1 - Le shunt ne supporte pas de fortes charges (glissement statique à partir de 5 kN sur une corde à double de 9 mm, et de 2,5 kN sur une corde à simple de 10 mm).
2 - Sur des cordes à double, le shunt est dangereux avec tous les diamètres de corde lors d’une sollicitation dynamique (voir tableau de la notice: glissement illimité). De mon expérience, cela est du à un phénomène de déséquilibre entre l’épaisseur instantanée des brins qui se déforment en onde lors d’un choc. Un brin est, instantanément, plus épais que l’autre, qui du coup glisse, et puis le phénomène s’inverse, sans limite.
Pour ces raisons, Petzl décrit l’utilisation normale, par des mots ou des dessins, de la façon suivante:
1 - Pour des rappels, shunt en dessous (je répète: en bas). Hormis les avantages avancés par certains CtC-eurs, cette disposition limite la charge statique et la charge dynamique sur le shunt. De plus, le shunt agissant sur un faible tronçon de corde tendue entre le descendeur et lui-même (20/30 cm), l’onde de déformation est insuffisante pour déformer les brins asymétriquement. Le shunt bloquera donc dans tous les cas de figure, ce qui n’est absolument pas le cas avec le positionnement au-dessus. Il ne s’agit donc pas de considérations de préférence personnelle, mais de considérations de physique et de sécurité. Je dois toutefois avouer que, si j’utilise le shunt en-dessous en rocher, je l’utilise au-dessus en spéléo. Pourquoi? parce que corde simple boueuse et épaisse (10,5 mm), donc les considérations de résistance évoquées ci-dessus sont moins pertinentes. Par ailleurs, quand j’ai transposé mes techniques spéléo pour l’équipement des rochers (avec cordes spéléo neuves et propres), j’ai vite expérimenté les dangers du shunt au-dessus. D’autres problèmes du même genre aussi avec le descendeur « stop » de Petzl, qui ne stoppe pas sur des cordes propres et neuves, et qui rubanne la corde.
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Pour les ascensions sur corde, pas d’assurage sur le shunt. Pourquoi? Tout simplement parce que l’utilisation du shunt comme assurage présente de nombreux risques (prise réflexe, déblocage par contact sur rocher ou corps, …), et c’est pour cela que Petzl recommande l’usage du Basic ou du Croll pour l’autoassurage à l’ascension. Dans ce cas, si l’on dispose uniquement d’un Basic, on peut envisager de mettre la pédale d’ascension dans un shunt, placé au-dessus du Basic, car ainsi le shunt ne supporte pas de charge dynamique et ne participe pas à l’assurage.
J’espère avoir été clair et avoir contribuer à éviter des accidents à certains. Le shunt est un des « gadgets » les plus potentiellement dangereux et il est parfaitement inutile en escalade ou en montagne. Il y a de bien meilleurs instruments pour le remplacer, et une paire de cordelettes pour noeud autoloquant coute moins, est moins lourde et est plus sûre et solide. Le shunt est à l’origine un instrument de spéléo (corde pleines de boue, qui usent et bloquent les cordelettes), il devrait rester confiné à cette utilisation.