Alors que les topos C2C viennent d’être créés, les nouvelles voies sont déjà bien fréquentées, les sorties associées parlent de plusieurs cordées dans chaque voie en gros.
Une surfréquentation est à prévoir. L’accès est extrêmement facile, et moins cher que l’aiguille. Pour de l’initiation c’est un terrain de jeu idéal, il en va de même pour les journées un peu pourries où on veut sortir mais qu’on ne sait pas trop que faire. Ça a pas mal de conséquences :
- Beaucoup de passages en crampons n’a quand même pas le même impact que beaucoup de passages avec des chaussons. Là où la patine s’installe après beaucoup de passages, il en faut moins pour ruiner le rocher (en attestent les itinéraires classiques).
- Des gens vont s’égarer, c’est inévitable. Certains vont se retrouver dans les voies d’été, ou autre part. Je trouve que c’est le problème principal. Et ça va se mêler au point suivant :
- Des gens feront ces itinéraires par tout temps. Y compris quand c’est trop sec. Ça sera même plus plaisant pour ceux qui ont un meilleur niveau. Donc des zones de rocher initialement non affectées, le deviendront.
Les rayures de quelques passages sont esthétiques, les rayures de beaucoup de passages sont d’un autre niveau. Et par ailleurs, n’allons-nous pas en montagne pour sa beauté, entre autres ? De mon côté, j’aime énormément le mixte au sens large, mais les rayures me dérangent (paradoxal n’est-ce pas ?)
L’argument de faire ce qu’on veut en montagne, qui est un espace de liberté, est une évidence, on est là pour ça. Dans le respect des différentes activités, de la montagne et des autres pratiquants. Jusque là Robin coche toutes les cases. Presque. L’impact direct sur la montagne est très limité, l’impact indirect est très important, comme expliqué plus haut. Ce détail a toute son importance.
Je pense que c’est en substance ce que Michel aurait pu dire dans ses messages, avec une bonne part de non dit qui lui semble évident. Et il a sa manière de présenter les choses qui lui est propre.
Vous avez beaucoup parlé d’histoire, de grands noms, mais nous vivons dans une période radicalement différente. De part le volume de pratiquants (c’est le point principal), le matériel différent, et un niveau également très différent. Ce n’est pas très pertinent de se mettre à leur place, et je suis certain qu’au regard de la situation actuelle, s’ils étaient ici maintenant, ils auraient un avis différent de celui qu’ils avaient à l’époque.
Certains habitués du forum, non ou peu connaisseurs du domaine, ne peuvent pas s’empêcher de commenter, comme ils le font sur tout sujet, et je trouve cela très dommage. Le sujet est globalement sérieux, et cela apporte des remarques parasites clairement non pertinentes, qui brouillent le sujet plus qu’ils n’apportent de remarques constructives et intéressantes.
Un dernier point sur les nuances entre le dry, le mixte, et les règles tacites.
En dry sportif, il est admis qu’une falaise qui peut se grimper à mains nues ne doit pas voir de piolets. Jamais. Ce qui implique que les falaises sont en général des coins de rocher pourri, comme mentionné plus haut dans le fil. Certaines exceptions sont juste non grimpables à main nues (déversant et pas de prises ou autre raison).
En montagne, la logique reste finalement assez similaire, en moins radical. Pas mal d’exemples ont été données au fil du sujet. Ce que je retiens quand même, c’est qu’en dehors des zones qu’on pourra qualifier de sportives ou historiques, chacun fait bien ce qu’il veut, et que les règles tacites sont quand même moins ancrées.
Je resterai sur cette remarque sans conclusion, à l’image de ce débat qui n’a de toute manière pas de réponse claire et unanime.
Quand même : merci Robin pour tous ces topos, pour l’investissement et la passion que tu mets dans ta pratique. Également pour les arguments que tu as exposé, qui sont pertinents et intelligents (même si je ne les trouve pas tous valables). Cette petite altercation avec Michel n’est finalement qu’une goutte d’eau dans vos pratiques respectives. Et merci Michel pour tous les itinéraires majeurs que tu as ouvert, les termes sont finalement les mêmes, merci pour l’investissement et la passion que tu mets dans ta pratique. Vous avez des pratiques très différentes tout en vous côtoyant, et c’est dommage d’en arriver là.