Le dry dans des voies rocheuses existantes est un scandale

Le DRY dans des voies rocheuses existantes est un scandale et dégrade le rocher

Nouvelle voie d’escalade mixte référencée sur C2C, « Basile le crocodile » à l’Index => commentaire de R.Bonnet, l’ouvreur :
`« La première partie dans la fissure de « mani puliti », qui avale les lames de piolet comme une gloutonne :yum: »

Grimper en crampons-piolets dans des voies de rocher existantes, déjà sujettes à un risque de patine par leurs nombreux parcours, est une hérésie absolue !

C’est un manque de culture alpine.
Car on pratique le mixte en hte montagne ou dans de nouvelles voies indépendantes, pas dans de belles « classiques » rocheuses…
Je peux proposer aux ouvreurs au moins 1500 lignes à ouvrir dans les Aig Rouges, sur de belles mottes gelées (il faudra juste marcher un peu plus que les 8 minutes pour aller au pied de l’Index).

Ainsi, je m’oppose FERMEMENT à la PRATIQUE DU DRY dans mes voies, et je dis aussi que (exemple du même guide), parcourir l’arête E « classique » de l’Index en crampons-piolet est tout autant dommageable et honteux (patine « agressive » ajoutée, griffures sur le rocher).

Ces parcours abîment immensément le rocher - notre bien commun - pour le seul plaisir de quelques cordées, au détriment de la liberté de chacun à bénéficier du rocher le moins dégradé possible.

Quelle tristesse.

[Edit modération : titre raccourci pour tenir sur une seule ligne]

24 Likes

Tout-à-fait d’accord. Ça me fait plaisir de lire ça, jusqu’ici je me sentais comme un vieux schnock isolé à penser pareil, à 100 %.

4 Likes

Ça me surprend de @Rob.Bonnet.guide ?

100% d’accord avec toi Michel!

En quoi le rocher griffé par les crampons est pire que la patine de la surfréquentation ? (Ça pourrait même avoir un effet bénéfique sur la patine).
Je demande, je ne juge pas ni ne prends parti.

3 Likes

Bonjour Michel,
Je me permet de copier et coller nos échanges sur Facebook, qui ont une présentation moins sujette à l’incompréhension (j’oserai même parler de malhonnêteté dans la façon dont tu isoles une seule phrase de mon texte !!)

En premier lieu mon post dont est tiré ton court extrait :

Ouverture de « Basile le crocodile » - aiguille de la Gliere

Autant le dire tout de suite, la voie a failli s’appeler « La croizade de Jeannot », tellement il a fallu que Jean se dépasse durant cette journée de découverte du mixte 🤭 Un traquenard en règle savamment organisé par la météo et les conditions de neige, car j’avais prévu pour lui l’exploration d’un itinéraire très facile, pour une première expérience en douceur. Heureusement que ça a foiré, vu comme il a réussi à progresser et le plaisir qu’on en a tiré tous les deux 🤩😱

Nous étions à peine partis du télésiège de l’index depuis 2 minutes qu’avec le jour Blanc je suis allé mettre le pied en haut d’une congère, déclenchant une belle plaque friable formée le matin sous le vent de foehn ! Première alerte sans conséquence vu le terrain plat, mais très utile pour revoir les plans du jour 😉

Nous avons donc bifurqué sur le secteur de « mixte académie », et sa descente possible sans risques et en rappels.

Deux collègues et leurs clients ayant déjà prévu de s’engager dans cette voie, il a donc bien fallu se tourner vers le dernier projet qui me restait, une voie sur le beau pilier de gauche, plus raide et plus rocheux 🤭😂

La première longueur emprunte un peu de mixte facile, puis il faut franchir un ressaut raide et une étroite « cheminée » (trop étroite pour monter dedans) : une escalade grisante mais assez impressionnante à ouvrir, ne sachant pas s’il serait possible de protéger… Les négociations furent longues : dégager les fissures et prises de pieds sous la neige en grimpant, nettoyer les blocs fragiles, trouver de bons points de protection, poser deux pitons avant le passage le plus dur, puis construire un bon relai. Mais le forcené a obtenu gain de cause 😂

En l’état cette longueur est un régal, et peu exposée !

Pour Jeannot, ce fut une découverte accélérée des techniques mixtes 🤗 Nous avons pris le temps, la corde était bien tendue, et à part une méchante onglée tout s’est super bien passé !

La seconde longueur reste dans le même thème, mais moins soutenue avec une section centrale plus roulante. On côtoie la voie d’escalade « Mani puliti » sur les derniers mètres.

La dernière longueur est magnifique, sur un rocher taillé pour le mixte !! 😍

La première partie dans la fissure de « mani puliti », qui avale les lames de piolet comme une gloutonne 😋 Puis on continue dans l’axe en direction d’un surplomb fissuré, pour une section raide et plus technique, les pieds sur des aplats et des ancrages plus durs à trouver… Deux goujons d’une voie d’été (laquelle??) permettent de grimper serein !

Il faut par contre prévoir éventuellement un peu de patience pour déterrer le relai que j’ai posé sur deux pitons dans la pente de neige 😂

La suite est beaucoup plus facile, par une courte arête de neige puis la sortie rejoint les deux autres voies. Nous nous sommes arrêtés là, l’heure tournant et les deux longueurs du bas étaient déjà un beau challenge pour Jean !

La descente fût encore un moment d’apprentissage, avec son tout premier rappel 👌

Au final, cette voie est la plus difficile de la face (mais pas trop expo, même si elle demande une bonne expérience notamment pour les relais) et la plus belle, à dominante rocher.

Elle s’appelle « Basile le crocodile » en clin d’œil à la petite bouille qui nous a rejoint en Avril dernier. Comme lui elle est très chouette et intense 😜😍

⚠️Si vous la parcourez, merci pour vos retours sur la voie et les cotations, histoire que le partage aille dans les deux sens 🙂

Le top étant Camptocamp.org histoire que vos retours soient pérennes et profitent à tous ! 😎⚠️

Topo de la voie sur mon site

Ensuite ton premier message

Faire du dry dans des voies existantes, que ce soit Mani pulite ou l’arête E de l’Index est un manque de respect total pour l’escalade d’été. Détérioration évidente du rocher, patine accélérée => jamais dans les classiques, plus jamais dans « mes » voies. Merci.

Ma réponse :
> bonjour Michel,
**> **
> Ton message laisse peu de place à la discussion, mais malgré le côté propriétaire terrien qui en ressort, je me permet une réponse 😉
**> **
> Parlons déjà de l’arête SE de l’index pour laquelle ta position est vraiment étonnante venant d’un guide de haute montagne, donc alpiniste. La pratique de l’alpinisme s’est toujours accommodée de parcours en hivernal, les plus techniques étant revendiqués comme des moments marquants, les autres comme la norme 😉 Que tu vendes un topo d’escalade contenant une voie d’alpinisme de 1913 n’en fait pas « une voie d’escalade d’été ».
**> **
> On retrouve cette pratique sur de nombreuses arêtes de ce niveau en moyenne montagne, je n’ai pas inventé l’eau chaude : Perrons de vallorcine, arêtes du Gerbier, pour ne citer que deux classiques ultra fréquentées…
**> **
> La « détérioration évidente du rocher » dont tu parles, sur ce gneiss, c’est quoi ? Quelques rayures de crampons ? La belle affaire, on en trouve partout en montagne…
**> **
> Quand à la patine de l’arête SE de l’index, elle est depuis longtemps présente et provient des parcours estivaux.
**> **
> On peut également s’intéresser un minimum à ce que font nos voisins, dont les anglo-saxons sur un terrain qui ressemble beaucoup : les voies du Ben Nevis, entre autres, se parcourent été comme hiver sans que ça ne gêne personne. Beaucoup de voies possèdent même pour ce que j’en sais deux noms, deux cotations, selon qu’on les parcourt en été ou en hiver.
**> **
> Pour finir sur le cas de Mani pulite (et ses voisines), j’espère que tu as pris le temps de lire les topo : les voies que j’ai ouvertes ne sont pas des parcours hivernaux des itinéraires d’escalade. Ce sont des voies à part entière, qui utilisent les relais lorsque c’est possible. Seule la dernière, « Basile le crocodile » utilise deux portions de 5-10m chacune des voies d’été, pour proposer un parcours de mixte merveilleux. Le reste du temps j’ai tout fait pour rester à l’écart, par exemple dans L2 en plaçant un piton dans du beau mixte pour diriger les grimpeurs à gauche de tes goujons. De quel droit serais tu propriétaire de ces bouts de parois fissurées ?
**> **
> Le passage en mixte n’abimera pas les fissures, il laissera sûrement quelques rayures de crampons, sans aucune incidence sur l’escalade. Je n’ai pas ajouté de matériel qui engendrerait de la confusion.

Second message de ta part :

Même 10 m dans une classique rocheuse en crampons n’est pas admissible. Je te propose au moins 1500 lignes à ouvrir dans les Aig Rouges sans passer par une portion de voie rocheuse équipée. Le rocher n’est pas à moi, pas à toi, mais à nous tous, et c’est montrer bien peu de respect (et de culture alpine) que de « rayer » comme tu le dis des bouts de voies de rocher en les grimpant en crampons. Marche 1 heure et va te faire plaisir dans des mottes gelées hors voies existantes. Surtout, ne fais pas la promotion d’une pratique de ce genre, extrêmement agressive de fait pour le caillou, anti-éthique, dans des voies d’été de qualité (pour combien de temps…): l’Index va donc devenir une école de dry: quelle cata ! Le fait que tu sois guide est encore plus impardonnable dans ce non-respect.

Et ma réponse de nouveau :
> Michel, si tu souhaites avoir une conversation respectueuse, il va falloir que tu acceptes qu’elle aille dans les deux sens. Sinon c’est une position de maître de conférence pédant sans intérêt !
**> **
> Tu parles de culture alpine, c’est très bien, c’est un terrain que j’adore !
**> **
> - peux tu répondre sur les us et coutumes en matière d’alpinisme, et le fait que depuis belles lurettes les itinéraires d’alpinisme, y compris rocheux, se parcourent en hivernal ?
**> **
> C’est le cas pour citer deux itinéraires emblématiques du massif des voies Lesueur et Alain en face N des drus, aujourd’hui devenus des standards d’escalade mixte. On parle d’un tout autre niveau en terme de patrimoine alpin que les voies de l’index, et ça ne pose aucun soucis à personne que la fissure Alain soit rayée par les crampons 😉
**> **
> - ne connais tu les pratiques dans d’autres massifs ou pays ? Où est ce que tu considères les anglais et les écossais comme des barbares lorsqu’ils font co-exister le mixte et l’escalade dans les mêmes itinéraires ? (On ne parle pas de portions de 10m ici !!)
**> **
> Pour ma part cette notion de co-existence me parle beaucoup, j’aime grimper sur le rocher, j’aime l’alpinisme hivernal. Ça me gène profondément lorsqu’on modifie un terrain de jeu au détriment d’une pratique, par exemple équipement sauvage d’une voie, taille de prise,… Mais qu’en montagne le rocher soit rayé (impact visuel) par l’alpinisme hivernal ne me fait ni chaud ni froid ! On ne parle pas ici de casser à coup de piolets les prises d’un rocher fragile 😉
**> **
> Les deux pratiques ont droit d’exister et font sens, et je ne vois pas bien dans ce contexte qui aurait le droit d’imposer la sienne ?

Comme d’habitude, tu t’ériges en grand maitre et propriétaire des lieux, avec l’argumentation d’un buldozer.
Consternant.

Avec ceux qui savent le faire, je serai heureux de discuter !

16 Likes

Je sais pas si c’est bien ou pas de faire de dry
Je sais pas si c’est bien ou pas de mettre des spits dans le rocher.
Mais ça

ça m’interroge.
MES voies, MON rocher ?

10 Likes

Robin, tu mélanges volontairement grand alpinisme et escalade rocheuse classique.

Il ne s’agit pas ici d’aller coincer des piochons dans les fissures de No siesta (ou du Ben Nevis comme tu le présente), mais de voies d’escalade d’été appréciées, très parcourues, fragiles.

Sinon, allons gaiement faire du Dry aux Gaillands (qui s’y prêterait fort bien), dans les fissures du Verdon, les gouttes d’eau des voies des Calanques, le grès des blocs de Bleau…

Il y avait eu jadis des tentatives de dry à Ablon (parfait en hiver, avec des coulures de glace dans les belles moulis) => la communauté s’était vite inquiétée de ce qui a été considéré comme une dangereuse dérive.

Ce que je ne comprend vraiment pas, c’est qu’il y a des millions de possibilités d’ouvrir du dry sans gêner personne ni défigurer le rocher, ni bafouer la « liberté » (oui) des autres à grimper sur du rocher non dégradé.

Par exemple, à Leysin, le dry se pratique dans de nouvelles voies en faces N, pas dans les belles voies rocheuses appréciées des grimpeurs.

1 Like

Tu me reproches de mélanger la face N des Drus avec l’Index de la Gliere, mais tu le compares avec Fontainebleau ou le Verdon ?
Tu n’as pas l’impression de me prendre pour un imbécile ?

Tu compares les itinéraires du Ben Nevis avec de l’alpinisme de haute montagne et de haut niveau ?
Y es tu seulement déjà allé ? Connais tu par exemple Tower Ridge, qui est une ultra classique autant en été qu’en hiver ? Ou NE Buttress ?

Comment oses tu prétendre qu’un passage en mixte de 10m dans une fissure en gneiss solide, de niveau 4, va massacrer le rocher ?
Et surtout comment oses tu te prétendre propriétaire de ce terrain moyenne montagne ?
En passant, celui qui l’a le plus modifié est l’alpiniste qui laisse des traces de crampons sans impact sur le parcours, ou l’équipeur qui nettoie les fissures de toute trace d’herbe ou de terre et plante des spits ?

Je m’arrête là avec toi, la discussion étant impossible, tu martèle sans écouter.

10 Likes

Perso, je trouve ça bien quand le mis en cause peut répondre …
Surtout s’il garde son calme et argumente !
Au final, j’ai changé d’avis … alors que je considère le dry pour le dry comme une hérésie …

4 Likes

à moi ça me fait chaud au coeur, quand je suis paumé et que ces petites rayures m’aident à trouver mon chemin… :slight_smile:

11 Likes

Et bien moi je trouve ça moche. C’est comme des graffiti dans un refuge.
Déjà qu’on a plein d’impact sur l’environnement en montagne même quand on veut le réduire au minimum (indépendamment de l’aspect écologique, déjà juste l’aspect visuel, auditif, olfactif).
Mais en rayant le rocher avec ses crampons, on laisse une trace visible pendant des années voire décennies uniquement après 1 passage.
Une sente ou la patine sur une prise se voit après des dizaines de passages, pas 1 passage (ou rarement).
Surtout que pour rayer le rocher, c’est qu’on grimpe mal. Ca donne une idée du style de grimpe de l’alpiniste. Comme en escalade en couenne, où la patine provient principalement de ceux qui zippent sur le rocher en grimpant trop au-dessus de leur niveau en moulinette (leur permettant de retenter 15 fois le passage, pour le patiner 15 fois plus vite).

Au lieu d’inciter à rayer les prises, vous feriez mieux de brosser les lichen dans les voies qui en ont besoin. Pas tout le lichen, juste les chips, sur une bande de 2-3m de large, avec un dégradé de chaque côté pour que ça se voit moins. Car l’épaisseur et densité des chips varie naturellement selon les coulures quand il pleut ou quand les névés fondent, avec des dégradés. Reproduire ce genre de dessin ne se voit pas trop.

4 Likes

Il n’a pas dit non plus qu’après leur passage le rocher était « tout rayé ». Juste que s’il y a des rayures on ne va pas en faire un drame.

Et pour les grimpeurs qui zippent et patinent les voies parce qu’ils grimpent en moulinette « trop au dessus de leur niveau » : difficilement évitable dans les petites écoles d’escalade d’initiation, et pas un sujet dans le type de voies dont on parle là, si ?

3 Likes

Pas encore, c’était l’ouverture.
Mais il a ouvert cette voie parce qu’il y avait déjà une cordée dans une autre voie qu’il a lui-même ouvert à peine 12 jours auparavant.
Les rochers tout griffés que je vois sur certaines arêtes sont du à des rares cordées qui passent en hiver, du genre 10 par an. Mais au bout de 30 ans ça fait 300x2 passages, et les griffures s’accumulent, elles ne s’effacent pas.

[modéré] suite à une précédente modération.

Tu peux aller faire la voie, et ce qui te sautera aux yeux ce n’est pas mon passage en crampons. C’est la fissure aux bords blanc brillants et sans le moindre mg de terre, résultat du travail de nettoyage de forçat de Michel :wink:
Si on parle de traces de passage, entre mes voies avec quelques pitons lorsque ça s’impose, et les blocs posés nettoyés… Et ça… Pas photo :wink:
On peut parler aussi du sika pour renforcer les prises, des tiges de métal dans les écailles pour les solidifier, et autres astuces dont Michel fait sa fierté

Pour autant ça ne me choque pas outre mesure que Michel nettoie ses voies, c’est agréable à escalader en été.
Il ne faut simplement pas prétendre laisser le terrain non impacté.

Édit : si tu veux aussi parler des nettoyages de lichen qui passent inaperçus, vient voir les voies de barberine (fantôme de l’opéra) et leurs coulées blanches visibles à des km.

10 Likes

Ouais enfin… Le dry tooling n’est pas un exemple de vertu non plus. L’admettre fait avancer les choses, plutôt que de vouloir dénoncer des pratiques encore moins vertueuses afin de se dédouaner.

2 Likes

Es tu allé voir la voie en question ? On est très loin du dry tooling :wink:

2 Likes

Le rocher griffé par les crampons ne me choque pas non plus, c’est juste que je trouve ça moche, tout comme les passages sur-patinés, le sika, les tiges, les gazex, etc.

1 Like

Je ne connais pas la voie dont vous parlez. C’est du libre en été ? Peut-être aurait-il fallu être discret ? Et ne pas publier cette sortie ? Tu étais conscient que ça pouvait choquer certains (puristes peut-être) de pratiquer du dry sur une voie d’escalade en libre ?

Il y a toutes les infos dans mon premier post, dont le topo de la nouvelle voie de 170m qui croise des voies d’été sur 10 puis 5m. On ne parle pas d’un parcours hivernal d’une voie d’escalade… C’est un itinéraire de mixte qui n’aura pas d’intérêt en été.

1 Like