Le dry dans des voies rocheuses existantes est un scandale

Gros avantage de la craie, la question de la patine ne se pose pas trop (ni celle de l’équipement « éternel ») : à la vitesse où les falaises reculent, les voies ne durent pas.

C’est peut-être aussi une bonne illustration de ce qui attend toute voie et tout équipement à terme ?

C’est quelle voie , stp ?

Je découvre tardivement cette discussion que j’ai parcourue en diagonale et je me suis retrouvé avec une certaine délectation dans les débats qui ont animé les années 80’. Il n’y avait ni les forums spécialisés, ni les réseaux sociaux, mais à côté de la violence inouïe des actions (dépitonnages, vols de matériel dans et aux pieds des voies, insultes sur les livres d’or des refuges ou des bistrots, voitures couvertes de merde (dans le meilleur des cas !) et coups de poings bien réels sur les parkings…), je trouve ici un débat bien soft, plein de déférence, même si on retrouve peu ou prou les mêmes arguments, les mêmes justifications qui se veulent éthiques, voire philosophiques : « ma falaise », « mon rocher », « ma voie », « mon métier », « ma vérité », « l’avenir ou l’évolution d’une pratique », etc. D’autant plus que les protagonistes de l’époque étaient tous ou presque des figures connues et reconnues, voire des pointures absolues du microcosme.
Bilan 40 ans plus tard ? Pour ceux qui s’en souviennent, on en rigole. Mais dans 40 ans, nos enfants et petits enfants rigoleront moins de ce que les générations précédentes leur auront laissé, nonobstant un dérèglement climatique dont on n’est pas en mesure d’anticiper l’impact eu égard à nos pratiques montagnesques. Ils auront à se préoccuper d’autre chose que d’une rayure de crabe sur un rocher dans un coin de la planète devenu probablement sans intérêt.

24 Likes

Bah ! Tant que tu valides en yo-yo c’est bon :man_shrugging:, faut être ouvert.

11 messages ont été scindés en un nouveau sujet : (Digression) le dry ou mixte dans les voies rocheuses

On arrive en 2064. Ça sera un festival d’éboulements en haute montagne, pas sûr que ça plaise tant que ça. Et les compétences glaciéristes actuelles auront peut-être disparu en Europe, une discipline qui sera réservée à une « élite » globe-trotter qui pourra s’autoriser et se permettre de voyager pour taper du glaçon.

Dry historique à Bleau - à La Prestat (3+) au Bas Cuvier.

  • un peu d’histoire suite - Anonymous (31-12-2009 18:00)
    Armand Charlet ne l’a réalisé qu’avec un coincement de piolet ! Un visionnaire le gars, il faisait du dry tooling avant l’heure… Mais bon, cela ne l’empechera pas de qualifier nos cailloux « tout juste bon à récurer les casseroles ! » Ah ces guides, dès qu’ils sortent des sentiers battus, il faut toujours qu’ils fassent les malins.
    Allez, c’est l’heure de partir réveillonner.

  • Re suite - Anonymous (02-01-2010 20:12)
    L’histoire a retenu les mots de charlet mais pas le contexte. De la part d’un guide descendu des Alpes et venu se confronter aux Parisiens sur leur propre terrain, cela dénote une certaine ouverture d’esprit… après, il lui fallait bien entretenir sa légende de grand guide alpin aux avis définitifs.
    Bonne année à tous.

  • Pas bleausard mais bloqueurs - Anonymous (05-01-2010 16:05)
    Oui certes mais Armand a, comme beaucoup dans la région, débuté lui aussi sur les cailloux ! ce fut même, si l’on en croit ses mémoires un excellent grimpeur de blocs ! D’autre part, et c’est de l’humour, les PA et autres alpinistes parisiens et bleausards ont eux-aussi fait montre d’une très grande ouverture d’esprit allant allant se frotter à de très nombreuses premières alpines…

  • Sacrée jolie histoire du bloc. - Gugusse (05-01-2010 19:12)
    Aujourd’hui il semble, à tord, "risible’ de raconter que Armant Charlet a réussit la Prestat en coinçant un piolet. Mais c’est oublier qu’a cette époque grimper en tête de cordée en montagne, équivalait à grimper en solo, et que le coincement de piolet dans les fissures était de la technique de progression dans les passages très difficiles : technique délicate pour laquelle, montrer son savoir faire était de bon ton. Il faut aussi voir que l’on parle d’une époque où peu de guides étaient rochassiers car en cela les amateurs étaient précurseurs. Et c’est aussi parce que Armant abordait le rocher alors que la majorité des guides de son époque ni touchaient pas, qu’il est devenu un « géant de l’alpinisme ». Alors respect SVP. Et puis Armant a raison à travers son trait d?humour : nos cailloux ne sont rien d’autres que des cailloux pour la majorité des personnes, car il n’y a que nous pour penser qu’ils valent plus que de la matière à faire des pavés.

(extrait de Bleau.info)

3 Likes

Les allusions au Verdon ne sont pas forcément si débiles que ça. Je ne crois plus l’avoir mais je me souviens d’un numéro de la revue du Caf de Marseille où on voyait deux grimpeurs en piolet crampons en face ouest (drapée de glace) du Rocher de Saint-Michel d’eau douce dans les Calanques. D’autre part les hivernales à la Sainte-Baume sans être habituelles existent bel et bien … Dans les deux cas il s’agit d’hivernales au sens alpin habituel, ce que je distingue du dry proprement dit qui pour moi, si on s’en tient au sens strict du mot, se déroule sur une paroi sèche.
Concernant le Luberon, quand je travaillais à Apt (début des années 80) il y a bien eu des grimpeurs en piolet crampons sur les ocres de Roussillon Rustrel. Je crois même qu’il y a eu dessus des école de « glace ». J’ y avais d’ailleurs moi aussi pensé mais je me suis abstenu en me disant que ça irait vite pour tout foutre en l’air. Mais on peut se demander ce qu’il se serait passé si les sites n’étaient pas maintenant classés… Et j’en connais aussi qui s’entraînaient au piolet traction sur des arbres. Ben ouais.
(Et concernant les falaises de craie, ça s’est fait en Angleterre mais aussi en France).

1 Like

Concernant les ocres ça ne m’étonne pas que ça se soit fait. C’est tentant forcément. Mais c’est tellement fragile et tellement beau en l’état que oui heureusement que ça ne se fait plus (ou presque on sait jamais)
C’est un peu comme le ski sur éboulis. Ça a l’air rigolo comme ça. Mais en fait un éboulis c’est fragile.

il y a quand même pas mal de fréquentation dans le coin, malgré les chaleurs en face S : Camptocamp.org

Oui grâce à son orientation le secteur résiste finalement très bien à ce printemps chaud :wink: Le soleil ne donne qu’un peu le matin, hier nous avons encore trouvé une belle ligne de neige et glace à droite, et dans mixte académie (qui est la grosse classique) c’est bon également.

1 Like

Mike Fowler est un des précurseur du “dry”moderne dans les années 80 !
L avait pas le choix : Douvre a côté de chez lui ou Ben Devis à 2000 bornes pour taper du mixte. Fallait être motivé !

Bien que tout le soutien apporté à Robin dans cette conversation reflète de belles valeurs, je ne comprends pas que ce qui est dénoncé par Michel Piola soit aussi incompris. Le faire passer pour une Tatie Danielle agressive qui tire a vue me fait bondir.

Son message est simple. Les coups de crampons dans les voies d’escalade sont un saccage. Ce n’est pas dur à comprendre, et l’idée n’est pas nouvelle ni de lui : c’est admis et clair depuis longtemps dans les pratiques collectives. En plein d’endroits, cela se fait sans problèmes et chacun grimpe sur son terrain de jeu sans abimer celui des autres. Aux exemples suscités, j’ajouterai Eptingen où de splendides voies en rocher se trouvent non loin de falaises de dry, avec chacune leur public respectif.


Il ne s’approprie pas la voie et son terrain, c’est une fois de plus les convenances montagnardes. L’éthique veut de respecter les ouvertures en les laissant telles quelles et en se tenant à distance. Il est depuis toujours mal vu d’ouvrir de nouvelles lignes près des anciennes, quand bien même et surtout lorsque les pratiques différent (le Verdon, pour ne citer que lui, nous a offert son lot de polémiques, parfois encore toutes récentes, sur le sujet). Ce n’est pas un caprice d’ouvreur, mais un garde fou pour éviter que tout le monde ouvre de façon frénétique et que tout se noie dans un bordel indéchiffrable.

L’auteur de cette polémique est un immense défenseur des pratiques et des pratiquants. Quelque soient les sujets qu’il ait pu dénoncer par le passé, le bien collectif fut toujours son fer de lance. C’est pour vous qu’il se révolte ! Vous devriez toujours sérieusement vous interroger a chacun de ses coups de gueule.


Robin, si tu lis ces quelques lignes, Piola est une sentinelle, et a l’époque de la surfréquentation, des pratiques autodidactes, et de la perte des valeurs au nom de l’individualisme, son oeil, intransigeant, guette les moindres dérives. Merci a lui de veiller sur nos pratiques car peu le font. Je sais que tu as l’intelligence de comprendre que cette attaque ne te vise pas personnellement mais les dérives qu’implique un topo de mixte qui parcourt une voie d’escalade rocheuse. Si on veut préserver, c’est une évidence qu’un topo qui décrit cette ligne soulève des problématiques de pérennité.

Je sais que tu as aussi l’intelligence de comprendre que les coups de gueule se font en tapant du poing sur la table, et qu’il est obligé de le faire avec la finesse d’un bulldozer s’il souhaite éviter que tout le monde s’en foute royalement. Une fois encore le coup de bulldozer ne vise pas l’être humain mais les risques qui pèsent sur les pratiques.


Notre liberté s’arrête là où débute celle des autres. Ouvrir une ligne de mixte, oui, si on ne détruit rien. C’est à la fois du bon sens, une forme de respect et aussi… de l’élégance. Certaines personnes pensent (et je les rejoins) que des dommages peuvent être impliquées sur un itinéraire déjà existant, mais pire encore : ce qui nous inquiète ce sont les pratiques qui pourraient être amenées se généraliser avec comme principal effet la dégradation d’un bien précieux, fragile, et irréparable. On ne doit pas encourager ce genre de pratique, ou leur accorder la moindre légitimité.

Tu as ouvert une ligne, elle était sans doute belle, mais tu ne t’es pas concerté avec les ouvreurs, tu es passé sur une ligne déjà existante avec du matériel qui l’endommage, et quand bien même les dégâts sont infimes, le dommage est symbolique et c’est ce symbole qui pèse si lourd dans le débat.

Jean Michel Cambon disait qu’il n’y a que ceux qui ouvrent qui s’exposent aux critiques. En effet en traçant une ligne, et comme bien d’autres avant toi, tu as donné naissance à une polémique. Combien de grands noms de l’ouverture se sont echarpés ici au sujet d’équipements et de cohabitation des pratiques avant toi ? Il n’y a pas de quoi te mettre au ban, loin de là.

Ouvrir c’est agir, et agir s’est forcément s’exposer a commettre des erreurs, ce qui est humain. Mais laisser ton topo en ligne, alors qu’il implique de traverser d’autres voies d’escalade purement rocheuses les crampons au pieds, c’est persister dans cette erreur. En tout cas cela va contre les bonnes pratiques montagnardes et le respect du patrimoine commun.

La sagesse voudrait que tu retires ton topo. Bien sûr rien ne te force a le faire, mais la sagesse le voudrait. Faire une erreur ce n’est rien, et cela ne changera rien à l’opinion largement favorable que la majorité des lecteurs ont pour toi, moi y compris. Mais j’avoue que je serais un peu déçu si je voyais que tu serais prêt à mettre en avant tes ouvertures alors qu’elles pourraient représenter l’ombre d’une menace pour des itinéraires pré-existants. Rien de dramatique, et je ne partirai pas en croisade, simplement les valeurs comptent, et elle serait marqué d’un mauvais sceau.

Certains tentent de faire de la montagne un sport, mais c’est bien plus que cela. La montagne est avant tout un terrain d’expression des valeurs. Ouvrir est une expérience d’une grande richesse, mais attention, c’est aussi porter une lourde responsabilité et devoir montrer l’exemple pour le bien de tous.

24 Likes

Mon point de vue est clair, dans mon message précédent, et va globalement dans le même sens que le tien (désolé Robin), mais je ne suis pas d’accord sur ce point. De base, les joutes verbales « violentes » sont souvent les moins productives et constructives, et mènent à des dérives.

Et un point notable, Michel Piola a une aura et une notoriété que peu de personnes ont, de part sa carrière entière d’ouvreur. Des mots bien placés et sans agressivité auront l’impact voulu.

Dans la pratique, l’idéal aurait été une rencontre des protagonistes, et une conclusion partagée par les 2, plutôt qu’un débat par écrans interposés, mais je suis un utopiste dans l’âme.

4 Likes

Merci d’avoir si bien résumé le sentiment de beaucoup, le respect du commun face à l’individualisme et la mise en avant de l’égo.
Un professionnel libéral qui se fait un peu de pub à 10 mn de la benne comment lui demandé de respecter la face et son histoire, un mal bien de notre temps.
Et pour un peu plus de réflexions, trouvez vous normal que des professionnels libéraux exploitent pour leur profit un bien public qui est le milieu naturel sans contreparties. Moi ça me choque, un commerçant ambulant paie sa patente pour vendre sur une place publique.

2 Likes

Ça n’a vraiment pas de sens cette comparaison. D’un côté un espace naturel, d’un autre un espace public aménagé avec des deniers publics.

3 Likes

Ben voilà, avec des paroles bien mesurées et respectueuses, on est certain de calmer le jeu.

des vendeurs de topos ?

3 Likes

Des noms des noms ! :sweat_smile:
L’ancêtre des « professionnels libéraux » ( capitalistes :sunglasses: ) qui se font de la pub à deux balles à 10 mn de la benne ( ndr : en ouvrant et équipant des voies pour le prolétariat ) je cite « « comment lui demandé de respecter la face et son histoire » :wink:

Autant mettre la référence :
– Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, PUG 2002, p. 159 « la technique du mais-vous-êtes-libre-de ».

4 Likes

A bon un espace naturel exploité à titre privée ( et dans bien des cas souvent grâce à des deniers publics) reste avec tes œillères.
Quand à comparer, la vente d’un topo qui sert en grande partie à ouvrir de nouveaux itinéraires et entretenir des anciens et un libéral qui exploite pour son seul compte ce même espace, c’est sur cette comparaison n’a aucun sens.

2 Likes