Le confort des refuges

Il y a sans doute une volonté politique d’améliorer le confort des refuges, pour faire venir des gens que l’inconfort rebutait.

Je retranscris les propos de Jean-Marc Silva, patron de France Montagne, sur France Info

Les hébergements gagnent en confort ; « on n’est plus dans l’image dortoir, grosses chaussures et grosses chaussettes ». Près du quart des refuges du Club Alpin Français ont été récemment rénovés.

http://www.france-info.com/chroniques-l-info-com-2011-04-22-la-folie-rando-avec-jean-marc-silva-directeur-de-france-montagne-531630-81-264.html

Personnellement je ne vais quasiment plus en refuge, principalement à cause de la « dérive hotellière » de nombreux d’entre eux ; je préfère le bivouac.

A lire les commentaires, on a le sentiment qu’en voulant séduire un public plus large, les refuges risquent de perdre leurs usagers « historiques ». « Historiques » mais peut-être minoritaires à présent.

[quote=« Olivier-C., id: 1171632, post:55, topic:110330 »]

Ah bon, pour toi une course en montagne est donc une corvée, la perf seulement ?[/quote]

On se demande parfois si on parle bien la même langue. Bon, il fa falloir se farcir une explication de texte.
Je n’ai jamais écrit qu’une course se devait d’être une corvée dictée par la perf. Sur le second point, d’ailleurs, ça limiterait drastiquement mes courses. :lol:
J’ai écrit que ma motivation pour faire une course en HM n’était pas de meubler agréablement une ou deux journées de vacances. Essentiellement parce que ce sont mes vacances qui se construisent autour de l’alpi et non l’inverse. Je veux grimper alors je vais dans tel coin et les jours où je ne grimpe pas je me pose la question de trouver une occupation sympa et pas trop violente. Mes courses sont un rêve longuement tourné et retourné dans ma tête et une priorité dans mon existence (si, si).
D’autre part, si ces ascensions ne sont en rien une corvée, elles représentent pour moi en effet un effort voire une souffrance importants ; je ne suis ni techniquement très avancée ni dotée d’une caisse de montagnard entraîné ; le plaisir et même le bonheur sont là aussi, sinon je n’y retournerais certainement pas, mais les seconds se payent avec les premiers. Je pense d’ailleurs qu’il en est de même pour beaucoup de plus montagnards que moi, simplement parce qu’ils se choisissent des objectifs que je ne peux même pas envisager.
L’engagement, non pas seulement en termes de risques, mais surtout en termes d’effort, donne à ces journées une coloration particulière, que beaucoup trouvent incompatibles avec la notion de vacances, d’où les réflexions « oh, on est en vacances, hein ? » que j’ai évoquées plus haut. La souffrance et la pénibilité ne sont évidemment pas une motivation mais elles sont là et font partie de ce qui distingue l’alpi du tourisme au sens de la simple activité de vacances.
Je suis touriste dans d’autres activités, au milieu sans doute de gens pour qui la même activité n’a rien d’une démarche touristique, ex. : les quelques fois où j’ai fait de la plongée. Là, je n’ai effectivement pas forcément envie d’engager le même effort, je n’y mets pas le même enjeu pour moi-même, je ne cherche pas à réaliser un rêve.
Donc, pour la nième fois, si certains ne voient dans l’alpi rien d’autre qu’une activité touristique c’est leur plein droit, mais ce n’est pas ainsi que je l’envisage comme d’autres probablement. Je maintiens que j’opère une distinction entre ma motivation pour occuper des vacances et ma motivation pour faire une course d’alpi et j’en revendique le droit. Non mais.

Sans compter que l’état de crasse de ces douches a de quoi modérer les ardeurs hygiénistes. Faire la queue pour mettre les pieds dans une mare noirâtre, bof… Même quand douche il y a '(ce qui est rare dans mes massifs préférés), je préfère rester dans ma crasse et la limiter comme je peux avec les moyens du bord, en attendant de savourer avec délices la douche salvatrice du retour.
Ce qui, je le reconnais, va bien pour une nuit, deux maximum, mais devient invivable pour un raid d’altitude. Mais dans ce cas, il y a souvent sur le parcours des descentes dans des gîtes en haute vallée avec un équipement sanitaire royal.

Posté en tant qu’invité par Matt:

Je ne vois pas de contradiction. Le prix est normalement lié aux coûts élevés des transports et du matos (et ça tu le payes, que l’expé soit commerciale ou pas). Le surcoût de l’expé commerciale correspond aux prestations du professionel qui prépare et encadre plus la marge de l’éventuelle agence.
Après c’est juste la vision des autres : ils peuvent trouver bizarre qu’on aille claquer une fortune pour en baver alors qu’on peut se la couler douce à l’hotel à Marrakech pour trois fois rien. C’est ceux qui n’ont pas idée qu’on puisse se faire royalement ch… sur une plage et qu’on puisse retirer d’immenses satisfactions à explorer des régions magnifiques, faire des rencontres, réaliser ses rêves… fut-ce au prix d’efforts importants et de conditions rudes.

[quote=« Matt, id: 1172313, post:64, topic:110330 »][/quote]
Ce que « les gens » ne comprennent pas, c’est qu’on ne va pas en montagne « à cause » des dangers et difficultés, mais « malgré » les dangers et difficultés. Dangers et difficultés qui sont aisés à reduire par des dispositions techniques adéquates. Une bonne partie de l’agrément, selon moi (je prends des précautions; je ne voudrais pas avoir l’air d’imposer…) vient d’ailleurs du sentiment que l’on maîtrise.

Je me suis certainement mal exprimée, la contradiction n’est pas dans le fait de payer cher pour en chier, je comprends totalement le gout de l’effort et l’attirance que l’on peut avoir pour les sommets et le fait que tout ça ait un coût. Seulement, en lisant les différentes réactions sur le forum ou les réponses au questionnaire auquel beaucoup ont eu l’amabilité de répondre, certains ont l’air de chercher à s’éloigner de la « société de consommation », du superflu de la vie citadine, certains ont bien employé le mot « rédemption », c’est là que je trouve qu’il y a un petite contradiction avec le fait de payer des hélicos, des bouteilles d’oxygène ou que sais-je.
Après c’est une simple question que je pose, dans le cadre d’une recherche pour écrire un mémoire. Je n’ai émis aucune critique mais une simple interrogation.

Un élément de réponse :

Quand on est débutant, partir en groupe sous la conduite d’un professionnel n’est pas une mauvaise idée.
Ce n’est pas une question de « luxe », mais une question de progressivité dans la manière d’aborder la montagne.
Les plus riches se payent les services d’un guide « perso », mais c’est juste une question de porte monnaie.

Posté en tant qu’invité par Matt:

On s’éloigne du sujet (peu importe…) mais pour préciser il y a selon moi deux catégories de personnes qui partent en raid/expés avec des pros : ceux qui veulent faire un truc emblématique (typiquement le Mont Blanc, Cham-Zermatt, le Kili, l’Everest). Ils seront prêt à tout pour atteindre leur objectif (hélicos, oxygène,…) , s’entêteront même si les conditions sont pourries et ne s’embêteront pas avec des considérations éthiques.
Et ceux qui n’ont pas le temps et/ou la compétence pour prendre en charge une expé ou qui plus simplement ne trouvent pas de compagnons de cordée/rando. Ceux-là seront plus souvent des amoureux de montagne et ne feront pas n’importe quoi.
Cette distinction est un peu carricaturale mais ça correspond quand même pas mal à ce que je peux voir en montagne et entendre en discutant avec des guides.

Posté en tant qu’invité par Dédé croissant:

Vous allez me trouver relou mais je m’en fous.
En fait, très chère rideuse, tu mets le doigt sur la schizophrénie que l’on peut rencontrer sur ce genre de forums : les monchus sont sales, ne savent pas vivre et polluent la montagne avec leurs mouchoirs. Alors que les alpinistes/skieurs de rando (pas les grimpeurs, il y a une hiérarchie) sont tous des gens très bien sous tous rapports, qui ne font jamais de bruit en refuge, remettent tous les cailloux qui roulent sous leurs pieds en place et redescendent leurs pelures d’orange en vallée.
Donc oui, le « touriste » fait tâche en montagne, alors que le « montagnard » est parfaitement adapté à son environnement et très bien à sa place. D’ailleurs il y est tellement bien que traverser la planète en avion pour une grimpette n’est pas grave, alors que l’afflux de touristes sur les parkings d’altitude est bien un réel problème d’écologie.

Je me répète, mais si on doit remettre en question l’existence de refuges trop luxueux sous prétexte que ça attire trop de monde, pourquoi ne pas aller au bout de la démarche et tout démanteler ? Ce n’est pas l’alpiniste qui fait la montagne…

Nos activités sont délétères pour ce milieu que nous aimons tant, prétexter d’un risque de surpopulation en montagne pour empêcher d’autres gens de venir est juste hypocrite. Si je n’avais pas pu aller en montagne en voiture et profiter d’un refuge bien équipé pour mes premières expériences d’altitude, je n’y serais probablement jamais allé ! et je ne pense pas être le seul à ne pas être né avec un baudrier et un piolet à la main à fréquenter nos massifs.

C’était la minute idéologie.

Sinon un refuge pour les randonneurs, un autre pour les « vrais », ça me paraît juste ridicule… Un troisième pour les ronfleurs (divisé en deux, of course), un quatrième pour les familles, un cinquième pour loger des saisonniers, un sixième pour les femmes seules, un chenil etc. Super idée ! le progrès en marche !

Bon ok, le dédé y propose rien, y fait qu’à critiquer… mais franchement vous donnez envie !
« L’impact écologique des refuges confort » est juste là sous vos yeux, donc vous le critiquez (« bouh les eaux usées ! ») en sortant de votre voiture (propulsion au pétrole de +/-1500 kg sur 1500M de D+ et, allez, 50 km en moyenne). Bah ouais facile ! les marées noires se produisent pas devant chez vous ! et c’est pas vos enfants qui cousent les textiles techniques que vous portez ! Ce que vous consommez au refuge ne pousse pas dans le potager derrière, ça monte (souvent) en hélico !

Tout le monde se croit si parfait et est si prompt à jeter l’anathème sur son voisin, faudrait peut être mettre un peu d’eau dans son vin.
Je suis aussi adepte du bivouac quand je peux, mais je n’irai pas me draper derrière une pseudo-vertu écolo pour dissimuler ma misanthropie et ostraciser une partie du public de montagne.

Posté en tant qu’invité par heuuu…:

Personne ne paye pour des bouteilles d’oxygène, et c’est pas la grosse dépense pour les très rares qui le font. Partir en expé pour faire un 7000-8000m c’est pas la norme.
L’hélico idem je capte pas, oui on paye a travers la nuitée et le repas le prix de l’hélico ou des bennes/montes charges qui transportent la bouffe et autres depuis la vallée mais ça ne s’apparente pas tout à fait à prendre un hélico pour faire un sommet.

Posté en tant qu’invité par Noisette2:

Je ne vois pas en quoi il est nécessaire de faire des refuges de luxe pour permettre aux gens de débuter la montagne. Si les non-montagnards sont rebutés par un refuge à l’ancienne, eh ben, ils ne commenceront pas la montagne et tant pis ! Ce n’est pas une question d’être né avec les piolets ou pas : j’ai commencé la montagne à 20 ans, mais je faisais du camping bien avant.

Et, naïf que je suis, j’imagine que sur ce forum, il y a quand même quelques écolos qui font des sorties à pied, en transports en commun, en vélo, et qui ne partent pas en expé tous les 15 jours… et qui ne coupent pas les virages des sentiers pour ne pas accélérer l’érosion… et qui redescendent leurs poubelles… et qui ne gueulent pas dans les dortoirs… et j’en passe. Pas parce qu’ils sont parfaits, pas parce qu’ils pourrissent les « touristes », pas même parce qu’ils sont écolos, mais parce que j’espère qu’ils sont simplement « normaux » et un minimum bien élevés et que c’est naturel pour eux !

+1

c"est bien pour ça que l’évolution vers les hôtels-restaurants dérangent autant. Quand je vais en montagne je ne cherche pas le confort de la plaine …La douche chaude au retour est d’autant plus appréciable …et appréciée :stuck_out_tongue: !

Posté en tant qu’invité par Dédé croissant:

Boarf, ce que je voulais dire c’est que l’argument écolo me paraît malhonnête, mais je me suis perdu en chemin. Voir l’impact de nouveaux pratiquants comme une menace sur l’écosystème tout en négligeant le sien, c’est populiste. Les cyclistes que l’on double en montant à la bérarde doivent surement se dire que les alpinistes sont les amis de la nature tellement ça sent bon un pot d’échappement.

Voilà voilà.

[quote=« Dédé croissant, id: 1172458, post:69, topic:110330 »]Tout le monde se croit si parfait et est si prompt à jeter l’anathème sur son voisin, faudrait peut être mettre un peu d’eau dans son vin.
Je suis aussi adepte du bivouac quand je peux, mais je n’irai pas me draper derrière une pseudo-vertu écolo pour dissimuler ma misanthropie et ostraciser une partie du public de montagne.[/quote]

Relis les messages de ceux qui ont avoué préférer l’inconfort du bivouac à la chaleur (payante) des refuges:

[quote=« Al., id: 1171380, post:21, topic:110330 »][/quote]

[quote=« Carduelis carduelis, id: 1171414, post:34, topic:110330 »][/quote]

[quote=« Dek, id: 1171502, post:45, topic:110330 »][/quote]

Personne n’a évoqué l’argument écologique. J’y vois plutôt un besoin d’authenticité et de simplicité, et une certaine envie d’intimité avec la montagne.

Pouvoir vivre, grimper et dormir dans la nature comme si on en était un élément… Il s’agit aussi d’un refus du confort (la paresse?) que sous-tend le séjour en refuge: confort des couvertures douillettes, du gardien qui nous sert à manger, des sacs légers et même du réveil à régler soi-même ! (trop dur !)

Dans un société où on passe son temps à recevoir des services des autre, on a enfin l’occasion de ne dépendre que de soi: pas de caprices parce qu’il y a trop de sel dans les pâtes ou que l’eau des douches n’est pas assez chaude ! On est responsable de soi-même et on n’a de compte à rendre à personne.

Pour ce qui est de la misanthropie, il y a du vrai, mais il ne faut pas se voiler la face: personne ne va en montagne pour y trouver la même foule que dans les villes.

Donc tu vois, on ne te juge pas parce que tu n’est pas assez écolo !
Tu évoques de toi-même l’aspect écologique, tu n’aurais pas en toi une petite pointe de culpabilité qui te tracasse ? Mmh?

Parce que tu ne viens pas de t’octroyer toi-même la légitimité de donner une leçon de morale ? Tout en faisant des amalgames qui relèvent effectivement de l’idéologie ?

Bon, je me casse parce que ça me gonfle grave de ressasser des explications en vain.

[quote=« rideuse studieuse, id: 1171263, post:1, topic:110330 »]Bonjour à tous,
Je suis étudiante en management du voyage et des loisirs et je travaille actuellement sur mon mémoire de recherche qui a pour thème les refuges et gîtes de montagne.
La question à laquelle j’essaye de répondre concerne le confort, souvent assez spartiate, que l’on trouve dans les refuges d’altitude. J’aimerai savoir si les alpinistes et randonneurs à ski sont satisfaits de l’offre existante ou s’ils aimeraient pouvoir trouver des installations moins rudimentaires, voir plus « luxueuses » comme celle du Roc de la Pêche (Vanoise) ou de certains hôtels-refuges suisses par exemple.
Est-ce que l’aspect un peu rustique participe à la satisfaction que vous pouvez tirer d’une course, est-ce que cela fait partie intégrante du goût que vous avez pour cette activité ou est-ce qu’un peu plus de prestations et de confort seraient parfois les bienvenus, quitte à en payer le prix ?
Sachez que le but de cette recherche est vraiment de recueillir des témoignages et vos impressions et que je n’attends aucune réponse précise, si ce n’est votre ressenti profond sur ce sujet.
Je vous remercie d’avance de vos réponses qui seront des éléments précieux à apporter à ma recherche.[/quote]

J’ai dormi dans beaucoup de refuges, gardés ou non gardés, et j’ai fait aussi beaucoup de bivouac. J’aime bien les contrastes, et les refuges très différents les uns des autres.

Par exemple, j’ai passé une nuit dans le refuge que tu cites (Roc de la Pêche) en raid à ski, je n’en revenais pas d’un tel luxe complètement incongru pour moi, mais c’est en fait un refuge de basse altitude accessible en 4x4 l’été (ou en motoneige l’hiver), qui n’a pas du tout les mêmes contraintes qu’un refuge ravitaillé en hélico. J’ai apprécié ce confort bien sûr, mais à côté de ça, l’un de mes meilleurs souvenirs c’est d’avoir déblayé à la gamelle (faute de pelle) la porte d’une cabane miteuse enterrée sous 2m de neige et d’y avoir passé la nuit avec une amie.

Une chose est claire : je ne vais pas en montagne pour y trouver du confort, pour ça je reste à la maison, ou alors je passe des vacances à l’hotel. Ce qui me pèse le plus, c’est l’excès d’affluence, donc je vise soit les refuges les plus hauts dans des endroits moins courus que d’autres, soit carrément les endroits où il n’y a pas de refuges gardés, beaucoup plus sauvages. Et puis je prends la tente. C’est plus lourd, mais je m’arrête où je veux et quand je veux, et je peux passer plus de temps dans des endroits où d’autres devraient redescendre à leur abri en dur beaucoup plus vite.

Pour ce qui est des refuges gardés, l’accueil tient aussi beaucoup à la personnalité des gardiens, à ne pas confondre selon moi avec un hotelier…

Bon courage pour ton étude !

Posté en tant qu’invité par Dédé:

[quote=« Al., id: 1172590, post:75, topic:110330 »]Donc tu vois, on ne te juge pas parce que tu n’est pas assez écolo !
Tu évoques de toi-même l’aspect écologique, tu n’aurais pas en toi une petite pointe de culpabilité qui te tracasse ? Mmh?[/quote]

On s’est mas compris je pense, je ne répondais pas spécialement aux personnes que tu évoques, ni même aux adeptes du bivouac per se (dont je fais partie), mais je dissertais un peu dans mon coin à propos de l’argument évoqué à plusieurs reprises qui dit : si on rend les refuges plus attractifs ça fera plus de monde et plus de pollution.
Je dis juste, le gros de l’impact est déjà là rien qu’avec nos activités/infrastructures actuelles.

Quand je parle de misanthropie, ça se rapporte à çette attitude (non aux touristes-pollueurs en montagne !), pas aux bivouaqueurs…

Sinon oui, ces thématiques me tracassent, donc j’en parle (mais je suis pas très doué pour ça), mais sur le reste je suis pas mal très d’accord avec toi.

@Meze,

Pas sur qu’on se soit bien compris, mais pète un coup mec ! (ah non merde ça pollue)
Je vois pas en quoi mon discours a pu te chagriner autant, j’ai juste dit à un moment que je trouvais ton idée idiote; mais pareil, l’aspect écolo évoqué ici n’était pas fait pour t’amalgamer, dieu m’en garde ! Surtout avec de l’idéologie, t’imagines le truc ?
Dégueulasse, vraiment.
Quant aux leçons de moralité, mettre de l’eau dans son vin, y’a eu plus péremptoire je trouve comme revendication…

A noter que l’opposition entre recherche de la nature sauvage et le fonctionnement consumériste des expés (et par extension des refuges-hôtels) a été évoqué par rideuse studieuse comme une constatation générale. Je brodais donc là-dessus.
J’espère que les susceptibilités vont mieux après une nuit de sommeil !

C’était le dernier message de ma propagande outrancière, car il est bien paradoxal de parler d’écologie en polluant un sujet, bonne journée !

Bonjour,

Pour mieux éclairer notre Rideuse Studieuse, je voudrais indiquer une différence assez importante entre les randonneurs et les Alpinistes, quitte à simplifier-généraliser un peu.

Ce forum est fréquenté essentiellement par les alpinistes. Les alpinistes sont des sportifs passionnés, qui font des « courses » en haute montagne. Le refuge, pour eux c’est la première étape vers un sommet, le « tremplin » vers l’objectif de la course. La journée sera longue : lever aux petites heures pour des raisons techniques et pour des raisons de timing : le but est d’arriver au sommet le plus rapidement possible, puis de redescendre dans la vallée le jour même. Fin de la course … il faut reprendre la voiture ou le train et rentrer chez soi.

Bien sur, les courses sont parfois plus longues et enchaînent les sommets … mais c’est plus rare. Lors des courses ordinaires (une ou deux nuitées) le confort du refuge n’est pas vraiment ce qui compte. Le coût de la nuitée non plus d’ailleurs … parce que les nuitées sont peu nombreuses. Le refuge offre à l’alpiniste en route vers un sommet le grand avantage de ne pas devoir alourdir et encombrer le sac à dos de l’équipement de bivouac : tente, sac de couchage et matelas isolant, petit matériel de cuisine et victuailles.

Le randonneur existe sous deux formes : le randonneur à la journée et le randonneur itinérant.

Le randonneur à la journée est peu concerné par les refuges, mais il est vrai qu’un refuge peut être un bel objectif de rando à la journée. Et si on peut faire une pause « confort » à midi, pourquoi pas?

Le randonneur itinérant a quant à lui un autre projet : partir à l’aventure sur plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Exemple: la chaîne pyrénéenne dans sa longueur (800 km). Certains randonneurs font cette traversée d’une traite, d’autres la font en plusieurs années par segments de deux ou trois semaines. Le randonneur en itinérance est très concerné par le poids qu’il porte, mais il ne fait normalement pas l’impasse sur un équipement de bivouac, des provisions pour plusieurs jours, de quoi cuisiner chaud (c’est bon pour le moral).

Il dort souvent en bivouac ou dans des abris précaires, pour plusieurs raisons :

  • le bivouac, c’est la liberté - et c’est bien agréable, aussi! Sans parler de la sécurité de pouvoir s’arrêter quand c’est nécessaire, sans la contrainte de devoir encore marcher deux ou trois heures pour rejoindre le prochain refuge …
  • l’économie : 10 ou 20 nuitées en refuge, cela commence à peser sur le budget …
  • la tranquillité … par opposition à la promiscuité parfois rencontrée dans certains refuges.

Mais le randonneur itinérant ne crache pas non plus sur une nuit en refuge de temps entemps :

  • pour bien manger assis sur une chaise, confortablement attablé
  • pour une douche chaude
  • pour faire sècher son équipement …
  • pour recharger ses batteries (au propre comme au figuré)
    Le refuge est alors une étape « confort » qui est d’autant plus appréciée qu’elle a été précédéee de plusieurs jours de cuisine aux lyophilisés et de nuits à la dure …

Ah oui : le randonneur autonome est beaucoup moins pressé par le temps que l’alpiniste. Chaque étape est pour lui une petite aventure, pas un « course » à l’horaire serré. D’où des heures de lever le matin plus « normales ».

Voilà … deux « types » d’ utilisateurs des refuges, tous deux respectables … mais pour lesquels les refuges offrent des avantages qui peuvent être différemment appréciés.

En résumé :
Le monde se divise en 2 catégories : les alpinistes, qui utilisent forcément un refuge et dont « le but est d’arriver au sommet le plus rapidement possible », et les randonneurs, glandeurs qui n’avancent pas et qui se lèvent tard.
Le monde des randonneurs se divise en 2 catégories : les randonneurs à la journée, et les randonneurs itinérants.

Ouf, je ne rentre dans aucune de ces catégories, je reste donc un extraterrestre, ça me rassure…
Ca doit être de famille, car voici comment mes parents, oncles et tantes faisaient de l’alpinisme classique :

  • travail aux champs jusqu’à 21h (foins) et sieste jusqu’à 23h, ou soirée festive jusqu’à 23h
  • trajet en voiture jusqu’au RDV en vallée à minuit avec 5, 10 ou 15 autres personnes
  • trajet en voiture jusqu’au départ à 1h
  • AR au sommet (en Vanoise, style Péclet, Mont Pourri, Tsanteleina, …), avec une paire de crampons pour 4
  • retour
    En fait, ce style était la norme, les refuges étant réservés aux « riches » à l’époque.