Posté en tant qu’invité par Noisette2:
En Suisse comme ailleurs, j’ai tout de même l’impression que ce ne sont pas les alpinistes qui demandent l’amélioration du confort. PAs les randonneurs non plus d’ailleurs.
Si les alpinistes prennent une douche, c’est que quelqu’un a construit la douche. Et une fois que la douche est construite, et les panneaux pour chauffer l’eau sont montés en hélico, il faut être sacrément droit dans ses bottes pour ne pas en profiter « par principe ». Mais est-ce que tous ces gens qui prennent leur douche se seraient plaints si elle n’avait pas été là ? J’en doute. Je connais d’ailleurs une sacrée tripotée de gars qui ne supportent pas d’être sales et qui se débarbouillent à l’eau de fonte, voire à la neige en hiver, et qui n’ont pas besoin de douche.
Donc le fautif (oui, c’est bien une faute à mon avis), c’est le gestionnaire du refuge qui construit la douche. Pourquoi la construit-il ? Parce qu’il pense que s’il ne le fait pas, les gens seront mécontents et ne viendront plus dans son « refuge-hôtel », qui perdra de l’argent (point de vue du gestionnaire-gardien) et devra fermer (point de vue du propriétaire - CAS ou autre).
Seulement, est-ce bien pensé ? La encore, pas sûr. Effectivement, l’existence de la douche et autres éléments de confort justifie la hausse du prix de la nuitée, et améliore donc la rentabilité du refuge-hôtel sur le plan comptable à court terme. Le fait que le refuge soit plein peut être considéré que la demande de douche existait. Mais le refuge aurait-il été moins plein sans cet investissement lourd ? A priori non. Je ne connais pas d’exemple de refuge « en perte de vitesse » qui ait été économiquement relancé par un investissement « de confort ». Les cabanes pourries, si les courses sont belles et « à la mode », sont aussi fréquentées que les autres (en haute montagne bien sûr ; pour les étapes/objectifs de rando, c’est différent).
Seulement, le propriétaire a dépensé des dizaines de rotations d’hélicos et pourri la montagne. Et comme résultat : certaines personnes qui n’ont rien demandé et qui se contentent très bien de conditions moins confortables, peuvent profiter de la douche et payent plus cher ; quelques marginaux (« randonneurs ») viennent passer quelques nuitées (mais je doute qu’il y ait beaucoup de « randonneurs-hôtel » au mont Rose juste pour la qualité de la cuisine), et d’autres (pauvres, étudiants, économes, spartiates ou autres) fuient… en bivouac ou vers d’autres courses.
Bref, un changement de public à la marge, provoqué, et non pas suivi, par un investissement économiquement pas forcément rentable et environnementalement néfaste. Finalement, le refuge répond aux règles de la société de consommation, qui privilégie l’offre et l’écoulement de la production à la demande et à sa couverture…