Le confort des refuges

Est-ce que tu as prévu d’inclure dans ton étude les alpinistes ou randonneurs qui choisissent de bivouaquer plutôt que d’aller en refuge?

Il y a plein de raisons qui poussent à bivouaquer, mais moi je le fait dès que c’est possible même s’il y a un refuge pas loin. Les raisons ne sont pas seulement financière. Ça permet aussi de partir à l’heure qu’on veut, sans avoir à faire la course avec les autres le matin, surtout si on vise quelque chose de fréquenté.

C’est aussi pour être tranquille: j’aime bien pouvoir me recueillir un peu dans le calme la veille d’une course, surtout si j’ai la pression car la course est engagée. On ne peut pas trop faire cela dans la promiscuité, le bruit et l’agitation des refuges!

Et surtout, j’aime bien me sentir au cœur de la montagne, avec ses bruits, son froid etc… Le confort des refuges, même s’il est relatif nous isole tout de même un peu de la nature. et on y retrouve la même société qu’en bas finalement, ce qui banalise la démarche, je trouve.

Exactement les exemples qui me sont venus tout de suite à l’esprit.

Il faut dire que leur intérêt premier est de puiser le calme et le repos nécessaires à la course du lendemain, qui démarrera très tôt. Chez les randonneurs, les individuels sont souvent des habitués des refuges et je ne perçois pas de différence flagrante. J’ai constaté que les problèmes de cohabitation viennent souvent des groupes accompagnés. Certainement parce qu’ils embarquent davantage de gens moins habitués aux usages des refuges que les randonneurs autonomes ; mais probablement aussi à cause du simple effet de groupe. Je me suis déjà trouvée moi-même en refuge au sein de groupes de rando accompagnée ; dans certains cas, j’ai vraiment eu honte du groupe. Il ne s’agissait pourtant pas de randonneurs néophytes, mais leur approche était d’abord « merde, on est en vacances » (ce que je me suis entendu répondre à table après une demande de ma part de modérer leurs effusions dignes d’un dîner de fin de séjour FRAM).

C’est la démonstration qu’il n’y a pas les alpinistes d’un côté et les autres de l’autre !

Certes, mais que l’activité soit le farniente, la visite d’un site, l’alpinisme, le ski, le VTT, un spectacle, le canyoning ou autre, cela reste une activité touristique. Les alpinistes et les pratiquants de diverses activités doivent arrêter de considérer que les touristes sont ceux qui ne pratiquent pas leur propre activité.

La distinction existe de fait et la différentiation selon l’heure du lever aide à la cohabitation entre alpinistes et randonneurs, mais pas entre randonneurs isolés et les groupes.

Car je suis d’accord avec cette analyse :

On s’est donc bien éloigné du point de départ entre les alpinistes et les autres …

oui, pleinement. Parfois il y a des hic, c’est sûr, un gardien de mauvaus poil et ça peut se comprendre, mais pitié, que cessent ces constructions d’hôtels d’altitude. On est montagne pour s’offrir un engagement, une parenthèse.

[quote=« rideuse studieuse, id: 1171263, post:1, topic:110330 »].
Est-ce que l’aspect un peu rustique participe à la satisfaction que vous pouvez tirer d’une course[/quote]
Oui.

Le marché de l’alpinisme fait partie du marché du tourisme du point de vue du marketing touristique, certainement. Mais je ne pensais pas, en l’occurrence, à l’acception économique du tourisme. Lorsqu’on vient en refuge pour faire une course le lendemain, on a d’autres préoccupations (enfin j’imagine) que de meubler sa journée de vacances ou de correspondre à tel ou tel segment de l’offre touristique.

Ca, ça s’appelle prêter des intentions. Je n’ai jamais établi de distinction ontologique entre les touristes et les alpinistes. On n’est pas intrinsèquement touriste ou alpiniste, on l’est phénoménologiquement : je suis bien sûr touriste aussi, y compris en montagne, quand je meuble une journée de repos avec des activités dont le seul but est l’agrément. Et je suis touriste quand je fais de la découverte de la plongée ou je ne sais quelle activité à laquelle je donne la place et le sens d’un moment agréable de vacances, tandis que d’autres en ont une pratique de passionnés et qui y mettent une certaine dose d’engagement. En refuge, sont touristes ceux qui y viennent pour autre chose que ce pour quoi le refuge a été conçu. Nous sommes tous, selon le contexte, en position de touriste pour les pratiquants initiés et passionnés. Je dis juste que ces diverses pratiques créent des difficultés de cohabitation dans les refuges.

Même réponse : je ne fais pas de distinction ontologique entre les alpinistes et les autres, ce qui serait d’une stupidité majeure. Je me demande vraiment qui prend les autres pour des abrutis, ici.

Posté en tant qu’invité par Balou:

Pour moi: Pas plus de confort. Mes besoins: un toit, une couchette, un coin cuisine et/ou un un repas, de l’eau (ou neige)
Mes souhait sont:

  1. Accessibilité (financière) aux refuges à toutes les classes sociales d’alpinistes. (Si j’avais dû payer le prix actuel avec la contrainte de devoir prendre la demi-pension pour avoir le droit à une nuitée quand j’étais aux études, j’aurais surement dû faire bien moins d’alpinisme ou alors sous tente.)
  2. Impact restreint sur l’environnement. C’est-à-dire que je suis pour une évolution actuelle des toilettes des cabanes vers quelques chose de plus écologique. Mais je souhaiterai moins de rotations d’hélicoptère, alors que cela me semble en constante augmentation.

Je suis déçue de l’évolution de certaines cabanes du club alpin suisse, qui, il me semble, sont de plus en plus intéressées par le côté business au dépend de facilité l’accès aux alpinistes. La priorité semble être les grands consommateurs… donc moins les gens passent de temps en course et plus ils passent de temps a consommer, mieux ça vaut pour eux.

Je me demande aussi s’il manquerai une autre « gamme » de cabane plus ciblée randonneur, afin de décharger celles stratégiquement placées pour l’accès au montagne. En effet, il y a 2 populations en cabane: ceux pour qui l’objectif est d’atteindre la cabane et d’autre pour qui c’est le sommet. Or ces 2 groupes n’ont pas forcément les mêmes envies, les même horaires, et les mêmes besoins. Peut-être serait-il intéressant d’avoir des cabane plus typées randonnée et d’autres plus alpinisme…? Ou, si les cabanes s’oriente plus sur les randonneurs, créer plus de bivouac!?!

Et les groupes d’alpinistes par rapport à des randonneurs solitaires ? Peut-être que l’effet de groupe induit un sans-gêne certain, que ce soit un groupe d’alpinistes ou de randonneurs.

Pour ma part, je regrette ce dévoiement des refuges vers des refuges-hôtels, et ce quelle que soit l’altitude. J’attends plus de propreté dans un refuge que de confort. Propreté des matelas, des couvertures/couettes, du sol et des toilettes. Je me moque de l’absence de douches, jacuzzis.

Roc de la Pêche (Vanoise) est un hôtel, pas un refuge, dont le propriétaire fait payer les draps même aux détenteurs de sac à viande !!! En 2008, je l’avais traité de voleur au téléphone.

La randonneuse pédestre contemplative que je suis, aime se retrouver seule dans les refuges non gardés. Les moments les plus conviviaux en montagne je les ai vécus dans le hors-sac, où avec d’autres (grimpeurs ou/et randonneurs) nous avons mis en commun notre nourriture pour la cuisiner et la partager.

Je suis d’accord avec les remarques de Noisettes2, krampus (montagne= engagement/parenthèse), marcomaroc, dédécroissant, etc.

Posté en tant qu’invité par vivarium:

Non seulement, les refuges français sont sales et mal entretenus par les usagers qui n’en ont aucun respect, mais les gens qui y passent sont souvent obnubilés par une course qui les rends aveugles sur l’impact qu’ils ont sur la montagne.

En d’autres termes, le confort des refuges serait suffisant s’ils étaient mieux fréquentés! Après une période hors gardiennage, on ne retrouve pas un « refuge » contre tempête, nuit, pluie, neige, etc. mais une sorte de décharge publique puante et repoussante.

Un autre aspect intéressant est de voir que chaque personne interrogée affirme son goût d’un matériel suffisant et d’un confort spartiate. Pourtant des refuges luxueux (Monte Rosa à Zermatt par exemple) ont un succès incroyable, affiche toujours bondés et finissent par avoir des problèmes d’approvisionnement en eau tant les dits usagers (respectueux de la montagne / nature et soucieux de vivre avec peu) apprécient leur longue douche en montage…
Arrtêtons l’hypocrisie!!

Ça, c’est effectivement un autre type de segmentation avec à une extrémité, les passionnés ou les exclusifs et à l’autre, les zappeurs (de plus en plus nombreux) et, entre, tous les intermédiaires.

C’est une définition, mais pas celle des touristes. Et par contre, il faut aborder ce pour quoi le refuge a été conçu. Et le pour quoi, c’est la finalité du bâtiment : le gîte avec ou sans le couvert.
On revient à la question de départ : quel niveau de confort ?
Les premières réponses indiquent que les alpinistes penchent plutôt vers une certaine rusticité. Par contre, les randonneurs sont intéressés par plus de confort, notamment la possibilité de disposer de douches pour ceux qui sont itinérants. Pour les groupes dépendant de tour operators, c’est même un critère de commercialisation avec les conditions de portage.

??? la cabane, hormis en haute altitude, constitue souvent une étape dans un circuit. En fait, des alpinistes et des randonneurs exigent un confort de plaine en montagne. Cette volonté de créer des refuges selon l’activité pratiquée m’agace. Le bivouac m’attire de plus en plus pour plus de tranquillité (ras le bol des bidonchons grimpeurs/randonneurs).

Quant aux heures du lever, dans les refuges disposant de 2 dortoirs minimum le gardien sépare les uns et les autres. Dans ceux, disposant d’un seul, il place ceux qui se lèvent en premier près de la porte de sortie et les derniers au fond (ex Refuge du Glacier Blanc).

Je pense que la vraie différence se fait plutôt, comme l’a suggéré quelqu’un plus bas, entre ceux pour qui le refuge est l’objectif, et ceux pour quoi le refuge est le moyen d’atteindre l’objectif du lendemain. Et en effet, ça ne recoupe pas totalement la distinction alpinistes / autres. Les randonneurs qui veulent passer un col d’altitude ou gravir un sommet accessible en randonnée auront des préoccupations assez similaires à celles des alpinistes.
Mais on est bien dans des approches différentes selon que l’on vient chercher un abri pour l’objectif du lendemain ou éprouver le frisson inédit d’une nuit en refuge Il se trouve que beaucoup de refuges ont été conçus pour répondre au premier de ces besoins et que d’autres usages ne font pas un ménage très heureux avec une pratique montagnarde.
Et encore une fois je n’établis pas de distinctions systématiques et ontologiques entre les alpinistes (qui ne sont d’ailleurs pas nés comme tels) et « les autres ». Je constate juste la difficulté de faire cohabiter des personnes venues avec deux types de besoins différents, lesquels types correspondent statistiquement (majoritairement) plus aux pratiquants de la montagne d’une part (ok, pas seulement les alpinistes) et d’autre part aux touristes de la montagne pour qui le refuge est une étape pittoresque de vacances.

Très juste : l’étude inclut-elle les refuges non gardés ?

La partie « hiver » des refuges est incluse dans mon appellation de refuges non gardés.

Posté en tant qu’invité par Carduelis carduelis:

[quote=« Al., id: 1171380, post:21, topic:110330 »]Est-ce que tu as prévu d’inclure dans ton étude les alpinistes ou randonneurs qui choisissent de bivouaquer plutôt que d’aller en refuge?

Il y a plein de raisons qui poussent à bivouaquer, mais moi je le fait dès que c’est possible même s’il y a un refuge pas loin. Les raisons ne sont pas seulement financière. Ça permet aussi de partir à l’heure qu’on veut, sans avoir à faire la course avec les autres le matin, surtout si on vise quelque chose de fréquenté.

C’est aussi pour être tranquille: j’aime bien pouvoir me recueillir un peu dans le calme la veille d’une course, surtout si j’ai la pression car la course est engagée. On ne peut pas trop faire cela dans la promiscuité, le bruit et l’agitation des refuges!

Et surtout, j’aime bien me sentir au cœur de la montagne, avec ses bruits, son froid etc… Le confort des refuges, même s’il est relatif nous isole tout de même un peu de la nature. et on y retrouve la même société qu’en bas finalement, ce qui banalise la démarche, je trouve.[/quote]

Pareil. Vive le bivouac*!
Et pis un « refuge » où il faut réserver sa place, où l’on se fait servir à boire et à manger, ce n’est plus un refuge . C’est une auberge, une paillotte, un hôtel-restaurant… ,c’que vous voulez, mais pas un refuge (les mots ont un sens tout de même!). Mais bon, c’est sûr que, si on veut valoriser sa sortie auprès des collègues de bureau le lundi matin, ça fait mieux de dire « refuge ». ça donne un petit frisson d’aventure à un weekend aseptisé.

* Et c’est encore mieux, en hiver!

Certes, il y a toutes les gradations intermédiaires, mais ce qui crée le problème de cohabitation que j’évoquais, c’est bien l’affrontement entre deux aspirations (quelques soient les gradations entre les deux dans la pratique) :

  • celle qui entend se plier à la discipline en usage dans les refuges (voire l’apprécier) parce que c’est le prix de bonnes conditions de course le lendemain pour tout le monde, parce que c’est l’occasion d’une parenthèse dans nos vies souvent agitées (comme quelqu’un l’a suggéré), parce que c’est propice à la contemplation, parce que c’est une manière profonde de partager une connivence avec les personnes présentes, que sais-je…
  • celle qui ignore (passivement ou volontairement) ces usages parce qu’on est en vacances et qu’on a envie de « se lâcher ».
    Ce sont deux aspirations antagonistes, quelles que soient les nuances dans les pratiques des uns ou des autres. Et elles créent de fait des tensions en refuge.

Ce n’est pas la tienne, mais c’est la mienne dans le contexte du refuge. C’est l’acception « personne qui effectue une visite touristique », ce qui ne me semble pas extravagant pour définir le touriste.

[quote=« Carduelis carduelis, id: 1171414, post:34, topic:110330 »]Pareil. Vive le bivouac*!
Et pis un « refuge » où il faut réserver sa place, où l’on se fait servir à boire et à manger, ce n’est plus un refuge . C’est une auberge, une paillotte, un hôtel-restaurant… ,c’que vous voulez, mais pas un refuge (les mots ont un sens tout de même!). Mais bon, c’est sûr que, si on veut valoriser sa sortie auprès des collègues de bureau le lundi matin, ça fait mieux de dire « refuge ». ça donne un petit frisson d’aventure à un weekend aseptisé.

* Et c’est encore mieux, en hiver![/quote]

Pffff… petit joueur ! Quelle facilité. A la journée depuis la vallée, il n’y que ça de vrai. :stuck_out_tongue:

Posté en tant qu’invité par Carduelis carduelis:

Aaaaah, ces pseudo-aventuriers qui ont tellement peur de rester en montagne la nuit (c’est vrai, ça fait peur!) qu’ils se dépêchent de regagner leur pénates le soir :stuck_out_tongue:

Pour répondre à la question, je pense que la montagne est un milieu particulier, fragile. Le refuge doit donc s’intégrer et s’adapter à ce milieu. Il va de soi qu’une structure qui aurait la taille d’un hôtel et qui disposerait de tout le confort moderne aurait des répercussions sur l’environnement. Je sais bien qu’il existe, notamment en Autriche, des refuges 3 étoiles. Enfin, le fait que les conditions d’accueil soient spartiates aussi des conséquences sur la convivialité au sein du refuge.

Que nenni : ils montent nuitamment la très longue approche et ne craignent donc en rien de passer la nuit dehors dans l’effroyable solitude de la montagne glacée. :lol: Et une fois descendus ils prennent sans retard le chemin du refuge suivant pour de nouvelles aventures.
Sur ce, je crois que je vais gagner mon matelas latex et ma couette douillette (pour dormir un peu en attendant d’être réveillée par les travaux nocturnes de la RATP sous mes fenêtres). :frowning:

Posté en tant qu’invité par Carduelis carduelis:

Pauvre prasienne égarée… Tssss, tssss…
La nuit, on ne marche pas, on ne court pas, on ne s’agite pas. On s’allonge, on admire la voie lactée, les mers et les cratères de la lune, les pléïades, Pégase, la petite ourse, vénus, saturne, le lynx, la baleine, le dauphin, la grande ourse, les étoiles filantes…
On s’arrête et on prend conscience qu’on est insignifiant, qu’on fait partie d’un grand tout. On s’arrête, on bivouaque, on contemple.

Non, ne me remercie pas pour cette leçon de vie.

Nan, décidemment, vous les parisiens, vous savez pas vous arrêter.