Le Col des Cristaux -9- Le bivouac

Si vous avez raté le début :
1 – La montée au refuge d’Argentière
2 – Le sauvetage en crevasse
3 – La rimaye du Glacier du Milieu
4 – SOS crampons
5 – Le couloir en Y
6 – L’ascension ultime
7 – La grande pente
8 – L’avalanche

[u]9 – Le bivouac [/u]

Finalement, on commençait à être fatigués, il y avait quelques rochers, on a amarré la corde, et on s’est assis en contrebas un peu dans la pente, le vent y soufflait un peu moins, et on s’est bien emmitouflés pour attendre, en se secouant de temps à autres pour se réchauffer.

On avait faim, on a cherché s’il n’y avait pas dans nos sacs des résidus de miettes, des raisins secs égarés… hélas, nos sacs étaient d’une propreté désespérante. Par la suite, j’emportais systématiquement, en plus des vivres de course habituelles, des « vivres de secours », à savoir des sortes de biscuits militaires que l’on ne mange qu’en cas de nécessité absolue, et qui ne risquent pas d’être grignotés par inadvertance : c’était de la nourriture de survie !.

Je savais siffler avec les doigts dans la bouche, j’ai lancé des SOS à en perdre haleine :
tititi ta ta ta tititi tititi ta ta ta tititi ça m’a bien réchauffée, pendant que mon acolyte se bouchait les oreilles car ça faisait vraiment un sacré boucan, et on s’est dit qu’avec l’écho ils allaient nous entendre, au refuge.

Un petit avion nous a survolés : hourra !
On lui a fait de grands signes, on était sauvés !!!
On a fait un peu de gymnastique en attendant le taxi-hélicoptère qui ne manquerait pas d’arriver, puis des tas de mouvements, des moulinets avec les bras, des sauts car on avait froid, et l’hélico n’était toujours pas là…

« C’est trop tard, il va faire nuit, l’hélico ne pourra plus venir maintenant ».
Il fallait bien se rendre à l’évidence, nous allions bivouaquer !

Comme on avait lu quelques livres relatant ce genre d’exercice, on avait quelques notions. Donc, nous avons changé nos tee-shirts en coton (j’avais donné l’un des miens à l’allemand, mais heureusement il m’en restait encore un) . Ceux qui ont toujours connu les sous-vêtements thermiques ne peuvent imaginer la gymnastique à laquelle nous étions obligés pour changer de maillot en plein vent !
Nous avons enfilé tous nos pulls, et mis nos doudounes.
Ma doudoune bleue Lionel Terray en pur duvet, cloisonnée, j’y tenais comme à la prunelle de mes yeux ! Je l’avais eue en cadeau d’anniversaire, et je faisais très attention à ne pas la salir, ne pas la mouiller, et ne pas lui faire d’accrocs. Elle était confortable, chaude, rassurante.

Nos chaussures en cuir étaient trempées, l’humidité avait traversé le cuir, il fallait absolument les retirer si on ne voulait pas avoir les pieds gelés, et mettre des chaussettes sèches. J’avais des knickers élégants mais assez fins, et pour cette course j’avais mis dessous des collants en laine rouge. J’ai sorti mon opinel et j’ai découpé le tissu tout autour des chevilles pour retirer la partie « pied » qui était mouillée, et j’ai mis mes chaussettes de réserve. J’ai gardé quelques années encore ces collants, ils me permettaient de frimer dans les refuges quand j’expliquais pourquoi ils étaient un peu déchiquetés vers le bas.
Puis on a mis les pieds dans les sacs à dos, on y a mis nos chaussures aussi.
On était assez fiers de nous, finalement, mais pas très rassurés quand même, et pas du tout confortablement installés : on était à deux sur un seul caillou pas assez large pour y poser nos deux postérieurs, ce qui fait que nous étions chacun en appui sur une demi-fesse !

On avait tout ce qu’il fallait pour faire fondre de la neige et boire quelque chose de chaud, mais la tâche nous a semblé impossible avec ce vent, on n’a même pas essayé.
On n’avait plus faim ni soif, mais seulement envie d’être en bas !
On a aperçu des lumières dans les Grandes Jorasses : d’autres bivouaquaient, mais eux devaient avoir tout le matériel adéquat !
Vite, j’ai sorti ma lampe de poche, et je leur ai envoyé des signaux de S.O.S. tititi ta ta ta tititi.
C’était débile, j’en ai honte maintenant, et heureusement il semble qu’ils n’aient pas perçu les messages ! Mais j’avais tellement peur du froid de la nuit !

On a décidé qu’il ne fallait pas s’endormir, qu’il fallait bouger, et que chacun serait responsable de l’autre pour l’empêcher de dormir.
Bernard a pris son rôle avec beaucoup de sérieux, il me secouait, me rabrouait pendant que je sombrais de temps à autre dans le sommeil, en rêvant à voix haute, et sans doute en le traitant pas très gentiment…

Nous regardions l’heure qui avançait désespérément lentement, il nous tardait de descendre !
Nous avions évalué que le mieux serait de repartir vers les trois heures du matin, mais il nous semblait que le temps s’étirait à l’infini et que nous ne devions jamais atteindre ce moment !
Soudain, il nous a semblé que la nuit était moins noire, qu’une vague lueur commençait à éclairer les montagnes, mais il était encore trop tôt pour commencer à s’équiper car on n’y voyait pas grand-chose, et on risquait de perdre un objet dans la pente, par exemple d’y laisser glisser une chaussure…

Non, je vous rassure tout de suite, on avait eu notre lot de bêtises, on a fait très attention !
Finalement, je n’en pouvais plus d’attendre, j’ai allumé ma frontale, et je me suis mise à tenter un enfilage de chaussures. Bernard a fait de même.
L’exercice s’est révélé difficile et douloureux car nos Super Guides bien trempées avaient tout simplement gelé ! Le cuir était complètement rigide et froid, on avait l’impression d’enfiler des boîtes de conserve en métal, et il nous était impossible de rabattre les languettes qui baillaient vers l’avant.
Les doigts gourds, j’ai eu un mal fou à faire un vague laçage, et je me suis demandé si je ne risquais pas de perdre mes chaussures en marchant.
Finalement, en serrant les lanières des crampons, on arrivait à empêcher le pied de sortir complètement des chaussures !

On a pris notre petit déjeuner, à savoir un comprimé de Coramine-Glucose, c’est tout ce qu’il nous restait.

(à suivre…)

La suite est là : 10- Le Jardin de Talèfre

Et c’est de là qu’a commencé la mode du Liggins, tenue originale qui perdure encore aujourd’hui ! :lol: :lol: :lol:
Après Flemming, voilà catherine, elle aussi victime de la serendipity !

Aaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh !!!
Vivement le 10 !!! :smiley:

On veut le

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et le 11 aussi pour ce prix là !

Posté en tant qu’invité par fredo25:

« Finalement, on a commençait à être fatigués »
Hum il y a de la fatigue en effet :wink:

gloups !
Mais que fait mon lecteur correcteur ?
Parce que Nicolas, lui il me signale les fautes « en privé », discrétos… :stuck_out_tongue:

Bon, il va falloir que je fasse attention pour la suite !
N’empêche que ce matin, à cause de vous et du numéro 9, j’ai failli louper mon car pour aller bosser !
Et courir avec des chaussures de montagne, avec mon grand sac à dos « Catherine Destivelle », en plus en montée, à froid, c’est un peu violent pour mon petit cœur !

Ben oui : j’avais préparé ma petite histoire hier soir, et je l’ai un peu arrangée ce matin… mais pas assez relue !
Les chaussures c’est à cause de la neige, et le sac à dos c’est pour ramener les légumes de mon AMAP !
(bon, d’accord le sac était vide, mais il a une grosse armature !)

:smiley:
N’exagérons rien, ce n’est quand même pas moi qui ai lancé cette mode de leggins! même par hasard !
Et puis pour la référence à Fleming, mes collants n’étaient pas moisis !

ti ta ti ti ta ti ti ti

Bon, comme je ne veux pas louper mon car demain,
je vous signale le ti ta ta ta ta ta ta ta ta ta