Où est-ce que tu as vu ça ?
L'alpinisme est-il accessible à tous?
à propos, je lisais dans les récits des sauvetages (ce qui équivalait souvent à la récup des corps), qu’il partaient à pied à une bonne dizaine de guides et bergers dans la tempête (sans goretex et sans hélico…)
[quote=« Francois, id: 1216012, post:121, topic:113062 »]
Où est-ce que tu as vu ça ?[/quote]
Quoi, ils étaient pas en tongues, Gaspard et consorts, pour la première de la Meije ?
Un mythe s’effondre…
(Enfin, du coup, la première en tongues reste à faire.)
[quote=« L/L, id: 1216018, post:123, topic:113062 »]Quoi, ils étaient pas en tongues, Gaspard et consorts, pour la première de la Meije ?
Un mythe s’effondre…[/quote]
Tu ne crois pas si bien dire. Figure-toi que le père Gaspard a négocié (c’est comme ça qu’on dit) un passage pied nu, lors de la première.
(Voir La Meije de Henri Isselin. Arthaud)
faut vérifier avant dans Sandales Mag, on sait jamais
Si.
Voilà un fil très intéressant.
Beaucoup réfléchi à la question (et emmerdé quelques marches d’approche et pas mal de monde avec ce sujet) depuis mon univers de bourgeoise venue à la montagne puis à l’alpi comme une bonne bourgoise, encorsetée de grotesk (très bon, Bubu) et d’auto-admiration pour moi-même (montagne ou pas, d’ailleurs).
A l’état actuel de l’avancée de mes réflexions (qui sont généralisantes, forcément, mais ne représentent en fait que ma propre lecture de ce que j’ai pu constater, donc forcément partielles et partiales): je rejoins Bubu, à 100%, sur les limites culturelles.
Ce sont les premières, et finalement les seules, je crois. Le facteur économique est un facteur secondaire, quoiqu’absolument réel: j’entends que d’un point de vue purement logique, il dérive selon moi du premier et n’est ni nécessaire, ni suffisant pour expliquer l’élitisme qu’on rencontre en montagne - et que oui, je constate.
Pour l’instant, l’état primaire de mes réflexions donne que si je ne me souviens plus très bien de Bourdieu, je crois me souvenir cependant qu’il parlait de la reproduction sociale, c’est-à-dire du fait qu’on a tendance à reproduire « l’habitus social » dans lequel on a grandi. Par habitus, je crois qu’il entend l’ensemble des valeurs, codes et règles qui structurent un groupe social. Pourquoi / comment reproduit-on cet habitus? Je ne me souviens plus du tout pour le coup. Mais si on réfléchit, on peut penser qu’il y a des facteurs exogènes et des facteurs endogènes au groupe.
Les facteurs exogènes au groupe social seraient qu’un groupe différent du sien d’origine ne sera pas prêt à nous ouvrir les bras sans intronisation préalable (il faut s’assurer de la pérénité du groupe et donc éviter de faire sortir des éléments et bien valider l’acceptabilité des éléments entrant). C’est vrai dans n’importe quel sens: vas-y que la bourgeoise essaie de faire ami-ami avec l’ouvrier, et tu nous écris le téléfilm social de TF1 du lendemain, pire encore si elle essaie de sortir avec, alors là ça devient un film militant. Etre intronisé demande de connaître l’ensemble des valeurs, règles et codes du groupe, et surtout d’avoir un réseau (et donc d’être déjà ami-ami avec un gars d’un autre groupe), en gros c’est le serpent qui se mord la queue.
En terme de facteurs endogènes - et c’est là que ça devient intéressant - je dirais qu’à la base, il y a le concept d’identité. Tu « es » si tu es reconnu par autrui comme « étant qui tu es ». Pour être reconnu qui tu es, tu dois envoyer un tas de signaux facilement décryptables par autrui. En gros, qui appartiennent au dictionnaire de ton groupe social, parce qu’en général, « l’autrui » (csv, tu me pardonnes l’article…) dont tu es intéressé qu’il reconnaisse ton identité, c’est un gars de ton groupe à toi (moi bourgeoise m’en bats sérieusement que mon garagiste me trouve super cool, ou alors c’est que je joue avec mon identité quelque part…ce qui est aussi un jeu dangereux).
Pour faire dans le concret: le gars dont tous les potes considèrent qu’avoir une BMW, c’est le signe d’un gars qui a réussi voudra avoir une BMW si il considère « être un gars qui a réussi ». Et a priori, la montagne correspondrait plus aux symbole attachés à l’habitus d’une certaine forme de bourgeoisie.
C’est là que ça devient intéressant:
- pourquoi la montagne serait-elle plus un symbole qu’une certaine « élite » s’est appropriée? (ce mot mériterait 5 posts d’énervements réciproques mais passons)
- pourquoi / comment certains individus qui n’appartiennent a priori pas à cette élite arrivent à la montagne?
Question 1: Les valeurs / modes opératoires proposés par l’univers de la montagne semblent trouver plus d’écho dans la classe bourgeoise que dans la classe ouvrière. L’effort gratuit serait plus le propre de la bourgeoisie, quand les classes ouvrières envisageraient plutôt l’effort comme devant être rémunéré (d’où des loisirs tournés plutôt vers la détente). Le dévéloppement de soi, et de manière générale l’individualisme semblerait être plus le propre de la bourgeoisie qui a moins besoin du support du groupe pour survivre et prospérer que la classe ouvrière qui valorise ce qui est fait au nom / pour le groupe / par le groupe (cordée d’alpi (duo/couple) vs équipe de foot).
Bon, tout ça est critiquable (surtout l’opposition des classes qui est bien trop sommaire et limitative) mais dans les grandes lignes, ça pourrait tenter d’amorcer un début d’explication.
Et alors, question 2, pourquoi / comment certains individus cherchent / parviennent-ils à sortir de leur groupe et viser des symboles qui seraient plus / mieux reconnus par l’autre groupe? Je n’ai pas la réponse. Je sais juste qu’il s’agit d’invidus que j’ai trouvés rares (essayez de sortir cette phrase en refuge, à l’heure du dîner: « de toute manière, en montagne y a que des profs ou des médecins » et comptez les nez qui sont tombés dans la soupe) mais surtout exceptionnels, dans le sens où dans leur propre groupe, ils faisaient figure d’exception. Mon ami est alpiniste, c’est le moins diplômé et celui qui a le job le moins qualifié de tous ceux qui nous entourent dans l’univers de la montagne. Dans son groupe d’amis, il passe pour « la bête curieuse » sur ce sujet…mais sur plein d’autres aussi.
Voilà pour mon eau au moulin, je voudrais juste dire que je sais par avance que je vais me faire envoyer bouler comme qqn qui parle de classes etc. J’ai conscience des limites de ma réflexion, et je ne vous sortirai pas: « moi aussi, j’ai des amis ouvriers », parce que ça sonnerait comme « l’ami homo qu’on a tous pour se dédouaner d’être homophobe ». Mais je me sens plutôt bien dans tous les univers, je crois. Surtout dans celui de la purée de cerveau, et je serai ravie de lire la suite des réflexions sur ce fil!
P… Marielle, qu’est-ce que tu causes bien…
J’en suis sur le cul (si je puis me permettre cette vulgarité prolétarienne).
Je fume, aussi.
Ouais, y a qu’un maître ici, on le sait tous.
[quote=« Marielle_Geneve, id: 1216064, post:129, topic:113062 »]Je fume, aussi.
Ouais, y a qu’un maître ici, on le sait tous.[/quote]
et pas que des trucs licites apparement…
c’est stupéfiant !
Que j’en ai même du mal à lire ses paroles.
Ouaip. D’ailleurs, j’y comprends que pouic - c’est un signe que c’est intelligent.
Je propose une hypothèse : l’alpinisme consiste à s’élever physiquement en appuyant ben fort sur la tête des cailloux sans abuser pour ne pas risquer l’avalanche. Faire partie de l’élite consiste à s’élever socialement en appuyant bien fort sur la tête des collègues sans abuser pour en pas risquer la révolte.
J’ai bon ?
Oh la, mais je suis vraiment si peu claire?? Auquel cas ça m’inquiète, parce que les idées que je cherche à exprimer sont finalement très simples, elles…
Ou alors vous n’êtes pas d’accord? Auquel cas, je suis intéressée d’en savoir plus!
[quote=« L/L, id: 1216102, post:132, topic:113062 »]
Ouaip. D’ailleurs, j’y comprends que pouic - c’est un signe que c’est intelligent.
Je propose une hypothèse : l’alpinisme consiste à s’élever physiquement en appuyant ben fort sur la tête des cailloux sans abuser pour ne pas risquer l’avalanche. Faire partie de l’élite consiste à s’élever socialement en appuyant bien fort sur la tête des collègues sans abuser pour en pas risquer la révolte.
J’ai bon ?[/quote]
Non.
Alors j’ai pas réussi, je roule italien
Sûr que t’as bien fait tourner sa roue
pas trop d’accord sur ce point
un match de foot ou de rugby, c’est plus fatigant qu’une après-midi de golf, non?
si tu rajoutes « des profs, des médecins ou des ingénieurs » tu récolteras quelques nez en plus
Certes.
On peut aussi dire que la montagne n’est pas « un symbole qu’une certaine « élite » (se serait) appropriée ». Et que ceux qui la pratiquent ne représentent somme toute qu’une minorité de personnes ayant (ou se donnant) le temps et les moyens logistiques de la pratiquer - les autres faisant, au choix, du cheval, du voilier, du tennis, des voyages, du golf, ou rien du tout, ce qui me semble ni plus ni moins symbolique que le fameux alpinisme.
Mais qui sont néanmoins porteurs des valeurs « réussite individuelle » et « effort gratuit ».
On dégage donc quelques constantes.
[quote=« fr4n_ço1s, id: 1216118, post:136, topic:113062 »]pas trop d’accord sur ce point
un match de foot ou de rugby, c’est plus fatigant qu’une après-midi de golf, non?[/quote]
Je ne suis pas sûre que le rugby soit si populaire que ça…ou bien?
Pour le foot, a priori oui, il s’agit d’un effort plutôt gratuit. Après, il faudrait se pencher sur le pour quoi il est recherché. L’équipe, la technique du geste? Est-ce que le « faire » est aussi / plus / moins important que le « se réunir au prétexte que »? En gros, s’interroger sur la fonction sociale du foot. Je n’ai pas la réponse.
faut arreter le délire. la grosse majorité des pratiquants sont profs et ingénieurs, c’est très loin d’être une élite de la nation ( métiers très dévalorisés, le modèle aujourd’hui est le commercial à gourmette ou l’entrepreneur sans scrupules )
la raison n’est pas symbolique, elle est plus basique : temps libre + salaires corrects + reproduction du modèle parental + imitation du milieu.
quand à faire des raccourcis du genre " la bourgeoisie plus portée sur l’effort gratuit" pfff à mourir de rire, les sports préférés de la haute sont le golf et dans une moindre mesure l’equitation ou le tennis, pas vraiment des sports extremes.
Sur les courses de vélo ( bien plus dur que l’alpinisme ) le milieu est beaucoup plus prolo