L'alpinisme est-il accessible à tous?

[quote=« Stelvio, id: 1215745, post:88, topic:113062 »]Intéressant. Ca coûte combien l’inscription en club d’alpi? En fait, le matos, pas besoin de l’acheter? 'Suffit de s’inscrire à un club, et le club prête tout? Pas de casque, pas de piolet, pas de crampons, pas de baudrier, pas de corde à acheter? Vous faites de l’alpinisme et vous n’avez rien de tout ça?

Et s’il fait -20°C, qu’il neige et qu’il y a du vent, la veste chaude et le jean, ça fait l’affaire? C’est imperméable et respirant? C’est pas mieux la veste en Gore Tex Pro Shell à 500 euros? Pour le pantalon, dans ces conditions, un vieux jogging suffit lorsque les jambes sont en mouvement (9,99 euros? encore moins cher que tout! bon, il est tout déchiré, mais il fait bien l’affaire pour patauger dans la neige par grand froid), mais les pantalons à 200 euros voire plus, ça existe aussi (quel avantage?).

Chouette la tente à 3,4 kgs!

Le truc, c’est donc qu’il ne faut pas aller au Vieux Campeur ou à Espagne Montagne? Les chaussures d’Alpi La Sportiva à Décath, c’est très largement au-delà des 200 euros quand même.[/quote]

Là j’ai bien l’impression que tu joues au c** avec une ENORME mauvaise fois.
Bref je répond à celle ci mais je crois que ça sera la dernière, parce que bon je sais même pas si ça en vaut la peine.

Perso, j’ai fait de la montagne en jean puis en pantalon de rando en toile décathlon depuis 1990 jusqu’à il y a 2 ans environs. Motif du changement : pantalon trop troué pour être rapiécé. J’ai pas de gore tex mais une polaire décath à 15€ + un coupe vent thermique décath’ à 30€. Les deux ont maintenant bientôt 10ans. J’ai eu pendant près de 10 ans une paire de chaussures de montagne décathlon et avant des bonnes vielles coques plastiques Koflach achetées d’occas et encore avant des chaussures en cuirs récupérées à une amie des mes parents.
Pour la cascade de glace, j’emprunte des vieux piolets tractions pour compléter mon matos => http://s.camptocamp.org/uploads/images/1299677893_1482498628.jpg. Chacal de 1974 et Piolet modulaire Charlet des années 1990.
Avec tout ça je fais des courses jusqu’à niveau D en neige glace, je me suis déjà pris la tempête au sommet du mont blanc et j’ai eu juste un peu froid aux jambes…

Et le pire dans tout ça c’est que si je voulais je pourrais financièrement m’acheter une gore tex à 500€ + un pantalon à 200€ + des piolets à 150€ + … mais bon je considère que le matos que j’ai convient à l’usage que j’en fait. Du coup je suis tout à fait d’accord avec Francois quand il dit:

Après c’est sur il faut aussi mettre un peu de bonne volonté et accepter de porter un peu plus lourd quand on peut pas se payer le matos ultra-light. Mais bon, la tente par exemple ça rentre dans le matos collectif. Si tu portes la tente, ton/ta compagnon de cordée peux te soulager en portant la bouffe et un peu de matos.
Bref je le répète, un peu de bonne volonté est nécessaire aussi.

Là je suis d’accord avec toi.
Par contre une semaine de camping en montagne, ça coûte pas plus cher qu’une semaine de vacance en camping au bord de la plage ou ailleurs. Donc pour moi, à partir du moment où tu peux te payer des vacances, c’est pas le plus discriminant.

Qui te parles de TD et de frime ? On parle de niveau la ? J’ai du louper une étape…

[quote=« Rupicapra rupicapra, id: 1215469, post:7, topic:113062 »]Enfin, ça dépend du point de vue… Perso, en tant que mordu de montagne, ce n’est pas du tout un sacrifice pour moi que de ne pas aller en boîte ou autres trucs de djeuns de ce genre.
Ah ces jeunes…[/quote]

Je suis bien d’accord avec toi, ça n’est pas un sacrifice de ne pas aller en boite ou autre pr pouvoir aller en montagne :slight_smile:

Sinon c’est vrai que sur quelques post certain ont largement prouvé qu’un gros budget n’est pas forcement nécessaire.

La belle grotesk est plus adaptée, mais la veste premier prix n’est pas inadaptée pour autant.
Pendant 10 ans, avant d’être autonome, j’ai fait de l’alpi neige (facile) avec :

  • Un pantalon d’escalade, qu’on m’avait vendu comme pantalon d’alpi. J’avais bien vu que ce n’était pas vrai, mais il était un peu coupe-vent et déperlant (au début), et surtout séchait vite. Et j’étais bien content car il était bien plus light et clair que les pantalons grotesk noirs qui étaient censé être indispensables pour faire ces itinéraires, et j’ai rarement eu froid.
  • Un surpantalon K-Way quand il y avait du vent, de la pluie ou de la neige.
  • Un grosse polaire à capuche, que j’utilisais tous les jours à l’école, donc pas d’achat supplémentaire (je l’avais avant de commencer l’alpi).
  • Une veste K-way (fermeture intégrale et non juste sous le cou).
  • Bonnet et gants de ski, que j’avais donc déjà avant.
  • Des chaussures de rando non étanches, que j’entourais de sacs plastiques dans la neige molle, puis des chaussures d’alpi facile.
  • Le plus gros investissement : un sac Karrimor 55L, que j’ai toujours (il a 20 ans), mais dont les boucles et zips sont cassées ou usées, il faudrait tout changer (une vingtaine de boucles).

Je me suis pris la pluie et la neige à 3500m, du vent à 80km/h, du -10°C, etc. Bien sûr, ce n’était jamais des itinéraires engagés, donc mon équipement pouvait faillir, je pouvais descendre rapidement pour retrouver des conditions plus clémentes.
Je précise que cet équipement était similaire à l’équipement de mes parents, qui en faisaient depuis plus de 20 ans.

[quote=« Bubu, id: 1215783, post:103, topic:113062 »]surpantalon K-Way …polaire à capuche…Une veste K-way

  • Des chaussures de rando non étanches, que j’entourais de sacs plastiques dans la neige molle…[/quote]
    t’as des photos? c’était rose et jaune fluo ?

Moi j’ai commencé par de l’escalade en salle a la FAC:

  • 50 francs par an l’inscription au mur il me semble + achat des 1er chausson 200 francs environ.
  • 1 an après j’avais un baudrier et un 8 (dans les 200 francs encore)
  • 1 an après j’achetais 7 dégaines (350 francs) ce qui m’a permis de commencer la vrai alpinisme: la pierre becherelle à Angers environ 15 mètres de haut… 30 s du 1er parking, 5 mn du 2ème.
  • 1 ans après je complétais avec 5 dégaines de plus pour aller partout (jusqu’a 25 mètres de haut, de toutes façons mon pote avait 50 mètres de corde)
  • 1 an plus tard j’achetais une corde à simple ce qui me permettait d’être un « Vrai » puisque j’avais tout le matos pour grimper a moi tout seul.
  • 1 an après corde à double ce qui m’a permis de découvrir la grande voie à Orlu
  • 1 an après le casque (oui ça n’aurait pas été mal avant)
  • Puis 2 friends et 6 cables pour découvrir du TA à la sainte victoire.
  • Puis 3 nouveaux friends pour passer partout a la sainte et au calanque dans mon niveau (AD/D-)
  • puis 1 paire de grosse pour une initiation au CAF d’Aix en provence (merci à Jean paul Bouquier) et les 1ères sortie neige
  • Puis un piolet + crampon (~ 160 €)
    Voilà, j’en suis là, je n’ai toujours pas de gore tex ni de broche a glace, je suis toujours dans le AD mais pas partout… et il ne me viendait jamais à l’idée de sortir en hivers trop loin d’un parking.

Donc oui, c’est accessible à tous mais il ne faut pas forcément être pressé, surtout si on n’a pas la chance d’être au bon endroit…
Pour celui qui est loin des montagnes, là, oui il faut être pêté de thunes ou de motivation !!

L’alpinisme ce n’est pas que le haut niveau, c’est aussi et surtout des gens qui font 5/6 sortie par an en serrant les fesses et qui rêvent de ça tout le reste de l’année…

J’ai peut être des photos, mais censurées de toute façon. Ma grosse polaire était rose et verte (elle l’est toujours d’ailleurs).

[quote=« Bubu, id: 1215935, post:106, topic:113062 »][/quote]
Allez, on a compris…

Combien tu en demandes?

Je trouve la question de départ mal posée car aiguillant finalement très rapidement sur des raisonnements qui tentent à se refermer sur une opposition riche / pauvre accompagné inévitablement de l’habituel contre exemple du pauvre qui trouve bien le moyen de fumer un beau budget en clopes mais se plaint qu’il n’a pas les moyens de rien faire.
Pour faire de l’alpinisme il faut du temps de l’argent mais surtout, je pense, une initiation. Cette initiation ne va pas de soi et c’est sans doute là que se trouve le principal frein pour ou non,une future pratique sportive. Comme dans la plupart des sports, la famille joue surement un rôle premier mais s’agissant d’une activité à risque , le rôle du club quand ce n’est pas celui des « mauvaises fréquentations – des copains - » est très surement déterminant. Une fois qu’on a mordu à la montagne, le problème économique se pose bien évidemment comme partout et très souvent dans la vie mais ni plus ni moins. J’ai du fric je pars ( je pourrais partir) plus haut, plus loin, plus longtemps, plus exigeant au niveau des conditions climatiques…. etc J’ai moins (pas)de fric je vais moins en refuge, je monte ma bouffe, je fais moins de WE, je fais des voies qui demandent moins de matos et je me fait les bras et le mental en priorité sur les montagnes près de chez moi en attendant des jours ou des circonstances meilleures. Mais ce n’est pas ça qui m’empêche de faire de la montagne.
A mon sens il serait plus utile de s’interroger de l’éventuelle démocratisation de l’activité en raison d’une facilitation de la pratique (marques génériques de vêtements et de matériels techniques, développement des club et structures d’accueil – il y a même deux fédérations tellement qu’il ya de monde à licencier ! - possibilité de location de materiel…etc). Je pense qu’il est beaucoup plus facile de faire de l’alpinisme maintenant qu’il y a trente ans ( oui je sais !!!). Rien de plus facile de se trouver un club ou de se faire prêter du matos pour commencer. Et pourtant je n’ai pas l’impression sur mes trente ans de pratique d’avoir assisté à un grand développement de l’activité ( à l’opposé du ski de montagne par exemple) .
La question que je me pose serait plutôt : l’alpinisme (ouest européen) qui s’est historiquement développé au sein d’une élite (pas forcément économique) s’est il débarrassé ce cette marque de naissance au moment « de choisir » ses membres ? Et pour moi, cette réponse n’est pas évidente.

La pratique de l’alpinisme est surement une pratique extrémement spécifique et onéreuse.
C’est probablement un regard, pas une activité.
C’est un engagement, pas une pratique sportive.
C’est un déchiffrement, pas uniquement une relecture.

Bref, pour répondre à la question, « l’alpinisme est accessible à tous », il faudrait définir ce qu’est l’alpinisme… et ce que cela comporte et entraine…
Il n’y aurait surement pas consensus…

Ensuite et seulement, on pourrait peut-être réfléchir aux impossibilités financières, sociales, psychologiques, de lieux et de temps propres à l’activité…

Pour ma pratique de l’alpinisme, j’y passe du temps, du fait de sa spécificité (préparation, réalisation, remémoration etc etc), j’y laisse de l’argent (5000 € par an grosso merdo, bouffes et transports compris)…

Du coup, une pratique assidue, ne me semble pas accessible à tous… les contraintes de temps et d’argent étant importantes…

Ensuite, une autre pratique de l’alpinisme sera surement moins chronophage et onéreuse… mais force est de constater que en tout cas, une certaine pratique de l’activité alpine est difficilement envisageable pour tous

ça me fait marrer quand je lis qu’il faut s’acheter un gore tex à 500 €, a ton commencé l’alpinisme avec le goretex à 500 euros?

En fait dans le temps on avait tous des chaussures en cuir, et dans la neige molle on finissait les pieds mouillés lors des courses un peu longues. J’ai mis aussi des sacs plastique autour des chaussures, ils tenaient grâce aux lanières des crampons.

Et moi aussi à une époque où j’étais plus que juste côté financier, j’ai fait tout plein de montagne, et même de ski de rando avec du matos de récup, en plus en habitant en région parisienne. J’ai fait beaucoup d’auto-stop aussi, de bivouacs, de camping.
En refuge, à l’époque ça revenait nettement moins cher et on n’était pas obligés de consommer : on pouvait juste prendre la nuitée.
Pour les montées en refuge : à pied, même si il y avait un télé.

Pour ceux qui croient qu’il faut être hyper friqué pour faire de l’alpinisme, renseignez-vous sur comment se débrouillaient Bérhault et Edlinger à Chamonix (exemple peut-être à ne pas suivre à la lettre !).

Et oui, les menus larcins…en effet le vol est une alternative à prendre en considération. Comme un retour de bâton, les « pauvres » occidentaux récupérant ainsi un peu de la marge que les grandes marques se font sur le dos des petites mains orientales.

Un autre exemple de nécessiteux motivé, devenu grand alpiniste : Herman Bul qui débuta avec de la polenta dans les poches et une bicyclette pour aller d’Innsbrück jusqu’aux Dolomites.

bonne question!!!
je viens par exemple de lire une lettre de la reine Victoria s’inquiétant à la fin du siècle dernier de la disparition de nombreux intellectuels britanniques lors d’accidents en montagne. elle envisageait de leur interdire la pratique de l’alpinisme.
juste pour se remémorer d’où vient l’alpinisme…

[quote=« fr4n_ço1s, id: 1215986, post:113, topic:113062 »]je viens par exemple de lire une lettre de la reine Victoria s’inquiétant à la fin du siècle dernier de la disparition de nombreux intellectuels britanniques lors d’accidents en montagne. elle envisageait de leur interdire la pratique de l’alpinisme.
juste pour se remémorer d’où vient l’alpinisme…[/quote]

Ces élites étaient accompagnés par de locaux souvent paysans et chasseurs de chamois.

oui, ce qui illustrait bien la lutte des classes
sauf au cimetière, ou ils reposent cote a cote…

Lutte des classes ?
J’y vois plutôt une collaboration de bon aloi ! Et il ne faut pas coire que ces locaux étaient des brutes épaisses sans culture. Burgener, par exemple, a épaté son monde en utilisant un imparfait du subjonctif (ou l’équivallent en langage vernaculaire) dans une cheminée difficile. D’ailleurs, tous ces guides ou chasseurs de chamois parlaient couramment anglais, vu la nationalité de leurs clients.

Ça fait plusieurs fois que je lis cet argument, alors je porte la contradiction.
Aujourd’hui, pour un jeune, aller en montagne mal équipé / mal préparé, c’est possible, mais faut pas croiser un pékin si on veut pas prendre une branlée.

Z’êtes contradictoires les gars. Sur le forum, c’est « va’z’y en tongues », mais demain, quand vous le verrez avec sa petite laine sur une grande classique PD+, vous allez lui frotter les oreilles sur le thème « faut pas déranger le PG ».
J’ai un certain nombre d’années d’alpi/escalade dans ces conditions, alors je le sais bien : quand t’as pas le temps/l’argent (c’est un peu la même chose), tu sors 3 à 4 fois par an, sans trop savoir comment ça va se passer, sans entrainement, et avec le matos récupéré à droite à gauche, les 3 pulls et l’anorak du supermarché. Si tu croises une cordée goretexée à mort, t’as pas trop intérêt de lever la tête.

Pour la question de départ : ça a déjà été dit, mais l’alpinisme est accessible à tous ceux qui y sont exposés - c’est à dire, surtout les milieux aisés. Mais ça reste pour moi une activité « gratuite », à condition de rester discret. Même quand j’aurais plus de quoi me payer une corde, des vêtements et des grolles, rien ne m’interdira de me balader en haute montagne à l’aube. Ça restreint le terrain de jeu, c’est tout.

certes, mais avec à la base un rapport client-prestataire…
même si dans la difficulté, ça devait s’estomper assez vite
mais j’ai en tête le récit (romancé) d’un jeune anglais qui voulait absolument réaliser son projet malgré l’avis de son guide, qui, malheureusement pour eux, a du obtempérer…
j’ai aussi en tête le récit d’une « ascension » par les dames de ces alpinistes, que des guides accompagnaient sur les glaciers pendant que leur époux bravaient les sommets: elle n’avaient pas de goretex ni de sportiva, mais des jupes et des bottines

tiens j’en causais hier justement!

Koua ???!!!

Qu’est-ce que c’est que ces inconscientes. J’va leur frotter les oreilles, moi… tu te rends compte, en cas de pépin, déranger le PGHM pour ces dames ?