Allez, je vais prendre la défense de Stelvio sur qui tout le monde vient taper… Peut-être parce que ça nous dérange que l’alpinisme ne soit pas réellement accessible à tous.
Je pense vraiment que l’alpinisme n’est pas accessible à tout le monde. Mais ce n’est pas forcément un problème financier à mon sens. Le plus important, comme dit précédemment, c’est d’être passionné. Ensuite, on trouve le temps (même si ce n’est qu’un ou deux week-end par an), les moyens (clubs, amis, prêt de matos, voies faciles pour débuter, économies sur les autres budgets comme le chauffage, la bouffe etc). On a pas besoin d’un super matos pour faire des voies F ou PD ! Des chaussures correctes, un bout de corde, une paire de crampons, un piolet, un pull tricoté par grand-maman et un K-way… je pense que beaucoup ont commencé comme ça.
La question serait alors plutôt : pour devenir passionné, que faut-il ?
Stevlio dit : « Pour être passionné, il faut avoir été initié ; et selon les circonstances de vie, cette initiation est plus ou moins probable. »
Je suis en partie d’accord avec ça, et en partie seulement. Je pense plutôt qu’il faut être sensibilisé plutôt qu’initié, au départ. Et cette sensibilisation peut passer par autre chose que la pratique elle-même. Je pense aux magazines, aux reportages, aux films, à la vue des montagnes, aux rencontres sur les sentiers de randonnée où l’on voit des alpinistes qui reviennent des sommets… La passion naît souvent comme ça je pense. On commence par rêver d’aller là-haut. C’est en tout cas comme ça que ça a commencé pour moi, quand j’avais moins de 12 ans. Combien de gosses se sont dit qu’ils voulaient faire de l’alpinisme en regardant le dernier film de Catherine Destivelle par exemple ? Après, pourquoi la passion éclot chez certains et pas chez d’autres, ça je n’en ai pas la moindre idée. Serait-ce inné, comme une petite graine que l’on aurait au fond de soi et qu’un simple stimulus extérieur ferait éclore et se développer ? Pourquoi certains sont attirés par l’alpinisme, la musique, la danse, le kayak ou le ping-pong alors qu’il n’y a pas forcément de déterminisme social évident, de pratiquants de ces disciplines dans leur entourage ?
Bon, ensuite, une fois que la passion est là, il faut être initié. J’admets que certaines fois l’initiation vient avant la passion. Mais dans ce cas là, le déterminisme et le milieu social jouera un rôle prépondérant puisque c’est forcément un proche qui va nous initier si l’on n’est pas au préalable passionné…
Pour cette initiation, il y a alors les clubs, les amis, les amis d’amis, les stages d’initiation (un peu chers certes), etc. Et cette étape là ne sera pas aussi aisée pour tout le monde. Il est évident que si l’on habite à Grenoble, ou même Lyon, ça sera plus simple que si l’on habite à Nantes ou Caen… ou encore plus au Niger comme le dit Stelvio.
Il est évident que le lieu de naissance est prépondérant. Un Tahïtien ou un Bangladais aura peu de chances de faire un jour de l’alpi… comme un Mongol aura peut de chances de faire de la plongée ou du surf, ou un Français du cricket et un Indien du rugby… Question d’environnement, mais aussi de culture.
Il faut du matériel pour faire de l’alpinisme, un matériel qui coûte cher. C’est un des principaux arguments de Stelvio. Je suis là encore d’accord en partie seulement. Oui, il faut un minimum de matériel. Mais celui-ci peut s’acheter peu à peu. On commence par une paire de chaussures (celle qu’on a déjà acheté pour la rando), les vêtements qu’on a, on peut se faire prêter le reste (ou le louer ?). Pas besoin de veste Gore-Tex ou de semelles Vibram !!!
Je donne un exemple concret : J’habite en ce moment à Téhéran, en Iran. Tout près de la capitale se trouve le plus haut sommet du pays : un énorme volcan culminant à 5671m. L’ascension est « facile ». Techniquement parlant, c’est de la randonnée et pas de l’alpinisme. Par contre, ça monte très haut et il faut bien froid. J’y suis monté deux fois. Les Iraniens qui y montent se nomment eux même « alpinistes ». La majorité d’entre-eux sont des gens relativement aisés et bien équipés (Gore Tex et tout le tralalala). Mais d’autres montent en vieilles rangers de l’armée, pantalon pourri et vieille veste de cuir sur pull en laine et sac à dos à moins de 10 euros. Certaines femmes montent même en manteau de ville !!
La plupart d’entre-eux campent (tous les Iraniens ou presque ont une tente pour pique-niquer, c’est le sport national iranien), avec des tentes souvent merdiques qui plient quand il y a trop de vent…
Ensuite il est certain que pour des courses plus difficiles, il faut plus de matériel, qui lui coûte cher. Mais l’investissement se fait peu à peu, année après année. On n’achète pas tout d’un coup (de toute façon, le niveau pour faire une course TD ne vient pas du jour au lendemain !).
Gaël