[quote=« Stelvio, id: 1220634, post:332, topic:113062 »]J’ai la chance d’habiter près des montagnes, et j’y vais souvent. Même si je ne fais pas d’alpinisme, la montagne est un milieu que je connais un peu; pour chiffrer, disons qu’à certaines périodes, j’ai eu la chance de pouvoir faire plus de 100 sorties par an à + de 1500m-2000m de D+, il y avait le travail et la montagne, point; donc il ne faut pas croire que j’avance des arguments sans rien connaître. L’alpinisme, ça coûte cher. Rien que pour aller en montagne, il faut une voiture. Combien, parmi vous, font de l’alpi sans utiliser de voiture? Assez peu, j’imagine. On peut se débrouiller sans voiture, mais ça revient vite cher, même en habitant des villes comme Grenoble. Les bus sont chers: 4 euros 70 rien que pour Grenoble - Lans-en-Vercors, ça fait un peu mal. Outre le problème du transport, il y a le problème du matos.
Par exemple, un externe en médecine, qui, en plus de ces cours, bosse 20-25h par semaine à l’hôpital pour 50 euros (en 4ème année) et qui est issu d’une famille « modeste » a rarement le temps et l’argent pour faire de l’alpinisme. Bien souvent, il se contentera de sports moins onéreux comme le footing, le foot ou un tour de vélo le dimanche (voire même pas de sport).
Certains déforment mes propos, je n’ai pas écrit que l’alpinisme était un sport de riches, j’ai demandé si c’était un sport accessible à tous. Certains me demandent « mais pourquoi t’obstines-tu à nous poser cette question? quel est ton intérêt? ». Je vous pose cette question tout simplement parce que dans le monde réel, j’ai cru faire le constat que l’alpinisme n’était pas un sport accessible à tous. A plus de 3000m, en dehors des stations de ski, il y a en proportion beaucoup plus d’ingénieurs qu’à 200m d’altitude. Peut-être que la question gêne certains alpinistes, mais qu’est-ce qui est le plus grave: le fait de déranger quelque peu la conscience de quelques alpinistes ou le fait que plein de gens, pour des raisons sociales, culturelles, géographiques ou économiques, n’aient pas accès à ce sport?
Vous dites que je suis entêté et rempli de préjugés. Peut-être, mais je préfère avoir des préjugés sur les alpinistes plutôt que des préjugés du type « les prolos des barres d’immeubles passent beaucoup d’argent dans la bibine le chit ou les sorties en boites ». Surtout que mes préjugés ne sont pas très méchants. Moi, je ne traite pas les alpinistes de drogués ou d’alcooliques; mon préjugé, c’est seulement de dire qu’outre la volonté, pour faire de l’alpinisme, il faut aussi que certaines circonstances soient réunies.
Ce qui m’intéresse, ce sont surtout les problématiques sociales; et moi, ce qui me choque, c’est la façon dont certains parlent de ceux qui ne font pas d’alpinisme. Sur les 17 pages du topic, il y a eu de nombreuses interventions stigmatisant les chômeurs, les étudiants, les gens modestes: ils vont dans des clubs de gym à 50 euros par mois, achètent des écrans plasma, du shit et de la bière, dépensent tout leur argent pour aller voir des matchs de foot, se sont des fainéants qui ne veulent pas se lever à 2 heures du mat’ ('allez dire ça en face aux centaines de milliers de gars qui font les trois 8…), ils ne sont pas « intellos » et ne réfléchissent pas… et ce serait donc pour ces raisons qu’ils ne font pas d’alpinisme! Ce type de discours me scandalise; et je crois que c’est un très grave préjugé que de croire que ceux qui ne font pas d’alpinisme sont des fainéants qui ne foutent rien et qui passent leur journée devant leur tv. Je sais qu’il y a plein de gens qui bossent durs, qui ont une vie hyperchargée et des revenus modestes, qui veulent faire de l’alpinisme, mais qui ne peuvent pas; et ces gens-là au lieu de les pourrir, on ferait mieux de les respecter et de s’y intéresser. Pourquoi n’ont-ils pas accès à l’alpinisme? Pour des raisons économiques, culturelles, sociales, géographiques, d’organisation de la famille et du travail. Certains obstacles peuvent être surmontés, mais il faut aussi noter que certaines personnes ont moins d’obstacles à surmonter que d’autres.[/quote]
Pourquoi poses-tu cette question si tu refuses de tenir compte des réponses ?