[quote=« vs et 74, id: 1580796, post:266, topic:138121 »]La barbe! C’est facile de chanter « y faut pas » , " y avait qu’à", « y faut qu’on », dans lancer des petitions, d’aller chercher les informations sur le net qui vont dans le sens de nos arguments et oubliant celles qui sont contraires. De pinailler, de critiquer. Dieu sait que je suis pour les engagements, la lutte, le contre pouvoir. Quand cela vaut la peine. Mais quand on commence à prendre tout les chevaux de bataille qui traînent de ci de là et pour des conséquences qui ne sont pas irréversibles, on fait autant de dégats que ceux que l’on critique.
Quand j’était gosse, il n’y avait plus de bouquetins en Haute Savoie ou en Suisse, hormis dans les parcs et les reserves. Puis on en a aperçu quelques uns sur les Aravis , le Bargy et les Bornes. C’était l’événement d’en voir un alors qu’on ne faisait pas cas de voir un troupeau de chamois… Puis en quelques années, on en a vu partout, jusqu’au bord des routes et aux portes des refuges. C’est maintenant l’inverse, on est surpris d’apercevoir un chamois alors qu’on ne fait plus cas de voir un bouquetin.
Ce que je veux dire par là, c’est que les bouquetins semblent avoir la capacité de régenerer tres vite leur population. Il n’y a qu’a voir l’épisode de la maladie des sabots dans le Bargy , justement.
Faire une campagne d’abattage partielle ou totale dans le Bargy n’a donc rien d’écologiquement dramatique ou irreversible à moyen terme. La population saine peut tres vite reconquerir les lieux.
Par contre, ne rien faire , tergiverser, prendre des risques sanitaires ou économiques peut faire beaucoup de dégats et pas seulement dans le domaine écologique. Il n’y aura pas de gestion « au mieux » de la montagne sans consensus avec des agriculteurs, des professionels du tourisme, des populations autochtones et des populations de loisirs, les chasseurs. Et pour avoir du consensus, il faut deja avoir du repect mutuel, de la reconnaissance du sérieux de l’autre.
Jouer les lanceurs de pétitions, se servir de rumeur, balancer des " y parait qu’on", precher et exciter les convaincus de son propre camps ,faire de la sensiblerie etc… Ca ne fait qu’entretenir l’image désastreuse de l’Ecolo-Bobo-Théoricien. Bref, ca ne force pas le respect, c’est le moins qu’on puisse dire.
Alors après, finalement, faites comme vous voulez Ingmar.[/quote]
Bonjour !
La rumeur dont vous parlez est un appel à la vigilance que j’ai lancé en début de semaine. Je demandais simplement aux randonneurs de prendre des photos s’ils observaient des abattages, et je leur signalais que des abattages risquaient d’avoir lieu ces jours-ci (notez que l’ordre d’abattage est valable du 1er octobre 2013 à septembre 2014). Ces « rumeurs » ne remettent pas en cause le reste de mon propos.
Je vous indigne, je respecte cela. Rassurez-vous, vous avez déjà gagné : plus de 240 bouquetins ont été tués. De mon côté, je m’indigne pour des abattages aux conséquences irréversibles, pour le peu de respect que l’on accorde à la vie de certains animaux.
Il n’est pas prouvé qu’une population de bouquetins âgés de 0 à 4 ans puisse se perpétuer ; cette expérience n’a jamais été faite. Les mâles et les femelles les plus fertiles n’appartiennent pas à cette tranche d’âge. De plus, les bouquetins ne sont pas des animaux qui pullulent comme des bactéries en milieu chaud et humide. Certaines réintroductions ont échoué sans que l’on sache expliquer pourquoi (Gorges de la Bourne, par exemple ; en Chartreuse, le taux de fécondité des femelles est assez bas pour une population réintroduite). Il ne faut pas oublier qu’initialement, le Préfet a demandé l’éradication totale de l’espèce sur le Bargy ; ce qu’il n’a pas réussi à obtenir pour le moment, mais qu’il pourrait obtenir au printemps prochain. Que cette éradication soit suivie d’une réintroduction est utopique, car, suite à cette psychose, les éleveurs feront pression pour que cette réintroduction n’ait pas lieu. Dans les Bauges, le projet de réintroduction des bouquetins a été gelé à cause de la psychose du Bargy, alors ce n’est pas demain que des bouquetins seront réintroduits en Bargy. Il n’est pas irrationnel de penser que la population des bouquetins du Bargy est très mal barrée à cause de ces interventions humaines drastiques.
Le Conseil National pour la Protection de la Nature a opté pour l’abattage des seuls animaux malades. Un abattage beaucoup plus lent et plus coûteux, mais plus respectueux.
Le risque de transmission aux autres espèces est extrêmement faible et a un caractère exceptionnel. Si vous voulez réduire tous les risques, abattez les chats (toxoplasmose congénitale), les chiens (septicémie consécutive aux morsures), les renards (ecchinococcose), mettez des gaz toxiques dans les égouts (rats - leptospirose), détruisez les forêts (tiques - maladie de Lyme - encéphalite à tiques), mettez du chlore dans les lacs (parasites)… Notez qu’en France, on n’a pas éliminé la rage en abattant tous les chiens, loups et renards ; notez qu’un vaccin anti-brucellose existe pour les caprins - et pour les bovins - … Notez qu’une simple pasteurisation du lait inactive la bactérie brucella, tout comme un affinage du fromage de 60 jours qui n’est pas contraire, me semble-t-il, à l’AOP du reblochon, notez que des contrôles bactériologiques sont effectués sur le lait.
Il n’y a pas eu de consultation du public (ce qui est demandé lorsqu’on touche à des animaux protégés). Les locaux ont été prévenus au dernier moment par le Préfet : le 26 septembre. Les locaux ne s’attendaient pas à un abattage de 197 bouquetins le 1 et le 2 octobre. Réussir à trouver un consensus avec les agriculteurs et les chasseurs n’est pas réussir à trouver un consensus avec l’ensemble de la population. Dans le Bargy, le premier moteur économique est le tourisme ; et l’abattage des bouquetins aura des conséquences désastreuses sur le tourisme.
J’accorde de la dignité à la vie d’un bouquetin, cela peut passer pour de la sensiblerie aux yeux de certains, mais je n’éprouve aucune honte à avoir des sentiments pour des animaux, bien au contraire. Notre culture et notre code pénal assimilent les animaux à des « meubles » ; d’autres cultures portent un regard différent sur les animaux.
Ensuite, le risque sanitaire était maîtrisable, et il n’y avait pas d’urgence à agir sur une population si méconnue (l’effectif même de la population du Bargy est inconnu : entre 300 et 500 individus).
Bien respectueusement,
Ingmar
[quote=« ingmar, id: 1580347, post:251, topic:138121 »]Pour les énarques français, détruire des espèces animales abaisse significativement le risque de transmission de nombreuses maladies. Peu importe qu’un risque soit minime : tant qu’il n’est pas nul, il faut l’abaisser !
Le Préfet de Haute-Savoie a, semble-t-il, une part de responsabilité dans la psychose de la grippe A. (1) Lorsqu’en 2012, il apprend qu’une minorité de bouquetins du Bargy est infectée par la brucellose, il demande l’abattage de tous les bouquetins du massif. Suite à cette demande, les bouquetins étant interdits de chasse et protégés (2)(3), l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) est saisie. Début septembre, l’Anses rend un rapport de 46 pages. (4) Pour les experts, un temps de réflexion supplémentaire est nécessaire, et il n’y a pas d’urgence à agir. Il faut prendre le temps de comprendre la dynamique de la maladie et d’étudier la solution de la vaccination. (4)
Après l’éradication d’un foyer bovin, des milliers de tests sont effectués : les cerfs, les chevreuils, les vaches, les moutons, les chèvres ne sont pas contaminés ; et le risque de transmission de la brucellose aux autres espèces est jugé « extrêmement faible » par les experts. Sur le plan humain, nous avons cent mille fois plus de chances de mourir en nous faisant renverser par une voiture que de nous faire tuer par un reblochon contaminé par un bouquetin ! Et d’une, le risque de transmission de la brucellose des bouquetins aux vaches est minime, car ces espèces ne sont pas en contact (un cas bovin en 13 ans d’absence de vigilance, un cas sur 1300 troupeaux). (4, p°2)(5, p°7) Et de deux, même si par accident les vaches entraient en contact avec les bouquetins, la contamination d’une espèce à l’autre se produit vraisemblablement par le rarissime biais de l’ingestion d’aliments souillés par des produits d’avortement. Or, pour avorter, les bouquetins ont tendance à s’isoler dans des zones rocheuses peu accessibles aux autres animaux. (5, p°7 et 8) Et de trois, sachant désormais que des bouquetins sont infectés, le risque de contact vaches – bouquetins devient encore plus faible du fait de la mise en place de règles de vigilance ! (4, p°13) Et de quatre, si jamais le réel défiait les statistiques, 40 à 80% des vaches contaminées, asymptomatiques, n’excrètent pas la bactérie dans leur lait ! (6, p°3 et 9) Et de cinq, à présent, des contrôles bactériologiques sont effectués sur le lait ! (5) Et de six, la bactérie est inactivée par le processus d’affinage du fromage (ou par la pasteurisation) ! (6, p°12)(7) Et de sept, pour celui qui n’a vraiment, mais alors vraiment pas de chance, tout n’est pas perdu puisque, chez l’humain, la brucellose a un taux de létalité inférieur à 5% ; et ce, sans traitement ! (8, p°1) Et de huit, les antibiotiques sont très souvent efficaces ! (9)
En somme, s’il est vrai que les bouquetins représentent un risque sanitaire non nul, il est avéré que ce risque est extrêmement faible. (7) Pourtant, l’Etat a ordonné un abattage massif de bouquetins sans même faire de distinction entre les individus sains et les individus malades. Cette décision qui vise des animaux protégés par la Convention de Berne invite à se poser de nombreuses questions. Chaque année, en France, les chats sont à l’origine de centaines de toxoplasmoses congénitales. Chaque année, les chiens transmettent aux hommes des tiques vectrices de la maladie de Lyme. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes sont hospitalisées suite à des morsures de chiens, qui peuvent avoir des conséquences graves (tétanos, septicémie). Tous les êtres vivants représentent un risque sanitaire non nul, a-t-on, cependant, l’idée, au nom du principe de précaution, de tous les abattre ? Heureusement, pas encore, mais la peur est souvent mauvaise conseillère, et il est difficile de croire que son emprise sur nos énarques décroisse.
Ne pas dire Non aujourd’hui, c’est ne plus avoir de freins demain. Pour protester contre un abattage que le Conseil National de Protection de la Nature ne cautionne pas (7), vous pouvez signer cette pétition :
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Petition_Stop_a_labattage_des_bouquetins_du_Bargy
(1) http://www.librinfo74.fr/2012/07/georges-francois-leclerc-nouveau-prefet-de-haute-savoie-jeune-competent…-classe-a-droite-se-considere-comme-impartial/
(2) http://conventions.coe.int/Treaty/fr/Treaties/Html/104-3.htm
(3) http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000649682
(4) http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/SANT2013sa0129.pdf
(5) http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/SANT2013sa0082.pdf
(6) http://www.anses.fr/Documents/BIORISK2012sa0115.pdf
(7) Bouquetins du Bargy : lettre au Président de la République - Le Bruit du Vent
(8) http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=6992
(9) http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/64f3cf430660a588f79cd622bde6ae07.pdf[/quote]