La rapidité en alpinisme

L’alpinisme est surtout une activité engagée nécessitant une gestion de la prise de risque. Tout est affaire de compromis.

Si on explose l’horaire, par exemple en mettant 4 jours pour une course donnée en 2 jours, ça signifie qu’on n’a pas le niveau technique de la course, qu’on n’a pas le niveau physique de la course, qu’on n’a pas le bon matériel pour la course (trop ou pas assez), qu’on n’a pas de bonnes conditions, ou une combinaison des 4.
En alpinisme, la capacité à tenir l’horaire est un bon indicateur de l’adéquation entre ses capacités du moment et la difficulté de la course le jour où on y va. .

Bien évidement, il faut préparer la course pour améliorer sa sécurité. Mais ça ne suffit pas. L’exposition au risque est directement liée au temps passé dans la course, dans les zones dangereuses. La vitesse est donc un des facteur de sécurité. En alpinisme, il faut savoir avancer, tenir l’horaire, être efficace, ce qui ne signifie pas faire n’importe quoi. L’horaire se tient tout autant dans la réalisation efficace des manipulations que dans les capacités physiques. C’est une différence avec la randonnée : l’alpinisme est une discipline technique. Par contre, comme en randonnée, il faut savoir faire le bon sac avec juste ce qu’il faut, ni trop, ni trop peu. Comme en randonnée, le poids du sac impacte directement la vitesse de progression, voir même la capacité à passer un pas dur.

En été, il est difficile d’avoir des prévisions fiables de météo stable sur 4 jours car il y a souvent des orages en fin de journée. Il est donc encore plus nécessaire de tenir l’horaire, à fortiori dans un massif comme le Mont Blanc.

La Face N des Droites, Peuterey (course longue en altitude nécessitant une bonne acclimatation) sont des courses de difficultés moyennes relativement accessibles. Par contre, il est préférable/indispensable d’avoir le niveau (et l’acclimatation pour Peuterey) afin de les réaliser en tenant l’horaire. Bien évidement, on n’aura pas un pépin à chaque fois qu’on explose l’horaire dans une course, tout comme on ne prendra pas l’éclair à chaque fois qu’on se retrouve trop tard sur une arête. Mais les aléas météos explosent quand on ne tient pas l’horaire.

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Il est également possible de recycler ses veilles chaussures de course à pied en randonnée. Si on cours régulièrement, on use une paire de chaussures de CAP tous les ans, voir plus. Cette chaussures est toujours utilisable même sans amorti et peut être destiné à la marche en montagne, à fortiori pour une chaussure de trail.

D’une manière générale et pour faire durer le matériel, j’évite de prendre systématiquement du matériel « over kill » pour une activité ne le nécessitant pas (grosses chaussures pour marcher). Une veille paire de chaussure de trail est largement suffisante pour 99% de mes activités randonnée, y compris sur le GR20. Je préfère réserver l’usure de mes grosses chaussures à des activités nécessitant des grosses chaussures (alpinisme). Mais ça fait ex décennies que je randonne (y compris avec un vélo sur l’épaule) avec des petites chaussures. J’ai donc des chevilles habituées et de l’équilibre (portage du vélo dans des terrains pénibles). AMA, la marche systématique avec des grosses chaussures over kill ne développe ni les chevilles, ni l’aisance dans le terrain accidenté.
Seul point négatif du recyclage des chaussures de CAP/trail en randonnée : la semelle rarement très bonne en terrain calcaire patiné et mouillé.

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En résumé, si on a le niveau, l’entrainement, le matériel adéquat et si on tient l’horaire, tout se passe bien. Finalement, c’est ce qu’on apprend dans les formations. Je note toutefois que pour certaines courses pépères et relativement abordables (en gros, du AD, voire AD+, difficulté moyenne) il est seulement préférable d’avoir le niveau.

ça va dépendre la longueur, une course AD de 2 heures c’est pas pareil qu’une de 12 heures, surtout si t’es limite en niveau.
Surtout que si t’es limite en niveau, ça risque de te prendre beaucoup plus que 12 heures.

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Si on explose l’horaire d’une course de 2h, on mettra 4h. Si on est partie pas trop tard avec une météo raisonnablement correcte, ça ne prêtre pas à conséquence, hormis pour l’apéro.

Si on explose l’horaire d’une course de 12h, c’est tout de suite plus compliqué car on y passera probablement la nuit, avec donc des difficultés qui augmentent, des aléas météos probables, le froid, l’anxiété, même la peur qui peut conduire à faire des boulettes … Une mauvaise nuit dehors après 20h d’effort, c’est rarement l’optimum pour récupérer et se réveiller en forme afin de finir la course au mieux de ses capacités habituelles.
C’est d’autant plus critique en 2023 car la plupart des gens ne sont plus très rustiques et n’ont pas/plus l’habitude de passer la nuit dehors.

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Je recycle aussi mes trails en rando fast and light avec quelques restrictions, chaussures light=sac light, j’ai trop vu d’entorses de chevilles et genoux sur des gens en baskets avec un sac énorme. Et connaissance du terrain préalable (je ferai pas le tour du ruan en New balance…), ce qui me gène c’est la mode actuelle de faire croire que tout peut se faire en baskets , avec son lot de morts annuels (glissade sur névé en général), cela dit je me suis aussi tolé en grosses sur les dalles de la charpoua trempées… comme quoi il n’y a pas de vérité absolue et que chacun doit se faire son expérience

Ce qui compte c’est pas en combien est donnée une course mais en combien on avait prévu de la faire. Et quand je dit prévu, c’est correctement : avec la fenêtre météo correspondante, le matos adapté, la conditions physique qui va avec…
Une cordée qui prévoit de faire une course en 3 jours et met effectivement 3 jours aura respecté l’horaire.
Une autre cordée qui prévoit la même course en 1 jours et en met finalement 2 aura explosé l’horaire, quand bien même ils auront été plus vite que la première.

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Sauf que l’ensemble des aléas, notamment météos, augmentent exponentiellement avec la durée d’exposition, notamment parce que la fiabilité des prévisions météos décroient exponentiellement avec le temps. En été et dans le Mont Blanc, avec donc une instabilité certaine, la prévision météo fiable à 4 jours n’existent pas. La vitesse est donc toujours un facteur de sécurité.

Par exemple, prendre l’orage sur une arête, c’est compliqué/mortel quelque soit le matériel dont tu disposes. La seule solution est d’aller vite pour réduire l’exposition.

Vu que tu es incapable de lire (ou vouloir comprendre) la seconde phrase de mon message qui suppose une fenêtre météo adaptée, pousse la réflexion jusqu’aux bout : « la seule solution c’est de rester chez soit ».

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En été et dans le Mont Blanc, avec donc une instabilité liée à la géographie, la prévision météo fiable à 100% sur 4 jours très localement sur une arête n’existe pas. La vitesse est donc toujours un facteur de sécurité.
Qd on prends la dernière météo, c’est la veille au soir. Il faudrait donc une prévision fiable sur 96h localement sur l’ensemble de la course. Ca n’existe pas en été et dans le Mont Blanc.

C’est diffèrent en hivers et dans d’autres massifs. Mais même à 2 jours et dans d’autres massifs, je ne compte pas les innombrables fois où la prévision météo a déconné. C’est normal : il s’agit de prévisions. Les prévision sont globales et réalisées par des personnes/modèles qui ne sont pas sur place et ne connaissent donc pas les conditions réelles du lieux précis. Je ne compte pas les fois où la météo du soir ne colle pas à des observations locales réalisées au même moment.

La vérification des prévisions montre que la prévision du type de temps à 24 heures d’échéance sur la France est juste dans environ 90 % des cas, et que la prévision de température à 24 heures d’échéance en un point donné a une précision moyenne de l’ordre de 1 à 1,25 °C. À 7 jours, la précision est de l’ordre de 3 °C.
Comment fait-on une prévision ? | Météo-France Comment fait-on une prévision ?).

Et là, on parle de météo « globale » à 24h : 10% de prévisionnés erronées. Pour connaitre, la météo sur une arête, avec donc des conditions locales influençant significativement les choses, c’est encore totalement diffèrent. L’alpiniste lambda n’utilisera pas un expert météo pour lui faire une prévision locale à 5 jours pour sa course.

Pour des courses engagées, je prend 24h de marge sur la météo. Si je décide de sortir en 2 jours, j’ai besoin d’une bonne météo fiable sur 3 jours afin d’anticiper un pépin dans la course et/ou un basculement plus rapide de la météo. Pour une course de 4 jours, j’aurai donc besoin de 5 jours de prévisions bonnes et fiables. Ca n’existe pas dans le Mont Blanc en été.

Les certitudes de certains qd à la fiabilité des prévisions météos m’étonneront toujours.

J’admire tes certitudes …
Moins présomptueux/arrogant, tu serais sans doute intéressant mais là, tu es juste gonflant !

Adieu

Sache quand même que les semaines stables au niveau météo sont rares sur le MB mais que ça existe (pourquoi crois tu qu’il nous a fallu programmer cette course pendant 10 ans avant d’y arriver ?)
Et si tu pensais moins à courir pour clamer haut et fort que tous les autres sont des minables qui n’ont pas le niveau (de faire ce qu’ils ont pourtant fait (y compris la face N des Droites)) tu découvrirais (peut-être) la saveur de l’amitié partagée dans ces endroits pparticuliers où tout est bien plus fort qu’ailleurs !
Je crains que tout occupé par le « négatif » de la vie autour de toi, cela t’échappe complètement …
Comme je ne suis pas ton psy (surtout gratos), je vais te laisser régler tes pbs d’égo avec d’autres.

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Mais il serait beaucoup moins drôle.
Le style, le style, c’est tout le sel de la littérature…

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J’aime bien l’humour volontaire
ou s’il est involontaire, gentil …

Il ne coche aucune des cases et ne me fait donc pas rire

Un article rappelant les fondamentaux sur les prévisions météos et la montagne :

Bien interpréter un bulletin météo s’acquiert aussi avec l’expérience. En cas de sortie engagée comme en alpinisme, il importe de se donner une marge de sécurité sachant que des erreurs de prévision sont toujours possibles (par exemple une perturbation arrivant plus vite que prévu ou un orage l’été…). Cela dépend aussi bien sûr du niveau des participants. En alpinisme, la rapidité est un facteur de sécurité important et il convient d’adapter la course ou de savoir renoncer selon le niveau des participants et la météo annoncée.

Evaluer une prévision en fonction de l’échéance
Il importe aussi de savoir évaluer une prévision en fonction de l’échéance. On ne peut bien sûr pas attendre qu’une prévision à 5 ou 7 jours soit aussi juste et précise qu’une prévision à 24h, aussi bien au niveau géographique qu’au niveau temporel.

Les prévisions à moyenne échéance (5 à 7 jours) se sont cependant beaucoup améliorées avec les progrès des modèles numériques, et sont très utiles pour programmer une sortie à l’avance si on sait les interpréter correctement. Par exemple, si le passage d’une perturbation est prévue sur les Alpes du Nord à l’échéance de 5-6 jours, il faut intégrer une incertitude à la fois sur la chronologie du passage de la perturbation, sa trajectoire mais aussi son activité, et par exemple programmer sa sortie sur un massif plus au sud qui sera moins exposé.
Météo en montagne : mode d'emploi pour comprendre et prévoir le temps

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Chacun fait bien comme il a envie et prend les risques qu’ils souhaitent comme il a envie. Mais en alpinisme, la rapidité est un facteur de sécurité important. Les prévisions météos, avec leurs aléas, ne sont pas une justification pour ne pas être rapide et efficace.

A la fin de l’article, il y a un récit très intéressant sur Symon Welfringer (alpiniste et prévisionniste à Météo France). On se rappellera tout de même que 99,999% des alpinistes n’ont pas ses compétences Météo. :slight_smile:

Le style façon « marteau » :wink:

La question c’est, puisque c’est UN facteur de sécurité important et pas LE facteur de sécurité important : Quels sont les autres ?

Autres questions plus large : Est ce que la rapidité varie linéairement selon le poids du sac ? Même question pour la sécurité ?

https://www.kilianjornet.cat/fr/blog/integrale-de-peuterey

Le 1er facteur de sécurité est simplement la capacité à renoncer.

Ce n’est pas vraiment la question.

Mais du coup, ce 1er facteur s’applique comment ? Dès lors que tu n’es pas capable de prétendre à la même sécurité que Jornet - puisque la rapidité est un facteur de sécurité important - es tu contraint à rester chez toi comme le suggère @BearsBeard ?

ou y’a t’il des nuances que tu occultes volontairement ?

la rapidité est un facteur de sécurité important
la rapidité est un facteur de sécurité important
la rapidité est un facteur de sécurité important
la rapidité est un facteur de sécurité important
la rapidité est un facteur de sécurité important

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C’est ma réponse.

Je ne connais pas personnellement KJ. Notamment, je ne connais pas son niveau technique pour grimper sereinement et rapidement la Sud de la Noire de Peuterey. C’est facile, max 5c, mais il faut tout de même avancer. Il est peut être monté au sommet de la Noire par l’arête E plus facile.
Ensuite, il y a la ligne de rappel où ça semble avoir merdé. Ca n’aide pas d’être seul et se ressent dans l’horaire.
Ensuite, c’est du terrain pas très compliqué mais alpin, puis neige/glace où la sécurité ne viendrait pas de la corde pour un leader d’une cordée.

C’est donc difficile de dire s’il est plus ou moins en sécurité en 16h30. Mais c’est certains que sa prévision météo sera beaucoup plus fiable car sur 24h. Il est donc relativement à l’abri d’un basculement de la météo, qui est tout de même un important facteur de risque aux altitudes en question.

Plus rapide en 12h : L'intégrale de Peuterey en 12 h 12 min ! avec probablement un meilleur niveau de sécurité puisqu’ils peuvent s’encorder si nécessaire, tout en avançant vite. Ils semblent avoir été plus efficace, et donc plus rapide, dans les rappels.

Ah on tient un truc là. Possible même qu’il puisse y avoir un lien avec le poids du sac. Compliqué cette activité qu’on n’arrive pas à appréhender avec seulement un paramètre. Ca doit conduire à des différences dans la pratique de chacun. Incroyable :wink:

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