La rapidité en alpinisme

Tu devrais relire Alpinisme et compétition publié par Pierre Alain en 1949.

A la base, l’alpinisme est simplement ce que chacun veut en faire.

C’est donc de la compétition, si on veut que cela soit de la compétition. Bien évidement qu’il y a une pratique compétitive en montagne et en alpinisme.
C’est une pratique contemplative, si on veut que cela soit contemplatif.
C’est une pratique p, si on veut que cela soit une pratique p.

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Vu l’heure ce sera bientôt dalle en pente.
Mais sans se presser car comme il y a du réseau il faut tenir informés les rézos socios.

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C’est triste le ton que prend cette discussion sur un forum collaboratif. « Arete » a au moins le mérite d’être toujours respectueux et sa liste de courses atteste d’une connaissance de la pratique.
Etre rapide a toujours fait partie de la pratique et n’a rien de nouveau, il n’y a qu’à regarder les temps de P.A à la Meije ou de Terray/Lachenal à la Cassin au Badile.
Plus qu’une boursouflure narcissique, être rapide, tenir un horaire, c’est le plaisir de faire le bon mouvement, de prendre la bonne décision au bon moment, de sentir qu’on fait ce qu’on doit faire. Je pense qu’on a tous pu apprécier ce sentiment d’une course réussie. Ca n’empêche pas de pouvoir être contemplatif et de ne pas être uniquement obsédé par les stats de sa suunto.
De plus, la haute montagne étant essentiellement dangereuse, ne pas y passer trop de temps permet de ne pas trop baisser son espérance de vie, c’est une réalité.
Les 2 pratiques ne s’opposent pas et il n’y pas à se sentir agressé par les différences de vision.
J’ai mal à mon alpinisme… :sweat_smile:

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On ne parle pas de l’élite. L’élite va vite et fait des trucs hors normes, c’est pour ça que c’est l’élite. On parle de 99,5% des ploucs moyens, vous, moi, les gens.

Après y a un truc inavouable qu’il faut aussi avouer: je ne suis certainement pas le seul à avoir parfois tiré satisfaction d’un horaire rapide pour fermer le clapet de certains qui la ramenaient un peu trop à mon goût :laughing:

Je vais avouer un truc de dingue, accrochez-vous, il y a du scoop.
Parfois je suis lent, je souffre et je peste. Mais ça me fait plaisir quand même. Parfois je renonce aussi, j’en profite pour glandouiller dans les alpages avec un sac gros comme ça, une corde et des piolets, entre 2 marmottes et des « gars du coin » qui me regardent bizarre. Alors là ce n’est même plus une ode à la lenteur mais à l’échec bienheureux. Alors quand on me parle chrono, élite, techniques poussives et progrès, j’entends mais la base, la source, c’est simplement d’y être, sans préjugé, sans pensée profonde ou métaphysique, sans rapport au quotidien passé et futur. Quelque part sur une paroi, dans un duvet, dans un sous-bois … La béatitude n’a rien de sublime, ne doit pas s’expliquer.

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Mais malheureux tu cours à ta perte en avouant un truc pareil. Ça se dit pas ce genre de choses… Et pourquoi pas avouer que tu as déjà eu peur tant que tu y es. Pauvre fou !

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Ah oui tiens, ça m’avait échappé toutes ces petites terreurs qui me font revenir en bas. Et en haut également.

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Ouais c’est ça parle, parle. Et tes dalles alors ? Hein ? Abandonnées ? délaissées? méprisées ? bravo …

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Si tu avais lu ce que j’ai écrit tu aurais constaté que c’est ce que je disais…mais bon.
Et par ailleurs, non, la course de montagne n’est pas en soi une activité de nature compétitive !
En revanche, qu’elle le soit devenue ou qu’elle le soit recherchée pour diverses raisons, est autre chose.
Et qu’est ce que ça peut foutre de savoir qu’on a battu le record d’un topo, ou autre, à part pour celui qui recherche ça pour son propre plaisir, son égo, ou bien, dans une compète ! La seule raison objective de la rapidité est la sécurité, comme je l’ai déjà dit et expliqué plus haut.
Mais chacun a le droit de courir après son objectif et son plaisir personnel, bien entendu.
Bonne course !

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« Évolution » ou pas, il s’agit aussi de deux conceptions légèrement différentes (bien qu’en continuité) de la rapidité, qui se révèlent p.ex. en cas d’accident. Aux pôles extrêmes, la rapidité sera source éventuelle de danger - et de responsabilité - pour l’alpinisme « loisir de pleine nature » (avec tirage de bourre entre potes et boutanche au sommet), mais pas pour l’alpinisme « compétition sportive » (avec homologation, sponsors, organisateurs-sécurisateurs, caméras).

(Les plus joueurs, ou masochistes, ou juristes, sont libres de courir s’embourber dans les notions de « sport à risque » et de « risque assumé » :stuck_out_tongue_closed_eyes:)

Mais pas du tout ! C’est mes amies, dalles.
Question rapidité, on peut aussi parler des rimayes. Alors bon, ça avance le feu de Dieu, puis à mesure qu’on approche de la rimaye, ça avance moins le feu de Dieu et arrivé à la rimaye, ça n’avance plus du tout le feu de Dieu. Faut dire que c’est normal, pasque j’ai mal au ventre ou
que y’a un nuage pas sympa à l’horizon est-ce bien prudent de continuer ?
Mais les rapides n’ont jamais mal au ventre…

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Justement concernant la cordée Terray-Lachenal et de la relation entre vitesse/sécurité, l’une de leur particularité était d’exploser un paquet d’horaires. A confirmer si c’est dans Les Conquérants ou Les Carnets du Vertige, mais l’un d’entre eux (et il me semble bien que c’est Lachenal) fait un long laïus sur la question. Pour résumer sa pensée, aller plus vite, c’était réduire les risques et augmenter sa sécurité.

On peut aussi évoquer Erhart Loretan et son Night Naked Style. Le concept reposait sur une logique simple et absurde à la fois. En haute altitude, on a froid, on dort mal, on récupère mal, alors autant ne pas s’arrêter et tout faire d’un coup. Ses ascensions avec Troillet ont changées l’approche de l’himalayisme.

Je repense enfin à Lafaille dans Prisionnier de l’Annapurna qui dit que la montagne est statistique : plus on passe du temps en son sein, plus les risques augmentent de manière corelative et mathématique.


Maintenant quelques nuances à apporter malgré tout. La première est qu’ils ont tous fait partie de l’élite de l’élite, leur approche du risque est surtout objective, alors que pour la plupart des pratiquants la part subjective est plus ou moins marquée. La deuxième est que l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que son propre chemin, la pratique personnelle, qui varie pour chaque individu, influence notre pratique uniquement personnelle. Pour ma part je déteste les bivouacs, je le vois plus comme un risque, alors tout ce que j’envisage c’est à la journée, pas besoin de beaucoup d’eau, ni de bouffe, de duvet ou quoi que ce soit, l’idée est d’être léger pour avancer vite. Après, j’ai bien conscience des limites du système, que ce n’est pas forcément comme ça qu’on doit grimper : ça reste un choix… personnel.

De toute façon on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. La légèreté supprime certains risques mais en amène d’autres, partir avec beaucoup de matos aussi, ils sont simplement antagonistes.

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Je trouve le forum bien triste alors je remets une pièce.
Deux intérêts de la rapidité ont été évoqués :

  • l’aspect « statistique » : plus on va vite, moins on s’expose.
  • l’aspect « quantitatif » : plus on va vite, plus on peut en faire et en voir.

Moi j’en vois d’autres :

  • l’aspect « possible »
    Impossible tout simplement de faire certaines voies en étant lents ! Exemple avec la traversée des fitz de honnold et caldwell, impossible de faire ça en 15 jours… À notre niveau aussi, certaines cascades un peu longues, si on avance pas, ça le fait pas… Notamment si on a des obligations familiales et qu’on veut préserver la paix des ménages… :sweat_smile:
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C’est comme en voiture ? Plus tu vas vite, moins tu passes du temps sur la route et donc, tu as moins de chance que les autres te rentrent dedans. ET comme toi tu est trop fort en conduite, tu ne rentreras pas les autres.

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Dans le cas spécifique de Lachenal, oui.

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Je ne fais que le citer :wink:

Mauvais exemple quand on voit comment s’est tué Lionel Terrey : en sortant de la fissure en arc de cercle, probablement en grimpant les 2 sans assurance pour gagner du temps !
Un des 2 à déraper et les 2 sont morts …
La, probabilité de se vautrer dans du 3 terreux ou caillouteux est extrêmement faible ce qui explique que nombreux vont effectuer des longueurs sans aucune assurance, on l’a tous fait des centaines de fois
Surtout les Guidos avec un client au bout de la corde … On demande au client de bien laisser filer la corde et éviter qu’elle traine des cailloux et ensuite on grimpe 40 ou 50 m sans assurance jusqu’à un arbre ou une plateforme pour assurer le client …On a jamais le sentiment qu’on risque de glisser dans ce type de terrain et pourtant ça peut se produire, il y a de nombreux exemples autres que l’accident de L Terray …

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Berhault par exemple…

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Berhaud n’était pas encordé mais je crois que c’est une corniche de neige qui serait responsable de sa chute et non une faute directe … c’est différend du sujet …
Quand on voit les solos qu’il s’est fait avant cet accident, dans le Verdon et à l’envers du Mt Blanc, on peut se dire que c’est vraiment pas de chance pour cet alpiniste exceptionnel, top 5 à mon avis !