Pour moi ces histoires de réintroduction ne sont pas sérieuses, ça fait partie des rumeurs, comme les lachers de vipères etc…
C’est du folklore.
Oui sauf que le chamois n’a pas une emprise de la même nature (donc pas comparable) que le loup, grand prédateur, sur son environnement.
Or dans l’environnement montagnard, le pastoralisme a (et doit toujours avoir) pleinement sa place, car si bien géré, il évite la fermeture des espaces, entretien les prairies, la diversité des milieux, fait vivre des paysages etc…Il fait partie de l’identité de nos alpages, de nos vallées, et c’est aussi un marqueur culturel.
(L’environnement ce n’est pas que la faune sauvage…Une prairie fleurie, entretenue par l’homme via une bonne pratique de fauche, ou du paturage extensif, peut regorger une diversité considérable. C’est même certainement le plus emblématique d’ailleurs !)
C’est bien dans son attitude prédatrice et opportuniste vis à vis du pastoralisme que le loup affecte un élément subtantiel de l’environnement montagnard.
De là à dire que « le loup n’a pas sa place » je sais pas…peut-on vraiment le dire ? mais en tout cas, difficilement avec le pastoralisme.
Car les mirages d’une adaptation « triviale et scolaire » du milieu agricole à la présence du loup, sans heurts, ni dégâts, n’engagent que ceux qui y croient encore.
Surtout dans un système qui relève actuellement de l’usine à gaz complète, et n’a rien de durable.
Le milieu agricole souffre et va souffrir encore plus d’une crise des vocations car c’est un métier engageant et très contraignant.
Je ne parlerai pas des transhumants, ces « gens du sud », pour la plupart (image d’épinal mais assez vraie), qui débarquent l’été sur quelques très grands alpages alpins, avec des énormes troupeaux. C’est une sorte d’agriculture « importée » et pas forcément toujours bien vécu par les populations locales, en fait.
Je parlerai plus des exploitations locales, intégrées au tissu économique et sociale de nos vallées.
Dans ma commune, sous AOP Beaufort, il y a une dizaine d’agriculteurs, dont 2 pleinement à l’année et encore ces 2 derniers ont une petite activité complémentaire pour avoir un peu plus de revenus, car ça gagne pas beaucoup pour le temps qu’ils y passent. Ils travaillent en coop. Ils sont pieds et poings liés avec leur cheptel, les samedi et dimanche ça n’existe pas vraiment et quand ils prennent des vacances, c’est au plus 1 ou 2 semaine par an, rarement consécutives. Et la logistique et l’organisation nécessaire est très contraignante. Beaucoup disent « faut être du coin pour accepter ça » sachant que les jeunes de coin, bah pour 9 cas sur 10, ils veulent pas s’engager dans un truc pareil et on comprend bien pourquoi…
Les « écolos de salon », spécialistes du « Y A QU’A, FAUT QU’ON » (qui concrètement se traduit pas « je n’y connais rien mais j’ouvre ma gueule quand même ») disent « ils ont qu’à mieux surveiller leurs troupeaux » s’ils ne veulent pas d’attaques de loup c’est à dire concrètement « en permanence », car le loup est un opportuniste malin…
Ce faisant, par ce critère de « permanence », ils proneraient d’une certaine manière un retour au pastoralisme d’antant, l’image du berger en estive qui veille en permanence sur son troupeau de mouton, sa vie complètement tourné autour de cela, dans des conditions peu confortables, et complètement coupé « du reste du monde », …
Alors moi ce que j’aimerai c’est que les « écolos de salon » aient le courage de leur position : s’ils disent qu’aujourd’hui les agriculteurs locaux de nos valllées sont des lâches qui ne surveillent pas bcp leur troupeau, hé bien que ces « prêcheurs de la bonne parole » prennent leur place…Et on verra s’ils tiennent longtemps !!! J’en doute, je suis même certains qu’ils ne feraient pas de vieux os…La plupart de ces « donneurs de leçons » (appelez-ça comme vous voulez) sont actuellement rivés sur leur écran d’ordinateur pour pester contre mes propos, tout accrocs qu’ils sont et dépendants (comme moi) de toute cette technologie de la communication.
Le monde a changé, outre que c’est économiquement plus viable du tout, plus aucun jeune agriculteur un peu sensé n’accepterait de vivre dans de telles conditions.
Donc oui, par choix de vie, le jeune (ou pas…) agriculteur local a le droit d’entendre s’organiser, construire sa vie, aménager son temps, autour d’une pratique extensive et sans suivi (absolument) en permanence. Oui le jeune agriculteur a le droit de s’organiser avec d’autres agriculteurs (ex gaec) pour la gestion de son troupeau, et se créer du temps libre. Oui le jeune agriculteur a le droit d’avoir une activité complémentaire.
Et oui il est légitime que l’agriculteur local, jeune ou pas, ait le sentiment que ce n’est pas à lui qu’il incombe de porter le « fardeau » d’une politique portée sur l’application d’un « grand principe » plaqué au terrain, et ce à la place de ses instigateurs planqués derrière leur écran de PC. Leur métier est déjà assez difficile et contraignant comme cela, il leur impose déjà beaucoup de sacrifices…
Parce que sinon à compte-là le pastoralisme ne fera pas de vieux os. Il ne s’agit de victimiser le pastoralisme, mais d’être à son écoute…ce que les prêcheurs de la bonne parole sont incapables de faire…
Donc voilà c’est un choix de société à faire…Faut savoir ce que l’on veut