Posté en tant qu’invité par eric:
Je pense que c’est dommage d’abimer une classique du canyon.
Premièrement les lignes « logiques » en terrain d’aventure, ça pousse pas sur les arbres, je veux dire que le domaine de voies de ce style n’est pas extensible. Une fois que toutes les classiques auront été spitées, il n’y en aura plus, c’est tout. On va me repondre « qu’il y a du rocher pour tout le monde », « t’as qu’à aller ouvrir tes voies en terrain d’aventure » ; ouais j’aimerais bien mais s’il restait des lignes comme la castapiagne à ouvrir, ça se saurait ! Merci les anciens.
Ensuite, la plupart des rééquipements que l’on justifie à l’aide d’arguments vaseux comme : « ça permet à tout le monde d’y aller », « comme ça on peut faire en libre » ou encore le sacro saint « c’est l’ouvreur qui veut bien… ». Et bien, la plupart de ces rééquipements, donc, donnent lieu la naissance d’une nouvelle espèce de voies : on emprunte les lignes logiques d’ascension, où l’escalade n’est pas toujours majeure (rocher moyen, vires…) en suivant des spitsque l’on clippe dans les passages durs, souvent pour tirer dessus , parce que lesdits passages durs sont souvent des pas de blocs impinnable (je suis pas sûr de l’ortographe, mais mot n’était pas dans le larousse).
Je m’interroge sur la pertinence de tels rééquipements.
Pour en revenir à la castapiagne, je pense pas que le fait d’y avoir planté une poignée de gougeons en face LA classique de libre du canyon… De toutes façons, Graou, que je ne tiens pas à attaquer personnellement, n’oeuvrait pas pour la communauté.
Une réalisation bien plus élégante aurait été l’enchainement de toutes les longueurs en tête (soyons fous : sans les prises en sika !)et en plaçant les protections, mais j’ai peur d’avoir dit une grossièreté là…
Par ailleur cette tendance à l’asceptisation massive est à mon sens révélatrice d’un mépris vis-à-vis des autres. De ceux qui ont ouvert, souvent il y a bien longtemps et avec des moyens et un niveau technique bien inférieur aux nôtres (n’y voyez pas là un complexe de supériorité, je parle des friends, des nuts, des chaussons, des pans et autres salles de gym qui ont bien facilité nos week-end).
Un mépris pour ceux qui ont une pratique différente, imaginez l’effet inverse : si on pitonnait où on mattait des plombs dans « hotel supramonte », les dégâts sur le rocher serraient irrémédiables et l’indignation bien plus générale.
Et pour finir on méprise aussi ceux qui en rêvaient, j’ai fait plusieurs autres lignes à côté et je me la gardait sous le coude cette petite castapiagne, mais là j’en ai plus envie, c’est pas ça qui me faisait rêver…
On peut faire la voie sans clipper les spits, mais ça change tout quand même, le spit est à l’artif ce que les cordes fixes sont au style alpin.
Je ne suis pas un extrémiste de quelque bord que ce soit, j’aime ce que fait graou, j’ai aimé ce que fait hervé (même tes pâtés de sika), j’ai adoré grimper aux goudes dans les étoiles, la directe… même si ça fait mal aux bras.
Mais je pense qu’il ne faut pas faire n’importe quoi n’importe où. Beaucoup de communautés de grimpeurs savent mieux respecter leur patrimoine et les différents style qui y cohabitent.