Bonjour,
Merci pour toutes ces réponses, et ces avis, que je partage en quasi-totalité. Merci aussi à celles et ceux qui ont essayé de ramener la discussion à la question initiale, qui demandait plus qu’une comparaison générale entre les mérites ou les motivations relatives aux différents types de pratique. Peut-être n’y a-t-il pas de réponse : on ne sait pas.
C’est aujourd’hui un fait : l’immense majorité de ceux qui se sont, une fois dans leur vie, encordés, ne connaîtront jamais le rocher naturel. Ce n’est ni bien ni mal. Reste que toucher les cailloux de l’Escales, des Aiguilles de Chamonix ou du Naranjo de Bulnes, bivouaquer au clair de lune sous la face ouest du Malo Pison, cela apporte quelque chose que la salle ne saurait offrir. Il va de soi que chacun fait ce qu’il veut, ce qu’il préfère, au moment (de sa vie ou de sa journée) où il le souhaite. Qu’en cinquante ans, je n’aie pas grimpé en salle plus d’une demi-douzaine de fois, cela ne me fait pas désapprouver – et encore moins mépriser – ceux qui ne font rien d’autre. Pour moi, quand il pleut, je suis aussi bien à mon bureau avec un bouquin, ou sur mon canapé avec la musique, qu’au soleil sur le rocher (avantage du vieillissement : on arrête de devenir fou de ne pouvoir pas grimper pendant une semaine).
Pour François : oui, les Escalades au Pic du Midi d’Ossau (Denoël, 1983), c’était moi. Depuis longtemps épuisé, ce livre a bien vieilli (aux deux sens de l’adverbe « bien », je crois : beaucoup , et pas trop mal !). Il y a davantage d’itinéraires, mais ceux qui existaient déjà n’ont quasiment pas changé (à part la descente de la voie des vires, bien sécurisée). Aujourd’hui, l’excellent topo de Luis Alfonso : La Vallée d’Ossau (édition « La Noche del Loro », bilingue français – castillan) est de loin préférable : beaucoup plus à jour, des croquis de bien meilleure qualité, et avec photos. Le livre couvre, outre le Pic d’Ossau, toute la région (Gourette, Arrémoulit, Arudy, etc.). À l’époque de mon livre (celle de Rébuffat), Denoël peinait à prendre le virage d’une certaine modernité. Il fallait que le topo tienne dans la poche du knicker ou du sac à dos (de là des croquis trop petits) ; ils ne voulaient pas entendre que la photocopie se démocratisant, on ne verrait bientôt plus des grimpeurs ouvrir un bouquin au relais. J’avais proposé, mais en vain, de suivre Alexis Lucchesi qui, avec le format adopté pour les Calanques et Sainte-Victoire, avait compris, lui.
Enfin, pour ceux qui désireraient philosopher sur tout ça (ce qui n’est pas plus une obligation que grimper dehors), Pourquoi grimper sur les montagnes ? (Guérin, 2012), c’est moi aussi.
Bonne grimpe à tous, en blocs, falaises et montagne, couennes ou grandes voies. Et bien sûr en salle, pour grimper, discuter avec les copains.
Patrick Dupouey