Incidence de la pratique de la salle sur le goût pour le milieu naturel

Bonjour,

Je m’interroge sur l’incidence d’une pratique régulière de la salle sur la manière d’envisager l’escalade en terrain naturel. Il n’est évidemment pas question de contester l’intérêt ni les mérites de l’escalade en salle (lorsqu’on vit loin de sites naturels, par mauvaise météo, par manque temps ou de partenaires, etc.). Mais chez des proches récemment encore enthousiastes à grimper en terrain naturel, mais devenus assidus à la salle, je constate une baisse de motivation pour m’accompagner dans des sites naturels pourtant attrayants, en particulier dans les grandes voies (même pas très longues, même en très bon rocher, correctement sécurisées, sans approche ni retour démesurés). Comme si la dose d’imprévisibilité toujours inhérente au milieu naturel – diversité quant à la nature du rocher, la qualité et la densité de l’équipement en place, la nécessité de placer ses propres protections, etc. (sans parler de la température de l’air ou du rocher) – créait, chez les habitués de salles forcément standardisées, une appréhension plus difficile à surmonter.
J’aimerais savoir si d’autres ont pu faire sur leurs compagnes et compagnons de cordée habituels – voire sur eux-mêmes – un constat identique.

Merci de vos témoignages !

C’est simple plus il y a de salles moins il y a de grimpeur en falaises !

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La salle est un complément nécessaire à la falaise pour celui qui veut maintenir son niveau, ses capacités, et bien évidemment, s’il fait de la compétition, c’est évident.

Je constate que nous continuons à aller sur le rocher quand cela est possible : météo, temps (horaire), partenaire dispo, etc, etc,… car c’est avant tout la « vraie » grimpe ! Mais…, il est vrai, que parfois la salle devient un palliatif « facile » (de bonnes raisons ou pas…) pour faire au plus pratique, au plus proche, au plus rapide.

En revanche, je constate aussi que beaucoup de « jeunes » ne grimpent… QUE… en salle (mur à voies ou bloc), et ce, sans pour autant faire de la compète ! Les « boites » à salle type salles de blocs qui se développent de partout en France, deviennent pour eux la seule pratique de l’escalade.
Je trouve cela dommage car ils passent à côté de l’essence même de l’activité.
Un peu comme le compétiteur en ski qui ne va jamais en free, et qui ne skie que pour les piquets…

A chacun son plaisir et ses points de vue… après tout, chacun fait comme il veut.

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Ce qui plaît, à mon avis, aux jeunes et moins jeunes, dans les salles d’escalade, c’est le côté social. Grimper, certes, mais aussi (surtout ?), discuter, retrouver des copains, draguer (si,si !). Toutes choses qu’on n’a pas en extérieur. Car enfin, quand on grimpe en extérieur, l’aspect social, échange, discussion, est assez limité. On est plutôt seul. On se retrouve aux relais oú une cinquantaine de mots suffit à la communication.
C’est une des explications que je vois.
A parte: j’ai un petit topo « escalades au pic du midi d’Ossau » de Patrck Dupouey, que j’ai acheté vers 1985. C’est le même Dupouey, je suppose…

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Je ne connais personne qui a perdu le goût de grimper en extérieur à cause des salles d’escalade. À la limite, des copains qui préféraient aller en salle le soir alors que pour moi une sortie falaise s’envisageait, mais d’une durée très réduite. Pareil quand je proposais d’aller grimper en exté le weekend alors que la météo était plutôt douteuse.

Par contre je connais pas mal de gens qui ont commencés en intérieur, et qui n’ont jamais pris le goût de la falaise. Et la, je me dis, dommage, tant pis pour eux, mais à l’échelle globale c’est peut-être mieux comme ça, car si tout les grimpeurs des salles se mettaient à grimper en falaise, on aurait une surfrequentation des lieux bien plus conséquente qu’on connait déjà.

J’ai la même impression que toi. J’ai l’impression que certains voient du danger là où je vois au pire une galère potentielle. Je n’ai donc pas peur « d’aller voir » dans des grandes voies qui s’approchent à mon niveau max, quitte à éventuellement prendre un but, alors que certains amis à moi ne le feront jamais. Mais finalement, tout le monde doit faire comme il veut et comme il sent.

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Ce sujet me rappelle les commentaires à peu près identiques que nous pouvions avoir dans les années 80’ au sujet grimpeurs attachés à Fontainebleau et qui n’en sortaient jamais (il doit certainement y en avoir encore), même si certains bleausard ont été d’éminents alpinistes.
De la même façon, toujours dans les années 70’ / 90’ (avant les SAE), il était toujours surprenant de voir certains très forts grimpeurs de falaises ne jamais aller en montagne.

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Slt B.A., oui mais ce n’est pas surprenant, car grimper ne veut pas dire « aimer », ou, « être » aussi alpiniste, ou randonneur, ou skieur, etc, etc,… Et inversement.

La représentation de la difficulté entre salle et rocher, est aussi caractéristique. Je suis souvent « amusé » quand j’entends des jeunes dire : « ouais mais en falaise c’est facile tout est une prise tu mets tes mains où tu veux, comme tu veux, t’as pas à réfléchir, alors qu’en salle tu dois être capable de faire ce qui a été décidé par d’autres et passer là où tu dois le faire et pas autrement ! ». Alors que…
Tu sais c’est un peu comme de dire : quel est le raisonnement intellectuel le plus difficile ? Celui littéraire ou bien celui scientifique ?

Là aussi, la notion de « difficulté » mériterait ouverture d’esprit, connaissances, clairvoyance, et débat…

Moi c’est l’inverse, plus je fais de la salle, plus j’ai envie d’être en montagne. Conséquence: Je vais rarement en salle et me retrouve à galérer en montagne parce que je me suis pas botté le cul pour aller à la salle :smiley:

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Yen a bien qui font de la salle de muscu alors qu’ils pourraient proposer leur aide pour déménager.

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J’avoue que j’ai jamais entendu quelqu’un dire ça, et en général le consens parmi presque tous les grimpeurs que je connais, c’est que pour une cotation donné, en extérieur c’est plus dur, sans doute à cause d’une lecture moins evident. Et à cause d’une « manque de pieds ».

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On est bien d’accord !

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Est-ce vraiment surprenant ?

Le grimpeur « très fort » investit beaucoup dans l’escalade, qui n’est qu’une composante du panel de compétences pour aller grimper en montagne.
Certains y sont allés, et ça s’est suffisamment mal passé pour qu’ils n’aient pas spécialement envie d’y retourner (je pense par exemple à un très fort bleausard). D’autres n’ont jamais été attirés, peut-être faute d’opportunités, qui sait ?
Ou parce que les autres compétences requises ne les branche pas autant que celles requises pour (ou développées par) l’escalade.

Toute façon ya deux choses différentes (et sans doute beaucoup plus que ça mais bon je simplifie). Ya celui qui fait de l’escalade pour aller en montagne et ya celui qui fait de l’escalade pour faire de l’escalade.
Après ya plein de nuances

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Une autre hypothèse : un manque d’habitude ?

J’ai souvenir de copains qui faisaient des trucs bien plus durs que moi en salle et ne comprenaient plus rien quand il s’agissait de sortir du V en posant quelques coinceurs à la Sainte.
Alors dans leurs 7c déversants à la salle, ils me disaient « c’est dingue que tu tombes vu ce que tu fais dehors ».
2 mondes (2 salles ?!), 2 ambiances.

Sans parler de ceux qui ne vont qu’en salle car ce n’est pas le sujet le plus riche pour moi dans ce questionnement, je réfléchis le revirement de ceux qui allaient aussi en falaise…
Je le trouve rare dans mon entourage (grimpeurs de gvs plus axés sur la balade et le rapport à la nature que sur la perf). Je peux toutefois le concevoir pour cet aspect « efficacité » de la sortie.
Rouler 1h, marcher autant, faire des rappels, pour grimper quelques longueurs ne permet pas d’optimiser autant qu’en salle un créneau horaire serré (en terme d’entraînement et de progression, j’entends).
Pour moi, un créneau est optimisé et efficace s’il m’a apporté du bien-être : j’en trouve davantage en étant dehors (quitte à peu grimper) qu’en enchaînant les longueurs en salle.

J’ai le sentiment qu’il s’agit d’un compromis zone de confort (cotations en salle objectivables, progression visible, préparation de la sortie nulle, météo stable, etc) / plaisir.
Heureux ceux qui trouvent autant de plaisir en salle que dehors, ça doit être fort pratique :wink: !

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Surement aussi un facteur, mais moi je pense que j’ai grimpé plus en exté qu’en salle (ce n’est peut-etre plus le cas maintenant, mais sur mes 2-3 premiers années d’escalade ce l’était surement), et je trouve que l’intérieur c’est quand-même plus facile, même si l’écart n’est pas si énorme. C’est surement du à la particularité de mon mental - pas peur d’engager, grimper en trad si je maitrise, mais grosse peur de prendre un vol des que je suis un peu au taquet. En salle, lecture plus facile, donc moins d’hesitation, bras moins usés, donc c’est bon, alors qu’en exté, doutes sur la méthode, prochain point plus loin, bras fumés, donc j’ai mal.

Exactement, j’ai pris un but à Presles Décembre dernier. Accès en rappel par le haut histoire de respecter les interdiction d’accès par le bas, donc 4h30 de marche, largement de nuit, mais la journée était bien plus belle qu’une journée en salle, même si on n’a grimpé que 2 longueurs et demi. Par contre, quand je parlais des

je parlais plutôt d’une sortie après-taf en Avril ou Septembre, pour aller à un site éventuellement non-majeur de l’agglo Grenobloise, pour grimper 4 longueurs grand max. Donc là je comprends tout à fait que les copains préfèrent aller en salle, surtout s’ils sont dans une phase d’entrainement plus sérieuse.

Assez surprenant comme constat, pour ma part à chaque fois que je vais en salle ça renforce mon goût pour l’escalade sur rocher : ni le contact avec la résine, ni l’environnement, ni le public ne me satisfont. C’est une pratique qui 90% du temps relève du pur entraînement en l’absence d’autres options. C’est peut-être aussi en partie lié à la proximité des falaises autour de chez moi ? Ultimement j’imagine que ce ressenti dépend aussi de ce qu’on recherche dans l’escalade.

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C’est marrant j’aime de plus en plus la salle. Et je me retrouve dans le lot des personnes qui n’ont pas la motivation pour aller en falaise quand les conditions sont pas nickelles. En GV par contre, je suis plus souple sur les conditions !

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S’il faut choisir j’irais quasi toujours en falaise, mais moi aussi j’apprécie de plus en plus. Le côté physique me plait bien, la fait de pouvoir tenter des trucs durs sans perdre du temps si on n’arrive pas en haut, etc… Il faut voir la grimpe en salle comme un sport à soi (qui aide évidemment beaucoup avec l’autre) et l’apprécier pour ce que c’est.

Ah c’est drôle, pour moi falaise et GV ont la même signification depuis que j’ai arrêté la couenne (au bout de +/- 2 ans de grimpe).

Tu évoques les particularités de ton mental, de mon côté je penche pour mon (absence de) physique : la salle m’a toujours parue plus exigeante musculairement tandis que le caillou offre toujours des alternatives en jouant des pieds…
D’ailleurs à un bras y a pas photo, je ne sers vraiment plus à rien sur résine alors que le caillou me régale encore dans de nombreuses situations.

Intéressante cette diversité de pratiques et de ressentis !

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Vous avez une salle pas très loin ? Ce n’est pas toujours le cas surtout dans les régions rurales ou petites villes (c’est encore surtout les salles polyvalentes ou la muscu plus récemment ou yoga, pilates etc moins de murs, ce n’est pas encore très tendance), alors la distance peut être équivalente entre le rocher naturel et la salle.
L’avantage de la salle c’est que c’est ouvert quelle que soit la météo.