Impact environnemental des voyages en avion

Sur le sujet de l’impact environnemental des voyages en avion pour le documentaire.

D’une part il ne faut pas oublier que l’aviation n’est actuellement responsable « que » de à 3 à 5% environ du réchauffement climatique selon la plupart des études sur le sujet (dont en voilà un exemple). D’autre part, c’est quand même représentatif d’un certain mode de vie et d’inégalités donc ça reste critiquable.

Mais plus généralement, je trouve qu’il y a un paradoxe inhérent à ces critiques car la conscience qui nous pousse à vouloir préserver la planète vient en partie de notre capacité à voir ce qui se passe ailleurs, découvrir tous ces écosystèmes et cultures et, parfois, y aller en personne et s’immerger. Par ailleurs, même si on a énormément de choses en France ne terme de nature, il y a des types d’espaces qu’on ne pourrait pas découvrir autrement qu’en voyageant loin. Pour le moment ça ne m’intéresse pas d’y aller personellement, mais est-ce qu’on peut en vouloir à certains d’avoir envie de découvrir ce que notre planète a à offrir : les grands espaces interminables des États-Unis ou de l’Australie, les forêts primaires d’Amazonie ou d’Asie du Sud-Est (il n’y a plus aucune forêt primaire en France !), découvrir des cultures aussi pour se sensibiliser aux différences. Voir des reportages sur des cultures à l’autre bout du monde et s’y immerger, c’est pas du tout pareil, ça fait partie de la richesse de l’expérience humaine.

3 Likes

Il n’y en a quasiment jamais eu depuis la dernière glaciation. Les humains étaient présents avant puis pendant la recolonisation de l’espace par la forêt, et ont influencé cette recolonisation.
C’est pareil en Amazonie : des zones ont été anthropisées (agriculture, habitats, temples, …), puis la forêt a recolonisé suite à l’effondrement ou migration de la société qui s’était développée là.
Bien sûr il y a des zones qui n’ont jamais été anthropisées, mais c’est bien plus restreint que l’on s’imagine.
Ca n’empêche pas que la forêt qui recolonise puisse avoir une tête de forêt primaire au bout de qq sècles, mais son histoire fait intervenir les humains à un moment.

2 Likes

Je pense que la France doit avoir quasiment la plus grande diversité de biotopes, climats, géologies, paysages etc. de toute l’Europe. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles la plupart de mes amis français n’envisagent pas de prendre l’avion pour ses vacances (même ceux qui n’ont aucune tendance écolo) alors que c’est tout à fait banal pour mes amis anglais (y compris ceux qui prétendent être écolo). Au Royaume-Uni, même la plupart de nos montagnes (y compris en écosse) à été transformé en un espace desert, dénudé de forets, surtout pour plaire aux éleveurs de mouton et l’industrie de « chasse » aux oiseaux. Le Lake District devrait être récouvert d’arbres, y compris les sommets, Snowdonia pareil, et idem pour une grande partie des Highlands Écossaises. En Angleterre, suite à une plainte déposé par un propriétaire au Dartmoor, il n’y a plus aucun endroit où on a le droit de bivouacer.

Quand j’habitais à Grenoble, je me disais, apart pour voyager pour voir ma famille, je serais très content de passer ma vie sans quitter le carré Lyon-Geneve-Nice-Montpellier (désolé les pyrénéens). Par contre, passer ma vie au Royaume-Uni ça me paraitrait une contrainte assez sévère, même si je suis au courant que la democratisation des moyens de déplacement est une invention plutôt récente.

1 Like

Même en prenant en compte ces définitions qui font débat il y a très peu de forêts « re-primarisées » en France, et leur étendue est très limitée. Sur la surface de forêts n’ayant jamais été anthropisées, en effet c’est très restreint, d’où l’usage comme exemple. Mais bon ne nous concentrons pas inutilement là-dessus c’est un exemple parmi d’autres dans mon argument.

C’est fort possible, et c’est une des raisons pour lesquelles je n’ai personnellement aucune envie de voyager en dehors de la France actuellement. Mais dans ma vie j’ai eu la chance de voyager en Afrique où j’ai de la famille, et il y a là-bas des choses à voir en termes de paysages et de culture qu’on ne trouvera jamais en France, et un documentaire n’aurait jamais eu le même effet que mon expérience directe. Idem pour de nombreuses autres destinations. Je ne suis pas alpiniste, mais n’y a-t-il pas une raison pour laquelle l’himalayisme a fasciné depuis des décennies, au-delà de la pure hauteur ? J’ai le souvenir de descriptions de certains endroits des Alpes « presque himalayens », sous-entendu que les massifs de montagne là-bas ont une dimension particulière qu’on trouve difficilement ailleurs. Est-ce que pour toi il est totalement illégitime d’avoir envie de découvrir toute la richesse que la planète a à offrir, et que tout le monde ne puisse pas le faire en traversant l’océan en voilier pendant des mois ? (clin d’oeil au film récent « Cap sur El Cap »)

1 Like

Je trouve quand même qu’il y’a un certain paradoxe à souhaiter découvrir les forêts primaires de part leur définition.

3 Likes

La pub pour les compagnies aériennes sera interdite aux Pays Bas à partir de 2025 : La Haye interdit la pub pour les vacances en avion ou les voitures à essence

Tu dis qu’il faudrait en premier interdire la pub pour les compagnies aériennes. Sous-entendu, une vidéo d’un influenceur n’est pas de la pub, et a moins d’impact qu’une pub explicite.
Mais un influenceur qui promeut les voyages à l’autre bout du monde fait implicitement de la pub pour les compagnies aériennes, avec surement plus d’impact que de la pub explicite pour une compagnie aérienne, étant donné que la vidéo d’un influenceur est du contenu qu’on veut regarder, alors que la pub explicite est du contenu subi (et qu’on peut éventuellement zapper).

Quand un influenceur (influenceur = auteur de vidéos qui font des dizaines de milliers ou millions de vue, pas des vidéos de ton cousin qui fait 45 vues) montre un lieu, une pratique, une opinion, c’est de la pub. Aucune différence de nature avec la pub « normale » concernant l’impact sur les spectateurs.

2 Likes

Mon pauvre garçon…

Je ne sais pas si t’as une Rolex (et si t’as même 50 ans), mais là, t’as vraiment raté ta vie…

:innocent:

3 Likes

Un paradoxe dans le paradoxe donc :grin: J’admet que ce n’est pas le meilleur exemple autant ne pas s’y attarder je reconnais qu’il n’est pas forcément pertinent.

Ce ne sont pas les extrémités du carré qui m’intéressent le plus haha. J’aurais bien pu dire dans un rayon de 200 bornes de Grenoble aussi…

Pas trop compris le rapport avec la Rolex?

Tu te souviens pas de l’ineffable formule de Jacques Séguéla ?

Terray disait que le Valgaudemar était « la vallée la plus himalayenne des Écrins [des Alpes?] » est c’est vrai que c’est joli par là. Mais j’ai une ami qui à fait le trek du camp de base du K2 et quand elle m’a montrée ses photos je ne me disais pas « ah tiens cette photo me fait penser à Villar-Loubière celle-là! ».

Quant-à l’envie de voyager je pense que c’est assez primordiale - et je ne pense pas qu’elle soit culpabilisant en elle-même. Et en fait, une des principales avantages de la « décroissance » serait qu’elle donnerait plus de temps libre et faciliterait donc les déplacements lents. Peut-être pas au point de prendre un voilier jusqu’en Californie, mais ça doit aussi dépendre de ses motivations et des sacrifices qu’on serait prêt à faire. Moins de consommation et plus de temps libre c’est pour moi la base d’une approche écologique non-punitive.

3 Likes

En fait j’ai 27 ans et je suis anglais donc celle là m’avait échappé. Mais tu m’as fait découvrir quelque chose!

En fait les Pyrenées j’aimerais bien y aller, ça fait un moment que j’essaie de trouver le bon moment.

Et ce serait merveilleux d’atteindre cet état je pense qu’on est d’accord. Mais là on entre dans un débat tentaculaire qu’il faudrait plutôt avoir sur le Postécolo qu’ici :slightly_smiling_face:

1 Like

Dans une autre mesure ne faudrait il pas supprimer toutes ces belles sorties et les photos associées qui sur C2C nous influencent les uns et les autres à aller voir ailleurs ? Et pour ne pas succomber à la tentation, limiter automatiquement l’affichage à une zone proche de notre point de connexion. Faut il sortir le goudron et les plumes pour une sortie d’un contributeur saisie loin de son domicile ? En tant que contributeur faut il s’autocensurer si on a réalisé une sortie lors d’un voyage en mobilité dure ? Et si cette sortie a été faite lors d’un déplacement pro, est ce plus acceptable moralement ?

2 Likes

Je sais pas si c’est une digression où pas - j’ai l’impression que c’est quand-même le vif du sujet. Je suis sur que s’il y était aller au Nepal en mode douce (ou de toute façon « moins dur ») je pense qu’il aurait sollicité beaucoup moins de critique.

Je parlais plutôt de la notion selon laquelle décroissance pourrait-être compatible avec le fait d’avoir plus de temps libre et de pouvoir voyager plus lentement, c’est-à-dire se rendre à des destinations exotiques avec un trajet se comptant en jours / semaines plutôt qu’en heures. J’avais déjà donné rapidement mon avis sur un autre sujet mais pour moi l’augmentation du temps libre passe par l’abondance énergétique. À mon avis en allant dans le sens de la décroissance (sobriété énergétique), les êtres humais devraient faire plus d’efforts et la possibilité de voyages longs serait encore plus à exclure qu’actuellement. C’est ce débat qui, je pense, est légèrement hors-sujet.

Aïe aïe aïe malheureux…
goudron = pétrole
plumes = maltraitance animale
On préfèrera lui rayer les skis / couper la corde / percer la pipette, …
Ou on le condamnera à 10 ou 20h de pédalage pour alimenter les serveurs c2c en électricité bio.

6 Likes

Pour moi, l’énergie n’est pas trop le problème, c’est plutôt le CO2. C’est peut-être aussi pour ça que je ne suis pas « decroissantiste », même s’il y a certaines choses dans la philosophie de la décroissance qui me plaisent. Je sais que mon avis ne fait pas l’unanimité, mais l’électricité largement decarbonné on sait faire, et c’est surtout une manque de volonté politique qui nous empêche.

Au niveau du temps libre, je pense qu’il y a beaucoup de monde dont leur travail ne sert à pas grande chose (cf. théorie des « bullshit jobs » de David Graeber) mais génère beaucoup de dégâts environmental. Une grande partie des boulots dans la finance et le marketing rentrent certainement dans cette case. On pourrait imaginer (ou plutôt rêver d’) un monde ou tous ces bullshit jobs cessent d’exister. Ça donnerait déjà un peu de marge.

D’ailleurs, en parlant de David Graeber, dans son dernier ouvrage (The Dawn of Everything, écrit avec David Wengrow) il raconte pas mal sur les habitants indigenes d’Amérique du Nord, et pour eux voyager loin c’était assez courant.

2 Likes

Personne n’est parfait !

:ok_hand:

1 Like

Toutes les personnes que je connais et qui habitent ou aiment la montagne ont toutes envie d’aller au moins une fois dans l’Himalaya, au Nėpal de prėférence. C’est un peu un « pèlerinage » pour beaucoup de montagnards, comme la Mecque pour les musulmans.