Très exactement. L’impact psy et physique de l’accident doit se suffire à lui seul sur le retour ou non à l’activité. L’Homme ne considère généralement pas les conséquences de ses actes (il n’y a qu’à voir le réchauffement et sa dénégation dans la population générale) et donc, ce n’est pas le coût qui est bloquant, c’est la possible conséquence de ce coût : pour certains, rembourser des sommes importantes peut les mener à la pauvreté. Inutile de répondre : « il n’y a qu’à s’assurer ! », regardez donc le taux d’assurés parmi les conducteurs de voiture avant de répondre. Et pourtant là, c’est obligatoire par loi !
Et assuré ou non, derrière un montant à payer pour les secours, la tentation de la recherche de dommages et intérêts compensatoires, de responsabilité de l’accident est grande. Et donc aussi des procès. Qui mécaniquement augmenteront aussi les indemnités, les coûts et tout un tas de choses pas sympa au niveau du groupe humain.
Quelque part, l’accident de Vingrau procède de ce phénomène et approche. Les conditions de responsabilité de la FFME ont toujours existé, mais personne n’avait tenté ce cheminement. Quelque part, c’est bien l’augmentation des indemnités individuelles ainsi que l’augmentation des postes indemnisables qui est le moteur sous-jacent : pretium doloris, préjudice d’agrément, préjudice esthétique, préjudice sexuel, préjudice juvénile, préjudice d’établissement, etc … Toute une flopée, on n’imagine pas. C’est bien pour les victimes prises individuellement, évidemment. Mais est-ce vraiment bien pour la société ? Les effets collatéraux nous affectent tous. La preuve, le bazar sur les sites d’escalade et l’accès à la pleine nature plus largement qui en résulte.
La limite du domaine skiable est assez facile à déterminer, oui. En pratique, les secours de la station peuvent prendre la décision d’appeler le PGHM, voire même le PGHM « espionne » les canaux de certaines stations pour lesquelles leur domaine skiable comportent des secteurs plutôt typées haute montagne et prennent parfois la décision d’intervenir en raison de la complexité d’accès, l’évolution de la météo… Le secours sera alors « gratuit » pour la victime, malgré l’accident sur le domaine.
@Ml2, je te conseille la lecture du rapport de la cours des comptes sur le sujet : Organisation du secours en montagne et de la surveillance des plages | Cour des comptes
Vous aurez tous les coûts de la période 2007-2011. L’ensemble PG/CRS n’effectue que moins de 20 inter/jours sur l’ensemble du territoire. Juste les pompiers du Touvet, c’est genre 6 à 7 inter jours. Ce qui est relevé de mémoire est la difficulté à assurer l’efficacité avec une fréquence d’intervention faible à très faible par endroits.
A noter tout de même que le secours n’est pas tout à fait gratuit tout le temps pour le secouru : il est prévu que ne soient pas demandés les frais « normaux » de secours, mais que les frais engagés par la commune puissent être demandés aux secourus. Rappel : le maire, en sa qualité de premier officier d’état civil et officier de police judiciaire, qui possède les pouvoirs de police générale, est en première ligne sur le sujet : c’est lui qui a tout pouvoirs sur les secours et leur organisation. C’est vrai, en pratique, dès lors qu’on est pas dans un cas « classique » de la vie de tous les jours d’un gendarme du PG de Chamonix - assez rare en pratique donc.
L’exemple des secourus du Mont Rosset en 2003 est le cas typique. C’est le maire qui organise et choisi le secours. La facture a été reçue et payée. Il y a eu aussi des abus.
J’ai personnellement reçu une facture d’une commune des Hautes Alpes concernant des opérations de recherche pour moi en 1998 (alors qu’on avait rien demandé et que nous sommes rentrés à la voiture à pied - avec une vingtaine d’heures de retard), alors que cette commune n’avait pas engagée de frais me concernant.
La MAIF, un assureur, va au TA direct avec une facture de ce type sur des frais sur des engagements de secours sur choix d’un tiers (le maire bien souvent ou le préfêt), quand même ils seraient réels. Ça s’est passé plusieurs fois en Savoie sur les trente dernières années, puisque là, il y a un opérateur privé (et oui, SAF ne veut pas dire Savoie Air Force) inscrit au plan départemental de secours.
Ambel, autre exemple, sur laquelle se trouve une partie du site d’escalade des Gillardes et de la Grande Roche avait du ouvrir sa salle communale pour les besoins logistiques des secours avec ouverture d’une voie pour aller chercher un base-jumper pendu dans la paroi, inaccessible à l’alouette. Le maire, un ami, s’était inquiété de la facture pour lui et ses moins de vingt administrés. Il était formateur d’élu par ailleurs, il m’avait expliqué que le PGHM ne lui redescendrait pas de frais autres que ce qui sortirait de l’ordinaire d’un secours normal. Les seuls frais ont donc été l’occupation de la salle donc. Que le maire avait pris pour lui au final, heureux de s’en tirer à si bon compte. 30 ans plus tard, les mœurs ayant changé, je suppose que ce (faible) coût serait facturé à l’accidenté.
Ces histoires de réduction des services publics au titre de leur coût est un serpent de mer. Nous avons besoin d’une organisation collective parceque la mutualisation de moyens, c’est le moins cher et le plus efficace au final pour tous. Parecque de toute façon, les indigents et les handicapés, il faudra s’en occuper, même à très bas coût (même leur élimination a un coût : regardez les comptes de ceux qui ont tenté les éliminations de masse !) : la seule façon que ces postes ne soit pas trop élevés est de ne pas générer ces personnes !!! Donc de les secourir et de les soigner correctement (pas d’amputation par exemple, ce qui est le moins cher en première approche, très pratiqué aux US par exemple) pour qu’ils retrouvent leur place dans la société.
On pratique souvent la mutualisation des déficits et la privatisation des bénéfices, c’est au fond, ce type de position qui est révélée par ceux qui participent à cracher sur les services publics : sauf que si ça en arrange évidement certains, mais rarement ces petits pions soldats qui diffusent ces messages à bas bruit …
Avez-vous déjà été vraiment dans un pays sans impôts ni service public ? Parceque, même avec des revenus très supérieurs au revenu médian français (en comptant toutes les charges pour que ce soit toutes choses égales par ailleurs !), on s’aperçoit assez rapidement quand il faut rembourser ses études, financer la retraite de sa mère, payer les multiples assurances pour ses enfants et soi-même, payer les études ou le garden de ses enfants de 0 à 18 ans … ben, il en reste vachement moins dans sa besace pour s’acheter des piolets qu’en France en comptant la part salariale et la part patronales des charges prélevées sur la productivité d’un salarié.
Avez-vous déjà payé des soins dans un de ces paradis des tenants du libéralisme ? Et comparé au coût, sans même parler de la qualité, du même acte en France pour la sécu ?
Y’a pas à tortiller du cul :
- le moins cher et le plus efficace est la mutualisation,
- le moins cher et le plus efficace est de faire en sorte que le problème n’apparaisse pas, pas de traiter le problème.
Et ça c’est vrai du secours au transport en passant par l’immigration et l’éducation et tout le reste. Il semble que trop peu s’en souviennent, et que pire encore : de moins en moins s’en souviennent et souhaitent payer plus pour moins et au final vivre dans un monde moins agréable. La direction prise est absolument géniale.
Aux tenants de la privatisation et contre les principes de gratuité des services notamment en ce qui concerne les secours et la santé, vous semblez raisonner en considérant que vous préférez un euros dépensé pour vos besoins personnels, quitte à ce qu’il faille dépenser deux euros pour obtenir la même chose qu’un euro pour le même service. C’est totalement idiot. Personnellement, je raisonne en me questionnant que ce que m’enlève la pratique même borderline comme un secours de confort d’autrui. Souvent la réponse est « rien du tout ! ». Et ce malgré des revenus supérieurs au revenu médian français (avec peu d’impôts à payer au final à mon goût grâce à la libéralité du système et avec un maximum de dons que je considère comme un acte politique de redirection de ressources communes). Si mon voisin ne m’enlève rien, peu m’importe qu’il ait plus ou qu’il bénéficie de choses auxquelles il participe moins que moi !