Posté en tant qu’invité par Bis47:
Christine a écrit:
Dis, tu gagnes combien par mois pour pouvoir te permettre de
parler comme ça, toi?
Malheureusement, pas assez pour me payer des vacances d’hiver, ni un luxe quelconque. Donc si je réserve deux pauvres semaines de vacances avec mon épouse, et que le temps s’avère pourri … ben j’aurai perdu mes vacances. Je n’en mourrai pas. Avec la météo, des fois on gagne, des fois on perd. Je ne demande à personne d’autres de prendre des risques à ma place.
Atterris et dis-toi bien qu’il y a des
gens pour qui la perspective que leur réservation soit payante
même si ils ne peuvent pas monter sera un vrai problème. Sur ce
principe on va arriver à une discrimination basée sur les
moyens financiers et ce serait inacceptable…
Des moyens financiers, il en faut pour tout. Il n’en faudrait pas en montagne? Il n’en faut pas pour s’équiper, pour s’initier décemment? Les trains, les téléphériques sont gratuits?
Les guides oeuvrent gratis? Là, on parle de sommes autrement importantes, et d’une discrimination bien plus critique : sur d’autres post, on voit bien des débutants qui cherchent à acquérir un peu de formation, un peu d’expérience à moindre coût, mais qui n’ont absolument pas les moyens de payer un guide pour quelques courses, pour un vrai « encadrement ». Donc « ils y vont » - parfois en pleine méconnaissance des pièges de la montagne.
Tu ne crois pas que la non-discrimination sur le plan financier est une enjeu de société tout-a-fait dérisoire, quand il s’agit d’une activité de loisir?
On ne parle pas ici de besoins fondamentaux tels que la santé ou l’éducation, n’est-ce pas! Si payer pour réserver est un problème … c’est vraiment un petit problème.
Ne pas pouvoir faire tout ce que l’on veut, autant que l’on veut, quand on est jeune et pas riche … tu crois que celà n’arrive qu’aux jeunes alpinistes fauchés? Tu crois que cela ne fend pas le coeur d’une grande majorité de parents?
Moi, le fonctionnement actuel me va très bien, merci.
Pas de problème pour toi. Tu fais un beau métier et tu t’en tires financièrement, je le suppose. Pas de raison de changer la formule. Ci c’était vrai partout, on peut supprimer tous les messages de ce post. Tout va bien dans le meilleur des mondes alors?
Et si ce n’était pas vrai partout? Si tous les gardiens n’arrivaient pas à s’en sortir avec la restauration? Si certains refuges étaient surtout fréquentés par des voyageurs aux moyens modestes, qui apprécient avant tout de dormir presque gratuitement? Tu as une solution de rechange, pour eux? Réfléchis un peu … demain, pour une raison indépendante de ta volonté, ton refuge n’accueille plus que des gamins sympas, mais fauchés, qui montent avec leurs tartinnes … Tu pourras les materner longtemps?
Ou bien, vu la qualité de ton accueil, tu es envahie presque exclusivement par les alpinistes hollandais … qui montent évidemment avec leurs provisions, et qui t’achètent éventuellement une limonade … avec plusieurs pailles. Tu le garderais longtemps, ton accueil chaleureux?
Bis 74, t’auras beau essayer, tu ne parviendras pas à banaliser
ce boulot, au nom de la « realpolitik » de rigueur en ce moment.
Loin de moi l’idée de banaliser le métier. C’est certainement un beau boulot, un boulot « spécial ». Un boulot qu’il faut aimer, certainement. Mais il n’est pas le seul, hein …
Ce sont simplement les questions d’argent évoquées depuis le premier message qui sont bel et bien d’une banalité absolue.
D’une banalité absolue aussi, l’exploitation des travailleurs isolés sous prétexte d’un boulot « spécial », de la noblesse de la profession, de l’utilité publique de la fonction … Je m’y suis laissé piéger trop longtemps moi-même.
Tout à fait banal aussi, l’individualisme des gens qui exercent une profession spéciale. Où est le problème, si cela marche bien pour moi?
Je n’ai rien à foutre d’une « real politik » à la mode - ce n’est vraiment pas le sujet …
Juste une expérience déjà assez longue de la vie. L’ expérience notemment d’une problématique semblable en tant que « petit commerçant » …
Après avoir mis en place une tarification logique, j’ai perdu quelques clients - les profiteurs, les tricheurs, les plus mauvais. J’en ai gagné pas mal d’autres, pas nécessairement les plus riches, car une tarification plus juste, plus logique, permet aussi de diminuer les prix. Certains sont devenus des amis, et le sont restés … Car mon métier « spécial », noble etc … je l’ai exercé avec plus de plaisir, pendant plus longtemps.