Et en assurage, tu passes du combien?

Posté en tant qu’invité par Nonoogradiste (en moule):

C’est le sujet « dévissage après le passage d’un toit » qui m’y fait penser.
Cette phrase en particulier :

Sur le forum, il est très souvent question de progresser en escalade, et rarement en assurage. Cela pourrait bien traduire un gros manque d’intérêt. Pourtant, quand il y a accident, / presqu’accident, je pense que le soucis vient de là dans la grande majorité des cas (peut être même en excluant la sous catégorie « mauvaise utilisation du système d’assurage »).

3 anecdotes pour illustrer :

En SAE, un grimpeur niveau 8a dans une voie 6b au profil bien déversant. Au niveau de la dernière dégaine, avant de passer la corde, le grimpeur remets de la magnésie. Main gauche sur une bonne prise à gauche, pieds bien décalés à droite. L’assureur en profite pour regarder les jambes (et je suis poli) des filles. Et la prise de main pète. Le grimpeur est propulsé vers l’arrière, et l’assureur surpris sèche comme un goret. Bilan : nez cassé, du sang partout.

Grimpeur débutant mais acharné, il fanfaronne sur ses amis Truc et Bidule qui se sont pris de gros vols pas très confortables et un petit peu émotionnants. Dans un voie de son niveau, il laisse beaucoup d’énergie dans une première section, ne récupère pas dans la deuxième, et arrive séché dans la troisième. Il cherche présentement à poser une dégaine. Il cherche, il cherche, et à un moment, passe la corde derrière la jambe. L’assureur, le remarquant, n’ose le perturber avec des remarques alarmantes en pareille situation. Et les mains zippent. Et l’assureur, qui a bien anticipé la chute, dynamise.
Bilan : dos labouré, et du sang partout.
(Grimpeur débutant mais acharné, il ne fanfaronne plus trop maintenant…)

Grimpeur au taquet au niveau de la deuxième dégaine (la fameuse…). Bon, pour le taquet, c’est pas difficile à voir : après avoir péniblement réussi à poser la dégaine, le grimpeur cherche de plus en plus frénétiquement une position qui lui permettra d’y passer la corde. Ha ? Il a trouvé. Mou dans les dents, mou au niveau de la dégaine… et la prise de main pète (le truc qui arrive souvent quand on force un max sur l’écaille de mouche). Et le grimpeur se retrouve au raz des pâquerettes, et, tout surpris, lève la tête et demande une explication à l’assureur. Et l’assureur lui démontre que, dans cette situation, s’il n’avait pas anticipé et ravalé quelques 50cm de mou, c’est pas 25cm au dessus du sol que ses fesses se seraient retrouvées, mais 25cm dessous…

Et vous, en assurage, vous passez du combien ? Quelles sont les méthodes pour progresser, les régimes à suivre, etc…

Je ne comprends pas la situation. Qui est-ce qui saigne et qui se casse le nez ? Le grimpeur ou l’assureur ?

« Ba, elles sont où mes dents ? »

Il ne faut pas attraper la corde à l’aide de ses dents pour clipper si on ne veut pas les ramasser par terre en cas de chute…

Posté en tant qu’invité par Nonogradiste (en moule):

Mon arrière grand tante, en sortant les poubelles ce matin.
Et puis aussi, le grimpeur, qui est parti dans un grand mouvement de balancier que personne ne pourra te décrire, vu qu’il a surpris tout le monde (une prise qui pète en SAE, c’est pas tout les jours non plus). Ce qui est sûr, c’est qu’il est parti bien en arrière, et qu’il est revenu bien en avant (suite au séchage en règle) tête la première.

Ou alors, bien penser à ouvrir la bouche en criant « sec ». Les ventriloques doivent s’exercer.

Nan, le coup des dents en archi connu, mais bon, dans la vraie vie, tu connais beaucoup de gens à qui c’est arrivé ? Sur les 99% de grimpeurs qui utilisent cette méthode pour clipper au moins une dizaine de fois par séance ? Faut être conscient de cette éventualité, certes, mais c’est pas franchement le danger n°1, si ?
C’que j’voulais dire, c’est que le grimpeur pouvait pas avoir plus de mou que ça quand la prise a pété. Et que donner du mou au deuxième point, ça doit naturellement éveiller un soupçon de méfiance dans le crâne de l’assureur. En théorie. Là, le grimpeur était mal, alors l’assureur se méfiait. Sans cette méfiance, et vu le profil, c’était éventuellement le cul par terre.

Posté en tant qu’invité par Nonogradiste (en moule):

Bon, J2, c’est vrai qu’une image vaut mieux qu’un long discours, alors on reprends depuis le début.
Pour faire bref :

  1. Le grimpeur remets de la magnésie
  2. A l’instant (t), la prise pète. Le grimpeur subit une trajectoire verticale due à la loi de gravitation (modérée par les frottements du T-shirt sur l’air et des poils sur les bras), représentée ici par la flèche bleue.
  3. A l’instant t+1, l’assureur sèche comme un goret, exerçant une force sur la corde représentée par la flèche violette (v). La corde se tends, exerçant une force sur la corde représentée au niveau du grimpeur par le vecteur (v’), augmentée du séchage (v). Le vecteur (v’’), je sais plus trop ce qu’il représente, mais je trouve que ça fait joli sur le dessin.
    On ajoute à cela l’angle (a) de la corde au niveau de la dernière dégaine clippée, on secoue bien fort, et on obtient la jolie flèche bleue en arc de cercle, qui dirige tout droit le grimpeur tête la première sur…
  4. Le gros bac vert. Heu, non, rouge.

Sinon, J2, tu en faisais toi, de la balançoire, quand tu étais petit ?

j’avais déjà lancé un post similaire après avoir assuré quelqu’un en 8c (mon niveau max en assurage)
pour l’exhaustivité des réponses, faudrait que je le retrouve

excellent ! :lol:

On peut peut être lancer le débat en disant que dynamiser c’est pas laisser 3m de mou trainer par terre…

Et qu’après observation en salle la progression en escalade fait souvent régresser en assurage, ben oui on peut pas être fort partout !

c’est clair combien de fois on voit ca en falaise…!!!

Comme on est encore loin de la vitesse de la lumière (et juste pour chipoter) E=1/2 mv2
c’est de la mécanique classique pas quantique!
mais sur le nez ça fait mal quand même :wink:

Ca pouvait tout aussi bien être l’assureur puisque tu ne le précisais pas. Des assureurs inattentifs qui se prennent le mur ce n’est pas si rare.

C’est quand même fréquent.

voila: /viewtopic.php?id=170377
sinon, je m’aperçois que je n’ai fait que du 8b

est-ce que par hasard le grimpeur n’essaie pas de clipper la dégaine à bout de bras?
c’est souvent dans cette situation qu’on croque la corde à pleine dents…

Il y a largement pire comme erreurs d’assurage.
Je trouve même que dans les exemples 2 et 3, l’assurage est au final bien géré:

  • 2e cas c’est à la base une erreur du grimpeur et l’assureur fait ce qu’il peut en dynamisant.
  • 3e cas l’assureur évite le retour au sol de façon inéspérée.

Même pour le premier exemple, l’assureur ne pouvait sans doute pas faire grand chose. Si la chute est à la dernière dégaine, il n’y a normalement pas besoin de dynamiser, la corde fait le boulot. Probablement qu’il y avait du tirage, et surtout pas de bol (prise qui casse sur une situation de pendule).

L’erreur d’assurage la plus grave et la plus fréquente reste de ne pas vérifier le noeud du grimpeur. Le reste, ça vient petit à petit avec l’expérience.

et en falaise, de ne pas s’assurer systématiquement que la corde est nouée au sac à corde.

Ah ben merde, je suis un mauvais assureur alors !

« systématiquement » : tu plaisantes ? ma corde fait 70m, et les voies des falaises alsaciennes que je fréquente ne dépassent pas 30m… nouer la corde est alors parfaitement inutile.
On n’attache la corde que si on n’est pas sûr de la longueur de la voie.
Et surtout, on ne redescend pas un grimpeur en moule sans regarder où en est le bout de la corde…

[quote=« J.Marc, id: 1492850, post:14, topic:131716 »]On n’attache la corde que si on n’est pas sûr de la longueur de la voie.
Et surtout, on ne redescend pas un grimpeur en moule sans regarder où en est le bout de la corde…[/quote]

La dessus je suis surtout pas d’accord.Trop de risques sur une erreur, un décalage pour voir le grimpeur, une grosse trav qui augmente la longueur de la voie, un bout de corde coupé.

Pas forcément corde attaché au sac mais noeud au bout toujours. Je n’arrive pas à y voir d’inconvénient.

[quote=« J.Marc, id: 1492850, post:14, topic:131716 »]

Ah ben merde, je suis un mauvais assureur alors !

« systématiquement » : tu plaisantes ? ma corde fait 70m, et les voies des falaises alsaciennes que je fréquente ne dépassent pas 30m… nouer la corde est alors parfaitement inutile.
On n’attache la corde que si on n’est pas sûr de la longueur de la voie.
Et surtout, on ne redescend pas un grimpeur en moule sans regarder où en est le bout de la corde…[/quote]
systématiser ça, c’est se prémunir d’un accident futur, le jour où…

Reste qu’avec ma 100m, je prend la mauvaise habitude de ne pas y faire attention…

Nonogradiste. Il y a une erreur dans ton dessin. Ce n’est pas la totalité de la force représentée par la flèche verticale en 2 qui se retrouve en composante horizontale en 3 mais seulement une fraction de celle ci (si je me souviens bien, la moitié environ dans le cas d’un devers à 30°).

Et comme le dit grenouille mutante, si le facteur de chute est faible, l’élasticité de la corde suffit pour amortir. Par contre, si le facteur de chute est élevé, la priorité est d’éviter le retour au sol (même « dynamique »).

L’erreur la plus grave est les 3 mètres de mou ou le fait d’assurer à des km de la paroi.

Génial, donc si tu grimpes qu’avec ton matériel, toujours chez toi, pas de risque … et évidemment, tu n’as jamais grimpé ailleurs avec du matériel qui ne t’appartient pas.

Pour moi, ce genre de sécurité devrait être systématique, car elle permet de prévenir à moindre coût l’accident bête du à la routine et/ou la distraction.

Ensuite, évidemment, chacun fait comme il veut/peut/croit savoir.

Je grimpe régulièrement « ailleurs » et/ou avec du matos inconnu.
Ben dans ce cas je fais un nœud comme tout le monde, évidemment !!! dès que j’ai le moindre doute, je fais un nœud.

Mais le côté « systématique », désolé, non.
Je préfère réfléchir à chaque fois qu’avoir des habitudes… les habitudes aussi sont source de danger (tu le dis toi-même !)
Et comme je lai dit plus haut :
« surtout, on ne redescend pas un grimpeur en moule sans regarder où en est le bout de la corde… »

A vous lire, on pourrait croire que vous ne regardez jamais ce qui se passe quand vous assurez…
Perso je regarde la falaise, le grimpeur… et la corde !

Ah. Où ai-je dis cela ? Il ne me semble pas avoir affirmé qu’en général une habitude génère un danger.

Ah, un instant, mon trollomètre s’est activé … l’aiguille vibre, elle s’arrête sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_paille_(rhétorique)