Encadrement et responsabilité juridique

entre l’accident d’orpierre et celui là, ca commence à faire beaucoup
lorsque j’encadrais pour le caf, le président nous disait toujours qu’en cas de soucis (sauf faute volontaire et/ou délibérée), c’etait la personne morale qui prenait, et au pire le président

désormais, pour résumer:

  • l’initiateur paye une fortune pour avoir son titre et donc le droit d’encadrer
  • on lui demande un niveau élevé de sécurité (« presque guide » au caf gi)
  • il ne gagne rien, et meme cela lui coute de l’argent (essence, usure du matos perso, refuge)
  • il laisse du temps et de l’energie, beaucoup
  • et maintenant il risque la prison avec sursis! sachant que dans mon cas, si j’ai un casier je perds mon travail!

bon, bah je crois que le titre initiateur caf est mort!

et après on va s’étonner que les gens n’arrivent plus à se former, qu’ils partent en montagne à l’arrache et … hélico

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Il ne faut pas monter tout de suite dans les tours alors qu’on ne connaît rien de l’affaire. Je vais continuer à encadrer dans mon club tant que la motivation sera présente.

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tu trouves vraiment que ma réponse est celle de quelqu’un dans les tours?
je suis juste une personne qui se repose sur des faits!

je ne vois pas en quoi il y a besoin de connaitre davantage le dossier « grand colon » ou « orpierre »: accident de montagne => encadrant caf => homicide involontaire => prison avec sursis.

et personnellement, étant de grenoble (ou environs) à ce moment là, j’ai qd meme eu davantage d’info pour le grand colon. petit monde que la montagne

par contre la « justice » semble oublier que le risque zéro n’existe pas en montagne, et qu’il vaut donc mieux une association reconnue d’utilité publique pour limiter le risque, que rien du tout amenant à l’anarchie. par ces jugements la « justice » va refroidir bcp d’initiateurs bénévoles refusant d’assumer le risque d’une association avec leur propre personne.

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Faut pas exagérer non plus :wink:

  • Les condamnations au pénal pour des encadrants (bénévole ou pro) restent très rares… Ici elle n’est d’ailleurs pas confirmée puisqu’il y aura appel probablement. Elles sont à ma connaissance toujours bien motivées.
  • Il n’a jamais été attendu des encadrants bénévoles le même niveau d’encadrement qu’un guide, encore heureux. Désolé si c’est brutal mais le niveau « bénévole moyen » est très loin du niveau guide, et même pour la plupart des instructeurs CAF que j’ai pu voir en action. Et c’est normal…
    Ce qui est attendu par contre c’est qu’un encadrant reste dans sa zone de confort pour assurer une bonne qualité d’encadrement :wink:

Je n’en connais pas assez sur ce cas précis pour avoir un avis sur cette décision…
Mais d’un point de vue général : heureusement que les encadrants sont responsables de leurs actes, c’est le contraire qui signifierait la mort de l’encadrement bénévole : comment faire confiance à quelqu’un si il n’y a pas de gardes fous ?

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« Tout est la faute des juges » … ça me fait penser à une actualité récente…
J’ai pris la peine de préciser un peu plus haut que la condamnation de bénévoles dans les activités de pleine nature n’est pas une chose nouvelle. Et pour avoir été concerné comme « expert » par le jugement d’un accident mortel, je sais que l’instruction est longue, très longue, lourde, détaillée, pointilleuse, expertisée en long, en large et en travers.
Je me répète : sauf à lire les attendus du jugement (et accessoirement se les faire expliquer par un juriste), ON NE SAIT RIEN.
Les remarques de @Rob.Bonnet.guide sont pertinentes : les condamnations sont très rares et même si des bénévoles peuvent avoir une expérience et une liste de courses à faire pâlir beaucoup de professionnels, ce qui est exigé pour la validation des diplômes fédéraux reste effectivement très basique, mais nécessaire et suffisant.
On peut toutefois avoir une pensée pour les proches de la victime qui trainent ce boulet terrible depuis plusieurs années. Victime jeune qui étaient partie pour une journée de bonheur dans cet univers exceptionnel qui nous prend régulièrement des parents, des amis, des connaissances ; j’en sais quelque chose…

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Comme souvent, je suis d’accord avec toi…mais!

  • les condamnations au pénal restent très rares…mais existent désormais (désolé, mais je n’ai jamais entendu parler de condamnations pour des encadrants caf avant ces deux histoires). autrement dit, c’est une histoire de probabibiltés. est-ce qu’un encadrant risquera sa vie, sa carriere (dans mon cas) pour du bénévolat? oui, nous avons des sourires en retour, le sentiment d’avoir apporter du bonheur aux gens, de la sécurité. Mais si c’est désormais avec cette équation, les initiateurs vont ils accepter ces règles du jeu?

  • niveau presque guide: vécu au caf GI en réunion interne initiateurs alpi! responsable commission alpi + président, nous demandant cela. et je n’ai pas la prétention d’avoir un niveau guide. comme tu le dis si bien, je suis dans ma zone de confort pour « lancer » des futurs alpinistes avec une qualité que j’estime bonne.

  • pour la responsabilité des encadrants, oui bien sur, mais de là à aller sur de la prison avec sursis, je trouve cela trop. en tant qu’initiateurs et pratiquants, nous connaissons les risques et faisons le max pour les réduire / éviter. pas besoin d’avoir l’épée de damocles de la prison avec sursis. et un encadrant dangereux, crois moi, il est vite repéré et mis de coté!

@B.A dans ces cas oui, de mon avis, les juges y vont trop fort. bien sur pensées pour les familles, mais du sursis ne changera pas les conséquences tragiques. Les encadrants en question doivent déjà vivre avec cela, c’est déjà bcp comme peine. L’alpinisme est une pratique extreme, dangereuse, où le risque zéro n’existe pas, où on ne controle pas tout. il faut accepter cela en le pratiquant.

enfin, la tendance devrait être à l’augmentation des encadrants (bénévoles et rémunérés) étant donné la forte demande de futurs alpinistes. au lieu de cela, on fait fuir les encadrants actuels et futurs.

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Tout accident entrainant une incapacité fonctionnelle temporaire ou définitive, et plus encore s’il y a décès, conduit à un une communication au Procureur de la république qui décide de classer sans suite ou de poursuivre et de transmettre au Parquet (les juristes voudront bien excuser mon vocabulaire approximatif en la matière). C’est souvent le cas si les conséquences financières sont ou seront importantes ; les compagnies d’assurances sont également en première ligne pour ne pas avoir à payer. Mais contrairement à ce que sous-entend ta phrase, les victimes ou leurs familles sont très rarement à l’origine du déclenchement de procédures…

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il n’y a aucun sous entendu dans ma phrase, je ne parle pas de l’initiateur de la procédure. je parle des conséquences d’une sentence. de la prison avec sursis, ce n’est pas anodin.

je reconstitue le puzzle:

  • dans l’article (avec toute la prudence due à ce genre d’article), je lis « Ce jugement rappelle que la responsabilité des encadrants, même bénévoles, peut être engagée sur le plan pénal en cas d’accident mortel. ». probabilité heureusement faible
  • dans ton message, je lis « Tout accident entrainant une incapacité fonctionnelle temporaire ou définitive », cela augmente la probabilité, beaucoup, et donc le risque pour l’encadrant bienveillant dans une activité à risque de se prendre des conséquences judiciaires

ce n’est pas rassurant tout cela!
ce serait bien que cela soit clarifié. lors de mon ufca (le tronc commun caf sur ce genre de sujet), le point était bien vite dégagé par un « c’est le club ou le président qui prends ». mais dans « le nouveau monde », il serait bon que les encadrants sachent ce qu’ils encourent précisément, sur leur personne physique.

de mon coté, j’ai réglé le soucis: je forme des gens, par groupe de deux, hors de tout cadre, bénévolement. au final j’ai autant de risque que si j’étais comme avant avec le caf. Mais je limite ce risque en bétonnant la préparation, en ne gérant que 2 personnes, en choisissant les stagiaires avec précaution (je crois que j’ai trouvé mon public type, et je suis ravi!). et je vis de supers moments. par contre, clairement, s’il y a un soucis, j’ai interet à etre parfait: je trace toute ma prépa, je vérifie tout, et surtout je responsabilise mes stagiaires pour qu’ils comprennent les enjeux. et j’ai meme une gestion EPI digne d’un club (ca aide d’avoir était en charge des EPI’s pour plusieurs caf en france)

Ce n’est pas une nouveauté la condamnation au pénal d’un encadrant bénévole, voir le cas des droites ou ici.
Ce que t’explique Bernard ce n’est pas que chaque accident grave (à partir de la fracture en gros) donne lieu à un procès ! Mais à une information judiciaire qui est généralement classé sans suite dans la foulée.

Typiquement : (je vulgarise ce qu’on m’a appris, je ne suis pas procureur ni OPJ)

  • il y a accident avec blessure grave dans une sortie car un participant a glissé dans une traversée et s’est cassé le bras « bêtement ». Signalement obligatoire par les secouristes ou par l’encadrant (par exemple pour un guide auprès de la direction départementale des sports), qui ne va donner lieu à rien.
  • un participant chute dans un passage hors itinéraire un peu pourri, et se casse le bras. Il y a signalement au procureur qui va peut être gratter un peu plus les circonstances, et s’il s’aperçoit que c’est une erreur « normale » dans le cadre d’une pratique correcte, ça s’arrête là.
  • un participant non encordé et en baskets se blesse gravement en chutant sur un passage d’arête facile non encordé, suite au signalement ça ira plus loin…

Encore une fois il faut rester lucide : il n’y a jamais eu de condamnation absurde jusqu’ici…
Et c’est souhaitable que la responsabilité puisse être engagée si on fait une faute, même si on est bénévole ! Sinon comment avoir confiance?

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La montagne n’est pas un espace de non droit. Si on cause un dommage à quelqu’un, par une faute ou une imprudence, il est normal qu’on soit sanctionné, comme partout ailleurs.
Il n’y a donc pas lieu de se scandaliser.

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« scandaliser », tout de suite! c’est un forum, un espace de discussion, nous discutons, nous débattons!
et d’ailleurs c’est très interessant et constructif!

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Hello,

je suis d’accord avec toi, sur le principe de la responsabilité engagée pour un bénévole; ce que je reproche c’est d’aller jusque la prison avec sursis. dans le cas d’un accident grave, que tout initiateur est formé à éviter mais qui peut arriver, le bénévole est déjà de lui meme très mal avec sa conscience, la peine est déjà assez lourde. j’ai eu aussi le cas personnellement (autre cadre, animation pour enfant), nous avons chacun été entendu par la gendarmerie, qui a attesté que chacun était dans son rôle et à sa place, et que donc l’accident était inévitable.

merci à toi et à @B.A, je comprends mieux maintenant, et je ne devais pas être le seul à être dans le flou. cela servira certaintement à d’autres.

j’ai bien eu ton document du caf sur la jurisprudence, tout se recoupe puisque c’est justement une annexe de l’ufca dont je parlais. ton document date de 2016, j’ai passé mon ufca en 2013. j’ai d’ailleurs retrouvé les documents de mon ufca en cherchant la date, et interessant il y a un ppt complet sur la responsabilité! sauf que ce powerpoint, on me l’a transmis en mode « voila ce que l’on a vu », mais il n’a pas été ouvert pendant la formation! en 2013, le monde n’était pas aussi fou qu’aujourd’hui, ceci explique peut etre cela.

j’y lis par contre une information dangereuse: « En cas de pluralité de responsables, chacun est tenu à l’égard de la victime de la totalité de la réparation (in solidum) » => L’obligation in solidum désigne l’engagement pour chaque débiteur de payer la totalité de la dette . Le caractère in solidum sous-tend que plusieurs personnes soient co-contractantes d’un même créancier. L’obligation de payer l’intégralité de la dette pèse sur chaque débiteur. on parle ici du civil (l’argent: les dommages et intérets, les frais engagés => cela peut vite chiffrer)
ce qui signifie qu’un encadrant signe un cheque un blanc pour l’ensemble des encadrants. il faut donc être certain de la qualité des autres encadrants, ce qui est quasi impossible à faire (changement de dernière minute par exemple, très classique)

Autre point sur le thème de l’équipe d’encadrement: sur une sortie, en théorie chacun devrait donc avoir fait une préparation de course béton. sauf qu’en pratique il en est quoi? de ma vision:

  • soit c’est une sortie avec que des encadrants caf: le responsable de la sortie fait la prépa de course. les autres encadrants font un peu ce qu’ils veulent, je n’ai jamais vu de consigne la dessus! perso je betonne la prépa de course comme si j’étais le responsable de la course (en fait, meme sur une sortie rando groupe facebook, vu que je sais que je suis le sachant et le « diplomé », je bétonne la prépa!)
  • soit c’est une sortie avec un guide, comme il y en a de plus en plus avec le caf à cause du manque d’initiateur: bon courage, une part non négligeable de guide ne donne meme pas le programme prévu à leur co-encadrant caf! cela m’a d’ailleurs valu la pire journée montagne de ma vie, où on a froler 3 fois la catastrophe, justement parce que le guide avait mal préparé la course (« un pote m’avait dit que… »), et que sans savoir où nous allions je n’avais rien pu anticiper. malgré mon alerte au président du caf concerné, ce guide est toujours sollicité par ce caf! et depuis, je bétonne tout le temps mes prépas de course

c’est une vraie question du coup: encadrants, faites vous tous et chacun la préparation de course au niveau max (pas juste un survol météo/pente à 30) ?

Je vais même ajouter un peu d’eau à ton moulin.
Outre le « pénal », il y a toujours le « civil » qui te tombe sur la gueule en parallèle. Dans le cas que j’ai cité plus haut de l’accident mortel pour lequel j’ai été sollicité lors du jugement en appel, en première instance la condamnation avait été de 18 mois avec sursis au pénal et 88.000 € (répartis de diverses façons) au civil, sachant que la famille de la victime n’avait pas porté plainte, donc ne réclamait rien. Sinon les sommes peuvent être stratosphériques.

ca devient flippant!
je dis « ca devient » car cela n’a pas toujours été ainsi. mais vu que maintenant les gens n’acceptent plus de perdre, ils partent en procés dès que cela ne va pas dans leur sens (certains diront à l’américaine!). Comme si on était responsable d’un caillou qui se décroche (sauf si on va dans un endroit réputé pour cela).

donc des « anges » peuvent se transformer en « démons » en cas de coup dur. j’en étais déjà conscient, c’est pour cela que je bétonne la prépa de course et la matrice 3x3, et que je cadre avec rigueur le déroulé. je ne te dis pas l’energie que cela demande!

Bien souvent ce ne sont pas les familles des victimes ou les victimes mais les assurances !

Donc quand je vois des gens qui disent « m’en fout si les secours deviennent payant, je prendrais une assurance » ils ne font que alimenter et encourager ce modèle de société

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je viens de retrouver cela: info officielle caf 2022

Les encadrants bénévoles habilités par le club sont couverts en responsabilité civile dans le
cadre de la police XXXXXXX qui garantit les clubs, comités territoriaux, dirigeants et
encadrants.
Elle couvre les encadrants contre les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile pouvant
leur incomber :
En raison des dommages corporels et matériels causés à autrui, y compris en qualité de
civilement responsable,
• En cas de manquement à l’obligation d’information et de conseil leur incombant envers les
participants à leurs sorties

c’est un autre sujet / débat; mais pour cela j’ai l’argument imparrable:
l’hélico des secours ne peut pas toujours venir!

qd je vois des gens qui font n’importe quoi, je leur explique cela, généralement ils se décomposent!
j’ai mon voisin qui est un ancien du pghm (l’avantage de vivre en montagne!), j’irais lui demandé la proportion secours demandés / secours où l’hélico n’a pas pu intervenir!

Ton intervention relève un point important : Ça peut arriver avec un guide.
Il s’agit avant tout d’un accident en montagne. L’acception CAF/bénévolat concentre les commentaires, et il est facile de faire le procès du bénévolat. Mais il s’agit avant tout des conséquences d’un encadrement dans un contexte dangereux ou la prise de risques est inévitable.

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L’on pourrait aussi s’interroger sur la pertinence de la notion même de collective.

Lorsqu’un guide encadre une course avec un, voir deux clients sur sa corde, il peut considérer maitriser (relativement) mieux la situation. Lorsqu’un encadrant supervise des cordées autonomes …
De plus en plus de CAFs font encadrer leurs sorties par des guides. @Rob.Bonnet.guide, est-ce que tous les guides acceptent d’assurer ce genre de prestation, ou est-ce que certains refusent d’encadrer des collectives ?

Il y a pourtant des exemples qui le méritent probablement :
Accident de spéléologie : le profil « particulier » de l’organisateur de la sortie - ici

Bernard