Contrairement à ce qui est dit dans le film, beaucoup de grands soloistes sont soit vivants, soit morts dans un autre contexte
C’est le seul (gros) défaut du film : mentir sur ce point. Sean Leary, Dean Potter ou dans Osma ne sont pas morts en solo.
Comme Edlinger, Berhault, gullich…
ou bien sur Alain Robert, Alex Huber, Peter Croft !
Je te rejoins : on est trop dans le documentaire classique à la sauce US. Et du coup, on s’éloigne du film, de l’oeuvre unique, pas calquée sur un modèle. Et c’est dommage, parce que le sujet exceptionnel le méritait.
J’ai trouvé bien plus intéressant de lire Alex Honnold, (dans son livre « solo intégral ») que de voir Free Solo.
The Dawn Wall est davantage un vrai film, une vraie oeuvre construite sans être aussi calquée sur le modèle classique des docs américains.
C’est vrai que la longueur en dale du freeblast ne doit vraiment pas faire rire en solo! Je me souviens que dans cette longueur meme les mouvement obligatoire en libre cotes 5.9 n’etait pas forcement evident. Mais il faut se souvenir que 1) Alex a probablement un niveau en dale au Yosemite dans le gros 8, donc un petit 7 meme en dale doit rester disons abordable (pour lui bien sur ;-)) et 2) il connaissait la voie par coeur.
Ce qui m’impressionne le plus personellement c’est l’enchainement du headwall, compte tenu de l’absence complete de repos. Quand on voit qu’Adam ondra n’a pas resussi a flasher la premiere longeur du headwall cela donne une idee du niveau …
Clairement pour Alex Huber (8b en solo de mémoire, brandler hasse en solo) ou Alain Robert (du 8a en solo à son époque, soit quasiment le niveau max ! )
La longueur où ondra est tombé en se plaignant des « fucking hundred million degrees » c’est dans salathé version d’origine. Freerider traverse avant le toit.
J’ai hâte des températures estivales pour ressortir la même phrase
Bon d’accord, c’est pas une fatalité d’y rester quand on fait du solo difficile. Toutefois, au delà de ce que nous souffle le simple bon sens, il y a eu assez de morts pour attester que la pratique est très très risquée.
Non, on n’est pas voyeur comme l’équipe de tournage, qui elle le vit en direct et se fait du fric dessus. Ca m’a plus dérangé que la réalisation essaie de créer un faux suspens alors qu’on sait qu’il n’y aura pas échec et que si le film sort, c’est qu’il n’est pas mort… Ca signifie donc qu’au moment où ils filmaient, ils incarnaient des sentiments en spéculant sur la réussite d’AH. C’est assez malsain.
Par ailleurs, plusieurs passages m’ont mis un peu le doute:
Le dispositif de filmage demandé par AH -afin de ne pas être gêné- ne correspond pas à celui qui est mis en place lors de la réalisation.
Son état d’esprit de l’ascension n’est pas celui qu’il présente avant…
Il demande qu’il n’y ait pas de caméra dans « boulder problem », ce qui n’est pas le cas, au point qu’il jette même un coup d’oeil rigolard au caméraman.
Je me suis posé la question de savoir si certains passages n’avaient pas été soloés et filmés avant la réalisation et intégrés dans la séquence filmée présentée comme le jour J, alors que sur celle-ci il y aurait eu moins de caméra en place
ps : je n’ai aucun doute sur la réalisation effective du solo.
Au moment où la plupart des images sont tournées, on ne sait pas si il va mourir ou pas, et les participants ressentent bien les sentiments qu’ils expriment. Je ne crois pas que l’équipe de tournage fasse ça pour le fric. Le Jimmy Chin, c’est un pote de longue date d’AH. Le problème c’est plutôt qu’ils sont membres de ce milieu des sports extrêmes où le risque a une valeur en soi. Ils ont une sorte de conflit de loyauté entre leur attachement à la personne d’AH et leur « loi de valeur » qui les conduit à donner du prix à la prise de risque et au caractère extraordinaire de la performance.
Si ils sont prêts à assumer sa chute, et à dire après sa mort: il a fait le bon choix en tentant le coup et j’ai fait le bon choix en le filmant, alors, pas de pb. Mais si il devaient regretter son acte et leur participation, alors je pense qu’ils devraient s’abstenir. Et nous mêmes, spectateurs nous ne devrions regarder ses films que si nous pensons que le jeu en vaut la chandelle. Dans le cas contraire, on ferait mieux de s’abstenir, et perso, je m’abstiendrai de regarder le suivant s’il y en a un.
Il y a un passage dans le film de Werner Herzog, Gasherbrum montagne de lumière, au CB juste avant le départ de Messner et Kammerlander pour leur traversée des deux Gasherbrum, où Messner explique à ses compagnons restant au CB ce qu’ils doivent penser et faire s’ils ne sont pas revenus ou bout de tant ou tant de jours. Avec notamment, au bout de dix jours ou quinze, je ne sais plus, la demande de ne pas faire de recherches car c’est inutile, personne ne pourra les trouver. C’est dit de façon très simple, évidente
Donc les deux compères envisageaiient leur disparition comme une possibilité à ne pas exclure… S’ils l’ont tenté quand même c’est probablement qu’ils se sentaient suffisamment compétents pour avoir malgré tout les plus grandes chances d’en revenir vivants. Ça doit être un peu pareil pour Honnold j’imagine.
Ma copine m’a dit: « je n’admire pas les drogués qui ont des comportements autodestructeurs, je ne vois pas pourquoi j’admirerais un mec comme ça… » Et elle a ajouté: « vu le nombre de gens qui vivent dans la misère, ou confrontés à l’injustice et l’insécurité, il y a d’autres formes d’engagement en faveur des autres qui me paraissent plus dignes d’admiration ».
C’est dingue les analyses métaphysiques que ce film peut déclencher chez certains d’entre vous. Juste incroyable. Pourquoi se poser tant de questions et ne pas juste profiter de ce que vous regardez ? Et si ça ne vous plait pas, ben vous coupez juste la télé…
+1.
S’il n’y avait que des questions… Il y a hélas beaucoup d’affirmations plus ou moins péremptoires, qui vont au-delà de simples points de vue, notamment quand on affirme quelque chose sur quelqu’un (équipe de tournage p.ex.).
J’ai beaucoup aimé ce film, qui à mon sens esquisse la complexité du parcours d’un homme hors norme, si différent de la grande majorité des grimpeurs…
Il n’y avait pas de caméraman, juste un appareil déclenché par détection de mouvement (on le voit sur un plan drône ou jumelle). Le genre de dispositif qui permet de photographier les léopards des neiges
Il rigole en direction d’une GoPro. Le montage se voit assez bien sur le site elcapreports (le site de Tom Evans photographe « officiel » scellements cap).
Un point qui m’a pas mal sorti du film c’est le doublage. Moi qui appréciait écouter Honnold lors des différentes vidéos / interviews que j’vais vu de lui, je trouve qu’on perd beaucoup avec la voix Française très peu travaillée superposée sur le son original…