Effet "immunisant" de l’onglée

Pour ma part ( grimpe ou boule de neige ) c’est une onglé plus ou moins douloureuse en début d’exposition au froid ( pied et surtout main) puis plus rien .
Au niveau des main il y a gonflement des doigts sur une exposition longue au froid .
Il y avait un célèbre alpiniste contemporain de Rebuffat ( L. Lachenal ? ) qui s’entraînait en trempant les mains dans de l’eau glacé avant de grimper.

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Hello,
syndrôme de Reynaud pour ma part.
En général, une bonne onglée rapidement quels que soient l’activité, le matériel, … (y compris les gants chauffants, qui ont tendance à ne pas m’épargner l’onglée tout en me faisant suer des mains).
Je ne les mets quasiment plus qu’en vélo pour contrer l’effet windchill (VAE 45km/h au quotidien pour 40 km).
Par contre j’ai remarqué également une forme « d’immunité » dont la durée varie des conditions.
Par grand froid, une petite heure… .
Au printemps, tranquille pour le restant de la sortie. C’est assez criant en ski de rando, une fois l’onglée passée, je peux même enlever les gants à la montée, parfois plusieurs heures.
Enlever les peaux de phoque est fatal et me fait perdre cette immunité.

En parapente si je sens que j’ai les doigts un peu engourdis, je laisse l’onglée venir pour bénéficier de cette immunité pour le vol.

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Malheureusement, je pense qu’il faut que tu te fasses ton expérience tout seul : de ce que j’ai pu constater autour de moi, tout le monde a un métabolisme différent et une résistance au froid différente sans compter la diversité des pratiques.

Les généralités qui restent sont :

  • On s’habitue à la sensation de froid (même si je ne sais pas si ça veut dire qu’on y résiste vraiment mieux en s’y exposant)
  • Certains ont plusieurs onglées dans l’intervalle de quelques heures.
  • Certains ont des onglées vraiment douloureuse et je les vois mal les provoquer exprès. Pour de la compétition ou par mesure de sécurité sur une voie vraiment engagée à la limite, mais je pense que ceux qui souffrent vraiment ne persévèrent pas trop dans ces disciplines.
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C’est confirmé par le médecin de l’Ensa:
Il vaut mieux chercher à augmenter la production de chaleur corporelle par l’activité physique générale : marche accélérée, course…
http://www.alpinisme.com/FR/info-montagne/gelures/index.php?fic=rechauffement

Une alimentation préalable à base de sucres lents et une bonne hydratation doit aussi aider.

Mieux vaut une bonne prévention que provoquer les problèmes pour compter ensuite sur un répit. Ce répit peut s’expliquer par la production de plus de chaleur corporelle comme suite au refroidissement et à la vasoconstriction en urgence.

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A mon sens, ça n’a rien à voir avec une « immunité », c’est juste que le sang est revenu dans tes extrémités et que ton activité physique continue entretien la circulation sanguine à un niveau normal.
Si tu fais une grosse pause un peu trop longue, tu te refroidis et la vasoconstriction reprend. Que ça soit 10mn ou 5h après ta dernière onglée ça ne change rien (d’ailleurs que tu aies eu une onglée ou non à ta précédente pause ne change rien non plus…) enfin pour moi c’est comme ça.

Il faut une bonne dose d’énergie (source de chaleur, moulinets ou grosse activité) pour passer de la vasoconstriction à un état normal, ensuite il suffit d’entretenir le truc par une activité (même modérée).

Les autres recommandations (alimentation-hydratation etc…, lues dans les liens cités) améliorent peut-être les choses à la marge mais en ce qui me concerne c’est quasi négligeable malheureusement. Les deux principaux paramètres c’est la température extérieure (ressentie) et le niveau d’activité physique.

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Y a aussi le facteur du syndrome de Reynaud : tu enleves tes gants et tu touches à des objets très froids, c’est assez immédiat de conséquences avec les doigts qui deviennent blancs très rapidement …

Même expérience que Bens & Matt82 :

Avant le départ en ski de rando et en sortant de la voiture , on est en général à un métabolisme basal avec une thermogénèse minimale. Il suffit de coller ses peaux sur ses skis en petite liquette et mains nues par -10°C et vent de face pour attraper une belle onglée : normal que le bout des doigts subissent une vasoconstriction car le froid est littéralement mordant.

En répétant la même manipulation, mais en étant habillé avec la petite doudoune qui va bien, un bonnet sur la tête et des gants fins en laine polaire, miracle, pas d’onglée : normal car la dépertition calorifique subie au bout des doigts est minimalisée par une protection efficace du corps et des extrémités contre le froid mordant.

En montée en ski de rando, l’activité physique enclenche la thermogénèse du corps. Si trop habillé, on transpire car le corps a trop chaud. Le risque de subir une onglée ou une vasoconstriction au bout des doigts est minime dans ce cas de figure car l’activité physique augmente le débit sanguin au bout des doigts, non seulement pour apporter O2, glucose et acides aminés, mais aussi chaleur à ces extrémités. Rien d’extraordinaire à cela.

Plonger ses mains dans l’eau glacée a plusieurs conséquences :

  1. léger effet compressif superficiel (gradient de pression augmente avec la profondeur immergée), ce qui favorise le retour veineux et lymphatique.
  2. effet thermorégulaueur 20x plus rapide dans l’eau que l’air. Le refroidissement et la vasoconstriction seront plus rapides à atteindre, ce qui augmente la perte de chaleur corporelle.
  3. la vasoconstriction réactive limite l’absorption de certains nutriments, O2, glucose et acides aminés et limite l’excrétion des métaboilites tels l’acide lactique et le CO2 cellulaire.

En clair : aucun bénéfice de protection cellulaire et risque accru d’engelure tissulaire si l’exposition au froid perdure.

Pratiquant la planche à voile hivernale, le problème des onglées aux doigts est très difficile à solutionner correctement car on ne peut pas porter des gros gants, sinon tétanisation des avants-bras immédiate en agrippant le wishbone (à cause de l’augmentation du diamètre de préhension). Pour les pieds, c’est facile : chaussons néoprène 6 mm règle le problème de manière définitive dans de l’eau à 5-6°C et vent fort.
En portant une cagoule néoprène en plus de la combi intégrale et des chaussons, on retarde l’apparition de l’onglée car on ralentit la déperdition calorique du corps entier : +70% de l’énergie calorique est perdue par la tête…

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Merci pour les précisions techniques.

Malheureusement ça ne suffit pas quand il fait -10 et en dessous… mais ça aide.

Ah j’aurais cru.
Et je ne sais pas pour les mains mais globalement il y a quand même un effet acclimatation non ?
Je le ressens plus en mer où on n’a pas d’activité physique un peu soutenue pour compenser le froid (sur un bateau les efforts soutenus durent assez peu de temps). Sur les destinations nordiques, il me faut 2-3 jours pour que le corps s’habitue à l’ambiance fraiche et humide.

Je ne sais pas si ça se produit sur seulement quelques jours, mais il existe a minima un effet d’acclimatation au froid (ou au chaud) à l’échelle de semaines / mois. Cela passe par la modification de la quantité de graisse brune stockée dans l’organisme, aussi appelée tissu adipeux brun. Il s’agit d’un tissu qui a rôle important dans la thermogenèse. Référence intéressante ici :Temperature-acclimated brown adipose tissue modulates insulin sensitivity in humans - PubMed

Une exposition au froid prolongée augmente la production de ce tissu et donc la tolérance au froid puisque l’on devient capable de produire plus de chaleur par le mécanisme en question.

Par contre je ne pense pas que ça concerne les mains mais plutôt le corps dans son ensemble…

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Il paraît que dans l Eiger un bon onglet au bivouac c’est pas mal avant avant l’araignée.

En plus ça te permet de tailler la bavette au sommet

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Oui mais après faux-filet parce qu’on ne sait jamais ce que peut réserver la descente

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Oui mais après faux-filet parce qu’on ne sait jamais ce que peut réserver la descente

Celle qui passe par le rognon?

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On revient sur l’onglée. Svp.

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Entièrement d’accord. L’acclimatation au froid du corps entier se fait sur la durée avec un changement dans le stockage des graisses. C’est pour cette raison que les amateurs de bains froids doivent s’acclimater durant toute l’année.
Cela pourrait éventuellement retarder l’apparition indirecte de l’onglée en ayant une quantité d’énergie stockée plus importante, surtout dans des situations de fin de course où le corps a déjà beaucoup puisé dans son stock d’énergie.

Voir : Thermosensation — Wikipédia
A noter que notre capteur de sensation chaleur/froid se trouve localisé dans le cerveau (hypothalamus) et que la représentation de la chaleur/froid se trouve aussi localisée dans le cerveau : Où se trouve notre représentation du chaud ou du froid dans le cerveau ? L'énigme résolue - Sciences et Avenir

Moyens de lutte physiologiques

Pour lutter contre les variations de température dues à son environnement, notre corps développe divers moyens de lutte physiologiques :

  • Tremblements ou frissons : par la contraction rapide et involontaire des muscles (muscles striés), la température centrale est augmentée. Les contractions musculaires consomment de l’énergie et produisent de la chaleur.
  • Vasoconstriction : réduction du diamètre des vaisseaux sanguins situés sous la peau soumise au froid pour réduire le rayonnement de chaleur et l’évacuation de chaleur dans l’environnement.
  • Augmentation du métabolisme de base : augmentation de la chaleur générale par mécanisme hormonal.

Lésions provoquées par le froid : Présentation des lésions provoquées par le froid - Lésions et intoxications - Manuels MSD pour le grand public

L’onglée est une hypothermie localisée des extrémités en quelque sorte :slight_smile:

Hypothermie des extrémités :

Les joues, le nez, les oreilles, les doigts, les mains, les orteils et les pieds sont les parties du corps qui sont les plus susceptibles de se refroidir, au point que des lésions tissulaires peuvent survenir, causées par l’hypothermie locale.

Si la température de la peau tombe sous les 25°C, le métabolisme des tissus est ralenti. Sous les 15°C, des lésions tissulaires peuvent survenir, en cas d’ischémie (diminution de l’apport sanguin artériel à un organe) et/ou de thrombose et, à -3°C, la peau peu réellement geler. Les dommages se manifestent par une rougeur, une enflure, des démangeaisons, des douleurs et des cloques qui peuvent évoluer vers l’ulcération et le saignement.

En cas du gel, un engourdissement, des picotements et des démangeaisons surviennent. La peau est souvent gonflée et blanche. Dans les cas graves, des picotements, des douleurs et une raideur se produisent.

Cela me renvoie aux passages du récit autobiographique publié en 1921 écrit par Vladimir Arseniev sur la résistance impressionnante au froid de certains autochtones dans l’enfer des forêts de l’Extrême-Orient russe à l’Est de Vladivostok le long des côtes de la mer du Japon


Plus proche de notre époque surchauffée il y a ceux qui traverse la manche et leur méthode d’entraînement .
Le cassedale de kilo de hareng fumé et les bains à l’eau glacée de la Manche y’que ça de vrai :wink:


Dans un autre genre :sunglasses: :

De l’avis d’un de mes amis qui est médecin (mais de l’avis d’autres médecins aussi) la méthode qui consiste à plonger les doigts dans l’eau glacée est surtout efficace pour détruire les cellules et les capillaires du bout des doigts. Selon lui, et je suis aussi de cet avis, la résistance au froid est une question de physiologie individuelle. Certains résistent bien, d’autres moins.

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Hello,

J’ai personnellement plutôt le ressenti inverse sur le long terme : sensibilité accrue au froid au niveau des doigts/mains depuis quelques « belles » et authentiques onglées en cascade. Donc selon une exposition non progressive, non choisie, et plutôt intense.

Rien de comparable avec les sessions hivernales de grimpe en rocher (pas non plus par -10, on est d’accord) où effectivement les doigts « s’habituent » et on peut y passer quelques heures.

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Pour abonder dans le sens des deux derniers messages, le froid peut abimer les capillaires et ensuite on a plus de risque pour les expositions ultérieures. On peut constater qu’en allant souvent au froid on résiste plus et donc on peut parler d’habituation, mais ce n’est pas parce que le corps devient plus résistant à mon avis (je ne suis pas médecin, juste pratiquant du froid :wink: )
Dans le même genre j’ai arrêté le jumbé lorsque mon prof m’a dit qu’il devenait de plus en plus sensible au froid au fil des ans, parce que le jumbé détruit le fins capillaires au bout des doigts. Je pense que les onglées font la même chose.

J’ai déjà eu les extrémités des doigts gelés et en fait, le symptôme le plus révélateur, c’est que justement, je n’avais ni picotement, ni douleur, mais simplement plus aucune sensation (d’ailleurs, pour décrire ce que je ressentais aux secouristes étrangers, j’avais dit « like wood »). Cette absence totale de sensation a duré plusieurs semaines (j’avais le bout des doigts noirs également), et d’ailleurs, la réapparition des sensations s’est faite sans aucune douleur ni picotement (contrairement aux onglées).

Depuis, j’ai gardé une petite perte superficielle de sensibilité au bout des majeurs (comme si j’avais de la corne), et une sensibilité très accrue au froid, en particulier en ski de rando au dépeautage. Ce qui ne se traduit pas vraiment par des onglées (pas de picotement, ni de douleur) mais par à nouveau une perte de sensation au bout des doigts. Seule solution pour récupérer: mettre les mains dans mes poches, au plus près du corps, jusqu’à ce que la sensation revienne (ce qui se produit à nouveau sans douleur).

Donc inutile de dire que cette expérience de doigts gelés ne m’a pas aidé à supporter le froid, bien au contraire :wink:.

P’tit’ étoile.

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Jamais eu de gelures mais mêmes symptômes.
Essaie les grands moulinets avec les bras, pour moi ça permet de les récupérer plus vite.
Ou les gants chauffants (ça m’a changé la vie en ski de rando)