[quote=« ghisino1, id: 1034702, post:8, topic:100376 »]
hypothèse
peut être que tu souffres un peu l’attente et le sens d’anticipation…la veille t’a une grosse envie de grimper, et pas n’importe comment, de bien grimper.
D’un coup te voilà avec de la pression, il y a toi-même-la-veille qui te demande la performance…mais toi-même-aujourd’hui, tu ne sais pas si t’es capable de satisfaire cette attente, t’es même un peu gêné par ce gars de-la-veille, tu n’est plus à l’école, le temps des examens est fini, il fait chier ce type qui te demande d’atteindre un certain niveau…finalement, tu préfèrerais de ne pas grimper aujourd’hui, de louper l’examen et faire autre chose.
(j’ai exagéré pour rendre ça plus clair).
moi je souffre un peu de ce mécanisme de « démotivation par trop de motivation et d’attentes » quand j’essaye trop longtemps une voie ou un bloc après travail, proche de chez moi. Normalement ça se passe comme ça :
-Les premier contact avec le « projet » ça va. Je me motive, je pense aux mouvements le long de la journée, je cherche de m’entrainer de façon spécifique.
-Un jour ça arrive que je me sens relativement proche de la réussite, je tape peut être un bon essai ou je trouve une nouvelle méthode, mais je n’emporte pas l’affaire ce jour là.
-Depuis ce jour, les attentes se font plus importantes. La veille je sais que j’irais dans de secteur ou falaise à essayer mon petit projet, je me sens en forme, la météo annonce des bonnes conditions…j’imagine une victoire facile, échauffe essai et hop! Croix dans la poche…
-Me voilà devant le bloc (ou voie). Je me suis échauffé, je suis prêt pour l’essai. Je pars et…merde! ça n’est pas devenu plus facile. Je grimpe peut être même pire que la dernière fois. Fait chier. J’abandonne en ayant pas donné le 100%
-De ce moment là le « projet » est la source d’une légère angoisse chaque fois que je me rend dans cet endroit pour grimper… Si je n’essaye pas, je refuse de me mettre en jeu et ça me fait chier. Si j’essaye, j’ai envie que ça termine vite et j’ai la tenue mentale pour un nombre très limité d’essais (10 en bloc, 1 en voie).
-Enfin je perd l’entrainement spécifique sur ces mouvements, j’y grimpe de pire en pire. Ma seule opportunité de réussite devient oublier le projet pendant un bon moment, monter de niveau de façon générale, et re-essayer quand il ne sera plus à mon limite, mais plutôt à ce niveau ou je fais des croix en journée…
dans ton cas je n’ai pas d’antidote.
Pour ma part, l’antidote c’est chercher la croix après travail en vacance : d’un coté le sens d’urgence m’aide à m’investir à fond (« si je ne fais pas la voie maintenant, faudra attendre un an »). D’un autre coté, l’incertitude de ce type de pratique m’enlève la mauvaise pression (« t’es proche de la croix mais ce n’est pas donné, ça pourrait te prendre 1 essai en plus comme 20. Mais t’a que une journée de grimpe, donc ce n’est pas grave si tu ne réussi pas, l’important c’est de faire les meilleurs essais possibles et de partir d’ici sans rien à te reprocher »).
Résultat, mes meilleures croix après travail je les ai faites en vacance, souvent le dernier ou avant-dernier jour, et pas en sites connus pour la cotation facile…mais ce n’est pas fini : un des meilleurs souvenir de grimpe dans les dernières 12 mois c’est une voie que je n’ai pas eu le temps et le niveau de terminer…mais rien que la progression que j’ai ressenti au cours des essais et la conscience d’avoir essayé « a muerte » m’ont fait plaisir.[/quote]
+1 : très bonne introspection… je ne sais pas pour les autres mais moi, je me retrouve bien dans ton analyse.
Pas de solution miracle pour moi non plus ; si ce n’est que je me permets d’imaginer les mouvements les plus appropriés au terrain UNIQUEMENT dans les périodes ou je suis détendu et réceptif à cet effort cognitif (de plus c’est plaisant et donc très productif) et ça peut se produire 1 jour avant de grimper comme 1 mois avant…
Du coup, je me refuse de me mettre « en pression » le reste du temps car l’obsession guette ! pour moi, le moteur dans ma grimpe (et parfois dans mes réussites) c’est le plaisir 