Posté en tant qu’invité par Mel débutante Sup !:
La journée s’annonçait belle. Même le temps était de la partie. Beau et chaud sur la Haute-Savoie le 20 septembre. La luminosité s’était parée de mille feux, à croire qu’un complot se tramait contre moi. Dilemme terrible pour ma petite tête, je devais aller bosser et le soleil me narguait. Alors convaincue qu’il serait inhumain de passer la journée au bureau, je suis passée prendre mon ami unCplusssss et nous avons décidé de faire l’école buissonnière, en allant grimper un peu. Il a opté pour le Jallouvre, moi je n’avais aucune objection. Nous allions faire un truc facile, prendre un peu l’air et profiter de la nature. Jusque là tout est normal me direz-vous mais lisez donc la suite… Je chausse mes chaussures… (Oui pas de chausson, c’est pour les danseuses qui font de la couenne). Et à ce moment précis une drôle de pensée #@&% me passe par la tête pour la première fois… Alors je n’y prête pas attention. Nous commençons à progresser dans la voie facile, la cotation ne devait pas dépasser du 4…alors on progresse corde tendue (c’est comme cela qu’on dit je crois)…Je réalise immédiatement que si je tombe, il tombe aussi (c’était pas gagné parce que le sommet du Jallouvre est à 2408 mètres et moi je ne qu’une débutante).Et nouveau la même pensée #@&% revient… Mais qu’importe suis pas une danseuse je suis une débutante montagnarde moi, alors pas vraiment rassurée, tant bien que mal, je progresse. Je tente de prendre un rythme satisfaisant, unCplusss m’encourage au fur et à mesure que la voie m’entraîne dans les hauteurs. L’altitude ayant raison des 2 neurones qu’il me restait, je m’engage même dans une cannelure (oui J2LH, je l’ai fait! Yes!!!) Sans me poser la moindre question. Sans doute grisée par la beauté du site, je continue à grimper une prise par ci, une chaussure qui dérape par là… En bon second je récupère tout le matos qu’unCplusss posait avec application. Promis juré je n’ai rien laissé dans la voie. Et de façon fugace toujours cette pensée #@&% qui me traversait l’esprit (si esprit il y a).J’ai mis un peu de temps à comprendre pourquoi unCplusss laissait autant de matos dans la voie. Je l’ai même soupçonné un instant de vouloir ralentir ma progression… J’avais plein de sangles autour du buste, digne de Marianne, j’avais tout un tas de ferraille qui pendouillait au baudrier, des tiges métalliques au bout d’acier, des machines crantées… Oui je reconnais j’étais chargée comme un Mulet dixit euh #@&%… mince la pensée #@&% se fait plus présente! Et plus je grimpais, plus le plaisir grandissait et hormis cette pensée #@&% qui ne cessait de me tarauder, j’aurais défini le bonheur à travers ce que je vivais. Arrivée à un endroit indéfinissable en mot tellement c’était somptueux, nous devions traverser une arête. unCplusss m’a parlé de l’arête des bouquetins, moi je n’ai pas vu les bestioles. J’ai tout confondu dans ma tête à cause de la pensée #@&% ! La seule chose que je voyais était le vide de part et d’autre. Et des rochers qui bougeaient quand je posais la main dessus… Oups, intérieurement je me dis :”s’il me demande de traverser ladite arête, je lui donne un coup d’épaule”, et aussitôt je réalise que je suis encordée. S’il tombe, je tombe aussi, (ben quoi mes 2 neurones sont en apnées depuis des heures, !). Bon je me motive comme je peux, l’apprenti montagnarde que je suis va devoir se booster. Seulement je suis courbaturée de partout, je crois que j’ai laissé le peu de force qu’il me restait dans la dernière cannelure. Quoi je ne pouvais pas tout récupérer en même temps, j’ai pensé au matos, tant pis pour les forces. Désescalader aurait été un supplice!. Plus j’avançais dans cette épreuve de courage, plus l’arête me semblait fine, effet d’optique sans doute. Je tentais de me convaincre, mais je n’étais pas dupe unCplusss posait davantage de points de protection. Je lui demandais si ça craignait, il me répondait non mais il faut être attentive. Comment être attentive avec cette pensée #@&% qui ne cesse de me distraire. Nous atteignons enfin le sommet. Alors là le panorama me flambe les yeux, la chaîne des Aravis, le Chablais, le Haut-Giffre, la Pointe Blanche, celle du Midi et le Mont Blanc… Bref déjà qu’une pensée #@&% insensée me harcèle, manquerait plus que le paysage m’aveugle… Prudente, je décide de me protéger les yeux avec mes lunettes de soleil. Bon tant pis pour mon ego, il faut que je parle à unCplusss :
« Dis-moi unCplusss tu crois que ça ressemble au Claret ça ? » Alors unCplusss avec patience me répond que non, et tente de m’expliquer que nous sommes en montagne… que c’est différent. Je lui pose alors la question plus directement «Et tu crois que les falaisistes peuvent faire cela, » ? Il me répond « pour sur que non, pas tous pourraient le faire »! J’aurais pu me taire et prendre sa réponse pour acquis, mais je persiste pour exorciser la pensée #@&%, « mais tu vois un mec comme le fameux Monsieur Rouzo) tu crois qu’il peut le faire… UnCplusss me dit ben je ne sais pas mais je ne pense pas.
Alors, c’est à ce moment là pensée #@&% devient comique… UnCplusss m’explique l’histoire des voies équipées… suréquipées… faites pour les puristes…, mais déjà je ne l’écoute plus, je suis déjà en train d’imaginer les danseuses en chausson (avec un tutu rose) traverser l’arête avec toute l’assurance qui leur ai propre. Et je conclue ma conversation avec mon ami unCplusss par :
« Soyons sympas, peut-être pourrions-nous lui envoyer une photocopie de la voie, si l’envie de venir tenter un truc facile se faisait sentir un jour » Et nous partons d’un tonitruant éclat de rire…
Au sommet du Jallouvre, avouez que j’ai eu une drôle de pensée #@&%
Euh c’est pour rire ce post… juste pour rire
