Chère Madame,
Je tiens à vous faire part de toute mon admiration. Vous êtes la preuve vivante que l’on peut à la fois être sportive, femme savante et justicière intraitable. Vous lire est un plaisir sans cesse renouvelé, alors je vous le dis: ne vous souciez pas des miséreux commentaires, après tout passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet. Soyez certaine que votre verve m’a profondément pénétrée. Le monde aurait besoin de plus de personnes comme vous: exaltées et fanatiques de la justice.
J’aimerais que sous votre bannière puissent enfin s’unir tous les cons de France et de Navarre. Je parle bien sûr par métonymie. Mais une défenseuse insatiable de la langue de Molière n’a pas besoin de moi pour lui rappeler le sens premier de ce vocable et ne sera nullement troublée qu’on l’utilise à son égard. Le fait d’être entourée d’hilotes rend parfois la vie compliquée. Figurez-vous que j’ai moi-même eu des problèmes après avoir déclaré publiquement être une alliée des enfants — en grec ancien dans le texte, certes, mais tout de même! Et je ne vous raconte pas lorsque j’ai osé dire à propos du Jazz que je n’appréciais pas la musique nègre; quantités d’incultes me sont tombés dessus en confondant musique nègre et musique de nègre, le dernier étant bien entendu totalement inconvenant. Qu’il est désespérant d’être entouré de béotiens qui, contrairement à vous, ne bitent rien.
Mais je m’égare. Je vous admire je disais, et je jouis tout particulièrement qu’une femme sensible et fière porte haut et fort les couleurs de JBP. En effet, il y a quelques années un triste sire, misogyne, fat et agressif c’était approprié ce pseudonyme sur Camptocamp. Bien sûr, personne doté d’une culture convenable n’avait été dupe de sa prose, mais cela m’avait blessée profondément de voir que l’on pouvait instrumentaliser un trésor de la culture française afin de faire preuve du plus vil mépris des femmes qui soit. Je vous aurais volontiers montré un exemple de ce pathos qui se croyait logos, mais n’ayant pas votre présence d’esprit je n’ai point pensé à faire de capture d’écran et depuis les propos du butor ont disparus. Mais point n’est besoin de vous comparer à cet impudent pour faire ressortir votre grandeur.
Revenons au sujet qui nous intéresse donc tant: le droit d’auteur. Ou plutôt comme vous le disiez dans votre message introductif et pénétrant, l’absence de rappel de celui-ci dans les CGU. Une fois votre futur retentissant procès terminé, j’aimerais quérir votre aide pour un problème similaire qui m’occupe. Car voyez-vous, je suis actuellement sans emploi et je mène un combat de tous les jours. Chaque fois que j’obtiens une proposition d’engagement, mon futur employeur refuse d’adjoindre au contrat une copie complète du code du travail. Il est bien évident que dans une telle situation je ne peux signer et je me retrouve donc bien malgré moi dans l’obligation de refuser tout travail rémunéré. J’ose espérer qu’un parangon de vertu tel que vous sera me tendre sa lance et m’aidera à jouir enfin de mon bon droit.
MarieMo, je vous admire. Ah, si vous étiez un homme, que ne vous dirais-je! Je n’ose, mais peut-être seriez-vous me deviner et lire entre les lignes.
Corneille, présidente de la section féminine de l’association nationale des amis de la littérature.
P.S. Ne baissez pas les bras, la censure ne nous aura pas!
P.P.S. Étant presbyte et pas très à l’aise avec l’informatique il m’arrive de faire de laisser des fautes dans les textes que je tape à l’ordinateur. Je compte sur votre mansuétude pour ne pas vous en offusquer.