Posté en tant qu’invité par Pierre Serre:
Je grimpe depuis 2 ans et il m’ est arrivé un incident facheux, hier. Je me suis disputé avec mon compagnon de cordée.
J’ étais dans une voie avec un gars, trouvé sur C2C. Il était en tête et j’ étais au relais, quand tout à coup, j’ ai entendu crier « Pierre », et, bien sûr, j’ ai levé la tête car c’ est mon prénom.
Et j’ ai reçu un petit caillou sur le front, heureusement j’ ai la tête dure. Mais, mon coéquipier, Paul m’ a engueulé. Il m’ a hurlé : « Ne reste pas dessous, Pierre ».
Je n’ étais pas très content et je devais avoir une sale tête quand je l’ ai rejoins, car il m’ a demandé : " Qu’ est-ce qu’il y a? Tu n’ as pas l’ air gai, Pierre?"
J’ ai rétorqué qu’ il avait failli me tuer et qu’ il pourrait crier cailloux au lieu de Pierre.
Il m’ a répondu que lui aussi s’ était fait mal et qu’ en plus il avait déchiré son Prana.
Alors, je me suis fâché tout rouge et je lui ai hurlé : " Tu ne vas quand même pas pleurer pour un accroc, Paul, alors que moi, j’ ai failli y rester"
Il a finalement reconnu que j’ avais raison d’ être un peu en colère et il a ajouté : « Bon, on va pas se fâcher, à quoi ça sert Pierre? »
Je n’ avais pas l’ impression d’ être responsable de cette fâcherie, mais je me suis tû, car il tenait ma vie entre ses doigts. Je suis parti dans la longueur suivante, sans rien dire. J’ ai repris un peu du poil de la bête, la longueur était magnifique avec des superbes monodoigts.
Puis je l’ ai fait monté et là encore, il ralait, il n’ arrivait pas à passer. Ce n’ était quand même pas de ma faute. J’ avais beau lui crié : " T’ as plein de mono, Paul", il n’ écoutait pas et moi au relais, je devais supporter cette masse, car sans vouloir critiquer, il faut reconnaître qu’ il est méga, Paul, surtout pour un grimpeur.
Enfin, je suis arriver à le hisser au relais, mais là, c’ était lui qui faisait la gueule. Il nous restait une longueur à tirer et elle n’ avait pas l’ air facile. J’ ai proposé à Paul de continuer en tête. Il a eu l’ air soulagé, c’ est qu’ il est un peu poltron aussi.
Je suis donc parti et j’ ai enfin pris pied au sommet. Et là une impulsion m’ a prise. J’ en avais ma claque des jérémiades de Paul, alors je me suis désencordé et je lui ai lancé la corde. Paul a hurlé : " T’ es vraiment rat, Pierre"
Et j’ ai dévalé la pente et suis rentré tranquillement chez moi. Ce n’ était pas très sympa de ma part, mais il avait un portable, il a dû appeler les secours.
Malgré tout, j’ ai un peu des remords. Mais ça m’ a servi de leçon, je ne partirai plus en montagne avec des inconnus.