Dis moi comment tu grimpes

Salut,

Ca fait bientôt dix ans que je grimpe. Au début je recherchais surtout l’adrénaline et une manière de repousser mes limites (j’avais d’ailleurs un vertige maladif). J’avais envie de monter en niveau et de voir jusqu’où je pourrais aller tout en développant mon agilité et mon physique.
Puis je me suis rendus compte que ce qui me plaisait vraiment c’était de partager ces moment de grimpe avec du monde et surtout d’être dehors en nature.
Alors j’ai commencé par rencontrer d’autres grimpeurs, à initier des amis puis à me mettre dans un club. A partir de là j’ai commencer à découvrir d’autres sites (Espagne, Maroc, Alpes, Pyrennées… )et même de nouvelles pratiques (blocs, grandes voies, terrain d’aventure, artif…). Et doucement je me suis rendue compte que ce qui me plaisait vraiment ce n’était plus simplement de grimper en cherchant à progresser mais réellement le fait d’apprendre, partager et découvrir. Les longues marche d’approche fatigantes, les pic-nik au pied des falaises, les pipis aux relais et les longues soirées en bivouac et refuges avec toutes ces anecdotes sont devenues des plaisirs aussi bon qu’une jolie perf après un dur combat plein d’adrénaline….

Alors voilà au vu des débats que je peux suivre de temps en temps sur C2C, des vidéos, des articles dans les magasines et surtout des échanges avec tous les grimpeurs que je peux rencontrer je me demande comment chacun conçoit l’escalade? philosophie de vie? compétition? course à la perf et à la croix? éthique draconienne dans sa manière de grimper? sport individuel ou sport en équipe? est-ce que c’est un jeu? est-ce que c’est sérieux? bloc ou falaise? salle ou nature? bière ou pastis? thé ou café?

Bref comment conçois-tu ce sport qui fait que tu es là entrain de lire ce post sur ce forum??? :slight_smile:

alors commençons par l’essentiel: Bière! :stuck_out_tongue:

J’ai commencé l’escalade récemment, ayant des facilité en général pour le sport, et un état d’esprit assez compétitif (pas poussé à l’extrême, ce qui me permet d’apprécier tout les moments que je passe à grimper), j’ai dessuite eu un comportement de « course à la perf ». je sais c’est pas beau mais il faut avouer que c’est une partie de l’escalade qui me motive.
Rarement passionné plus de 2 ans par un sport, j’ai trouvé dans l’escalade assez de motivation pour m’y engager à fond et cela dure depuis maintenant 4 ans (je compte bien que ça ne s’arrête pas).

Je pratique essentiellement le bloc, la rapidité, la puissance mêlée à la technique, je trouve que l’escalade bloc « ça en impose ». Mais je m’aperçois de plus en plus que le bloc est plus un complément à l’escalade pure (on parle de pas de bloc dans des voies, c’est bien que le bloc fais simplement partie de l’escalade :stuck_out_tongue: ); J’essaye donc de sortir le plus possible en falaise afin de sortir de ma façon de grimper à la « sprinter » en m’orientant vers la grimpe de fond :slight_smile:

Découverte qui marque un tournant dans ma période de grimpeur aussi: la grande voie, après 2 ans d’escalade, j’ai eu la chance de découvrir ce sport dans les gorges du Verdon. que c’est beau, le cadre, la hauteur, le calme, la concentration dans un crux avec un gaz de 200m sous le cul, depuis j’essaye d’y retourner, en n’oubliant pas d’embrigader (de grès ou de force) des grimpeurs non initiés à la grande voie.

Finalement, ce qui maintient ma motivation, c’est le fait de toujours faire de nouvelles rencontres, de pouvoir parler librement et simplement a un grimpeur qui grimpe dans le 5 ou à un mutant qui à déjà torché quelques 9, d’échanger des conseils au pied des voies, de se donner à fond dans un pas compliqué pour finalement se retrouver à une bonne mousse qui n’oubliera pas de nous faire tourner la tête assez rapidement…

Bonne grimpe à tous.

PS: j’ai oublié de parler du Ta et de toutes ses déclinaisons… Pour le moment il m’intimide, je laisserai le temps faire mais je ne doute pas un jour me retrouver au relai d’une voie suspendu sur un crochet goute et câblé dans une jolie fissure.

comme de l art
le fait de danser tous en grimpant
le fait de faire des beau mouvement qui nous permette de nous exprimer et de tous oublier or mis ce bon moment que l on passe

Posté en tant qu’invité par williwonka:

Dis moi comment tu grimpes…

bien.

Avec les bras et les jambes ?

Monte les pieds :lol:

[quote=« amazing climber, id: 1550740, post:6, topic:137100 »]

Monte les pieds :lol:[/quote]

On me le dit souvent oui :slight_smile:

L’escalade permet de s’élever au dessus de nos problèmes quotidiens.

L’espace d’un instant on apprend à mieux se connaître et on en apprend aussi beaucoup sur les autres simplement en les observant. Encore faut-il le s’en rendre compte.

On finit aussi par appréhender la nature différemment, les barrières rocheuses ne sont plus des obstacles mais des opportunités.

C’est bon de grimper en se sentant parfaitement à l’aise, détendu, soignant la gestuelle et appréciant le gaz ambiant.

C’est aussi bon de pousser un peu ses limites, de respirer fort à s’en brûler les poumons, de tenir et serrer fort, de visualiser le mouv. qui parait impossible, de le tenter, de résussir ou bien de tomber.

Bref quand on aime ça, on grimpe toute la journée, dans son imagination ou bien sur une falaise, dans une grande voie ou sur un bloc.

C’est tout ce que vous avez dit dit plus:

  • dix secondes sur les prises et déjà le quotidien est loin , deux heures à la verticale et le regard est neuf sur tout ce qui soucie, et qui n’est déjà plus si grave.

  • des combats perso où tu bouffes ta vérité toute crue, et celle des autres par la même occasion , sans triche possible

  • des journées où rien n’est sûr à l’aube, et où tu écris ta propre histoire, où tu renais à ton propre avenir

  • des compagnons de danger auxquels tu tiens par toutes les fibres de ton être un jour durant, pour, le soir , refermer la portière de la voiture jusqu’à la prochaine fois, mais qui t’habiteront jusqu’à la prochaine fois

  • la grande beauté de la nature

  • l’intensité de la passion

Moi aussi, cela fait presque dix ans que je grimpe.
Je ne grimpe pas pour des performances ( quoique…l’amour-propre…)
Je grimpe pour des expériences.

Et chaque fois, j’ai envie de dire merci !

Posté en tant qu’invité par Cap au sud… toutes:

Se retourner et voir le petit écureuil curieux qui te suit du regard… avant de « gicler » vers le sommet de son arbre!

Entendre le glouglou du ruisseau en contrebas.

Et les réglettes, les fissures, les grattons…

Et… retour à l’essentiel

Faire le vide

Faire le plein

mal, et ça ne s’arrange pas

[quote=« caf de tarbes, id: 1550991, post:9, topic:137100 »]C’est tout ce que vous avez dit dit plus:

  • dix secondes sur les prises et déjà le quotidien est loin , deux heures à la verticale et le regard est neuf sur tout ce qui soucie, et qui n’est déjà plus si grave.

  • des combats perso où tu bouffes ta vérité toute crue, et celle des autres par la même occasion , sans triche possible

  • des journées où rien n’est sûr à l’aube, et où tu écris ta propre histoire, où tu renais à ton propre avenir

  • des compagnons de danger auxquels tu tiens par toutes les fibres de ton être un jour durant, pour, le soir , refermer la portière de la voiture jusqu’à la prochaine fois, mais qui t’habiteront jusqu’à la prochaine fois

  • la grande beauté de la nature

  • l’intensité de la passion

Moi aussi, cela fait presque dix ans que je grimpe.
Je ne grimpe pas pour des performances ( quoique…l’amour-propre…)
Je grimpe pour des expériences.

Et chaque fois, j’ai envie de dire merci ![/quote]

Magnifique… C’est nous qui te remercions pour ce texte, et les vérités contenues … Pour ma part c’est exactement ça :slight_smile:

[quote=« caf de tarbes, id: 1550991, post:9, topic:137100 »]Très beau texte …

[quote=« caf de tarbes, id: 1550991, post:9, topic:137100 »]C’est tout ce que vous avez dit dit plus:

  • dix secondes sur les prises et déjà le quotidien est loin , deux heures à la verticale et le regard est neuf sur tout ce qui soucie, et qui n’est déjà plus si grave.

  • des combats perso où tu bouffes ta vérité toute crue, et celle des autres par la même occasion , sans triche possible

  • des journées où rien n’est sûr à l’aube, et où tu écris ta propre histoire, où tu renais à ton propre avenir

  • des compagnons de danger auxquels tu tiens par toutes les fibres de ton être un jour durant, pour, le soir , refermer la portière de la voiture jusqu’à la prochaine fois, mais qui t’habiteront jusqu’à la prochaine fois

  • la grande beauté de la nature

  • l’intensité de la passion

Moi aussi, cela fait presque dix ans que je grimpe.
Je ne grimpe pas pour des performances ( quoique…l’amour-propre…)
Je grimpe pour des expériences.

Et chaque fois, j’ai envie de dire merci[/quote]
[/quote]
Très beau texte …

Oui, merci caf de tarbes.
Pour moi aussi, c’est cela l’escalade. :slight_smile:

  • Une énorme concentration, sur les prises, les mouvements, des sensations… qui font oublier tout le reste, et vivre pleinement le moment présent.
  • On s’émerveille devant une nature magnifique faite de beaux paysages, de belles lignes, de lumières magnifiques, qui permettent de se ressourcer.
  • De belles aventures humaines avec le(s) compagnon(s) de cordées.

Un livre sorti ce printemps sur le sujet:
La Grâce de l’escalade, Petites prises de position sur la verticalité et l’élévation de l’homme, Alexis Loireau:
http://www.transboreal.fr/librairie.php?code=TRAPPESC
« grimpeur de corps et d’esprit »

Posté en tant qu’invité par Liptuspanpa:

Allez, au millieu de tte ces jolis relexions, moi je grimpe surtout pour faire des trucs dur et m’investir et progresser !
En gros pour faire des croix ! ( apres je grimpe juste dans le 7a, 7b, mais à chacun ses croix :slight_smile: ) Ce qui compte le plus pour moi c’est de progresser !

Apres si le site est joli et calme, et que la voie est classe, c’est mieux !

Posté en tant qu’invité par Pascal F:

Comme cela fait 40 ans que je le pratique, il y a eu plusieurs conceptions.

Il y a même eu des moments de non conception : j’arrête, je n’ai plus de motivation, je ne regrimperais jamais plus, trop compliqué à organiser, la vie de famille, le boulot, blablabla. Ma plus grosse interruption dura 10 ans. A chaque fois, j’ai recommencé parce qu’au fond j’aime cela passionnément.

Il y a 40 ans, nous étions donc en 1973 !! Je concevais la grimpe uniquement comme moyen de pratiquer en région parisienne pour passer les trop longs 10 mois me séparant du prochain séjour dans les Alpes. Il y avait surtout du blocs : j’enchaînais des circuits. Un peu de falaise (Saussois, Surgy, Saffres mais aussi les bords de Seine - ah Connelles et ces pitons roses plantés dans la craie !). Le libre n’existait pas encore. On faisait de l’ASE. Le baudrier Whillans non plus n’existait pas. On se posait assez peu de questions. On y allait entre potes, on bouffait mal, on dormait mal, on grimpait tant que l’on pouvait et les retours n’étaient possibles que parce qu’on savait qu’il y aurait un autre départ dans pas trop longtemps. Cette conception de l’escalade m’a duré bien longtemps et bien que je me sois mis au libre et à rechercher un peu à augmenter mon niveau à vue, cela n’est jamais devenu plus « sportif » que cela.

Après vint la SAE : j’ai essayé en me disant que - toujours pour aller en grandes voies - cela serait bien et qu’en plus on serait au chaud et qu’on pourrait pratiquer même quand il pleut. Ouais. Ben cela ne m’a pas ému très longtemps. Je reconnais l’utilité du truc mais personnellement je n’en vois pas l’intérêt. Je faisais aussi un peu de bloc mais toujours dans le même esprit.

Enfin vint le bloc seulement et cela fait maintenant 7 ans que je ne fais plus que cela. La raison de cela au départ était pratique. J’habite en Seine et Marne, j’ai plein d’autres activités et le bloc restait compatible avec tout cela. Mais très vite cela est devenu une drogue. Finis les parcours de circuits et la répétition des mêmes blocs. J’ai commencé à rechercher des sites moins connus et des blocs peu faits (voire pas faits du tout du moins depuis suffisamment longtemps pour que la mousse les recouvre entièrement). J’ai commencé à travailler des blocs « durs » (correspondant à mon niveau max) et je peux passer une séance complète à tenter (et espérer réussir) un bloc « dur ». J’y vais deux ou trois fois par semaine et je suis BIEN !! La tranquillité d’être en forêt au calme, de voir des paysages magnifiques. Le plaisir de chercher et de trouver un bloc. Le plaisir de le brosser pour faire apparaître les prises. Le bonheur de trouver une méthode qui permettra un enchaînement et la joie de le réaliser. Le plus souvent, je pratique seul, parce que cela me permet de gérer mon emploi du temps « bloc » vraiment sans aucune contrainte. Mais j’ai aussi beaucoup de plaisir à grimper avec un ou deux potes surtout s’ils sont aussi disponibles et dans le même état d’esprit que moi.

C’est aujourd’hui cela ma conception de l’escalade. Mais il y en aura peut-être d’autres (comme il y en a déjà eu d’autres). Je n’ai que 53 ans et d’ici mes 80 ans, il peut se passer pas mal de choses :wink:

Posté en tant qu’invité par Mais:

Pourquoi veux-tu nous dire qui nous sommes ?!

Bah non, j’en serai bien incapable mais c’est juste passionnant de voir comment chacun vit sa passion et peut-être aussi découvrir de nouvelles manières de voir les choses… :slight_smile:

Ce qui est passionnant aussi je trouve c’est cette sorte d’absurdité qui est lié à ce sport. Une espèce d’inutilité si l’on se base sur les conventions de notre société.

Je veux dire pourquoi on veut aller en haut si c’est pour redescendre? En plus c’est haut, c’est fatiguant, il y fait froid et souvent il n’y a rien à voir à cause du brouillard.
Puis pourquoi tu prends pas le chemin facile qui monte en zigzag??? Comment ça les points sont trop loin? mais la semaine dernière tu faisais du trad!
Ce Paradoxe de l’amour que l’on peut porter aux gros bacs et pourtant au lieu de rester dans des voies en 4 ou 5 où ils sont légions on s’obstine à aller dans des voies de plus en plus dur avec des gratons et autres réglettes fuyantes…
Et cette question qui revient sans cesse dans ma tête dès que ça devient un peu dur ou un peu trop engagé: « Mais putain qu’est-ce que je fous là???!!! »
Avoir des courbatures et des égratignures partout, avoir chaud, avoir froids, avoir peur, transporter des kilos sur des km et à des hauteurs pas possible, être mouillé, avoir soif, se lever très tôt, se coucher très tard et parfois très tôt, dépenser tout son argent dans du matériel, des billets de train des billets d’avion, parfois tu dors dehors sur des cailloux, tu bouffe des trucs tout secs qui iraient jusqu’à te faire regretter un bon gros bigmac, d’autre fois tu partage des piaules avec 20 gonzes qui ronflent et qui puent des pieds au moins autant que toi, tu sues, tu cris, tu ris et tu pleure…

Et pourtant c’est que du bonheur même si on râle sur les équipeurs, la météo, les gardiens de refuges , etc… on ne pense qu’à ça, on veut y retourner et on en redemande même si ce n’est qu’un plaisir égoïste après tout on se dit qu’on l’a bien mérité… :rolleyes:

alors moi aussi :slight_smile:
ayant pratiqué un art martial ( judo) pour moi, c’est la beauté du geste, l’aisance dans la justesse qui compte.
d’ailleurs je suis dans un cadre qui s’appelle « le zen dans l’art de l’escalade », j’ai trouvé ce qu’il me faut.

mais aussi l’échange avec les grimpeurs, l’ambiance, la nature, et découvrir des nouveaux endroits :cool:

[quote=« romain444, id: 1550681, post:3, topic:137100 »]comme de l art
le fait de danser tous en grimpant
le fait de faire des beau mouvement qui nous permette de nous exprimer et de tous oublier or mis ce bon moment que l on passe[/quote]